Dans ce cas, ce préfet n'aurait-il pas été spécifiquement nommé uniquement pour gérer sarmates et taifales, quel que soit leur statut et du coup, il aurait peut-être plus de chances d'être un barbare à la solde de l'Empire ?
Morcant a écrit:
Il y a des analogies assez intéressantes à faire avec d'autres peuples de l'empire. Je pense notamment aux Bretons insulaires des franges occidentales et septentrionales de l'île. Comme je te le disais à Boconnec ils sont en théorie citoyens romains depuis l'édit de Caracalla, au moins pour ceux de l'actuel Pays de Galles et Cornwall-Devon (au nord du mur d'Hadrien, leurs royaumes servent d'états tampons contre les Pictes). Ils conservent pourtant leur langue, leurs lois et surement une partie de leur aristocratie : ils correspondent à la définition des gentiles, suivant des lois "clanniques". Leurs chefs portent parfois des titres militaires romains, voire des noms latins et tendent paradoxalement à se romaniser aux V-VIe siècles avec l'adoption du christianisme.
Ceux d'entre eux passés sur le continent nous ont laissé des lois à peine touchées par le droit romain.
On peut également évoquer les chefs d'Afrique du Nord, à la fois officiers romains et dirigeants tribaux héréditaires.
Les Taifales différent en cela qu'ils sont coupés de leur monde d'origine. Pour ce qui est des lètes germaniques, il semble que ces derniers conserveront longtemps leurs propres coutumes.
Oui, les taifales sont coupés de leur monde d'origine et il est probable qu'ils adoptent le mode de vie du lieu où ils atterrissent, que ce soit en Poitou ou en Angleterre. En ça, il sont certainement différents, en effet, des peuples qui ne bougent pas de chez eux.
Morcant a écrit:
Un officier de ce genre d'origine opterait probablement pour un aspect très "romain". On peut penser à l'exemple de Chilpéric ou même à Raedwald, un roi d'East Anglia au VIIe siècle et à sa (supposée) célèbre tombe de Sutton Hoo. Ces tenues de prestige mêlent des influences romaines et purement barbares, ou au moins "provinciales". Chez Letavia c'est d'ailleurs ce que nous tentons de représenter avec de grosses influences "celtiques" ou germaniques sur une base romaine provinciale.
Il est vrai que ce mélange des genre pourrait être la clé vers laquelle il faudrait se diriger. C'est d'ailleurs ce que nous recherchons aussi, histoire de marquer cette mosaïque de peuples que provoque cette arrivée en Poitou (du moins c'est ce que nous essayons de faire).
Damianus a écrit:
Plutôt que de voir deux opposés entre un administrateur en toge et un administrateur en "cuirasse musclée", une troisième voie possible poserait tout simplement le personnage dans les habits du fonctionnaire de l'époque, mode tardive, chlamyde et cingulum en guise d'accessoires significatifs. Mais pour moi, point de gradés militaires ou d'imposteur dans ce role. Si cela était le cas, il serait peut-être indiqué avec le terme de préfet, un des nombreux dénominatif d'unité militaire dans lesquels les romains catégorisaient leurs recrues.
Compte tenu du fait que l'unité de cavaliers taifales présents dans le Poitou était placée directement sous les ordres du Magister Equitum, il y a en effet peu de chances qu'il y ait eu un préfet militaire dans cette région là. Je souscris également à l'idée que le côté militaire de la tenue peut-être important, ne serait-ce que pour le côté un peu prestigieux de la chose et le respect que ça peut provoquer dans la tête des gens.
Cela n'exclut donc pas la possibilité que ce préfet fût d'origine taifale ou sarmate, et que celui-ci, pour le court temps qu'il ait pu être en fonction, au-delà d'appliquer des règles administratives purement romaines, ait pu garder quelques traces de sa peuplade d'appartenance.
Mais du coup, ce Préfet, de par sa fonction, n'était-il pas obligatoirement citoyen romain, à moins qu'on ait nommé Préfet un taifale important (un chef par exemple) histoire d'arrondir les angles à cause du traitement infligé aux autres taifales ?