Merci Damianus pour toutes ces informations. Il est vrai que l'interprétation des symboles sur bouclier peut très vite nous mener à du grand n'importe quoi, aussi autant faire super attention, surtout quand on parle de symbolique et d'accès au mystique ou au sacré. Le Chi-Rhô est donc à mettre en suspend, même s'il est potentiellement utilisable sur un bouclier d'apparat :
Au delà de ça, je ne peux m'empêcher qu'il y a plusieurs types de boucliers :
- Le bouclier des impériaux ou au moins de l'élite. Je suppose que de par leur stature, et comme tu l'as justement fait remarquer, il est quasi évident de trouver pour ces gens quelque chose de plus "visuel" mais aussi assez richement décoré.
- Le bouclier des soldats, mais à mon avis avec deux possibilités : celui utilisé en combat, et celui pour la parade. Ce qui revient à poser une question : une armée triomphale entrant dans Rome par exemple ou toute autre zone histoire de parader, portait elle un type de bouclier standardisé aux couleurs de l'unité, et donc là oui, il y a obligation de porter ses plus beaux atours (après tout, les militaires font en gros la même chose de nos jours), ou utilisaient-ils leurs boucliers classiques, au risque d'avoir des éléments usés et pas très rutilants (même si le soldat se doit certainement d'entretenir au mieux son matériel). Là encore, tu en as parlé, il est clair que chaque porteur de bouclier personnalisait son bien, ne serait-ce que l'intérieur, voire, au moins, sur l'umbo.
Maintenant intervient le souci des fabricae. Certes, les fabriques de boucliers sont nombreuses, et doivent particulièrement bien fonctionner pour une armée bien réglée, bien organisée. Or, vu le bazar géant et les troupes auxiliaires intégrées aux corps d'armées, les différents soldats arrivant du fin fond de l'Empire pour protéger une zone (les Taifales, les Sarmates, etc...), il m'est difficile d'imaginer ces gens ayant recours à des fabricae encore bien établies et efficaces (surtout vu les soucis économiques connus pendant la période qui nous intéresse). Alors peut-être ces quelques épisèmes présents dans la Notice ne sont, là encore, que les prémices de l'héraldique désignant une unité, et que du coup, les soldats portaient, en partie au moins, des boucliers aux couleurs simples, sans décors compliqués, rappelant simplement leur unité de rattachement ?
Et je rejoins ce que dit Pedro : si une armée part en campagne, je suppose que les soldats devaient se débrouiller d'une manière ou d'une autre pour s'occuper de leur équipement. D'ailleurs, en échangeant quelques informations avec Michel Feugère, il est apparu que les soldats, quels qu'ils soient, lorsqu'ils ne combattaient pas, se devaient de se former aux rudiments de la forge et tout ce qui permet d'entretenir son matériel. Quid des matériaux dans ce cas, et, dans la même veine, de la peinture, pour peu que le bouclier original du soldat ait des couleurs pas faciles à obtenir (et, en effet, j'imagine mal un soldat se tuer à essayer de dessiner un aigle ou un lézard sur le bois ou le tissu).
Enfin, à propos de l'uniformité de l'armée quant à la présence d"un symbole reconnaissable, je pense que le signifer porte déjà bien ce rôle, même si une rangée de boucliers tous identiques est plus facile à repérer. Du coup, qu'en est-il de l'allure de l'armée romaine du Bas-Empire / très haut Moyen-Age, puisque là encore j'ai du mal à imaginer une armée aussi homogène que celle du Ier siècle...