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 Sujet du message: Abrégé du "De Re Militari" de Végèce. Français/Latin.
Nouveau messagePublié: 21 Sep 2008, 12:57 
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Abrégé de Végèce Epitoma rei militaris Fin IVe siècle.

D'après l'édition en ligne de Philippe Remacle, François-Dominique Fournier, J. P. Murcia et Thierry Vebr.

Je vous mets ici un abrégé du De Re Militari de Végèce. Cet auteur, par le truchement de son manuel est une des sources de tout premier plan concernant l'organisation des légions et des armées, et certainement, la plus utilisée par les Historiens "militaires". Pourtant, l'oeuvre de Végèce n'est pas aussi facile d'accès qu'il n'y parait. La part est difficilement faite entre les aspects pratiques de son manuel et les aspects purement idéalistes et théoriques. Avec cela, les débats des spécialistes se multiplient sur les empreints et les originalités du modèle végécien. Différencier ce qui appartient aux différentes époques auquelles il se référe est u n travail de Sisyphe: Les uns insistant sur les emprunts, les autres affirmant la contemporainité de l'armée qu'il décrit. L'auteur lui-même reste en partie mystérieux et de nombreuses études se penchent avec minutie sur ce qui est aujourd'hui appelé "la théorie végécienne" de l'armée romaine.

Je vous ai ajouté la version latine du texte qui permet plus aisément d'identifier les caractéristiques proprement tardives de cette armée. En effet, les reconstituteurs du Haut-Empire, essentiellement, comprenent souvent très mal ce texte en l'assimilant trop vite à leur période de reconstitution (ce qui n'est pas sans paradoxes comiques...)

Ici sont compilés les chapitres ayant attraits à l'organisation de l'armée romaine, à la tactique et au combat proprement dit.


Damianus.

LIVRE I.

CHAPITRE ONZIÈME.

EXERCICE DE LA QUINTAINE USITÉ CHEZ LES ANCIENS.

Les anciens, d'après le témoignage des livres, dressèrent les conscrits au genre d'exercice suivant : ils leur mettaient entre les mains des claies d'osier, arrondies en forme de bouclier, mais d'une pesanteur qui valait deux fois le bouclier ordinaire, puis au lieu de glaive, un bâton d'un poids également double. Ainsi équipés, on les exerçait, matin et soir, à la quintaine. L'habitude de la quintaine est d'un grand secours pour le soldat et pour le gladiateur : de tous ceux qui, sur l'arène ou en rase campagne, se sont fait un renom, il n'en est pas un seul qui ne se soit adonné à cet exercice Chaque conscrit fixait en terre son poteau de manière à ce qu'il se tint ferme, et qu'il eût six pieds d'élévation. Vis-à-vis de ce poteau, comme en face d'un adversaire, il escrimait du bâton et de la claie, en guise de glaive et de bouclier. Tantôt il simulait des coups sur la tête et sur le visage ; tantôt il menaçait les flancs ; quelquefois il essayait de briser les jambes et les genoux ; tour à tour s'approchant, s'éloignant ; revenant à la charge avec des bonds vigoureux, il déployait devant cette quintaine, comme autour d'un adversaire réel, toute son impétuosité, toute sa puissance d'action. Durant ces épreuves, on recommandait au conscrit d'avoir soin, en portant les coups, de s'effacer suffisamment pour n'être pas atteint.

XI. Antiqui, sicut inuenitur in libris, hoc genere exercuere tirones. Scuta de uimine in modum cratium conrotundata texebant, ita ut duplum pondus cratis haberet, quam scutum publicum habere consueuit. Idemque clauas ligneas dupli aeque ponderis pro gladiis tironibus dabant. Eoque modo non tantum mane sed etiam post meridiem exercebantur ad palos. Palorum enim usus non solum militibus sed etiam gladiatoribus plurimum prodest. Nec umquam aut harena aut campus inuictum armis uirum probauit, nisi qui diligenter exercitatus docebatur ad palum. A singulis autem tironibus singuli pali defigebantur in terram, ita ut nutare non possent et sex pedibus eminerent. Contra illum palum tamquam contra aduersarium tiro cum crate illa et claua uelut cum gladio se exercebat et scuto, ut nunc quasi caput aut faciem peteret, nunc a lateribus minaretur, interdum contenderet poplites et crura succidere, recederet adsultaret insiliret, quasi praesentem aduersarium, sic palum omni impetu, omni bellandi arte temptaret. In qua meditatione seruabatur illa cautela, ut ita tiro ad inferendum uulnus insurgeret, ne qua parte ipse pateret ad plagam.

CHAPITRE DOUZIÈME.

SUPÉRIORITÉ DÉ LA POINTE SUR LE TAILLANT.

On apprenait aussi à frapper non du taillant mais de la pointe. Les partisans du taillant ont fourni aux Romains avec une conquête aisée un sujet de dérision. Le taillant, quelle que soit la force qu'on lui imprime, tue rarement ; les organes essentiels étant préservés par les armes et par la charpente osseuse. La pointe, au contraire, enfoncée à deux pouces, est mortelle : tout ce qui plonge dans l'intérieur pénètre nécessairement les parties vitales. Puis lorsqu'on se sert du taillant, le bras droit et le flanc restent découverts ; la pointe, en maintenant le corps à l'abri, blesse l'adversaire sans qu’il s'en aperçoive. C'est pourquoi on a vu les Romains adopter de préférence ce genre d'escrime. Quant aux poids double assigné à la claie et au bâton, c'est afin que le conscrit, en reprenant ses véritables armes, beaucoup plus légères, se sentit comme débarrassé d'une charge pesante, et marchât au combat leste et confiant.

XII. Praeterea non caesim sed punctim ferire discebant. Nam caesim pugnantes non solum facile uicere sed etiam derisere Romani. Caesa enim, quouis impetu ueniat, non frequenter interficit, cum et armis uitalia defendantur et ossibus; at contra puncta duas uncias adacta mortalis est; necesse est enim, ut uitalia penetret quicquid inmergitur. Deinde, dum caesa infertur, brachium dextrum latusque nudatur; puncta autem tecto corpore infertur et aduersarium sauciat, antequam uideat. Ideoque ad dimicandum hoc praecipue genere usos constat esse Romanos; dupli autem ponderis illa cratis et claua ideo dabantur, ut, cum uera et euiora tiro arma sumpsisset, uelut grauiore pondere liberatus securior alacriorque pugnaret.

CHAPITRE TREIZIÈME.

ESCRIME.

Ensuite on façonnera le conscrit à l'exercice de l'escrime qu'enseignent les maîtres d'armes. Cet usage s'est conservé du moins en partie. Il est reconnu, aujourd'hui encore, que les soldats au fait de l'escrime, se battent généralement mieux que les autres. Une preuve évidente des avantages de cet exercice, est la grande supériorité que celui qui connaît un peu l'escrime obtient sur tous ses compagnons. Nos pères introduisirent à cet égard une discipline sévère. Si le maître d'armes touchait, à titre de gratification, une ration double, le soldat, dont les progrès n'étaient point satisfaisants, était condamné à recevoir de l'orge au lieu de blé, et sa ration de froment ne lui était rendue que du jour où, en présence du préfet de légion, des tribuns et des centurions principaux, il montrait, dans une série d'épreuves, qu'il était en état de répondre à toutes les exigences du métier. L'appui le plus ferme d'un État, ses éléments de gloire et d'orgueil consistent à posséder un grand nombre de soldats instruits. Ce ne sont pas les costumes resplendissants d'or, d'argent, de pierreries, qui nous concilient le respect ou le suffrage des ennemis ; c'est la terreur des armes qui seule les subjugue. Du reste, en d'autres circonstances, comme l'a dit Caton, si une méprise a eu lien, on peut y remédier avec le temps ; à la guerre, les fautes n'admettent aucune réparation ; le châtiment suit immédiatement l'erreur. De deux choses l'une : ou ceux qui ont combattu avec mollesse et inhabilité succombent sur-le-champ ; ou bien mis en déroute, ils n'osent plus se mesurer avec le vainqueur.

XIII. Praeterea illo exercitii genere, quod armaturam uocant et a campidoctoribus traditur, inbuendus est tiro; qui usus uel ex parte seruatur. Constat enim etiam nunc in omnibus proeliis armaturas melius pugnare quam ceteros. Ex quo intelligi debet, quantum exercitatus miles inexercitato sit melior, cum armaturae utcumque eruditi reliquos contubernales suos bellandi arte praecedant. Ita autem seuere apud maiores exercitii disciplina seruata est, ut et doctores armorum duplis remunerarentur annonis et milites, qui parum in illa prolusione profecerant, pro frumento hordeum cogerentur accipere, nec ante eis in tritico redderetur annona, quam sub praesentia praefecti legionis, tribunorum uel principiorum experimentis datis ostendissent se omnia, quae erant in militari arte, conplere. Nihil enim neque firmius neque felicius neque laudabilius est republica, in qua abundant milites eruditi. Non enim uestium nitor uel auri argenti gemmarumque copiae hostes aut ad reuerentiam nostram aut ad gratiam inclinant, sed solo terrore subiguntur armorum. Deinde in aliis rebus, sicut ait Cato, si quid erratum est, potest postmodum corrigi; proeliorum delicta emendationem non recipiunt, cum poena statim sequatur errorem; nam aut confestim pereunt qui ignaue imperiteque pugnauerint aut in fugam uersi uictoribus ultra pares esse non audent.

CHAPITRE DIX-SEPTIÈME.

BALLES DE PLOMB.

L'exercice des balles de plomb entre encore dans l'éducation des recrues. Deux légions cantonnées en Illyrie, fortes de six mille hommes chacune, obtinrent jadis une si grande réputation dans l'emploi de cette arme qu'on surnomma leurs soldats des Tireurs de Mars. Ils se signalèrent, pendant de longues années, par de brillants exploits, et, pour prix de leur bravoure, Dioclétien et Maximien, devenus maîtres de l'Empire, changèrent la qualification de Tireurs de Mars en celle de Joviens et d'Herculiens, proclamant ainsi leur supériorité sur toutes les légions. Les balles de plomb, au nombre de cinq, adhèrent au bouclier. Le soldat, habile à les lancer, a l'avantage d'une arme défensive que ne possède pas l'archer, et comme celui-ci, il blesse chevaux et cavaliers, sans attendre qu'on en vienne aux mains, sans être même à portée de trait.

XVII. Plumbatarum quoque exercitatio, quos mattiobarbulos uocant, est tradenda iunioribus. Nam in Illyrico dudum duae legiones fuerunt, quae sena milia militum habuerunt, quae, quod his telis scienter utebantur et fortiter, Mattiobarbuli uocabantur. Per hos longo tempore strenuissime constat omnia bella confecta, usque eo, ut Diocletianus et Maximianus, cum ad imperium peruenissent, pro merito uirtutis hos Mattiobarbulos Iouianos atque Herculianos censuerint appellandos eosque cunctis legionibus praetulisse doceantur. Quinos autem mattiobarbulos insertos scutis portare consuerunt, quos si oportune milites iactent, prope sagittariorum scutati imitari uidentur officium. Nam hostes equosque consauciant, priusquam non modo ad manum sed ad ictum missibilium potuerit perueniri.

CHAPITRE VINGTIÈME.

ARMES UN USAGE CHEZ LES ANCIENS.

C'est ici le lieu d'exposer quelles doivent être les armes offensives et défensives du conscrit. L'usage ancien à cet égard a disparu complètement. Si, à l'exemple des Goths, des Alains et des Huns, l'équipement du cavalier a été perfectionne, l'on sait que le fantassin est totalement dépourvu de moyens de défense. À dater de la fondation de Rome jusqu'à l'époque de l'empereur Gratien, l'infanterie eut le casque et les cataphractes. Mais depuis qu'une insouciante paresse a fait cesser les manœuvres du terrain, ces armes ont commencé à paraître pesantes, et le soldat ne les a revêtues que rarement. On sollicita auprès de l'Empereur la réforme des cataphractes d'abord, puis celle des casques. Dès lors, nos soldats, la poitrine et la tête découvertes, furent écrasés plus d'une fois, dans les guerres des Goths, par la multitude de leurs archers ; et malgré tant de désastres qui occasionnèrent la ruine de villes très importantes, il n'est venu à l'idée de personne de rendre à l'infanterie ses armes de défense. Il en résulte que le soldat qui se voit en butte aux coups, sans que rien ne le garantisse, songe moins à se battre qu'à fuir. Qu'attendre, en effet, de l'archer à pied, sans cataphractes, sans casque, dans l'impossibilité de tenir en même temps l'arc et le bouclier. Qu'attendre aussi du porte-enseigne ou du draconnaire réduit, un jour de bataille, à manier leur lance de la main gauche, la tête et la poitrine absolument nues ? Si la cuirasse, si le casque même semblent lourds au fantassin, c'est qu'il essaie trop peu ces armes, c'est qu'il ne les touche presque jamais. Une pratique journalière finit par supprimer la fatigue des charges les plus incommodes. Or, pour n'avoir point voulu subir le fardeau des anciennes armures, on devient naturellement la proie des blessures et de la mort ; et, ce qui est plus regrettable et plus déshonorant, de deux choses l'une : ou l'on est fait prisonnier, ou l'on compromet, en fuyant, le salut de l'État. Ainsi donc, pour avoir évité le travail de l'exercice, on risque d'être égorgé comme un vil troupeau. D'où vient que l'infanterie, chez les anciens, était réputée une muraille, sinon de l'éclat que présentait une légion en colonne, où les casques et les cataphractes se mêlaient aux boucliers ? Bien plus : les archers portaient à gauche le brassard, et les fantassins armés du bouclier, outre les cataphractes et le casque, étaient encore obligés de revêtir la jambe gauche d'une armure d'airain. Voilà quel était l'équipement de ceux qui, d'après l'ordre de bataille, s'appelaient au premier rang les Princes, au second les Hastaires, au troisième les Triaires. Les triaires se tenaient ordinairement à genoux derrière leurs boucliers, pour éviter les coups qui, debout, les eussent atteints ; en cas de besoin, ils faisaient contre l'ennemi une charge d'autant plus vigoureuse qu'ils étaient plus dispos, et souvent on les a vus décider la victoire, quand les hastaires et les princes rivaient succombé. Il y avait également dans l'infanterie d'autrefois, des troupes dites armées à la légère, composées de frondeurs et de dardeurs ; leur position principale était sur les flancs, c'étaient eux qui entamaient l'action ; on choisissait pour cela les hommes les plus agiles et les mieux exercés. Une partie d'entre eux se repliant, si les vicissitudes du combat le voulaient, trouvaient un refuge derrière la première ligne, sans déranger l'ensemble du corps de bataille La coutume a prévalu presque jusqu'à l'époque actuelle de faire adopter à toute l'armée un bonnet de peau, surnommé le Pannonien, en raison du pays qui en fournit la matière. Cette mesure, en obligeant le soldat à avoir la tête constamment chargée, avait pour objet de lui faire trouver le casque moins gênant un jour de bataille. Au nombre des traits en usage dans l'infanterie, le javelot consistait en une pointe de fer triangulaire, de neuf pouces ou d'un pied, adaptée à une hampe ; enfoncé dans le bouclier, il ne pouvait en être arraché ; dirigé avec intelligence et vigueur contre la cuirasse, il la pénétrait aisément. Cette arme commence à devenir rare parmi nous. Chez les Barbares, les troupes à pied qui ont le bouclier, se servent beaucoup d'un javelot qu'ils nomment Bébra ; chaque combattant en porte deux et même trois. Il est à propos de savoir que si l'on se bat aux traits, le soldat doit mettre le pied gauche en avant, pour imprimer au dard une plus grande force de projection ; mais lorsqu'on en vient à l'arme blanche, pour employer le terme usuel, et que l'on combat dans la mêlée avec le glaive, le soldat alors doit avoir le pied droit en avant afin de dérober le flanc à l'ennemi et de rapprocher le bras droit qui portera les coups. Il faut donc donner aux conscrits les différentes armes de défense et d'attaque que l'art militaire a imaginées jadis. On redouble nécessairement d'audace sur le champ de bataille quand la tête et la poitrine à l'abri défient impunément les coups.

XX. Locus exigit, ut, quo armorum genere uel instruendi uel muniendi sint tirones, referre temptemus. Sed in hac parte antiqua penitus consuetudo deleta est; nam licet exemplo Gothorum et Alanorum Hunnorumque equitum arma profecerint, pedites constat esse nudatos. Ab urbe enim condita usque ad tempus diui Gratiani et catafractis et galeis muniebatur pedestris exercitus. Sed cum campestris exercitatio interueniente neglegentia desidiaque cessaret, grauia uideri arma coeperunt, quae raro milites induebant; itaque ab imperatore postulant primo catafractas, deinde cassides sedere refundere. Sic detectis pectoribus et capitibus congressi contra Gothos milites nostri multitudine sagittariorum saepe deleti sunt; nec post tot clades, quae usque ad tantarum urbium excidia peruenerunt, cuiquam curae fuit uel catafractas uel galeas pedestribus reddere. Ita fit, ut non de pugna sed de fuga cogitent qui in acie nudi exponuntur ad uulnera. Quid enim pedes sagittarius sine catafracta, sine galea, qui cum arcu scutum tenere non potest, faciat? Quid ipsi draconarii atque signiferi, qui sinistra manu hastas gubernant, in proelio facient, quorum et capita nuda constant et pectora? Sed grauis pediti lorica uidetur et galea fortasse raro meditanti, fortasse arma raro tractanti; ceterum cotidianus usus non laborat, etiam si onerosa gestauerit. Sed illi, qui laborem in portandis ueteribus munimentis armorum ferre non possunt, detectis corporibus et uulnera sustinere coguntur et mortes et, quod est grauius, aut capi aut certe fuga rempublicam prodere. Sic dum exercitium laboremque declinant, cum maximo dedecore trucidantur ut pecudes. Unde enim apud antiquos murus dicebatur pedestris exercitus, nisi quod pilatae legiones praeter scuta etiam catafractis galeisque fulgebant? usque eo, ut sagittarii sinistra brachia manicis munirentur, pedites autem scutati praeter catafractas et galeas etiam ferreas ocreas in dextris cruribus cogerentur accipere. Sic erant muniti illi, qui in prima acie pugnantes principes, in secunda hastati, in tertia triarii uocabantur. Sed triarii genibus positis solebant intra scuta subsidere, ne stantes uulnerarentur uenientibus telis et, cum necessitas postulasset, tamquam requieti uehementius inuaderent hostes, a quibus constat saepe factam esse uictoriam, cum hastati illi et qui priores steterant interissent. Erant tamen apud ueteres inter pedites qui dicebantur leuis armaturae, funditores et ferentarii, qui praecipue in cornibus locabantur et a quibus pugnandi sumebatur exordium; sed hi et uelocissimi et exercitatissimi legebantur; nec erant admodum multi, qui cedentes, si proelii necessitas conpulisset, inter principia legionum recipi solebant, ita ut acies inmota consisteret. Usque ad praesentem prope aetatem consuetudo permansit, ut omnes milites pilleis, quos Pannonicos uocabant, ex pellibus uterentur; quod propterea seruabatur, ne grauis galea uideretur in proelio homini, qui gestabat aliquid semper in capite. Missilibus autem quibus utebatur pedestris exercitus, pila uocabantur, ferro subtili trigono praefixa unciarum nouem siue pedali, quod in scuto fixum non possit abscidi et loricam scienter ac fortiter directum facile perrumpit, cuius generis apud nos iam rara sunt tela. Barbari autem scutati pedites his praecipue utuntur, quas bebras uocant, et binas etiam ac ternas in proeliis portant. Sciendum praeterea, cum missilibus agitur, sinistros pedes in ante milites habere debere; ita enim uibrandis spiculis uehementior ictus est. Sed cum ad pila, ut apellant, uenitur et manu ad manum gladiis pugnatur, tunc dextros pedes in ante milites habere debent, ut et latera eorum subducantur ab hostibus, ne possint uulnus accipere et proximior dextra sit, quae plagam possit inferre. Instruendos igitur ac protegendos omni antiquo armorum genere constat esse tirones. Necesse est enim, ut dimicandi acriorem sumat audaciam qui munito capite uel pectore non timet uulnus.

CHAPITRE VINGT-SIXIÈME

ÉVOLUTION DE LIGNE.

Il est rigoureusement nécessaire à la guerre d'habituer les soldats, par des exercices continuels, à garder en ligne l'ordre des rangs, pour qu'ils n'aillent pas se pelotonner, ni s'étendre en sens inverse du besoin. Resserrés, ils n'ont pas l'espace nécessaire pour combattre et s'embarrassent mutuellement ; tandis qu'épars et clairsemés, ils ouvrent passage aux tentatives de l'ennemi. Or, l'épouvante amène bientôt une confusion générale, lorsqu'une armée coupée en deux se trouve prise par derrière. On aura donc soin de conduire fréquemment les recrues au terrain de manœuvre, de les disposer en bataille selon l'ordre matricule, en les allongeant d'abord sur une seule ligne, exempte de sinuosité et de courbure ; chaque soldat distant l'un de l'autre à des intervalles égaux et réguliers. On leur prescrira ensuite de doubler tout d'un coup les rangs, de manière à conserver, en pleine attaque, l'ordre qui leur est habituel. En troisième lieu, on leur fera former brusquement le carré, puis le triangle, autrement dire le coin ; manœuvre presque toujours décisive à la guerre. On leur fera aussi former le cercle, disposition qui, dans le cas où l'ennemi aurait fait une trouée à travers les lignes, permet à une poignée d'hommes exercés de lui tenir tête, d'empêcher la déroute de l'armée entière et de prévenir ainsi de funestes résultats. Grâce à des leçons assidues, les jeunes conscrits parviendront à exécuter aisément ces mouvements divers sur le théâtre même du combat.

XXVI. Nihil magis prodesse constat in pugna, quam ut adsiduo exercitio milites in acie dispositos ordines seruent necubi contra quam expedit aut conglobant agmen aut laxent. Nam et constipati perdunt spatia pugnandi et sibi inuicem inpedimento sunt, et rariores atque interlucentes aditum perrumpendi hostibus praestant. Necesse est autem statim metu uniuersa confundi, si intercisa acie ad dimicantium terga hostis accesserit. Producendi ergo tirones sunt semper ad campum et secundum matriculae ordinem in aciem dirigendi, ita ut primo simplex et extenta sit acies, ne quos sinus, ne quas habeat curuaturas, ut aequali legitimoque spatio miles distet a milite. Tunc praecipiendum, ut subito duplicent aciem, ita ut in ipso impetu is, ad quem respondere solent, ordo seruetur. Tertio praecipiendum, ut quadratam aciem repente constituant, quo facto in trigonum, quem cuneum uocant, acies ipsa mutanda est. Quae ordinatio plurimum prodesse consueuit in bello. Iubetur etiam, it instruant orbes, quo genere, cum uis hostium interruperit aciem, resisti ab exercitatis militibus consueuit, ne omnis multitudo fundatur in fugam et graue discrimen immineat. Haec si iuniores adsidua meditatione perceperint, facilius in ipsa dimicatione seruabunt.

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Nouveau messagePublié: 21 Sep 2008, 13:07 
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LIVRE II.

CHAPITRE PREMIER.

Division de la milice.

Le militaire consiste dans les armes et dans les hommes ; c'est aussi par où le grand poète latin ouvre son poème.
On divise le militaire en trois parties : cavalerie, marine et infanterie. Nous désignons notre cavalerie par le terme figuré d'aile, parce qu'elle couvre notre infanterie sur les flancs à peu près comme feraient des ailes. Nous l'appelons actuellement vexillation, du nom de ses enseignes flottantes. Nous avons une autre cavalerie que nous appelons légionnaire, parce qu'elle fait corps avec la légion : elle porte des espèces de bottines, et c'est à son exemple que nous en avons donné à d'autres troupes de cavalerie. Il y a aussi des flottes de deux sortes ; les unes pour les combats de mer, les autres pour les exercices qui se font sur nos fleuves ou sur nos lacs. La cavalerie est d'usage en rase campagne, les flottes sur mer ou sur les fleuves ; mais l'infanterie est d'un usage général, puisqu'elle peut occuper également les villes, les collines, le terrain plat ou escarpé, d'où il résulte que de toutes les troupes c'est la plus nécessaire, puisqu'elle l'est partout ; elle cause d'ailleurs beaucoup moins d'embarras et de dépense à lever et à entretenir. Notre infanterie est de deux sortes : légionnaire et auxiliaire ; la première levée chez nous-mêmes, la seconde empruntée de nos alliés ; mais Rome a toujours tiré sa principale force de ses légions ; c'est le nom que les premiers Romains donnèrent à un certain nombre de soldats nationaux, parce qu'ils les choisissaient ; fonction qui demande de la fidélité et de l'attention. Au reste, nous avons toujours composé nos armées d'un plus grand nombre de nationaux que d'auxiliaires.

I. Res igitur militaris(, sicut Latinorum egregius auctor carminis sui testatur exordio, armis constat et uiris. Haec) in tres diuiditur partes, equites pedes classem. Equitum alae dicuntur ab eo, quod ad similitudinem alarum ab utraque parte protegunt acies; quae nunc uexillationes uocantur a uelo, quia uelis, hoc est flammulis, utuntur. Est et aliud genus equitum, qui legionarii uocantur propterea, quod conexi sunt legioni; ad quorum exemplum ocreati sunt equites instituti. Classis item duo genera sunt, unum liburnarum, aliud lusoriarum. Equitibus campi, classibus maria uel flumina, peditibus colles urbes plana et abrupta seruantur. Ex quo intellegitur magis reipublicae necessarios pedites, qui possunt ubique prodesse; et maior numerus militum (sumptu) expensa minore nutritur. Exercitus ex re ipsa atque opere exercitii nomen accepit, ut ei numquam liceret obliuisci quod uocabatur. Uerum ipsi pedites in duas diuisi sunt partes, hoc est in auxilia et legiones. Sed auxilia a sociis uel foederatis gentibus mittebantur; Romana autem uirtus praecipue in legionum ordinatione praepollet. Legio autem ab eligendo appellata est, quod uocabulum eorum desiderat fidem atque diligentiam, qui milites probant. In auxiliis minor, in legionibus longe amplior consueuit militum numerus adscribi.

CHAPITRE II.

De la différence des légions aux troupes auxiliaires.

Les Lacédémoniens, les Grecs, les Dardaniens se servaient de phalanges composées de huit mille combattants. Les Gaulois, les Celtibériens et plusieurs autres peuples Barbares combattaient par bandes de six mille hommes. Les Romains ont leurs légions, qui sont ordinairement fortes du même nombre de six mille, et quelquefois plus. Voyons la différence qu'il y a entre ces légions et les troupes auxiliaires. Celles-ci sont formées d'étrangers soudoyés, qui viennent de différents pays, et en corps inégaux : rien ne les lie entre eux ; la plupart ne se connaissent pas ; chaque nation a son langage propre, sa discipline, sa façon de vivre et de faire la guerre. Il est impossible que des troupes aussi mal assorties puissent bien agir de concert dans une affaire où il est essentiel que tous les soldats se meuvent au même commandement. Des gens qui n'ont pas été dressés comme le reste de l'armée ne peuvent pas obéir également ni avec la même promptitude : cependant ces troupes étrangères ne laissent pas de devenir d'un grand secours à force d'exercices bien montrés. On les joignit toujours aux légions dans les batailles, comme armure légère ; et si elles ne firent jamais la principale force des armées, on les comptait du moins pour un renfort utile. Mais la légion romaine, composée de cohortes qui lui sont propres, réunit dans un même corps l'armure pesante, c'est-à-dire les princes, les hastaires et les triaires ; et les avant-enseignes, avec les légèrement armés, les férentaires, les frondeurs et les arbalétriers, sans compter la cavalerie légionnaire qui lui appartient : Or, toutes ces différentes parties n'ont qu'un même esprit ; elles sont d'intelligence pour fortifier les camps, pour se mettre en bataille et pour combattre. La légion est donc en elle-même une armée entière qui, sans secours étrangers, était autrefois en possession de battre tout ce qu'on lui opposait : la grandeur des Romains en est une preuve. Avec leurs légions ils ont vaincu autant d'ennemis qu'ils ont voulu, ou que les circonstances le leur ont permis.

II. Denique Macedones Graeci Dardani phalangas habuerunt, ut in una phalange armatorum VIII milia censerentur. Galli atque Celtiberi pluresque barbarae nationes cateruis utebantur in proelio, in quibus erant sena milia armatorum. Romani legiones habent, in quibus singulis sena milia, interdum amplius militare consuerunt. Quid autem inter legiones et auxilia interesse uideatur, expediam. Auxiliares cum ducuntur ad proelium, ex diuersis locis, ex diuersis numeris uenientes, nec disciplina inter se nec notitia nec affectione consentiunt. Alia instituta, alius inter eos est usus armorum. Necesse est autem tardius ad uictoriam peruenire qui discrepant, antequam dimicent. Denique cum in expeditionibus plurimum prosit omnes milites unius praecepti significatione conuerti, non possunt aequaliter iussa conplere qui ante pariter non fuerunt. Tamen haec ipsa si sollemnibus diuersisque exercitiis prope cotidie roborentur, non mediocriter iuuant. Nam legionibus semper auxilia tamquam leuis armatura in acie iungebantur, ut in his proeliandi magis adminiculum esset quam principale subsidium. Legio autem propriis cohortibus plena cum grauem armaturam, hoc est principes hastatos triarios antesignanos, item leuem armaturam, hoc est ferrentarios sagittarios funditores ballistarios, cum propios et sibi insitos equites legionarios isdem matriculis teneat, cum uno animo parique consensu castra muniat, aciem instruat, proelium gerat, ex omni parte perfecta, nullo extrinsecus indigens adiumento, quantamlibet hostium multitudinem superare consueuit. Documentum est magnitudo Romana, quae semper cum legionibus dimicans tantum hostium uicit, quantum uel ipsa uoluit uel rerum natura permisit.

CHAPITRE III.

Causes de la décadence des légions.

On conserve encore aujourd'hui dans les troupes le nom de légions, mais elles se sont abâtardies, depuis que, par un relâchement qui est assez ancien, la brigue a surpris les récompenses dues au mérite, et que par la faveur on est monté au grade que le service seul obtenait auparavant. On n'a pas eu soin de mettre de nouveaux soldats à la place de ceux qui se retiraient avec congé après le temps de leur service ; on a encore négligé de remplacer les morts, les déserteurs, ceux qu'on est obligé de renvoyer pour cause d'infirmité ou de maladie ; et tout cela fait un si grand vide dans les troupes, que, si on n'est pas attentif à les recruter tous les ans et même tous les mois, l'armée la plus nombreuse est bientôt épuisée. Ce qui a encore contribué à dégarnir nos légions, c'est que le service y est dur, les armes pesantes, les récompenses tardives, la discipline sévère. La plupart des jeunes gens en sont effrayés, et prennent parti de bonne heure dans les auxiliaires, où ils ont moins de peine, et des récompenses plus promptes à espérer. Caton l'Ancien, qui avait été souvent consul, et toujours victorieux à la tête des armées, pensa qu'il deviendrait plus utile à sa patrie en écrivant sur la discipline militaire, qu'il ne l'avait été par ses victoires. Le fruit des belles actions est passager ; mais ce qu'on écrit pour le public est d'une utilité durable. Plusieurs auteurs ont traité le même sujet, surtout Frontin, dont les talents trouvèrent un approbateur dans l'empereur Trajan. Ce sont les leçons, les préceptes de ces habiles écrivains que je rédige ici dans un abrégé le plus court et le plus fidèle qu'il m'est possible ; mais il n'appartient qu'à votre majesté de corriger les abus que les temps ont introduits dans la milice, et de la remettre sur l'ancien pied. Cette réforme, auguste empereur, dont les siècles à venir jouiront comme notre âge, serait d'autant plus avantageuse, que de bonnes troupes bien disciplinées ne coûtent pas plus à entretenir que de mauvaises.

III. Legionum nomen in exercitu permanet hodieque, sed per neglegentiam superiorum temporum robur infractum est, cum uirtutis praemia occuparet ambitio et per gratiam promouerentur milites, qui promoueri consueuerunt per laborem. Deinde contubernalibus conpletis stipendiis per testimoniales ex more dimissis non sunt alii substituti. Praeterea necesse est aliquantos morbo debilitari atque dimitti, aliquantos deserere uel diuersis casibus interire; ac, nisi annis singulis, immo singulis paene mensibus in recedentium locum iuniorum turba succedat, quamuis copiosus exhauritur exercitus. Est et alia causa, cur adtenuatae sint legiones: magnus in illis labor est militandi, grauiora arma, plura munera, seuerior disciplina. Quod uitantes plerique in auxiliis festinant militiae sacramenta praecipere, ubi et minor sudor et maturiora sunt praemia. Cato ille Maior, cum et armis inuictis esset et consul exercitus saepe duxisset, plus se reipublicae credidit profuturum, si disciplinam militarem conferret in litteras. Nam unius aetatis sunt quae fortiter fiunt; quae uero pro utilitate reipublicae scribuntur aeterna sunt. Idem fecerunt alii conplures, sed praecipue Frontinus, diuo Traiano ab eiusmodi conprobatus industria. Horum instituta, horum praecepta, in quantum ualeo, strictim fideliterque signabo. Nam cum easdem expensas faciat et diligenter et neglegenter exercitus ordinatus, non solum praesentibus, sed etiam futuris saeculis proficit, si prouisione maiestatis tuae, imperator Auguste, et fortissima dispositio reparetur armorum et emendetur dissimulatio praecedentum.

CHAPITRE V.

Comment se forme la légion ?

Après avoir choisi avec soin, pour faire des soldats, des jeunes gens d'une complexion robuste et de bonne volonté, après leur avoir montré l'exercice tous les jours, pendant quatre mois, on en forme une légion, par l'ordre et sous les auspices du prince. On commence par imprimer des marques ineffaçables sur la main des nouveaux enrôlés, et on reçoit leur serment à mesure qu'on enregistre leur nom sur le rôle de la légion ; c'est ce que l'on appelle le serment de la milice. Ils jurent par Dieu, par le Christ et par l'Esprit saint, et par la majesté de l'empereur qui, après Dieu, doit être le premier objet de l'amour et de la vénération des peuples ; car, dès qu'il a été déclaré auguste, on lui doit une fidélité inviolable et un hommage constant comme à l'image vivante de la Divinité : en effet, c'est servir Dieu à la guerre et dans tout autre étal, que de servir fidèlement le prince qui règne par sa grâce. Les soldats jurent donc de faire de bon cœur tout ce que l'empereur leur commandera ; de ne jamais déserter et de sacrifier leur vie pour l'empire romain.

V. Diligenter igitur lectis iunioribus animis corporibusque praestantibus, additis etiam exercitiis cotidianis quattuor uel eo amplius mensuum, iussu auspiciisque inuictissimi principis legio formatur. Nam uicturis in cute punctis milites scripti, cum matriculis inseruntur, iurare solent; et ideo militiae sacramenta dicuntur. Iurant autem per Deum et Christum et sanctum Spiritum et per maiestatem imperatoris, quae secundum Deum generi humano diligenda est et colenda. Nam imperator cum Augusti nomen accepit, tamquam praesenti et corporali Deo fidelis est praestanda deuotio, inpendendus peruigil famulatus. Deo enim uel priuatus uel militans seruit, cum fideliter cum diligit qui Deo regnat auctore. Iurant autem milites omnia se strenue facturos, quae praeceperit imperator, numquam deserturos militiam nec mortem recusaturos pro Romana republica.

CHAPITRE VI.

Combien il y a de cohortes par légion, et de soldats par cohorte.

Chaque légion doit être de dix cohortes ; la première est au-dessus des autres, et par le nombre, et par la qualité des soldats, qui doivent être tous des gens bien nés, et élevés dans les lettres : elle est en possession de l'aigle, qui est l'enseigne générale des armées romaines, et qui commande à toute la légion. Les images de l'empereur, que l'on révère comme des choses sacrées, sont aussi sous la garde de cette cohorte. Elle est de mille cent cinq fantassins, et de cent trente-deux cavaliers cuirassés, et s'appelle cohorte milliaire : c'est la tête de toute la légion ; c'est aussi par elle qu'on commence à former la première ligne, quand on met la légion en bataille. La seconde cohorte contient cinq cent cinquante-cinq fantassins et soixante-dix cavaliers, et s'appelle cohorte de cinq cents, comme les autres suivantes. La troisième contient le même nombre de fantassins et de cavaliers que la seconde ; mais on la compose ordinairement de soldats vigoureux, parce qu'elle occupe le centre de la première ligne. La quatrième cohorte est, comme la précédente, de même nombre de fantassins et cavaliers. La cinquième est égale à la précédente, mais elle demande de braves gens, parce qu'elle ferme la gauche, de même que la première termine la droite : ces cinq cohortes forment donc la première ligne. On compte cinq cent cinquante-cinq fantassins et soixante-six cavaliers dans la sixième cohorte, qui doit être composée de la fleur de la jeunesse, parce qu'elle est placée en seconde ligne derrière la première cohorte, qui a en dépôt l'aigle et les images de l'empereur. La septième est du même nombre d'hommes, fantassins et cavaliers : la huitième aussi ; mais elle doit être composée de soldats d'élite, parce qu'elle occupe le centre de la deuxième ligne. La neuvième est égale aux autres : il en est de même de la dixième, et on la compose ordinairement de bons soldats, parce qu'elle forme la gauche de la seconde ligne. Ces dix cohortes font une légion complète de six mille cent fantassins et de sept cent vingt-six cavaliers : elle ne doit jamais avoir moins de combattants ; mais quelquefois on la fait plus forte, en y créant plus d'une cohorte milliaire.

VI. Sciendum autem est in una legione decem cohortes esse debere. Sed prima cohors reliquas et numero militum et dignitate praecedit. Nam genere atque institutione litterarum uiros electissimos quaerit. Haec enim suscipit aquilam, quod praecipuum signum in Romano est semper exercitu et totius legionis insigne; haec imagines imperatorum, hoc est diuina et praesentia signa, ueneratur; habet pedites mille centum quinque, equites loricatos CXXXII, et appellatur cohors miliaria; haec caput est legionis, ab hac, cum pugnandum est, prima acies incipit ordinari. Secunda cohors habet pedites DLV, equites LXVI, et appellatur cohors quingenaria. Tertia cohors similiter habet pedites DLV, equites LXVI, sed in hac cohorte tertia ualidiores probari moris est, quia in media acie consistit. Cohors quarta habet pedites DLV, equites LXVI. Cohors quinta habet pedites DLV, equites LXVI; sed et quinta cohors strenuos desideret milites, quia, sicut prima in dextro, ita quinta in sinistro ponitur cornu. Hae quinque cohortes in prima acie ordinantur. Sexta cohors habet pedites DLV, equites LXVI; in ipsa quoque enucleati adscribendi sunt iuniores, quia in secunda acie post aquilam et imagines cohors sexta consistit. Cohors VII. habet pedites DLV, equites LXVI. Cohors VIII. habet pedites DLV, equites LXVI; sed et ipsa animosos desiderat uiros, quia in secunda acie consistit in medio. Cohors nona habet pedites DLV, equites LXVI. Cohors X. habet pedites DLV, equites LXVI; et ipsa bona consueuit accipere bellatores, quia in secunda acie sinistrum possidet cornum. His decem cohortibus legio plena fundatur, quae habet pedites sex milia centum, equites DCCXXX. Minor itaque numerus armatorum in una legione esse non debet; maior autem interdum esse consueuit, si non tantum unam cohortem sed etiam alias miliarias fuerit iussa suscipere.

CHAPITRE VII.

Noms des grades et des officiers de la légion.

Voyons à présent comment la légion, sur le pied qu'elle se trouve aujourd'hui, est composée en principaux soldats, ou, pour me servir du terme propre, en officiers. Le grand tribun est créé par un brevet de l'empereur ; le petit tribun le devient par ses services. Le nom de tribun vient de tribu, parce qu'ils commandent les soldats que Romulus leva par tribus. On appelle ordinaires, des officiers supérieurs qui, dans une bataille, mènent les ordres ou certaines divisions : ceux qu'Auguste leur joignit se nomment augustaliens ; et l'on appelle flaviens ceux que Flave-Vespasien ajouta aux légions pour doubler les augustaliens. Les porte-aigles et les porte-images sont ceux qui portent les aigles et les images de l'empereur ; les optionnaires sont des lieutenants d'officiers plus élevés qui se les associent par une espèce d'adoption pour faire leur service, en cas de maladie ou d'absence ; Les porte-enseigne sont ceux qui portaient les enseignes, et qu'à présent on nomme draconaires. On appelle tessères ceux qui portent le mot ou l'ordre aux chambrées. Ceux qui combattent à la tête des enseignes portent encore le nom de campigeni, parce qu'ils font naître, pour ainsi dire, dans le camp la discipline et la valeur, par l'exemple qu'ils en donnent. De meta, borne, on nomme metatares ceux qui précèdent l'armée pour lui marquer son camp ; beneficiarii, ceux qui montent à ce grade par la faveur des tribuns ; de liber, on nomme librarii ceux qui enregistrent tous les détails qui concernent, la légion ; de tuba, trompette ; de buccina, cor ; de cornu, cornet : on appelle ceux qui se servent de ces différents instruments, tubicines, buccinatores, cornicines : on nomme armaturae duplares les soldats habiles dans l'escrime, et qui ont deux rations ; et armaturae simplares, ceux qui n'en ont qu'une : on appelle mensores ceux qui mesurent à chaque chambrée l'espace destiné à dresser la tente, ou qui lui marquent son logement dans les villes. On distingue les colliers doubles et les colliers simples : ceux qui prennent deux rations sont appelés colliers doubles ; et colliers simples, ceux qui n'en prennent qu'une. Il y avait aussi, par rapport aux rations, des candidats doubles et des candidats simples : ils étaient sur les rangs pour être avancés. Voilà les principaux soldats, ou officiers des différentes classes, qui jouissent de toutes les prérogatives attachées à leur grade. Pour les autres, on les appelle travailleurs, parce qu'ils sont obligés aux travaux et à toutes sortes de services de l'armée.

VII. Antiqua ordinatione legionis exposita, principalium militum et, ut proprio uerbo utar, principiorum nomina ac dignitates secundum praesentes matriculas indicabo. Tribunus maior per epistolam sacram imperatoris iudicio destinatur. Minor tribunus peruenit ex labore. Tribunus autem uocatur ex tribu, quia praeest militibus, quos ex tribu primus Romulus legit. Ordinarii dicuntur qui in proelio (quia primi sunt,) ordines ducunt. Augustales appellantur qui ab Augusto ordinariis iuncti sunt. Flauiales item, tamquam secundi Augustales, a diuo Uespasiano sunt legionibus additi. Aquiliferi qui aquilam portant. Imaginarii qui imperatoris imagines ferunt. Optiones ab adoptando appellati, quod antecedentibus aegritudine praepeditis hi tamquam adoptati eorum atque uicarii solent uniuersa curare. Signiferi qui signa portant, quos nunc draconarios uocant. Tesserarii qui tesseram per contubernia militum nuntiant; tessera autem dicitur praeceptum ducis, quo uel ad aliquod opus uel ad bellum mouetur exercitus. Campigeni, hoc est antesignani, ideo sic nominati, quia eorum opera atque uirtute exercitii genus crescit in campo. Metatores qui praecedentes locum eligunt castris. Beneficiarii ab eo appellati, quod promouentur beneficio tribunorum. Librarii ab eo, quod in libros referunt rationes ad milites pertinentes. Tubicines cornicines et bucinatores qui tuba uel aere curuo uel bucina committere proelium solent. Armaturae duplares qui binas consecuntur annonas, simplares qui singulas. Mensores qui in castris ad podismum demetiuntur loca, in quibus tentoria milites figant, uel hospitia in ciuitatibus praestant. Torquati duplares, torquati simplares; torques aureus solidus uirtutis praemium fuit, quem qui meruisset praeter laudem interdum duplas consequebatur annonas. Duplares, sesquiplicares: duplares duas, sesquiplicares unam semis consequebantur annonam. Candidati duplares, candidati simplares. Hi sunt milites principales, qui priuilegiis muniuntur. Reliqui munifices appellantur, quia munera facere coguntur.

CHAPITRE VIII.

Noms des commandants des anciens ordres ou division de la légion.

Anciennement la règle était que le prince de la légion passât de droit au centurionat du primipile : non seulement l'aigle était sous les ordres de ce centurion ; il commandait en tout quatre centuries dans la première ligne, et jouissait, comme étant à la tête de toute la légion, de grands honneurs et de grands avantages. Le premier hastaire commandait dans la seconde ligne deux centuries, ou deux cents hommes au second rang. Le prince de la première cohorte commandait une centurie et demie, ou cent cinquante hommes. Le second hastaire ou piquier commandait aussi une centurie et demie. Le premier triaire commandait cent hommes. Ainsi, les dix centuries de la première cohorte étaient commandées par cinq officiers qu'on appelait ordinarii. On attachait autrefois de grands honneurs et de grands avantages à ces grades, afin que tous les soldats de la légion s'efforçassent d'y atteindre par toute la valeur et le zèle possibles. Il y avait des centurions à la tête de chaque centurie : on les nomme à présent centeniers. Il y avait de plus des dizainiers, appelés présentement chefs de chambrées, préposés chacun sur dix soldats. La seconde cohorte et toutes les suivantes, jusqu'à la dixième inclusivement, avaient chacune cinq centurions ; et dans toute la légion il y en avait cinquante-cinq.

VIII. Uetus tamen consuetudo tenuit, ut ex primo principe legionis promoueretur centurio primi pili, qui non solum aquilae praeerat, uerum etiam quattuor centurias, hoc est CCCC milites, in prima acie gubernabat. Hic tamquam caput totius legionis merita consequebatur et commoda. Item primus hastatus duas centurias, id est CC homines, ducebat in acie secunda, quem nunc ducenarium uocant. Princeps autem primae cohortis centuriam semis, hoc est CL homines, gubernabat. Ad quem in legione prope omnia, quae ordinanda sunt, pertinent. Item secundus hastatus centuriam semis, id est CL homines, regebat. Triarius prior centum homines gubernabat. Sic decem centuriae cohortis primae a quinque ordinariis regebantur. Quibus magnae utilitates et magnus honor esta ueteribus constitutus, ut ceteri milites ex tota legione omni labore ac deuotione contenderent ad tanta praemia peruenire. Erant etiam centuriones, qui singulas centurias curabant; qui nunc centenarii nominantur. Erant decani, denis militibus praepositi, qui nunc caput contubernii uocantur. Secunda cohors habebat centuriones quinque; similiter tertia quarta usque ad decimam cohortem. In tota autem legione erant centuriones quinquaginta quinque.

CHAPITRE IX.

Des fonctions du préfet de la légion.

On envoyait des hommes consulaires commander des armées en qualité de lieutenants ; et les troupes étrangères leur obéissaient dans les affaires de la paix, comme dans celles de la guerre : ces postes sont à présent remplis par des personnes d'une naissance distinguée, qui commandent deux légions et même des troupes plus nombreuses, avec la quantité de maîtres de la milice ; mais c'était proprement le préfet de la légion qui la gouvernait : il était toujours revêtu de la qualité de comte du premier ordre ; il représentait le lieutenant-général, et exerçait, en son absence, le plein pouvoir dans la légion. Les tribuns, les centurions et tous les soldats étaient sous ses ordres ; c'était lui qui donnait le mot du décampement et des gardes ; c'était sous son autorité qu'un soldat, qui avait fait quelque crime, était mené au supplice par un tribun ; la fourniture des habits et des armes des soldats, les remontes, les vivres étaient encore de sa charge ; le bon ordre et la discipline roulaient sur lui, et c'était toujours sous ses ordres qu'on faisait faire l'exercice tous les jours, tant à l'infanterie qu'à la cavalerie. Quand il faisait son devoir, c'était un chef vigilant qui, par l'assiduité du travail, formait à l'obéissance et au métier de la guerre la légion qui lui était confiée, et il en avait tout l'honneur.

VIIII. Sed legati imperatoris ex consulibus ad exercitus mittebantur, quibus legiones et auxilia uniuersa obtemperabant in ordinatione pacis uel necessitate bellorum, in quorum locum nunc inlustres uiros constat magistros militum substitutos, a quibus non tantum binae legiones sed etiam plures numeri gubernantur. Proprius autem iudex erat praefectus legionis, habens comitiuae primi ordinis dignitatem, qui absente legato tamquam uicarius ipsius potestatem maximam retinebat. Tribuni uel centuriones ceterique milites eius praecepta seruabant. Uigiliarum siue profectionis tessera ab eodem petebatur. Si miles crimen aliquod admisisset, auctoritate praefecti legionis a tribuno deputabatur ad poenam. Arma omnium militum, item equi uestes annona ad curam ipsius pertinebat. Disciplinae seueritas, exercitatio non solum peditum sed etiam equitum legionariorum praecepto eius cotidie curabatur. Ipse autem iustus diligens sobrius legionem sibi creditam adsiduis operibus ad omnem deuotionem, ad omnem formabat industriam, sciens ad praefecti laudem subiectorum redundare uirtutem.

CHAPITRE XII.

Fonctions des tribuns des soldats.

Nous avons dit qu'il y avait dans une légion dix cohortes, dont la première de mille hommes était composte de soldats qui avaient du bien, de la naissance, des lettres, de la figure e de la valeur. Le tribun qui la commandait devait être un homme distingué par les avantages du corps, comme par la force et l'adresse à manier les armes, et par l'honnêteté de ses mœurs. Les autres cohortes étaient gouvernées, selon qu'il plaisait au prince, par des tribuns ou par des officiers qui les commandaient par commission. Les uns et les autres ne se contentaient pas de faire manœuvrer tous les jours sous leurs yeux les soldats de leurs cohortes ; mais, comme ils savaient parfaitement exécuter les exercices militaires, ils donnaient eux-mêmes aux soldats l'exemple de ce qu'ils leur commandaient ; tant on prenait de soin alors à exercer les troupes : aussi donnait-on au tribun les louanges dues à son application, quand on voyait ses soldats se tenir proprement, avoir toujours leurs armes complètes et brillantes, exécuter de bonne grâce les évolutions, et marcher en gens bien disciplinés.

XII. Decem cohortes habere diximus legionem. Sed prima erat miliaria, in qua censu genere litteris forma uirtute pollentes milites mittebantur. Huic tribunus praeerat armorum scientia, uirtute corporis, morum honestate praecipuus. Reliquae cohortes, prout principi placuisset, a tribunis uel a praepositis regebantur. Tanta autem seruabatur exercendi milites cura, ut non solum tribuni uel praepositi contubernales sibi creditos sub oculis suis iuberent cotidie meditari, sed etiam ipsi armorum arte perfecti ceteros ad imitationem proprio cohortarentur exemplo. Tribuni autem sollicitudo, tribuni laudatur industria, cum miles ueste nitidus, armis bene munitus ac fulgens, exercitii usu et disciplina eruditus incedit.

CHAPITRE XIII.

Des centuries et des enseignes de l'infanterie

La première enseigne de toute la légion est l'aigle, et celle de la cohorte, un dragon, porté par les draconnaire. Les anciens, qui n'ignoraient pas que, dans la mêlée, il arrive facilement du désordre et de la confusion, divisèrent les cohortes par centuries, et leur donnèrent à chacune des enseignes particulières, où étaient écrits les noms des cohortes et des centuries, afin que, dans la plus grande mêlée, les soldats, en jetant les yeux sur cette enseigne, pussent toujours se rejoindre à leurs camarades. Outre cela, les centurions, appelés aujourd'hui centeniers, portaient des marques aux crêtes de leurs casques, pour être plus aisément reconnus de leur compagnie : il n'était guère possible que les centuries se confondissent, étant guidées chacune par son enseigne, et par le casque de son centurion qui lui en tenait encore lieu. Les centuries étant sous-divisées en chambrées de dix soldats, logés ensemble et campés sous la même tente, étaient commandées par un dizainier, appelé à présent chef de chambrée ; mais la chambre s'appelait aussi manipule, à cause que les soldats qui la composaient se donnaient, pour ainsi dire, la main pour combattre de concert.

XIII. Primum signum totius legionis est aquila, quam aquilifer portat. Dracones etiam per singulas cohortes a draconariis feruntur ad proelium. Sed antiqui, quia sciebant in acie commisso bello celeriter ordines aciesque turbari atque confundi, ne hoc posset accidere, cohortes in centurias diuiserunt et singulis centuriis singula vexilla constituerunt, ita ut, ex qua cohorte uel quota esset centuria, in illo uexillo litteris esset adscriptum, quod intuentes uel legentes milites in quantouis tumultu a contubernalibus suis aberrare non possent. Centuriones insuper, qui nunc centenarii uocantur, (nimium bellicosus) (loricatos) transuersis cassidum cassidum cristis, ut facilius noscerentur, singulas iusserunt gubernare centurias, quantenus nullus error existeret, cum centeni milites sequerentur non solum uexillum suum sed etiam centurionem, qui signum habebat in galea. Rursus ipsae centuriae in contubernia diuisae sunt, ut decem militibus sub uno papilione degentibus unus quasi praeesset decanus, qui caput contubernii nominatur. Contubernium autem manipulus uocabatur ab eo, quod coniunctis manibus pariter dimicabant.

CHAPITRE XV.

Manière de mouvoir une légion en bataille, et des armes des centurions et des triaires.

Pour voir à présent comment on range une armée en bataille, prenons, par exemple, une légion, dont la disposition servira de plan pour en ranger plusieurs ensemble. La cavalerie se place sur les ailes ; l'infanterie commence à se former par la première cohorte de la droite ; la seconde se place de suite en ligne ; la troisième occupe le centre ; la quatrième se range à côté ; la cinquième la suit et forme la gauche de la première ligne. Les ordinaires, les autres officiers et tous les soldats qui combattaient dans cette première ligne, devant et autour des enseignes, s'appelaient le corps des princes, tous pesamment armés ; ils avaient des cuirasses complètes, des grèves de fer, des boucliers, de grandes et petites épées, cinq flèches plombées dans la concavité de leurs boucliers, pour les lancer à la première occasion, et deux armes de jet ; une grande, qui est le javelot, et une petite, qui est le demi-javelot ou le dard. Le javelot était composé d'un fer de neuf pouces de long, triangulaire, et qui était monté sur une hampe de cinq pieds et demi : on exerçait particulièrement les soldats à lancer cette arme, parce qu'étant bien jetée, elle perçait également les cuirasses des cavaliers et les boucliers des fantassins. Le demi-javelot avait un fer triangulaire de cinq pouces de long, sur une hampe de trois pieds et demi. La seconde ligne, où étaient les hastaires, était armée comme celle des princes, et se formait à la droite par la sixième cohorte ; la septième se plaçait de suite ; la huitième occupait le centre ; elle était suivie de la neuvième, et la dixième fermait toujours la gauche. Derrière ces deux lignes, on plaçait les férentaires ou les légèrement armés, que nous appelons à présent escarmoucheurs, ou gens déterminés ; les écussones, armés d'écus ou de grands boucliers, de flèches plombées, d'épées et d'armes de jet, à peu près comme le sont presque tous nos soldats aujourd'hui ; les archers, armés de casques, de cuirasses, d'épées, d'arcs et de flèches ; les frondeurs, qui jetaient des pierres avec la fronde ou fustibale, et les tragulaires, qui tiraient des flèches avec des balistes de main ou des arbalètes. Après toute cette armure légère, les triaires, armés de boucliers, de casques, de cuirasses complètes, de jambières de fer, de l'épée et du poignard, de flèches plombées et de deux armes de jet, formaient une troisième ligne. Pendant l'action, on les faisait demeurer baissés un genou en terre, afin que, si les premières lignes étaient battues, cette troupe fraîche pût rétablir les affaires, et rappeler la victoire de son côté. On fera observer, en passant, que les porte-enseigne, quoique gens de pied, avaient des demi-cuirasses et des casques couverts de peaux d'ours, avec le poil, pour se donner un air plus terrible ; mais les centurions avaient des cuirasses complètes, de grands boucliers et des casques de fer, comme les triaires, avec cette différence que les centurions portaient leurs casques traversés d'aigrettes argentées, pour être plus facilement reconnus de leurs soldats.

XV. Nunc, qualiter instruenda sit acies, si pugna immineat declaretur unius legionis exemplo; quod, si usus exegerit, transferri possit ad plures. Equites locantur in cornibus. Acies peditum a prima cohorte incipit ordinari in cornu dextro. Huic cohors secunda coniungitur. Tertia cohors in media acie conlocatur. Huic adnectitur quarter. Quinta uero cohors sinistrum suscipit cornum. Sed ante signa et circa signa nec non etiam in prima acie dimicantes principes uocabantur(, hoc est ordinarii ceterique principales). Haec erat grauis armatura, quia habebant cassides catafractas ocreas scuta gladios maiores, quos spathas uocant, et alios minores, quos semispathia nominant, plumbatas quinas positas in scutis, quas primo impetu iaciunt, item bina missibilia, unum maius ferro triangulo unciarum nouem, hastili pedem quinque semis, quod pilum uocabant, nunc spiculum dicitur, ad cuius ictum exercebantur praecipue milites, quod arte et uirtute directum et scutatos pedites et loricatos equites saepe transuerberat, aliud minus ferro unciarum quinque, hastili pedum trium semis, quod tunc uericulum, nunc uerutum dicitur. Prima acies principum(, secunda hastatorum) armis talibus docetur instructa. Post hos erant ferentarii et leuis armatura, quos nunc exculcatores et armaturas dicimus, scutati (qui) plumbatis gladiis et missibilibus accincti, sicut nunc prope omnes milites uidentur armati, erant item sagittarii cum cassidibus catafractis et gladiis, sagittis et arcubus, erant funditores, qui ad fundas uel fustibalos lapides iaciebant, erant tragularii, qui ad manuballistas uel arcuballistas dirigebant sagittas. Secunda acies similiter armabatur, in qua consistentes milites hastati uocabantur. Sed in secunda acie dextro cornu cohors sexta ponebatur, cui iungebatur septima. Octaua cohors mediam aciem tenebat nona comitante. Decima cohors in secunda acie sinistrum semper obtinet cornum. Post omnes autem acies triarii cum scutis catafractis et galeis ocreati cum gladiis semispathiis plumbatis binis missibilibus locabantur, qui genu posito subsidebant, ut, si primae acies uincerentur, ab his quasi de integro reparata pugna posset sperari uictoria. Omnes antesignani uel signiferi, quamuis pedites, loricas minores accipiebant et galeas ad terrorem hostium ursinis pellibus tectas. Centuriones uero habebant catafractas et scuta et galeas ferreas, sed transuersis et argentatis cristis, ut celerius agnoscerentur a suis.

CHAPITRE XVI.

Que les pesamment armés combattaient de pied ferme.

Il faut observer que, lorsqu'on engageait une action, les deux premières lignes ne bougeaient point, et les triaires demeuraient aussi baissés dans leur place. Les légèrement armés s'avançaient à la tête de l'armée, et chargeaient l'ennemi : s'ils pouvaient le mettre en fuite, ils le poursuivaient mais s'ils étaient obligés de céder à la multitude ou à la force, ils se retiraient derrière les pesamment armés : alors ceux-ci, qui étaient comme un mur de fer, reprenaient le combat d'abord de loin avec les armes de jet, ensuite de près, l'épée à la main ; et s'ils mettaient l'ennemi en fuite, c'était à l'infanterie légère et à la cavalerie légionnaire à le poursuivre ; pour eux, ils demeuraient de pied ferme, de crainte de se rompre et que l'ennemi, revenant tout-à-coup sur eux, ne profitât de leur désordre. Par ces dispositions, la légion était victorieuse sans danger ; ou si elle avait du désavantage, elle se conservait en bon état. Comme elle n'est pas faite pour poursuivre, il est difficile aussi de la désorganiser.

XVI. Illud autem sciendum est et modis omnibus retinendum: commisso bello prima ac secunda acies stabat inmota, triarii quoque residebant. Ferentarii autem armaturae exculcatores sagittarii funditores, hoc est leuis armatura, aduersarios prouocabant ante aciem praecedentes. Si hostes fugare potuerant, sequebantur; si eorum uirtute aut multitudine premebantur, reuertebantur ad suos et post eos stabant. Excipiebant autem proelium grauis armatura, et tamquam murus, ut ita dicam, ferreus stabat et non solum missibilibus sed etiam gladiis comminus dimicabant. Et si hostes fugassent, non sequebatur grauis armatura, ne aciem suam ordinationemque turbaret et ad dispersos recurrentes hostes incompositos obprimerent, sed leuis armatura cum funditoribus sagittariis et equitibus fugientes sequebatur inimicos. Hac dispositione atque cautela sine periculo legio uincebat aut superata seruabatur incolumis, quia legionis ius est facile nec fugere nec sequi.

CHAPITRE XXI.

Des trompettes, cornets et buccines.

Les instruments militaires de la légion sont la trompette, le cornet et la buccine ou cor : la trompette sonne la charge et la retraite, les enseignes obéissent au bruit du cornet, qui ne donne que pour elles ; c'est encore la trompette qui sonne lorsque les soldats, commandés pour quelque ouvrage, sortent sans enseignes ; mais dans le temps même de l'action, les trompettes et les cornets sonnent ensemble. La buccine ou cor appelle à l'assemblée, c'est aussi une des marques du commandement ; elle sonne devant le général, et lorsqu'on punit de mort des soldats, pour marquer que cette exécution se fait de son autorité. C'est encore au son de la trompette qu'on monte et qu'on descend les gardes ordinaires et les grandes gardes hors du camp, qu'on va à l'ouvrage, que se font les revues, et que les soldats se règlent sur ce qu'on sonne. Ce sont les cornets qui sonnent pour faire marcher les enseignes et les faire arrêter. Tout cela se pratique dans les exercices et dans les promenades qu'on fait faire aux soldats sous les armes, afin que dans un jour d'affaire, accoutumés aux signaux de ces instruments, ils y obéissent promptement, soit qu'il faille marcher ou s'arrêter, ou suivre l'ennemi ou revenir. En effet, la raison veut qu'on pratique souvent dans le loisir de la paix ce qu'il faut nécessairement exécuter dans le tumulte des combats.

XXI. Habet praeterea legio tubicines cornicines bucinatores. Tubicen ad bellum uocat milites et rursum receptui canit. Cornicines quotiens canunt, non milites sed signa ad eorum obtemperant nutum. Ergo quotiens ad aliquod opus exituri sunt soli milites, tubicines canunt, quotiens mouenda sunt signa, cornicines canunt; quotiens antem pugnatur, et tubicines et cornicines pariter canunt. Classicum item appellatur quod bucinatores per cornu dicunt. Hoc insigne uidetur imperii, quia classicum canitur imperatore praesente uel cum in militem capitaliter animaduertitur, quia hoc ex imperatoris legibus fieri necesse est. Siue ergo ad uigilias uel agrarias faciendas siue ad opus aliquod uel ad decursionem campi exeunt milites, tubicine uocante operantur et rursus tubicine admonente cessant. Cum autem mouentur signa aut iam mota figenda sunt, cornicines canunt. Quod ideo in omnibus exercitiis et processionibus custoditur, ut in ipsa pugna facilius obtemperent milites, siue eos pugnare siue stare siue sequi uel redire praeceperint duces; siquidem ratio manifesta sit semper in otio debere fieri quod necessario faciendum uidetur in proelio.

CHAPITRE XXII.

De l'exercice des troupes.

L'ordonnance de la légion comprise, revenons aux exercices : on exerçait matin et soir les nouveaux soldats à manier toutes sortes d'armes ; on obligeait aussi les vieux, même les mieux instruits, à faire les exercices régulièrement une fois par jour. Les services et l'âge ne sont point un titre pour savoir le métier de la guerre. Un vieux soldat qui n'a point été exercé est toujours nouveau. Les armurés, et généralement tous les soldats, apprenaient sans cesse les exercices de l'escrime, qui ne sont plus aujourd'hui qu'un vain spectacle ; c'est par l'usage continuel des forces du corps qu'on acquiert la légèreté et l'adresse de porter des coups certains à l'ennemi et de se garantir des siens. C'est par la même répétition que les soldats apprendront dans ces combats simulés une chose bien plus essentielle encore, c'est-à-dire à garder leurs rangs et à ne point quitter leurs enseignes dans les évolutions les plus embarrassées ; à la fin, ceux qui sont bien instruits ne font jamais de faute dans toutes les manœuvres, quelle que soit la confusion causée par la multitude. Il est très nécessaire que les nouveaux soldats s'exercent avec des armes de bois contre le pieu, qu'ils apprennent à porter des coups à cet ennemi fictif, de pointe, de taille, aux flancs, aux pieds et à la tête, qu'ils s'étudient à le frapper en sautant, à s'élever avantageusement sur le bouclier, et à se baisser tout-à-coup pour s'en couvrir, tantôt à s'élancer en avant comme pour frapper, et tantôt à sauter en arrière. Il faut encore qu'ils s'exercent à lancer de loin des armes de jet contre les mêmes pieux, afin d'apprendre à bien diriger leurs coups et de se fortifier les bras. Les archers et les frondeurs dressaient pour but des fagots ou des bottes de paille, contre lesquels ils tiraient des flèches à six cents pieds de distance ; ils jetaient aussi des pierres avec le fustibale et frappaient souvent leur but. Il faut dresser les frondeurs à ne tourner qu'une seule fois la fronde autour de leur tête avant que de lâcher la pierre ; mais autrefois on exerçait tous les soldats à jeter à la main des pierres d'une livre ; cette manière est plus expéditive parce qu'on se passe de fronde. On les obligeait encore à s'exercer sans cesse à lancer les armes de jet ou les flèches plombées ; et pour ne pas en interrompre l'exercice pendant l'hiver, on construisait pour la cavalerie des manèges qu'on couvrait de tuiles ou de bardeaux, et, à leur défaut, de roseaux, d'herbes de marais ou de chaume. Pour l'infanterie, on bâtissait des basiliques ou grandes salles couvertes, afin d'avoir toujours des lieux à l'abri des injures de l'air pour y exercer les troupes lorsqu'il faisait mauvais temps ; mais, dès que la pluie ou la neige cessait, on lès exerçait à découvert, tant on craignait que la discontinuation du travail n'amollit le corps et le courage des soldats ; on les accoutumait encore à abattre des arbres, à porter des fardeaux, à nager dans la mer ou dans les rivières, à marcher à grands pas et à courir avec armes et bagages. Ces exercices étaient ordinaires et fréquents, soit pour les légions, soit pour les troupes auxiliaires ; car enfin, si le soldat bien exercé souhaite le combat, autant, celui qui est ignorant l'appréhende. En un mot, qu'on se persuade qu'à la guerre l'art est au-dessus de la force ; et si on ôte la discipline et l'exercice, il n'y aura plus de différence entre un soldat et un paysan.

XXII. Legionis ordinatione digesta ad exercitium reuertimur, unde, sicut iam dictum est, exercitus nomen accepit. Iuniores quidem et noui milites mane ac post meridiem ad omne genus exercebantur armorum. Veteres autem et eruditi sine intermissione semel in die exercebantur armis. Neque enim longitudo aetatis aut annorum numerus artem bellicam tradit, sed, post quanta uolueris stipendia, inexercitatus miles semper est tiro. Armaturam, quae festis diebus exhibetur in circo, non tantum armaturae, qui sub campidoctore sunt, sed omnes aequaliter contubernales cotidiana meditatione discebant. Nam et uelocitas usu ipso adquiritur corporis et scientia feriendi hostem seque protegendi, praesertim si gladiis comminus dimicetur; illud uero maius est, quod seruare ordines discunt et uexillum suum in tantis permixtionibus in ipsa prolusione comitantur nec inter doctos aliquis error existit, cum multitudinis sit tanta confusio. Ad palum quoque uel sudibus exerceri percommodum est, cum latera uel pedes aut caput petere punctim caesimque condiscant. Saltus quoque et ictus facere pariter adsuescant, insurgere tripudiantes in clipeum rursusque subsidere, nunc gestiendo prouolare cum saltu, nunc cedentes in terga resilire. Missibilibus etiam palos ipsos procul ferire meditentur, ut et ars dirigendi et dexterae uirtus possit adcrescere. Sagittarii uero uel funditores scopas, hoc est fruticum uel straminum fasces, pro signo ponebant, ita ut sexcentis pedibus remouerentur a signo, ut sagittis uel certe lapidibus ex fustibalo destinatis signum saepius tangerent. Propterea sine trepidatione in acie faciebant quod ludentes in campo fecerant semper. Adsuescendum est etiam, ut semel tantum funda circa caput rotetur, cum ex ea emittitur saxum. Sed et manu sola omnes milites meditabantur libralia saxa iactare, qui usus paratior creditur, quia non desiderat fundam. Missibilia quoque uel plumbatas iugi perpetuoque exercitio dirigere cogebantur usque adeo, ut tempore hiemis de tegulis uel scindulis, quae si deessent, certe de cannis, ulua uel culmo et porticus tegerentur ad equites et quaedam uelut basilicae ad pedites, in quibus tempestate uel uentis aere turbato sub tecto armis erudiebatur exercitus. Ceteris autem etiam hibernis diebus, si niues tantum pluuiaeque cessarent, exerceri cogebantur in campo, ne intermissa consuetudo et animos militum debilitaret et corpora. Siluam caedere, portare onera, transilire fossas, natare in mari siue fluminibus, gradu pleno ambulare uel currere etiam armatos cum sarcinis suis frequentissime conuenit, ut cotidiani laboris usus in pace difficilis non uideatur in bello. Siue ergo legio siue auxilia fuerint, exerceantur adsidue. Nam quemadmodum bene exercitatus miles proelium cupit, ita formidat indoctus. Postremo sciendum est in pugna usum amplius prodesse quam uires; nam si doctrina cesset armorum, nihil paganus distat a milite.

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 Sujet du message: Re: Abrégé du "De Re Militari" de Végèce. Français/Latin.
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LIVRE III.

CHAPITRE IV.

De la conduite qu'il faut tenir pour éviter les séditions.

Souvent, dans une armée qui vient de s'assembler de différentes provinces, il s'élève des mouvements de sédition ; et des troupes murmurent hautement, de ce qu'on ne les mène pas combattre, quoiqu'en effet elles n'en aient rien moins qu'envie ; ce qui arrive principalement à ceux qui dans leurs quartiers ont vécu dans l'oisiveté et dans la mollesse : car le travail qu'il faut soutenir dans le cours d'une campagne, et dont ils ont perdu l'habitude, les rebute ; et comme ils craignent nécessairement les combats, puisqu'ils craignent même l'exercice qui n'en est que l'image, ils ne le demandent que par une présomption mal soutenue. À ce mal, ou applique plus d'un remède. Pendant que les corps sont chacun dans leurs quartiers, et séparés les uns des autres ; que les tribuns, leurs lieutenants et officiers tiennent leurs soldats dans une discipline sévère ; qu'ils ne respirent que le devoir et la soumission ; qu'on les fasse sans relâche manœuvrer sous les armes ; qu'on les passe souvent en revue ? qu'il ne leur soit accordé aucun congé, qu'au moindre signe, à la moindre parole, ils soient toujours au commandement ; qu'on les exerce sans cesse et très longtemps, jusqu'à la lassitude, à tirer des flèches, à lancer des javelots, à jeter des pierres à la main ou avec la fronde, à escrimer contre le pieu, à le frapper de pointe, et de taille avec l'épée de bois, à courir, à sauter, à franchir lu fossés ; si leurs quartiers sont près de la mer ou d'une rivière, qu'on leur fasse apprendre à nager pendant l'été ; qu'on les mène souvent près des lieux escarpés ou fourrés ; qu'on leur fasse abattre des arbres, les dégrossir, creuser des fossés ; qu'on en mette une partie à défendre un poste contre leurs camarades, qui tâcheront de les pousser boucliers contre boucliers, afin d'apprendre aux uns et aux autres l'usage et la force de cette arme. Des soldats et des cavaliers, disciplinés et exercés de cette sorte dans leurs quartiers, prendront nécessairement de l'émulation pour la gloire. Quand on les rassemblera pour une expédition, ils ne demanderont qu'à combattre. En général, un soldat qui a de la confiance en ses armes et en ses forces, ne pense point à se mutiner ; mais enfin, s'il se trouve quelques séditieux dans les légions ou dans les auxiliaires, cavalerie ou infanterie, à commencer par les centurions, leurs lieutenants et les autres officiers, c'est à un général attentif à les découvrir, non par les délations, mais par les voies non suspectes de la vérité ; et pour lors, il les éloignera du camp, sous prétexte de quelque commission qui puisse leur faire plaisir, ou il les enverra servir dans des villes, ou des châteaux, mais avec tant d'adresse, qu'en se défaisant d'eux, il semble les y envoyer par préférence. Jamais la multitude ne se porte à la révolte par un accord : elle y est excitée par un petit nombre de mutins, qui fondent l'espérance de l'impunité de leur crime sur le nombre des complices qu'ils s'assurent. Supposé que cette révolte devint si générale qu'on ne pût la dissimuler, il n'en faut punir que les auteurs : c'était l'usage des anciens qui, par le supplice d'un petit nombre de coupables, contenaient tous ceux qui auraient pu le devenir. Au reste, il est bien plus glorieux à un général de maintenir ses soldats dans la discipline par l'habitude de l'exercice et du travail, que par la crainte du châtiment.

IIII. Interdum mouet tumultum ex diuersis locis collectus exercitus et, cum pugnare nolit, irasci se simulat, cur non ducatur ad bellum; quod hi praecipue faciunt, qui in sedibus itiose delicateque uixerunt. Nam asperitate insoliti laboris offensi, quem in expeditione necesse est sustinere, praeterea metuentes proelium, qui armorum exercitia declinarant, ad eiusmodi praecipitantur audaciam. Cui uulneri multiplex medicina consueuit opponi. Dum adhoc separati sunt et in sedibus suis, tribunorum uel uicariorum nec non etiam principiorum ad omnem disciplinam artissima seueritate teneantur nihilque aliud nisi deuotionem moderationemque custodiant. Campicursionem, ut ipsi appellant (inspectionem armorum), adsidue faciant, nullis commeatibus uacent, ad nomen, ad signa obseruare non desinant, ad sagittas iacendas, ad missibilia dirigenda, ad iactandos lapides uel funda uel manu, ad armaturae gestum, ad uectes pro similitudine gladiorum punctim caesimque feriendo multo die usque ad sudorem sunt frequentissime detinendi. Cursu etiam et saltu ad transmittendas fossas nihilominus imbuendi. Seu mare siue fluuius uicinus est sedibus, aestiuo tempore ad natandum cogendi sunt omnes, praeterea siluam caedere, iter per dumos et abrupta facere, materiem dedolare, aperire fossam, occupare aliquem locum et, ne a contubernalibus detrudantur, scutis inuicem obuiantibus niti. Ita exercitati et eruditi in sedibus milites, seue illi legionarii siue auxiliares siue equites fuerint, cum ad expeditionem ex diuersis conuenerint numeris, aemulatione uirtutis proelium magis necesse habeant optare quam otium: nemo cogitat de tumultu, qui fiduciam de arte uel uiribus gerit. Dux autem esse debet adtentus, ut in omnibus legionibus siue auxiliis uel uexillationibus a tribunis uicariis principiisque, si qui turbulenti uel seditiosi sunt milites, non pro inuidia suggerentum sed pro rerum ueritate cognoscat eosque prudentiori consilio segregatos a castris ad agendum aliquid, quod ipsis prope uideatur optabile, aut ad castella urbesque deputet muniendas atque seruendas, tanta subtilitate, ut, cum abiciuntur, uideantur electi. Numquam enim ad contumaciam pari consensu multitudo prorumpit, sed incitatur a paucis, qui uitiorum scelerumque inpunitatem sperant peccare cum plurimis. Quod si ferri medicinam necessitas extrema persuaserit, rectius est more maiorum in auctores criminum uindicari, ut ad omnes metus, ad paucos poena perueniat. Laudabiliores tamen duces sunt, quorum exercitum ad modestiam labor et usus instituit, quam illi, quorum milites ad oboedientiam suppliciorum formido conpellit.

CHAPITRE V.

Quels sont les différents signaux militaires.

L'homme de guerre a bien des choses à observer dans le combat. Là, la moindre faute qu'il y fait est punissable, puisqu'il est question du salut public ; mais rien ne contribue plus à la victoire, que d'obéir aux ordres du général : ils s'indiquent par différents signaux. Il n'est pas possible que dans le tumulte de l'action, la voix d'un seul homme dirige les mouvements d'une armée : il est obligé de changer souvent ses ordres, à mesure que les circonstances changent ; ce qui a fait établir, chez toutes les nations, des signaux que le soldat reconnaît et auxquels il obéit. Nous en avons de trois espèces, qu'on peut distinguer par vocaux, demi-vocaux et muets : les deux premiers frappent l'oreille, les derniers frappent les yeux. Les vocaux consistent dans de certains mots que donne le général pour les gardes ou pour le ralliement ; comme la victoire, la palme, la valeur, Dieu est avec nous, le triomphe de l'empereur, etc. Il a la précaution de les varier tous les jours, de crainte que les ennemis ne se glissent impunément dans le camp à la faveur du mot, s'il était trop souvent le même. Les signaux demi-vocaux s'indiquent par la trompette, le cor ou le cornet. On appelle trompette, l'instrument dont le canal est en droite ligne. Le cor est composé d'un canal d'airain qui se replie sur lui-même en forme de cercle. Le cornet est fait d'une corne de bœuf sauvage, entortillée d'argent. Les sons en varient, suivant que le trompette sait plus ou moins ménager son haleine. Ce sont trois instruments qui annoncent l'ordre de marcher, de faire halte, de revenir sur ses pas, de poursuivre l'ennemi ou de faire retraite ; et tout cela de façon à ne s'y pas méprendre. Les signaux muets sont : les aigles, les dragons, les drapeaux ou les étendards, les banderoles, les touffes de plumes, les aigrettes, etc. De quelque côté que le général fasse porter les enseignes, le soldat est obligé de les suivre. Il y a d'autres signaux muets, attachés aux chevaux, aux habits et même aux armes, afin que les soldats de la même armée se reconnaissent les uns et les autres, et ne prennent pas l'ennemi pour l'ami. On distingue encore certains ordres du général à un geste de la main, au fouet qu'il porte quelquefois comme les Barbares, à une certaine manière de toucher ses habits. On doit exercer le soldat à connaître ces différents signaux et à y obéir, soit en garnison, soit en marche, soit dans le camp ; c'est à quoi il ne parviendra jamais, dans la confusion inséparable des combats à la guerre, s'il n'y est exercé par un usage continuel, en temps de paix. Il y a encore des signaux muets, communs à toutes les nations. Par exemple : la poussière qui s'élève toujours en forme de nuage, peut vous indiquer l'approche de l'ennemi ; par le feu pendant la nuit, et par la fumée pendant le jour, deux armées s'informent réciproquement de bien des choses qu'elles ne pourraient se faire savoir autrement. On place quelquefois au haut des tours d'une ville ou d'un château, des espèces de solives ; et en les élevant ou les baissant, suivant qu'on en est convenu avec des troupes amies, on les informe de ce qui se passe dans l'endroit où l'on est.

V. Multa quidem sunt dicenda atque obseruanda pugnantibus, siquidem nulla sit neglegentiae uenia, ubi de salute certatur. Sed inter reliqua nihil magis ad uictoriam proficit quam monitis obtemperare signorum. Nam cum uoce sola inter proeliorum tumultus regi multitudo non possit et cum pro necessitate rerum plura ex tempore iubenda atque facienda sint, antiquus omnium gentium usus inuenit, quomodo quod solus dux utile iudicasset per signa totus agnosceret et sequeretur exercitus. Tria itaque genera constat esse signorum, uocalia semiuocalia muta. Quorum uocalia et semiuocalia percipiuntur auribus, muta uero referuntur ad oculos. Vocalia dicuntur quae uoce humana pronuntiantur, sicut in uigilis uel in proelio pro signo dicitur, ut puta 'uictoria' 'palma' 'uirtus' 'Deus nobiscum' 'triumphus imperatoris' et alia, quaecumque uoluerit dare is, qui in exercitu habet maximam potestatem. Sciendum tamen est ista uocabula cotidie debere uariari, ne ex usu signum hostes agnoscant et explorantes inter nostros uersentur inpune. Semiuocalia sunt quae per tubam aut cornu aut bucinam dantur; tuba quae directa est appellatur; bucina quae in semet aereo circulo flectitur; cornu quod ex uris agrestibus, argento nexum, temperatum arte spirituque canentis flatus emittit auditum. Nam indubitatis per haec sonis agnoscit exercitus, utrum stare uel progredi an certe regredi oporteat(, utrum longe persequi fugientes an receptui canere). Muta signa sunt aquilae dracones uexilla flammulae tufae pinnae; quocumque enim haec ferri iusserit ductor, eo necesse est signum suum comitantes milites pergant. Sunt et alia muta signa, quae dux belli in equis aut in indumentis et in ipsis armis, ut dinoscatur hostis, praecipit custodiri; praeterea manu aliquid uel flagello more barbarico uel certe mota, qui utitur, ueste significat. Quae omnia in sedibus intineribus, in omni exercitatione castrensi uniuersi milites et sequi et intellegere consuescant. Continuus enim usus necessarius uidetur in pace eius rei, quae in proelii confusione seruanda sit. Item mutum et commune signum est, quotiens proficiscente turba excitatus puluis ad similitudinem nubium surgit hostiumque prodit aduentum; similiter si diuisae sint copiae, per noctem flammis, per diem fumo significant sociis quod aliter non potest nuntiari. Aliquanti in castellorum aut urbium turribus adpendunt trabes, quibus aliquando erectis aliquando depositis indicant quae geruntur.

CHAPITRE VI.

Quelles sont les précautions qu'il faut prendre lorsque l'armée marche dans le voisinage de l'ennemi.

Les maîtres de l'art militaire prétendent qu'il y a souvent plus de risque à courir dans les marches que dans les combats. Lorsqu'on est en présence, disent-ils, tous les soldats sont bien armés et voient à qui ils ont affaire ; ils s'attendent et se préparent à l'action, au lieu que, dans une marche, ils n'ont pas toutes leurs armes, ils les portent négligemment, ils sont plus sujets à se troubler en cas d'embûches ou d'attaques imprévues. C'est pourquoi un général doit prendre toutes les précautions possibles pour n'être pas insulté dans sa marche, ou pour repousser l'insulte promptement et sans perte. Il doit avoir un plan détaillé du pays où il fait la guerre, afin de connaître exactement la distance des lieux, la nature des chemins, les routes les plus courtes ou les plus détournées, les montagnes, les fleuves ; d'habiles généraux ont poussé cette recherche au point d'avoir un plan figuré partie par partie, ce qui les mettait en état non seulement de raisonner avec l'officier qu'ils détachaient sur la route qu'ils devaient tenir, mais de la lui faire sentir au doigt et à l'œil. Il faut, outre cela, interroger quelques principaux du pays qui soient gens de bon sens et au fait des lieux, en observant de questionner chacun d'eux séparément, afin qu'en conciliant leur rapport on puisse s'assurer de la vérité. D'ailleurs, lorsqu'il est question de choisir entre plusieurs chemins, il faut prendre des guides bien instruits, les faire garder à vue en les assurant d'une récompense ou d'une punition, au cas qu'ils vous conduisent bien ou mal ; ils vous seront fidèles lorsque, désespérant de vous échapper, ils verront d'un côté le prix de la fidélité, et de l'autre celui de la perfidie. On ne peut choisir avec trop d'attention des guides sensés et connaisseurs, puisqu'on court risque de perdre toute une armée par un excès de confiance en deux ou trois de ces misérables qui, s'imaginant savoir un chemin qu'ils ignorent, promettent souvent plus qu'ils ne peuvent tenir. Comme, à quelque expédition qu'on se prépare, il est d'une conséquence infinie que l'ennemi n'en soit pas prévenu, la précaution la plus sûre est que votre armée ignore elle-même quelle route vous voulez lui faire prendre ; c'est sur ce principe que nos légions avaient autrefois pour enseignes la représentation symbolique du Minotaure, afin que cette vue rappelât sans cesse au général la nécessité de tenir son secret aussi caché dans son âme que le Minotaure l'était au fond du labyrinthe. La route la plus sûre est sans doute celle que l'ennemi ne vous soupçonne pas de vouloir prendre ; mais comme les espions peuvent découvrir ou du moins entrevoir vos intentions, mettez-vous en état de le bien recevoir ; faites précéder votre marche par un détachement de cavaliers fidèles, clairvoyants et bien montés, qui reconnaissent de tous côtés la route que vous voulez tenir, afin de découvrir s'il n'y a point d'embuscades ; vous risquez moins à faire ce détachement la nuit que le jour, car s'il est pris, ce qui arrive plus souvent le jour que la nuit, vous vous seriez trahi vous-même, puisque la prise décèlerait votre marche. Elle doit commencer par une avant garde de cavalerie suivie d'infanterie ; placer les équipages au centre ; soutenez-les en queue d'infanterie et de cavalerie, et en flanc, d'un pareil nombre de troupes, parce que c'est surtout en flanc qu'une troupe en marche court risque d'être attaquée. Il faut aussi ouvrir votre marche de cavalerie choisie, d'infanterie armée à la légère, et d'archers, du côté d'où doit vraisemblablement venir l'attaque ; mais vous devez vous mettre en état de faire face de tous côtés au cas que l'ennemi vous investisse. Si vous voulez empêcher que vos soldats ne s'effraient d'une attaque subite, prévenez-les sur tout ce qui peut arriver dans la marche, de sorte qu'ils soient également prêts et disposés à combattre ; ce qui alarme ordinairement dans une attaque imprévue ne produit plus cet effet dès qu'on en est prévenu. Nos anciens avaient grand soin que dans l'action les soldats, étant trop serrés, ne se nuisissent les uns aux autres, ou qu'étant trop au large, ils ne laissassent dans le rang des vides propres à y pénétrer ; ils avaient l'attention que les équipages ne fussent pas trop près des combattants, craignant avec raison que des valets, intimidés et blessés, ne troublassent l'ordre du combat, et que les chevaux de bât effarouchés ne blessassent les soldats : c'est pourquoi l'usage était de donner des enseignes aux valets pour leur faciliter le ralliement, on choisissait même ceux d'entre eux qui avaient le plus de bon sens et d'expérience, pour leur donner à chacun une espèce de commandement, qui ne s'étendait jamais sur plus de deux cents valets. Ceux-ci étaient obligés, dans l'occasion, de se rallier avec leurs chevaux de bagages sous leurs enseignes, au premier ordre de ce commandant particulier. Il faut, dans une marche, disposer sa défense sur l'espèce d'attaque que la situation des lieux rend plus vraisemblable. En rase campagne, par exemple, il y a plus d'apparence d'être attaqué par de la cavalerie que par de l'infanterie ; c'est tout le contraire dans des bois, des montagnes, des marais, il faut marcher serré, sans permettre que des soldats se détachent par pelotons, ni que les uns aillent trop vite, les autres trop lentement ; car c'est ce qui rompt une troupe, ou du moins ce qui l'affaiblit, parce qu'il donne à l'ennemi la faculté de, pénétrer par des intervalles ; le moyen de l'éviter est de poster de distance en distance des officiers d'expérience, qui sachent contenir les uns et presser les autres. Cela est d'autant plus important, qu'à la première attaque qui se fait en queue, ceux qui se sont portés trop en avant pensent ordinairement moins à rejoindre qu'à fuir, pendant que les traîneurs, se trouvant trop loin de la troupe pour en être secourus, perdent courage et se laissent tailler en pièces. C'est la nature des lieux où se trouve l'ennemi qui le détermine à la ruse ou à la force ouverte ; mais les embûches qu'il pourrait vous tendre lui deviendront inutiles, même préjudiciables, si vous vous assurez bien de la position des lieux ; car, pouvant alors l'envelopper lui-même dans son embuscade, vous lui ferez plus de mal qu'il n'espérait vous en faire. Si vous prévoyez au contraire qu'on vous attaquera à force ouverte dans des montagnes, saisissez-vous des hauteurs par détachements, afin que l'ennemi, vous trouvant en même temps en front et pour ainsi dire sur sa tête, n'ose vous attaquer. Si vous trouvez des routes étroites, mais qui assureraient votre marche, faites-les ouvrir avec des haches, plutôt que de prendre des grands chemins qui exposent à l'ennemi ; examinez s'il est dans l'habitude de faire ses attaques la nuit, au point du jour, à l'heure du dîner ou le soir, afin de vous arranger là-dessus ; sachez s'il est plus fort en infanterie qu'en cavalerie, en lanciers qu'en archers ; s'il l'emporte sur vous par le nombre des combattus ou par le choix et la bonté des armes, et tirez vos avantages de ces connaissances ; observez quelle est, du jour ou de la nuit, le temps le plus propre à marcher ; quelle distance il y a du lieu d'où vous partez à celui où vous voulez arriver, afin de ne pas vous exposer à la disette d'eau et aux mauvais chemins, aux marais, aux torrents pendant l'hiver : ce sont autant d'obstacles qui, en retardant votre marche, donneraient à l'ennemi le temps de la troubler. La même attention qui nous fait éviter ces fautes nous fait profiter de celles de l'ennemi ; il faut donc tâcher d'attirer des déserteurs de son armée, d'y ménager des intelligences par où l'on puisse être informé de ce qu'il fait ou de ce qu'il compte faire ; vous pouvez mettre à profit ces connaissances en mettant une troupe de cavalerie ou d'infanterie toujours prête à tomber sur ses fourrageurs ou sur ses convois.

VI. Qui rem militarem studiosius didicerunt, adserunt plura in itineribus quam in ipsa acie pericula solere contingere. Nam in conflictu armati sunt omnes et hostem comminus uident et ad pugnandum animo ueniunt praeparati; in itinere minus armatus minusque adtentus est miles et superuentus impetu uel fraude subsessae repente turbatur. Ideo omni cura omnique diligentia prouidere dux debet, ne profiscens patiatur incursum uel facile ac sine damno repellat inlatum. Primum itineraria omnium regionum, in quibus bellum geritur, plenissime debet habere perscripta, ita ut locorum interualla non solum passuum numero sed etiam uiarum qualitate perdiscat, conpendia deuerticula montes flumina ad fidem descripta consideret, usque eo, ut sollertiores duces itineraria prouinciarum, in quibus necessitas gerebatur, non tantum adnotata sed etiam picta habuisse firmentur, ut non solum consilio mentis uerum aspectu oculorum uiam profecturus eligeret. Ad hoc a prudentioribus et honoratis ac locorum gnaris separatim debet uniuersa perquirere et ueritatem colligere de pluribus, praeterea (sub periculo eligendum) uiarum duces idoneos scientesque praecipere eosque custodiae mancipare addita poenae ostentatione uel praemii. Erunt enim utiles, cum intellegant nec fugiendi sibi copiam superesse et fidei praemium ac perfidiae parata supplicia. Prouidendum quoque, ut sapientes exercitatique quaerantur, ne duorum aut trium error discrimen pariat uniuersis; interdum autem imperita rusticatas plura promittit et credit se scire quae nescit. Sed cautelae caput est, ut, ad quae loca uel quibus itineribus sit profecturus exercitus, ignoretur; tutissimum namque in expeditionibus creditur facienda nesciri. Ob hoc ueteres Minotauri signum in legionibus habuerunt, ut, quemadmodum ille in intimo et secretissimo labyrintho abditus perhibetur, ita ducis consilium semper esset occultum. Securum iter agitur quod agendum hostes minime suspicantur. Verum, quia exploratores altrinsecus missi profectionem suspitionibus uel oculis deprehendunt et interdum transfugae proditoresque non desunt, quemadmodum occurri ingruentibus debeat, intimetur. Dux cum agmine exercitus profecturus fidelissimos argutissimosque cum equis probatissimis mittat, qui loca, per quae iter faciendum est, in progressu et a tergo, dextra laeuaque perlustrent, ne aliquas aduersarii moliantur insidias. Tutius autem operantur exploratores noctibus quam diebus. Nam quodammodo ipse sui proditor inuenitur cuius speculator fuerit ab aduersariis conprehensus. Primi ergo equites iter arripiant, deinde pedites, inpedimenta sagmarii calones uehiculaque in medio conlocentur, ita ut expedita pars peditum et equitum subsequatur. Nam ambulantibus interdum quidem a fronte, sed frequentius a tergo superuentus infertur. A lateribus quoque pari armatorum manu inpedimenta claudenda sunt; nam insidiatores transuersos frequenter incursant. Illud tamen praecipue seruandum est, ut ea pars, ad quam hostis uenturus creditur, obpositis lectissimis equitibus et leui armatura necnon etiam peditibus sagittariis muniatur. Quod si undique circumfunduntur inimici, undique debent praeparata esse subsidia. Ne uero repentinus tumultus amplius noceat, ante commonendi sunt milites, ut parati sint animo, ut arma in manibus habeant: in necessitate subita conterrent, prouisa non solent esse formidini Antiqui diligentissime praecauebant, ne a calonibus interdum uulneratis interdum timentibus et sagmariis clamore pauefactis pugnantes milites turbarentur, ne dispersi longius aut conglobati amplius quam expedit inpedirent suos hostibusque prodessent. Et ideo ad exemplum militum etiam inpedimenta sub quibusdam signis ordinanda duxerunt. Denique ex ipsis calonibus, quos galiarios uocant, idoneos ac peritos usu legebant, quos non amplius quam ducentis sagmariis puerisque praeficerent. Hisque uexilla dabant, ut scirent, ad quae signa deberent inpedimenta colligere. Sed propugnatores ab inpedimentis laxamento aliquo diuiduntur, ne constipati laedantur in proelio. Ambulante exercitu, ut locorum uarietas euenerit, ita defensionis ratio uariatur. Nam in campis patentibus equites magis solent inpugnare quam pedites; at uero in locis siluestribus uel montuosis siue palustribus pedestres magis formidandae sunt copiae. Illudque uitandum, ne per negelgentiam aliis festinantibus aliis tardius incedentibus interrumpatur acies aut certe tenuetur; continuo enim hostes interpellata peruadunt. Praeponendi ergo sunt exercitatissimi campidoctores uicarii uel tribuni, qui alacriores retardent et pigrius incedentes adcelerare compellant. Nam qui multum praecesserint, superuentu facto non tam redire quam effugere cupiunt. Qui uero extremi sunt, deserti a suis ui hostium et propria desperatione superantur. Sciendum etiam, quod aduersarii in his locis, quae sibi oportuna intellegunt, subsessas occultius conlocant uel aperto Marte impetum faciunt. Sed ne secreta noceant, ducis praestat industria, quem omnia prius conuenit explorare; deprehensa uero subsessa, si circumueniatur utiliter, plus periculi sustinet, quam parabat inferre. Aperta autem uis si praeparetur in montibus, altiora loca praemissis sunt praesidiis occupanda, ut hostis, cum aduenerit, reperiatur inferior nec audeat obuiare, cum tam a fronte quam supra caput suum cernat armatos. Quod si angustae sunt uiae, sed tamen tutae, melius est praecedere cum securibus ac dolatoriis milites et cum labore uias aperire, quam in optimo itinere periculum sustinere. Praeterea nosse debemus hostium consuetudinem, utrum nocte an incipiente die an hora reficiendi lassis superuenire consueuerint, et id uitare, quod illos facturos putamus ex more. Iam uero utrum peditibus an equitibus, utrum contatis an sagittariis amplius ualeant, utrum numero hominum an armorum munitione praecellant, scire nos conuenit et ordinare quod nobis utile, illis docetur aduersum, tractare quoque, per diem an per noctem iter expediat inchoari, quanta locorum interualla sint, ad quae cupimus properare, ne aestate aquae penuria obsit euntibus, ne hieme difficiles aut inuiae occurrant paludes maioresque torrentes et impedito itinere circumueniatur exercitus, priusquam ad destinata perueniat. Vt nostra commoditas est sapienter ista uitare, ita, si aduersariorum imperitia uel dissimulatio occasionem nobis dederit, non oportet omitti, sed explorare sollicite, proditores ac transfugas inuitare, ut, quid hostis moliatur in praesenti uel in futurum, possimus agnoscere, paratisque equitibus ac leui armatura ambulantes eosdem uel pabula uictumque quaerentes inprouiso terrore decipere.

CHAPITRE XIII.

Comment une armée se range en bataille, pour que, dans le choc, elle soit invincible.

Trois choses méritent principalement votre attention dans une bataille : la poussière, le soleil, le vent. Si vous avez la poussière dans les yeux, elle vous oblige de les fermer ; si vous y avez le soleil, il vous éblouit ; si vous y avez le vent, il détourne et affaiblit vos traits ; tandis qu'il dirige ceux des ennemis et en augmente la force. Quelque médiocre que soit un général, il sait éviter ces inconvénients dans son ordonnance pour les premiers instants du combat ; mais le propre du grand général est d'étendre ses précautions à tous les temps de l'action, en réglant de bonne heure ses diverses révolutions sur les divers aspects du soleil pendant le jour, et sur le souffle du vent qui s'élève ordinairement à une certaine heure, d'un certain côté. Disposez donc votre armée de sorte qu'elle ait derrière elle les trois choses dont nous venons de parler, et que l'ennemi les ait, s'il se peut en face. Nous appelons acies une armée en bataille ; et frons, la partie de cette armée qui fait face à l'ennemi. Le bon ou le mauvais ordre de bataille contribue plus encore que le choix des troupes, à leur victoire ou à leur défaite. Notre usage est de composer notre premier rang de soldats anciens et exercés, qu'on appelait autrefois princes : nous mettons au second rang nos archers cuirassés et des soldats choisis, armés de javelots ou de lances, nommés autrefois hastaires. L'espace qu'occupe chaque soldat dans le rang, à droite et à gauche de son camarade, est de trois pieds : par conséquent, il faut une longueur de mille pas, ou quatre mille neuf cent quatre-vingt-dix-huit pieds pour un rang de mille six cent soixante-six soldats, si on veut que chacun ait un libre usage de ses armes, sans qu'il y ait cependant trop de vide entre eux. L'intervalle d'un rang à un autre est de six pieds, afin que le soldat puisse, en avançant ou en reculant, donner aux traits une impulsion plus forte par la liberté des mouvements. Ces deux premiers rangs sont donc composés de soldats pesamment armés, auxquels l'âge et l'expérience inspirent de la confiance : ils ne doivent, ni fuit devant l'ennemi, ni le poursuivre, de crainte de troubler les rangs ; mais soutenir son choc, le repousser ou le mettre en fuite ; et tout cela de pied ferme : c'est pourquoi on les considère comme une espèce de mur inébranlable. Le troisième et le quatrième rang, qui forment l'infanterie légère, sont composés de soldats les plus jeunes et les plus dispos, armés de dards et de javelots, de flèches, de frondes. Ce sont eux qui ouvrent le combat, en passant à la tête de la légion par les intervalles : de là ils tâtent l'ennemi avec ces différentes armes ; s'ils le mettent en fuite, ils le poursuivent, soutenus par la cavalerie ; s'ils sont repoussés, ils se replient sur la légion, et regagnent leur poste par les mêmes intervalles des deux premiers rangs : tandis que ceux-ci soutiennent tout le choc, dès qu'on en vient aux mains. On a formé quelquefois un cinquième rang de machines propres à lancer des pierres ou des javelots, et de soldats destinés à servir ces machines, ou à lancer eux-mêmes différentes armes de traits. Ceux qu'on appelait fundibulatores, se servaient d'un bâton (fustibalus), de quatre pieds de long, au milieu duquel on attachait une fronde de cuir qui, recevant des deux mains une impulsion violente, lançait des pierres presque aussi loin que la catapulte. Les frondeurs, proprement dits, sont ceux qui portent des frondes de lin ou de crin, matières très propres à cet usage : en faisant un certain tour de bras autour de la tête, ils lancent les pierres fort loin. Les jeunes soldats qui, n'étant pas encore incorporés à la légion, ne portaient pas autrefois de boucliers, combattaient à ce cinquième rang, soit en jetant des pierres avec la main, soit en lançant le javelot : on les appela d'abord accensi ; et dans la suite additi. Enfin, le sixième rang était composé de soldats bien éprouvés, couverts de boucliers et pourvus de toutes sortes d'armes, tant offensives que défensives : on les appelait triaires ; ils fermaient l'ordre de bataille, et ne s'ébranlaient qu'au cas que les rangs qui les précédaient eussent du désavantage : alors n'étant ni fatigués, ni entamés, ils attaquaient vigoureusement l'ennemi, et faisaient ordinairement la ressource d'une armée battue.

XIII. Ordinaturus aciem tria debet ante prospicere, solem puluerem uentum. Nam sol ante faciem eripit uisum, uentus contrarius tua inflectit ac deprimit, hostium adiuuat tela, puluis a fronte congestus oculos implet et claudet. Haec momento eo, quo acies ordinantur, etiam imperiti uitare solent, sed duci prouido cauendum est in futurum, ne post paululum accedente die noceat solis mutata conuersio, ne uentus aduersus hora solita eo pugnante nascatur. Ita ergo consistuantur ordines, ut haec post occipitium nostrum sint et, si potest fieri, aduersariorum impetant faciem. - Acies dicitur exercitus instructus, frons quae aduersum hostem spectat. Haec in pugna publica, si sapienter disponitur, plurimum iuuat, si inperite, quamuis optimi bellatores sint, mala ordinatione franguntur. Instructionis lex est, ut in primo exercitati et ueteres milites conlocentur, quos antea principes uocabant, in secundo ordine circumdati catafractis sagittarii et optimi milites cum spiculis uel lanceis ordinentur, quos prius hastatos uocabant. Singuli autem armati in directum ternos pedes inter se occupare consueuerunt, hoc est, in mille passibus mille sescenti sexaginta sex pedites ordinantur in longum, ut nec acies interluceat et spatium sit arma tractandi; inter ordinem autem et ordinem a tergo in latum sex pedes distare uoluerunt, ut haberent pugnantes spatium accedendi atque recedendi; uehementius enim cum saltu cursuque tela mittuntur. In his duobus ordinibus et aetate maturi et usu confidentes et muniti etiam grauioribus armis conlocantur. Hi enim ad uicem muri nec cedere nec sequi aliquando cogendi sunt, ne ordines turbent, sed uenientes aduersarios excipere et stando pugnandoque repellere uel fugare. Tertius ordo disponitur de armaturis uelocissimis, de sagittariis iuuenibus, de bonis iaculatoribus, quos antea ferentarios nominabant. Quartus item ordo construitur de scutatis expeditissimis, de sagittariis iunioribus, de his, qui alacriter uerutis uel mattiobarbulis, quas plumbatas nominant, dimicant, qui dicebantur leuis armatura. Sciendum ergo est stantibus duobus primis ordinibus tertium et quartum ordinem ad prouocandum cum missilibus et sagittis primo loco semper exire. Qui si hostes in fugam uertere potuerint, ipsi cum equitibus persecuntur; sin uero ab hostibus pulsi fuerint, redeunt ad primam ac secundam aciem et inter ipsos recipiunt se ad loca sua. Prima autem et secunda acies, cum ad spathas et ad pila, ut dicitur, uentum fuerit, totum sustinet bellum. In quinta acie ponebantur interdum carroballistae et manuballistarii fundibulatores funditores. Fundibulatores sunt qui fustibalis lapides iaciunt. Fustibalus fustis est longus pedibus quottuor, cui per medium ligatur funda de corio et utraque manu inpulsus prope ad instar onagri dirigit saxa. Funditores sunt qui fundis lino uel saetis factis - has enim dicunt esse meliores - contorto circa caput brachio dirigunt saxa. Quibus scuta deerant, siue lapidibus manu iactis siue missibilibus in hoc ordine dimicabant, quos accensos tamquam iuniores et postea additos nominabant. Sextus ordo post omnes a firmissimis et scutatis et omni genere armorum munitis bellatoribus tenebatur; quos antiqui triarios appellabant. Hi, ut requieti et integri acrius inuaderent hostes, post ultimas acies sedere consueuerant. Si quid enim primis ordinibus accidisset, de horum uiribus reparationis spes tota pendebat.

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 Sujet du message: Re: Abrégé du "De Re Militari" de Végèce. Français/Latin.
Nouveau messagePublié: 21 Sep 2008, 13:25 
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CHAPITRE XIV.

Des espaces et des intervalles.

Après avoir expliqué l'ordonnance d'une armée en bataille, voyons quel espace il faut pour l'y ranger. Dans l'étendue de mille pas de terrain, un rang doit contenir mille six cent soixante-six fantassins, parce que chaque homme occupe trois pieds de front que si dans mille pas de terrain, on veut former six rangs, il faut avoir neuf mille neuf cent quatre-vingt-seize hommes ; et si de ce même nombre or veut ne faire que trois rangs, il faudra occuper deux mille pas de terrain ; mais il vaut mieux augmenter le nombre des rangs que d'étendre trop le front de sa bataille. Il faut laisser entre chaque rang un espace de sept pieds, y compris un pied qu'occupe chaque soldat dans son rang : ainsi, en rangeant une armée de dix mille hommes sur six de hauteur, elle occupera quatre mille neuf cent quatre-vingt-dix-huit pieds de long sur quarante-deux de large ; si vous ne lui en donnez que trois de hauteur, elle occupera neuf mille neuf cent quatre-vingt-seize pieds de long sur vingt et un de large. Vous pourrez aisément, sur cette proportion, ranger en bataille vingt ou trente mille hommes d'infanterie, et vous n'y serez jamais trompé pourvu que vous ayez la précaution de reconnaître d'avance votre champ de bataille, et de savoir combien d'hommes il peut contenir. Si votre terrain est trop étroit par rapport au nombre de vos troupes, vous pouvez vous ranger sur neuf rangs au plus. Au reste, on risque moins à combattre trop serré que trop ouvert ; car si votre front est extrêmement mince, vous courrez risque d'être enfoncé sans ressource au premier choc. À l'égard des troupes qui doivent occuper la droite, la gauche ou le centre, leur poste suit ordinairement leur grade, ou varie suivant la façon dont les troupes ennemies sont elles-mêmes postées.

XIV. Explanato, qualiter debeant acies instrui, nunc podismum mensuramque ipsius ordinationis exponam. In mille passibus campi una acies mille sescentos sexaginta sex suscipiet pedites, propterea quia singuli pugnatores ternos occupant pedes. Quod si sex acies in mille passibus campi uolueris ordinare, nouem milia nongenti nonaginta sex pedites sunt necessarii. Si autem in terno hunc numerum uolueris tendere, duo milia passuum conprehendit; sed melius est plures acies facere quam militem spargere. Senos pedes a tergo inter singulas acies in latum diximus interpatere debere, et ipsi bellatores stantes singulos obtinent pedes. Ideoque si sex acies ordinaueris, quadraginta duo pedes in latum et mille passus in longum decem milium hominum tenebit exercitus. Ad hanc rationem, siue uiginti milia siue triginta milia peditum fuerint, iuxta mensurae podismum sine aliqua difficultate poterunt ordinari, nec dux fallitur, cum sciat, qui locus quantos capere possit armatos. Dicunt, si angustior locus sit uel multitudo sufficiat, etiam in deno uel amplius acies ordinari. Magis enim expedit, ut conferti pugnent, quam longius separati; nam si nimium fuerit acies tenuata, cito ab aduersariis facta inpressione perrumpitur et nullum postea potest esse remedium. Qui autem numeri in dextro cornu, qui in sinistro, qui in medio debeant ordinari, uel iuxta dignitates eorum seruatur ex more, uel certe pro qualitate hostium commutatur.

CHAPITRE XV.

Disposition de la cavalerie.

Après avoir rangé l'infanterie en bataille, on poste la cavalerie sur les ailes ; de sorte que les cuirassiers et les lanciers touchent immédiatement les cohortes ; et que les archers et les cavaliers qui sont sans cuirasses s'étendent un peu davantage : les premiers, comme plus fermes, sont destinés à couvrir les flancs de l'infanterie ; les autres, comme plus agiles, à tomber sur les ailes ennemies, pour tâcher de les entraîner et de les rompre. Un général doit savoir quelle espèce de cavalerie il faut opposer aux différents corps de l'ennemi ; car nous voyons tous les jours, sans en pénétrer la cause, que telle troupe, qui a un ascendant sur une autre, éprouve à son tour un ascendant supérieur de la part d'une troupe plus faible en apparence. Si notre cavalerie vous paraît inférieure à celle de l'ennemi, mêlez dans les intervalles des fantassins, choisis entre les plus agiles ; qu'ils soient armés d'un bouclier léger, et exercés à cette espèce de combat qui demande de l'adresse et de la légèreté : une cavalerie ainsi soutenue en battra toujours une supérieure. Aussi nos anciens réparaient-ils le désavantage du nombre par l'avantage de la position : ils postaient entre deux cavaliers un de ces jeunes soldats bien exercés à la course et au maniement du bouclier, de l'épée et du javelot.

XV. Constructa acie peditum equites ponuntur in cornibus, ita ut loricati omnes et contati iuncti sint peditibus, sagittarii autem uel qui loricas non habent longius euagentur. A fortioribus namque equitibus peditum protegenda sunt latera et a uelocioribus atque expeditis hostium cornua superfundenda atque turbanda. Scire dux debet, contra quos drungos, hoc est globos, hostium quos equites oporteat poni. Nam nescio qua occulta ratione, immo paene diuina, alii contra alios dimicant melius, et qui fortiores uicerant ab inferioribus saepe uincuntur. Quod si equites inpares fuerint, more ueterum uelocissimi cum scutis leuibus pedites ad hoc ipsum exercitati isdem miscendi sunt, quos uelites nominabant. Quo facto quamuis fortissimi equites hostium euenerint, tamen aduersum mixtum agmen pares esse non possunt. (Unum hoc remedium omnes duces ueteres inuenerunt, ut adsuefacerent iuuenes currentes egregie et inter bonis equites singulos ex his pedites conlocarent cum leuioribus scutis gladiis atque missibilibus.)

CHAPITRE XVI.

Du corps de réserve.

Ce qui contribue beaucoup à la victoire, c'est d'avoir en réserve de l'infanterie et de la cavalerie choisies, sous le commandement d'officiers qui n'aient point de poste fixe : ces troupes se partagent, les unes derrière leur corps de bataille, les autres derrière leurs ailes ; afin qu'en se portant vivement au secours d'une troupe qui plie, et en soutenant vigoureusement le choc de l'ennemi, elles en arrêtent l'impétuosité, sans déranger l'ordre de bataille. Les Lacédémoniens inventèrent les réserves : les Carthaginois en adoptèrent l'usage, que les Romains, d'après eux, ont toujours pratiqué depuis. C'est la meilleure disposition qu'il y ait. Le corps de bataille ne doit avoir qu'une action générale pour repousser ou pour rompre, s'il se peut, l'ennemi. Si vous voulez ranger quelque troupe en forme de coin, de tenaille, de scie, il faut la prendre dans le corps de réserve, et non dans le corps de bataille ; autrement, si vous tirez le soldat de son rang, vous y jetterez le désordre : d'ailleurs, si l'ennemi, vous attaquant par pelotons, presse trop votre centre ou vos ailes, et que vous n'ayez pas, en queue de la partie attaquée, une troupe prête à la soutenir, alors, en voulant vous défendre d'un côté, vous vous découvrirez de l'autre avec danger, en cas même que vous fussiez inférieurs en nombre. Il vous serait plus utile d'avoir un corps de bataille moins nombreux, et une réserve plus considérable, puisqu'elle vous mettrait en état de former un coin à la tête de votre centre, pour enfoncer le centre ennemi ; tandis qu'avec de la cavalerie d'élite, et de l'infanterie légionnaire, tirée aussi de la réserve, vous envelopperez les ailes.

XVI. Sed optima ratio est et ad uictoriam plurimum confert, ut lectissimos de peditibus et equitibus cum uicariis comitibus tribunisque uacantibus habeat dux post aciem praeparatos, alios circa cornua alios circa medium, ut, sicubi hostis uehementer insistit, ne rumpatur acies, prouolent subito et subpleant loca additaque uirtute inimicorum audaciam frangant. Hoc primi Lacones inuenerunt, imitati sunt Karthaginienses, Romani postea ubique seruarunt. Hac dispositione nulla melior inuenitur. Nam directa acies hoc solum agere debet et potest, ut hostem repellat aut fundat. Si cuneus sit agendus aut forfex, superfluos habere debebis post aciem, de quibus cuneum uel forficem facias. Si ducenda sit serra, item ex abundantibus ducitur; nam si de loco suo ordinatum militem transferre coeperis, uniuersa turbabis. Si globus hostium separatus aut alam tuam aut partem aliquam urguere coeperit, nisi superfluos habeas, quos contra globum possis obponere, siue pedites siue equites de acie tuleris, dum alia uis defendere, alia periculosius denudabis. Quod si bellatorum tibi copia non abundat, melius est aciem habere breuiorem, dummodo in subsidiis conloces plurimos. Nam circa medias partes campi ex peditibus bene armatis debes habere lectissimos, de quibus cuneum facias et statim aciem hostium rumpas; circa cornua autem de contatis loricatisque equitibus ad hoc reseruatis et leui armatura peditum alas hsotium circumuenire te conuenit.

CHAPITRE XVII.

Du poste des officiers généraux dans une bataille.

Le général se place ordinairement entre l'infanterie et la cavalerie de la droite. C'est de là qu'il peut le plus aisément encourager ces deux corps ; donner ses ordres ; se porter partout où sa présence est nécessaire ; détacher de la réserve une troupe de cavalerie ; entremêlée d'infanterie, contre l'aile gauche de l'ennemi, pour tâcher de l'envelopper et de la prendre ensuite par ses derrières. Le second officier général est au centre de l'infanterie, pour en affermir et en régler les mouvements. Il doit avoir sous la main une réserve d'infanterie d'élite et bien armée, prête à se former en coin, s'il est question d'enfoncer le centre ennemi ; ou en tenaille, pour opposer au coin que l'ennemi lui-même aurait formé. Le troisième officier général commande l'aile gauche ; il a d'autant plus besoin de courage et de précaution, qu'elle laisse plus de prise à l'ennemi ; c'est pourquoi, l'officier qui y commande doit tirer de sa réserve de bonne cavalerie et de l'infanterie légère, qui puissent, en étendant à propos leur aile, l'empêcher d'être enveloppée. Les cris n'ayant été inventés à la guerre que pour augmenter dans l'ennemi l'horreur et la frayeur que les coups causent naturellement, accoutumez vos soldats à ne crier que lorsqu'ils en seront venus aux mains ; il n'y a que les lâches et les gens sans expérience qui crient de loin. Vous trouverez plusieurs avantages à vous ranger en bataille avant l'ennemi. Le premier : de dresser votre ordre tel qu'il vous plaira, sans crainte d'y être troublé ; le second, d'augmenter la confiance de vos soldats, et de diminuer celle de l'ennemi. D'ailleurs, l'ennemi pourra bien s'effrayer à la vue des dispositions que vous aurez faites pour l'attaquer ; enfin, en le prévenant par votre ordre de bataille, vous vous mettrez en état de le troubler dans le sien, et même de l'effrayer : or, c'est commencer à vaincre que d'étonner son ennemi, même avant de le combattre.

XVII. Dux, qui praecipuam sustinet potestatem, inter equites et pedites in parte dextra stare consueuit. Hic enim locus est, in quo tota acies gubernatur, ex quo rectus est liberque procursus. Ideo autem inter utrosque consistit, ut et consilio regere et auctoritate tam equites quam pedites ad pugnam possit hortari. Hic de equitibus supernumerariis mixtis peditibus expeditis aduersariorum sinistrum cornum, qui contra ipsum stat, circumire debet et a tergo semper urguere. Secundus dux in media acie ponitur peditum, qui eam sustentet et firmet. Hic fortissimos pedites et bene armatos de illis superfluis secum habere debet, ex quibus aut ipse cuneum faciat et hostium aciem rumpat aut, si aduersarii cuneum fecerint, ipse forficem faciat, ut cuneo illi possit occurrere. In sinistra parte exercitus tertius esse dux debet, satis bellicosus et prouidus, quia sinistra pars difficilior est et uelut manca in acie consistit. Hic circa se bonos equites supernumerarios et uelocissimos pedites habere debet, de quibus sinistrum cornum semper extendat, ne circumueniatur ab hostibus. Clamor autem, quem barritum uocant, prius non debet adtolli, quam acies utraque se iunxerit. Inperitorum enim uel ignauorum est uociferari de longe, cum hostes magis terreantur, si cum telorum ictu clamoris horror accesserit. Semper autem studere debes, ut prior instruas aciem, quia ex arbitrio tuo potes facere quod tibi utile iudicas, cum nullus obsistit; deinde et tuis auges confidentiam et aduersariis fiduciam minuis, quia fortiores uidentur qui prouocare non dubitant. Inimici autem incipiunt formidare, qui uident contra se acies ordinari. Hinc additur maximum commodum, quia tu instructus paratusque ordinantem et trepidum aduersarium praeoccupas. Pars enim uictoriae est inimicum turbare, antequam dimices; exceptis superuentibus uel incursionibus repentinis ex occasione, quam numquam dux exercitatus amittit: nam in itineribus iam fatigatis, in fluminum transgessione diuisis, in paludibus occupatis, in iugis montium laborantibus, in campis sparsis atque securis, in mansione dormientibus oportunum proelium semper infertur, cum aliis negotiis occupatus hostis prius interimatur, quam praeparare se possit. Quod si cauti sint aduersarii et insidiarum nulla sit copia, tunc aduersum praesentes scientes uidentes aequa condicione pugnatur.

CHAPITRE XVIII.

Par quels moyens, en bataille rangée, on peut résister à la valeur et aux ruses de l'ennemi.

Un grand général ne manque jamais les occasions qui se présentent de combattre avec avantage ; et elles se présentent souvent : car si l'ennemi est fatigué d'une marche désordonnée au passage d'une rivière, embarrassé dans des marais, essoufflé sur le penchant rapide d'une montagne, épars et en pleine sécurité dans un camp, négligent et sans précautions dans un quartier, ce sont autant de situations favorables pour l'attaquer ; parce que songeant alors à toute autre chose qu'à combattre, il est battu avant que de s'être mis en défense. Si vous voyez qu'il soit sur ses gardes, de façon à ne donner aucune prise sur lui, attaquez-le à force ouverte ; en quoi l'intelligence n'est pas moins utile que dans la guerre de ruse et de finesse. Prenez garde, surtout, que votre gauche, ou même votre droite, ce qui est plus rare, ne soit enveloppée par un corps de troupes supérieur, ou par des pelotons. Si ce malheur vous arrivait, le moyen de le réparer serait de replier sur elle-même l'aile enveloppée ; en sorte que ceux de vos soldats qui auraient fait pour cela l'évolution circulaire présentent le front à l'ennemi, et l'empêchent de prendre leurs compagnons en queue. Garnissez de braves gens l'angle qui ferme les ailes, parce que c'est où l'ennemi se portera avec le plus d'ardeur. Le coin se forme d'un certain nombre de gens de pied postés à la tête, et tout près du corps de bataille. Ils le débordent de plusieurs rangs ; de sorte que le premier est composé d'un petit nombre d'hommes, et que les suivants s'étendent de plus en plus, à proportion qu'ils sont plus près de leurs corps de bataille. On appelle aussi le coin, tête de porc : il est très propre à rompre les rangs de l'ennemi, parce que les javelots de tous les soldats du coin peuvent, chacun par une direction différente, se lancer au même but ; mais la tenaille est une défense naturelle contre le coin, elle est composée d'une troupe d'infanterie choisie, disposée en forme d'un V majuscule, et destinée à recevoir le coin ; parce que, l'enfermant des deux côtés, elle en rompt tout l'effort. La scie est une troupe d'infanterie d'élite, rangée en droite ligne, en forme d'une vraie scie : on l'oppose à l'ennemi sur le front de la bataille, lorsqu'on veut donner le temps à quelque troupe rompue de se rallier derrière. Les pelotons sont composés d'un certain nombre de soldats séparés de leur troupe ; ils se portent sur l'ennemi sans ordonnance déterminée. Si on vous en oppose, tâchez d'en rompre l'effort par d'autres pelotons plus braves ou plus nombreux ; mais dès que vous en serez venu aux mains, gardez-vous de rien changer à votre ordonnance, ni de transporter une troupe d'un poste à l'autre, autrement vous verriez sur-le-champ naître un désordre, dont l'ennemi profiterait pour vous mettre en déroute.

XVIIII. Tamen ars belli non minus in hoc aperto conflictu quam in occultis fraudibus adiuuat eruditos. Cauendum uel maxime, ne ab ala cornuque sinistro, quod saepius euenit, aut certe dextro, quod licet raro contingit, circumueniantur tui a multitudine hostium aut a uagantibus globis, quos dicunt drungos. Quod si acciderit, unum remedium est, ut alam cornumque replices et rotundes, quatenus conuersi tui sociorum terga defendant; sed in angulo ipsius extremitatis fortissimi conlocentur, quia ibi impetus amplior fieri consueuit. Item aduersum cuneum hostium certis resistitur modis. Cuneus dicitur multitudo peditum, quae iuncta cum acie primo angustior deinde latior procedit at aduersariorum ordines rumpit, quia a pluribus in unum locum tela mittuntur. Quam rem milites nominant caput porcinum. Contra quod ordinatio ponitur, quam forficem uocant. Nam ex lectissimis militibus in V litteram ordo conponitur et illum cuneum excipit atque ex utraque parte concludit, quo facto aciem non potest rumpere. Item serra dicitur quae ab strenuis directa ante frontem obponitur hostibus, ut turbata acies reparetur. Globus autem dicitur qui a sua acie separatus uago superuentu incursat inimicos, contra quem alter populosior uel fortior inmittitur globus. Obseruandum quoque, ne sub tempore, quo iam committitur pugna, uelis ordines commutare aut de locis suis aliquos numeros ad alia transferre. Statim enim nascitur tumultus atque confusio, et in imparatos conturbatosque facilius hostis incumbit.

CHAPITRE XIX.

Combien il y a de différents ordres de bataille, et comment, quoique inférieur en nombre et en forces, on peut espérer d'obtenir la victoire.

On compte sept ordres de bataille : le premier en carré long, présentant la plus grande face à l'ennemi, est presque le seul qu'on pratique aujourd'hui. Les habiles militaires ne le trouvent cependant pas le meilleur ; parce que l'armée occupe dans sa longueur un terrain fort étendu, et sujet par conséquent à des inégalités ; ce qui lui fait courir risque d'être aisément enfoncé. D'ailleurs, si l'ennemi vous est assez supérieur en nombre pour vous déborder à quelqu'une de vos ailes, il la prendra en flanc, et l'enveloppera, si vous n'avez l'attention d'y porter promptement quelques troupes de la réserve, qui soutiennent le premier choc. Cet ordre ne convient donc que lorsqu'à la tête d'une armée plus brave et plus nombreuse que celle de l'ennemi, on peut le prendre à ses deux flancs et en front en même temps, et pour ainsi dire, l'embrasser. Le second ordre, un des meilleurs, est préférable au premier, en ce qu'il vous met en état de vaincre un ennemi supérieur en nombre et en courage, pourvu que vous ayez bien su poster le petit nombre de braves sur qui doit rouler la principale attaque. On appelle cet ordre oblique, parce qu'il représente assez bien la branche d'un de ces nivaux dont se servent plusieurs artisans. En voici la disposition : dans l'instant que les armées s'ébranlent, éloignez votre gauche de la droite de l'ennemi, hors de la portée de toutes les armes de trait et de jet ; que votre droite composée de tout ce que vous avez de meilleur, tant en infanterie qu'en cavalerie, tombe sur la gauche ennemie, la joigne corps à corps, la pénètre ou l'enveloppe de façon à pouvoir la prendre en queue. Si vous parvenez à la chasser de son terrain, vous remporterez une victoire complète et certaine avec le reste de votre aile droite et de votre centre, qui tomberont en même temps sur l'ennemi ; tandis que votre gauche, tranquille et sans danger, tiendra la droite ennemie en échec. Supposé que l'ennemi eût eu recours le premier à cette savante disposition, vous pourriez soutenir votre gauche par un détachement considérable de la réserve, afin de balancer par la force les avantages de l'art. Le troisième ordre est à peu près le même, puisqu'il consiste à faire par la gauche ce que, dans le second, on fait par la droite. Or, comme la gauche est ordinairement plus découverte, l'attaque en est toujours plus faible et plus périlleuse ; c'est ce que j'expliquerai dans la suite. Si cependant votre gauche se trouvait plus forte que votre droite, fortifiez-la encore par des fantassins et des cavaliers d'élite ; et, après avoir éloigné votre droite hors de l'épée, et même des traits de l'ennemi, tombez tout-à-coup, par votre gauche, sur la droite, et tâchez de l'envelopper ; mais prenez garde que, pendant ces mouvements, votre centre, nécessairement découvert, ne soit pris en flanc, et enfoncé par ces coins dont nous avons parlé. Au reste, cette dernière disposition ne vous réussira qu'autant que votre gauche sera très forte, et la droite ennemie très faible. Voici le quatrième ordre : dès que vous serez arrivé en bataille à quatre ou cinq cents pas de l'ennemi, que vos ailes se détachent, et fondent vivement sur les siennes. Vous pouvez l'effrayer par ce mouvement rapide auquel il ne s'attend pas, le mettre en fuite, remporter une pleine victoire, surtout si vos ailes sont vigoureuses ; mais si l'ennemi en soutient le premier choc, il aura beau jeu de battre vos ailes séparées du combat du centre, même à découvert sur ses flancs. Vous pourvoirez à cet inconvénient par le cinquième ordre, en faisant passer, à la tête de votre centre, de l'infanterie légère et des archers capables de soutenir le choc auquel vous devez vous attendre ; alors ce combat se décidera entre vos ailes. Si vous enfoncez celles de l'ennemi, vous avez vaincu ; si elles résistent, au moins ne craignez-vous rien pour votre centre. Le sixième, qui est à peu près le même que le second, passe pour le meilleur de tous. Aussi les grands généraux y ont-ils recours, lorsqu'ils ne comptent ni sur le nombre, ni sur la valeur de leurs troupes ; et c'est à lui que plusieurs ont dû la victoire, malgré ce double désavantage, Voici en quoi il consiste : dès que vous serez à portée de l'ennemi, que votre droite, composée de tout ce que vous avez de meilleures troupes, attaque sa gauche ; rangez le reste de votre armée en ligne droite, en forme de broche, par une évolution qui l'éloigne considérablement de la droite ennemie. Si vous pouvez prendre sa gauche en flanc et en queue, il sera battu sans ressources. Il ne peut, en effet, marcher au secours de sa gauche, ni par sa droite, ni par son centre ; parce qu'au moindre mouvement, il trouverait en front le reste de votre armée, qui se présente à lui en forme d'un I. Cette façon de combattre est d'un grand usage en marche. Le septième ordre consiste à s'aider d'une position capable de vous soutenir contre des troupes plus nombreuses et plus braves. Si vous pouvez, par exemple, vous ménager le voisinage de la mer, d'une montagne, d'une rivière, d'un lac, d'une ville, d'un marais, d'un bois qui soit à l'abri, appuyez-y l'une de vos ailes ; rangez votre armée sur cet alignement, en portant à votre autre aile, qui est découverte, la plus grande partie de vos forces et surtout votre meilleure cavalerie. Ainsi, fortifié d'un côté par la nature du terrain, de l'autre, par la supériorité du nombre, vous combattrez sans presque courir de risques. Une règle générale pour tous ces ordres de bataille, c'est de porter toujours tout ce que vous avez de meilleures troupes à l'endroit d'où vous projetez de faire le plus grand, effort ; soit à quelqu'une de vos ailes, en y faisant avancer des soldats d'élite, soit au centre, en y formant de ces coins si propres à percer le centre ennemi ; car c'est ordinairement un petit nombre de braves gens qui décident de la victoire. Il est important qu'un général sache les poster avantageusement, et les employer à propos.

XIX. Depugnationum septem sunt genera uel modi, cum infesta ex utraque parte signa confligunt. Vna depugnatio est fronte longa quadro exercitu, sicut etiam nunc et prope semper solet proelium fieri. Sed hoc genus depugnationis periti armorum non optimum iudicant, quia, in prolixo spatio cum tenditur acies, non aequalis semper campus occurrit, et si hiatus aliqui in medio uel sinus aut curuatura fit, in eo loco acies frequenter inrumpitur. Praeterea, si multitudine aduersarius antecedit, a lateribus aut dextram aut sinistrum alam circumuenit. In quo periculum magnum est, nisi supernumerarios habeas, qui procurrant hostemque sustineant. Hoc genere solus debet confligere qui et plures et fortes habuerit bellatores; ex utroque cornu hostem circumueniat et quasi in sinum sui concludat exercitus. Secunda depugnatio est obliqua, plurimis melior. In qua si paucos strenuos loco idoneo ordinaueris, etiam si multitudine hostium et uirtute turberis, tamen poteris reportare uictoriam. Huius talis est modus. Cum instructae acies ad congressum ueniunt, tunc tu sinistram alam tuam a dextra aduersarii longius separabis, ne uel missibilia ad eam uel sagittae perueniant; dextram autem alam tuam sinistrae alae illius iunges et ibi primum inchoa proelium, ita ut cum equitibus optimis et probatissimis peditibus sinistram partem illius, ad quam te iunxeris, adgrediaris atque circumeas et detrudendo atque supercurrendo ad hostium terga peruenias. Quod si semel aduersarios exinde pellere coeperis, adcedentibus tuis indubitatam uictoriam consequeris et pars exercitus tui, quam ab hoste submoueris, secura durabit. Ad similitudinem autem A litterae uel libellae fabrilis acies in hoc dimicandi genere conponuntur. Quod si tibi prior aduersarius fecerit, illos, quos post aciem supernumerarios diximus debere poni, tam equites quam pedites, ad sinistrum tuum colliges cornum, et sic aduersario resistis magnis uiribus, ne arte pellaris. Tertia depugnatio est similis secundae, sed in hoc deterior, quod a sinistro cornu tuo cum illius incipis dextro confligere. Nam quasi mancus impetus est eorum et aperte cum difficultate adgrediuntur hostes qui in sinistro dimicant cornu. Quod apertius explanabo. Si quando alam sinistram longe habueris meliorem, tunc ei fortissimos equites peditesque coniunge et in congressu ipsam primam applica ad alam hostium dextram, et quantum potes, aduersarii dextram partem pellere et circumire festina. Tuam autem aliam exercitus partem, in qua deteriores bellatores habere te nosti, a sinistra illius longissime separa, ne uel gladiis inuadatur uel ad eam tela perueniant. In hoc genere cauendum est, ne inimicorum cuneis transuersa tua acies elidatur. Hoc autem modo uno casu utiliter pugnabitur, si aduersarius inferiorem dextrum cornum habuerit et tu longe fortiorem sinistrum. Quarta depugnatio talis est. Cum ordinaueris aciem, ante quadringentos uel quingentos passus, quam ad hostem peruenias, non sperante eo subito ambas alas tuas incitare te conuenit, ut ex utroque cornu inprouisos hostes uertas in fugam et celerius uictoriam consequaris. Sed hoc genus certaminis, licet cito superet, si exercitatos fortissimosque produxerit, tamen periculosum est, quia mediam aciem suam qui sic dimicat nudare compellitur et in duas partes exercitum separare. Et si primo impetu uictus non fuerit inimicus, habet occasionem, qua inuadat et diuisa cornua et mediam aciem destitutam. Quinta depugnatio est quartae similis, sed hoc unum amplius habet, quod leuem armaturam et sagittarios ante primam aciem ponit, ut illis resistentibus non possit inrumpi. Nam sic de dextro cornu suo illius sinistrum et de sinistro cornu suo illius dextrum adgreditur. Quod si fugare potuerit, statim uincit; sin minus, media acies ipsius non laborat, quia a leui armatura sagittariisque defenditur. Sexta depugnatio optima est, prope similis secundae, qua utuntur qui de numero suorum et de uirtute desperant. Et si bene ordinauerint, quamuis cum paucioribus semper uictoriam consecuntur. Nam cum instructa acies ad hostes accedit, dextram alam tuam sinistrae alae hostium iunge et ibi per equites probatissimos et uelocissimos pedites incipe proelium. Reliquam autem partem exercitus tui longissime ab aduersariorum acie remoue et in directum porrige quasi ueru; nam, cum sinistram partem illius et a lateribus et a tergo coeperis caedere, sine dubio uertis in fugam. Aduersarius autem nec de dextra parte sua nec de media acie potest suis laborantibus subuenire, quia acies tua extenditur et tota se porrigit ad similitudinem I litterae longissimeque recedit ab hostibus. Quo genere in itineribus saepe confligitur. Septima depugnatio est quae loci beneficio adiuuat dimicantem. In hac quoque et cum paucioribus et cum minus fortibus poteris aduersarium sustinere, hoc est, si montem aut mare aut flumen aut lacum aut ciuitatem aut paludes aut abrupta in una parte habeas, ex qua hostis non possit accedere, reliquum exercitum tuum directa acie ordines, sed in illa, quae munitionem non habet, omnes equites et ferentarios ponas. Tunc securus pro tuo arbitrio cum hoste confligis, quia ab una parte loci natura te munit ab alia duplex prope ponitur equitatus. Illud tamen obseruandum est, quo nihil melius inuenitur, ut, siue dextro cornu solo pugnare uolueris, ibi fortissimos ponas, siue de sinistro, ibi strenuissimos conloces, siue in medio facere cuneos uolueris, per quos acies hostium rumpas, in cuneo exercitatissimos ordines bellatores. Victoria enim per paucos fieri consueuit. Tantum est, ut electi a duce sapientissimo in his locis, in quibus ratio et utilitas postulat, ordinentur.

CHAPITRE XXII

Des chameaux, et de la cavalerie armée de toutes pièces.

Quelques nations se sont servies autrefois de chameaux dans les combats ; par exemple, les Ursiliens en Afrique ; les Macètes s'en servent encore. On rapporte que cet animal est utile dans les pays sablonneux où l'eau est rare, parce qu'il supporte aisément la soif. D'ailleurs, il sait diriger ses pas d'un lieu à un autre, sans s'écarter, quelque confuses que soient les traces d'un chemin dans le sable où le vent les rompt à chaque instant. À cette propriété près, cet animal est assez inutile à la guerre. L'avantage des cavaliers armés de toutes pièces est de n'avoir point à craindre les blessures ; mais l'embarras et le poids des armes donnent beaucoup de prise sur eux à des gens, de pied ; car c'est contre ceux-ci, lorsqu'ils sont dispersés, plutôt que contre la cavalerie ordinaire, que cette cavalerie pesante est détachée ; mais on l'emploie plus utilement à enfoncer l'ennemi lorsqu'on en vient aux mains ; c'est en la postant à la tête des légions, ou en la mêlant avec les légionnaires mêmes.

XXII. Camelos aliquantae nationes apud ueteres in acie produxerunt et Vrcilliani intra Africam uel ceteri Mazices hodieque producunt. Sed genus animalium, harenis et tolerandae siti aptum, confusas etiam in puluere uento uias absque errore dirigere memoratur. Ceterum praeter nouitatem, si ab insolitis uideatur, inefficax bello est. Catafracti equites propter munimina, quae gerunt, a uulneribus tuti, sed propter inpedimentum et pondus armorum capi faciles et laqueis frequenter obnoxii, contra dispersos pedites quam contra equites in certamine meliores, tamen aut ante legiones positi aut cum legionariis mixti, quando comminus, hoc est manu ad manum, pugnatur, acies hostium saepe rumpunt.

CHAPITRE XXV.

Maximes générales de la guerre.

Dans quelque guerre que ce soit, une expédition ne peut être avantageuse à l'un des partis qu'elle ne soit désavantageuse ou préjudiciable à l'autre. Prenez donc garde de vous laisser attirer à quelque espèce de guerre favorable au parti contraire ; que votre utilité seule soit la règle de vos démarches. Faire les manœuvres auxquelles l'ennemi voudrait vous engager, ce serait travailler de concert avec lui contre vous-même.
Plus vous aurez exercé et discipliné le soldat dans les quartiers, moins vous éprouverez de mauvais succès à la guerre.
N'exposez jamais vos troupes en bataille rangée, que vous n'ayez tenté leur valeur par des escarmouches.
Tâchez de réduire l'ennemi par la disette, par la terreur de vos armes, par les surprises plutôt que par les combats, parce que c'est la fortune qui en décide le plus souvent.
Il n'y a point de meilleurs projets que ceux dont on dérobe la connaissance à l'ennemi jusqu'au moment de l'exécution.
Savoir saisir les occasions est un art encore plus utile à la guerre que la valeur.
Détachez le plus d'ennemis que vous pourrez de leur parti ; recevez bien ceux qui viendront à vous, car vous gagnerez plus à débaucher des soldats à l'ennemi qu'à les tuer.
Fortifiez vos postes après une bataille plutôt que de disperser votre armée.
Celui qui juge sainement de ses forces et de celles de l'ennemi est rarement battu.
La valeur l'emporte sur le nombre ; mais une position avantageuse l'emporte souvent sur la valeur.
La nature produit peu d'hommes courageux par eux-mêmes, l'art en forme un plus grand nombre.
La même armée qui acquiert des forces dans l'exercice les perd dans l'inaction.
Ne menez jamais à une bataille rangée des soldats, qu'ils ne vous paraissent espérer la victoire.
Des manœuvres toujours nouvelles rendent un général redoutable à l'ennemi ; une conduite trop uniforme le fait mépriser.
Qui laisse disperser ses troupes à la poursuite des fuyards cherche à perdre la victoire qu'il avait gagnée ?
Négliger le soin des subsistances, c'est s'exposer à être vaincu sans combattre.
Si vous l'emportez sur l'ennemi par le nombre et la valeur, vous pouvez disposer votre armée en carré long ; c'est le premier ordre de bataille.
Si au contraire vous êtes le plus faible, attaquez avec votre droite la gauche de l'ennemi ; c'est le second ordre.
Si vous vous sentez très fort à votre gauche, faites-la tomber sur la droite ennemie ; c'est le troisième ordre.
Si vos ailes sont également fortes, ébranlez les deux en même temps ; c'est le quatrième ordre.
Si vous avez une bonne infanterie légère, ajoutez à la disposition précédente la précaution d'en couvrir le front de votre centre ; c'est le cinquième ordre.
Si, ne comptant ni sur le nombre ni sur la valeur de vos troupes, vous vous trouvez dans la nécessité de combattre, chargez par votre droite en refusant à l'ennemi toutes les autres parties de votre armée ; cette évolution, qui décrit la figure d'une broche, fait le sixième ordre.
Ou bien, couvrez l'une de vos ailes d'une montagne, d'une rivière, de la mer, ou de quelque autre retranchement, afin de pouvoir transporter plus de forces à votre aile découverte ; c'est le septième ordre.
Selon que vous serez fort en infanterie ou en cavalerie, ménagez-vous un champ de bataille favorable à l'une ou à l'autre de ces armes, et que le plus grand choc parte de celle des deux sur laquelle vous compterez le plus.
Si vous soupçonnez qu'il y ait des espions qui rôdent dans votre camp, ordonnez que tous vos soldats se retirent sous leurs tentes pendant le jour, les espions seront bientôt découverts.
Dès que vous saurez l'ennemi informé de vos projets, changez vos dispositions.
Délibérez avec un petit nombre de gens de confiance ce qu'il serait encore mieux qu'on décidât seul. Délibérez en plein conseil ce qu'il serait à propos de faire.
Il faut, en garnison, contenir le soldat par la crainte et par les punitions ; en campagne, l'exciter par l'espoir du butin et des récompenses.
Les grands généraux ne livrent jamais bataille s'ils n'y sont engagés par une occasion favorable ou par la nécessité.
Il y a plus de science à réduire l'ennemi par la faim que par le fer.
Il y aurait plusieurs préceptes à donner sur la cavalerie ; mais comme ce corps se distingue aujourd'hui par le choix des armes, par l'exercice des cavaliers et par la bonté des chevaux, il vaut mieux, ce me semble, tirer ces préceptes de l'usage présent que des livres.
Une règle générale, qui s'étend à toutes sortes de troupes, c'est de cacher à l'ennemi de quelle façon on prétend l'attaquer, de crainte que ses précautions ne trompent vos meilleures mesures.

XXV. In omnibus proeliis expeditionis condicio talis est, ut quod tibi prodest aduersarium noceat, quod illum adiuuat tibi semper officiat. Numquam ergo ad illius arbitrium aliquid facere aut dissimulare debemus, sed id solum agere, quod nobis utile iudicamus. Contra te enim esse incipis, si imiteris quod fecit ille pro se, et rursum quicquid pro tua parte temptaueris contra illum erit, si uoluerit imitari. In bello qui plus in agrariis uigilauerit, plus in exercendo milite laborauerit, minus periculum sustinebit. Namquam miles in acie producendus est, cuius antea experimenta non ceperis. Aut inopia aut superuentibus aut terrore melius est hostem domare quam proelio, in quo amplius solet fortuna potestatis habere quam uirtus. Nulla consilia meliora sunt nisi illa, quae ignorauerit aduersarius, antequam facias. Occasio in bello amplius solet iuuare quam uirtus. In sollicitandis suscipiendisque hostibus, si cum fide ueniant, magna fiducia est, quia aduersarium amplius frangunt transfugae quam perempti. Melius est post aciem plura seruare praesidia quam latius militem spargere. Difficile uincitur qui uere potest de suis et de aduersarii copiis iudicare. Amplius iuuat uirtus quam multitudo. Amplius prodest locus saepe quam uirtus. Paucos uiros fortes natura procreat, bona institutione plures reddit industria. Exercitus labore proficit, otio consenescit. Numquam ad certamen publicum produxeris militem, nisi cum eum uideris sperare uictoriam. Subita conterrent hostes, usitata uiliscunt. Qui dispersis suis inconsulte sequitur, quam ipse acceperat, aduersario uult dare uictoriam. Qui frumentum necessariaque non praeparat, uincitur sine ferro. Qui multitudine et uirtute praecedit, quadrata dimicet fronte, qui primus est modus. Qui inparem se iudicat, dextro cornu suo sinistrum cornu pellat inimici, qui secundus est modus. Qui sinistram alam fortissimam habere se nouit, dextram alam hostis inuadat, qui est tertius modus. Qui habet exercitatissimos milites, in utroque cornu pariter proelium debet incipere, qui quartus est modus. Qui leuem armaturam optimam regit, utramque alam hostis inuadat ferentariis ante aciem constitutis, qui quintus est modus. Qui nec numero militum nec uirtute confidit, si depugnaturus est, de dextra sua sinstram alam hostium pulset reliquis suis porrectis in similitudinem ueri, qui sextus est modus. Qui pauciores infirmioresque habere se nouit, septimo modo ex uno latere aut montem aut ciuitatem aut mare aut fluuium aut aliquod debet habere subsidium. Qui confidit equitatu, aptiora loca quaerat equitibus et rem magis per equites gerat. Cum explorator hostium latenter oberrat in castris, omnes ad tentoria sua per diem redire iubeantur, et statim deprehenditur explorator. Cum consilium tuum cognoueris aduersariis proditum, dispositionem mutare te conuenit. Quid fieri debeat, tractato cum multis, quid uero facturus sis, cum paucissimis ac fidelissimis uel potius ipse tecum. Milites timor et poena in sedibus corrigit, in expeditione spes ac praemia faciunt meliores. Boni duces publico certamine numquam nisi ex occasione aut nimia necessitate confligunt. Magna dispositio est hostem fame magis urguere quam ferro. Quo genere depugnaturus sis, nesciant hostes, ne aliquibus remediis obsistere moliantur.) De equitatu sunt multa praecepta; sed cum haec pars militiae usu exercitii, armorum genere, equorum nobilitate profecerit, ex libris nihil arbitror colligendum, cum praesens doctrina sufficiat.
Digesta sunt, imperator inuicte, quae nobilissimi auctores diuersis probata temporibus per experimentorum fidem memoriae prodiderunt, ut ad peritiam sagittandi, quam in serenitate tua Persa miratur, ad equitandi scientiam uel decorem, quae Hunnorum Alanorumque natio uelit imitari, si possit, ad currendi uelocitatem, quam Saracenus Indusque non aequat, ad armaturae exercitationem, cuius campidoctores uel pro parte exampla intellexisse gaudent, regula proeliandi, immo uincendi artificium iungeretur, quatenus uirtute pariter ac dispositione mirabilis reipublicae tuae et imperatoris officium exhiberes et militis.

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 Sujet du message: Re: Abrégé du "De Re Militari" de Végèce. Français/Latin.
Nouveau messagePublié: 26 Sep 2008, 20:12 
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On sollicita auprès de l'Empereur la réforme des cataphractes d'abord, puis celle des casques. Dès lors, nos soldats, la poitrine et la tête découvertes, furent écrasés plus d'une fois, dans les guerres des Goths, par la multitude de leurs archers ; et malgré tant de désastres qui occasionnèrent la ruine de villes très importantes, il n'est venu à l'idée de personne de rendre à l'infanterie ses armes de défense. Il en résulte que le soldat qui se voit en butte aux coups, sans que rien ne le garantisse, songe moins à se battre qu'à fuir. Qu'attendre, en effet, de l'archer à pied, sans cataphractes, sans casque, dans l'impossibilité de tenir en même temps l'arc et le bouclier. Qu'attendre aussi du porte-enseigne ou du draconnaire réduit, un jour de bataille, à manier leur lance de la main gauche, la tête et la poitrine absolument nues ?



Ici je chippote peut être, mais je relève deux choses:

-"Cataphracte" ne veut il pas dire tout simplement armure?

-Peut on prendre au pied de la lettre l'affirmation de Végèce que le soldat romain ne porte plus ni le casque ni l'armure au combat les rendant plus fragiles? Parle t'il là seulement des Feoderati ou des unités de l'armée en générale?

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Marcus Iunior


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 Sujet du message: Re: Abrégé du "De Re Militari" de Végèce. Français/Latin.
Nouveau messagePublié: 29 Sep 2008, 12:59 
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Tu as tout à fait raison Marcus quand tu dis que pour Végèce, le terme "cataphracte" renvoit à celui d'armure ou de cuirasse. C'est exactement cela.

Sur la litanie de Végèce concernant les hommes qui ne portent plus leurs casques et cuirasses... Les historiens et les archéologues ont démontré qu'il n'en été rien. Le démenti est flagrant mais c'est le reflet chez Végéce de son esprit chagrin et "dépressif" post-Andrinople, où en effet les barbares qui servent comme auxilaires ont tendance à privilégier l'infanterie légère à l'infanterie lourde. Mais il s'agit d'une généralité que là encore il ne faut pas prendre au pied de la lettre.

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