Je suis parfaitement d’accord sur l’appréhension des moyens techniques, des possibilités et des limites que nous ne pouvons percevoir qu’à travers des œuvres illustratives accusant plusieurs siècles d’existences au bas mot. L’histoire de l’Art, peut certainement nous en apprendre beaucoup, je ne prétends pas avoir ces compétences. L’acquisition des pratiques appliquée à l’art picturale doit être un atout indéniable. J’ai beaucoup plus travaillé la question des représentations sociales et de la symbolique du costume. Là encore toute société produit ses normes vestimentaires et des thèses et études très intéressantes sont sorties encore récemment sur la civilisation romaine. A ce titre l’époque romano-tardive est très documentée. Quant à la digression sur la linguistique (un peu lourde) et sur l’approche cognitive du langage, elle tient à mes études d’origines. Si le sujet vous intéresse je vous recommande surtout la linguistique cognitive avec George Lakoff et la psychologue Eleanor Rosch.
Pour rebondir d’abord sur l’intervention de Gontran, en effet, les campagi noire sont l’apanage des patrices et des très haut-fonctionnaires palatins rang ou dignité et fonction évoluant de pair dans un parallèle normatif. Cela concerne également quelques officiers de la milice palatine dès le Ve siècle (du moins dans les sources écrites). Les sénateurs de Constantinople à la fin du IVe tendent apprécier de plus en plus les Tzangae qu’ils tiennent des Perses qu’ils ont eu eux-mêmes des peuples cavaliers des steppes. Ces bottes sont tolérées dans la curie même et ne sont pas interdite par la Loi, ce qui n’est pas le cas à Rome où toute innovation étrangère est proscrite. Les sénateurs portent encore les Calcei de couleurs des temps anciens.
Aussi un paradoxe apparait souvent dans les sources où n’importe quel roitelet des regna extra-limes a plus de chance de porter un vêtement de pourpre issu des gynécées impériaux par délégation en tant que cadeau diplomatique qu’un officier d’empire obscur commandant d’aile en Egypte, préfet de légion des portes de fers etc… Le prince et Roi étranger peut porter un manteau de pourpre avec fibule d’or, des braies pourpres, des chaussures, des écharpes, là où l’accès à la pourpre dans l’armée romaine est plus restreinte et codifiée. Si on ne peut parler tout à fait d’uniformologie, nous n’en sommes pas loin puisque officiers et soldat se doivent de porter la « paratura » en accord avec leur rang, les vêtements officiels distingués du reste. Pour compliquer les choses certains officiers peuvent avoir plusieurs types de vêtements à revêtir en fonction des circonstances. L’empereur pour sa part en possède déjà 5. Idem pour le ceinturon, on pourrait imaginer que l’empereur porte un ceinturon de pourpre, et bien non, il est rouge, pareil pour certains officiers de haut-rangs, comme la plupart des soldats. Je crois savoir un auteur donnant d’ailleurs la plante du pigment utilisé pour les Cingulum de la milice. Puisque l’aspect technique intéresse, je vais essayer de retrouver la mention. Mais oui, me direz-vous nous connaissons visiblement des contre-exemples !
C’est là où je reviens sur les sources citées par Morcant, toutes intéressantes sur divers plans et qui ont toutes en commun de présenter des éléments vestimentaires (comme des équipements militaires) proprement tardif, en l’occurrence Ve – VIe siècles, et qui font échos à d’autres sources nous en convenons tous. Du reste, nous avons avec le codex, l’illustration du mythe fondateur romain par excellence, l’Eneide figuré par une suite de miniatures présentant une dramaturgie de type romanesque et poétique ayant la particularité de cumuler un nombre important de particularismes.
Proche du même registre les panneaux de mosaïques de Sainte Marie majeur, qui sont bel et bien une commande officielle mais qui illustre des épisodes bibliques. Enfin, une autre commande officielle, les mosaïques de la basilique de Ravenne qui illustre cette fois (en partie) la cour impériale de l’époque et… des personnages ayant vraiment existés : L’évêque Maximien (Co-financeur des mosaïques…) Justinien Ier sans l’ombre d’un doute et peut-être au moins Jean de Cappadoce et un des conquérant de l’Italie, mais les avis divergent…
Malgré tout, et vous vous en doutez certainement c’est bien cette mosaïque qui entre directement en résonnance avec les sources protocolaires et juridiques, et ce sans ambiguïté. En l’occurrence en guise d’explication du bleu-vert du « soldat » il est connu que les officiers des 2 premières schôles de la garde portent dans leur paratura officielles le bleu et le vert signifiant symboliquement les dèmes du peuple portant ces couleurs à l’hippodrome et ça… si on le sait pas, on ne peut pas le deviner je suis bien d’accord.
Du reste, en dehors de ce référent le vert, et surtout le vert claire sont chez les romains une couleur féminine associée aussi à l’orientalisme que les romains même fantasmatiquement perçoivent toujours comme féminisant et étranger. Un homme portant le vert marque une origine barbare, orientale et non romaine.
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