Je suis aussi assez dans l'idée que ce préfet ait été romain.
Pour compléter cette réflexion générale sur ce préfet, et un peu plus largement sur la conservation ou non des coutumes issues de l'Orient, voici quelques extraits d'un article écrit par Katalin Escher (D'origine hongroise, Katalin Escher est aussi traductrice du hongrois. Docteur en archéologie, elle est aussi historienne d'art) intitulé "Vivre comme un barbare en Gaule : identifier les étrangers par leurs objets", paru dans L'archéologue n°96 en juin - juillet 2008 (p. 24 à 29).
Citer:
Leurs "préfectures" (l'auteur désigne ici des préfectures barbares lètes) sont énumérées dans la Notice des Dignités, tout comme celles des gentiles sarmates. Les uns et les autres formaient des petites garnisons territoriales
Elle distingue donc ici clairement les lètes barbares aux gentiles sarmates. Par ailleurs, je serais curieux de savoir ce qu'elle entend par "leurs préfectures". Ca fait un peu : ils sont leur petit coin à eux, ils nous foutent la paix, et tant mieux. De plus, ici, on confirme l'idée d'une garnison taifale et sarmate à Poitiers.
Du coup, je rebondis une nouvelle fois sur ce Préfet. Car l'auteur parle quelque peu des Wisigoths dans son texte, en expliquant qu'ils fondent leur propre royaume, dès 418 à Toulouse. Or, si les Wisigoths, qui "vivaient et se déplaçaient dans l'Empire Romain depuis plus de trente ans" ont leur royaume avec leur capitale, ça met une sacrée calotte à la hiérarchie devenue classique depuis 297. Y a-t-il, dans ce cas, une si grosse coupure entre la fin du IVe siècle et le Ve siècle ? Ou est-ce que ces "royaumes barbares" sont en fait les "préfectures" que l'auteur indique, reprenant vaguement un semblant d'organisation de la hiérarchie romaine, et, de ce fait, le Préfet de Poitiers, indiqué dans la ND ne serait plus nécessairement romain.
Citer:
Les barbares de la Gaule n'influencèrent pas profondément la civilisation matérielle locale. Au nombre de quelques centaines de milliers d'âmes [quand même !] ils n'étaient qu'une petit minorité de la population de la Gaule qui se comptait en millions. [...] Les fédérés bénéficièrent de mesures officielles. Les lois de "l'hospitalité", règlementant l'hébergement et le ravitaillement par les habitants des officiers de l'armée romaine en campagne, furent probablement étendues aux fédérés barbares. Les modalités de leur application sont discutées : cession de terres désertées ou d'une partie de l'impôt ?
Pourtant, en tant que minorité dominante, ces peuples semblent avoir gardé leur langue et leur droit coutumier pendant l'existence de leur royaume.
Plusieurs points sont intéressants ici : déjà, les barbares, en admettant qu'ils soient fédérés, sont a priori traités comme les romains, mais l'auteur ne précise pas si les barbares en question sont uniquement les militaires ou si ça s'adresse à toute la population (genre : ils viennent d'arriver, faut les aider à s'implanter). Pour ce qui est du Poitou, ce sont les terres abandonnées qui sont certainement données aux taifales et sarmates.
Ensuite, l'auteur semble être claire sur le fait que les barbares gardent quelques temps leur langue et coutumes. Ainsi, taifales et sarmates auront donc gardé une apparence qui est la leur, avec des façons de faire qui leur sont propres. L'auteur poursuit d'ailleurs son idée en expliquant qu'en archéologie, notamment pour les tombes féminines :
Citer:
"le costume traditionnel des femmes se maintint pendant quelques temps, et la pratique de l'inhumation habillée en conserve les accessoires vestimentaires qui sont les témoins archéologiques les plus clairs de la présence de ces "étrangers".
Aucune source n'est donnée dans l'article, aussi vais-je limite essayer de trouver de contacter cette personne pour tâcher d'avoir plus d'infos.