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 Sujet du message: Stipendium et Annone militaire à l'époque tardive.
Nouveau messagePublié: 15 Oct 2008, 11:29 
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Il y a encore peu, le Stipendium (la solde du militaire) était considérée pour l'époque tardive comme quasiment absent du traitement du soldat, remplacé par une forme de paiement en nature se substituant au numéraire en une période de dévaluation de la monnaie courante. Les avancées récentes des études papyrologiques ont permis aux Historiens de dépasser cette hypothèse. Le stipendium est en réalité inclus dans l'Annone générale dévolue aux militaires ou du moins versé simultanément. Nous apprenons aussi que l'Annone est elle-même versée en numéraire. C'est la découverte de nouveaux documents, toujours d'origine égyptiennes, qui a rendu possible la relation entre versemment Annonaire et Stipendium. Ces Papyrii nous permettent aussi de mieux comprendre le lien entre grade et nombre de rations annonaires. Ainsi donc, les soldats sont toujours, comme par le passé, en capacité de régler les dépenses de la vie quotidienne et d'économiser quand cela leur est possible.

Voici un exemple d'un de ces documents d'ordre administratif qui pouvaient circuler dans les provinces impiriales.

"Aurelius Isodoros, procurateur de Thébaïde inférieure, à Apolinarius, stratège, et aux receveurs financiers du none Panopolite, Salut!

Veillers à verser aux cavaliers, commandés par le décurion Besas, de la Ier Aile des Ibères qui stationnent à Thmôos, comme solde pour les calendes de Janvier du très heureux consulat de nos seigneurs Constance et Maximien, très nobles Césars, sept myriades (1 myriade = 10 000) de deniers et trois mille cinq cent attiques; et, au compte de l'annone qui leur ait due pour quatre mois, des calendes de Septembre à la veille des calendes de Janvier sous les très heureux septième et sixième consulats de nos seigneurs Dioclétien et maximien Auguste, deux myriades de deniers et sept mille cent attiques, au total neuf myriades de deniers et sept mille cent attiques. Remettez ces sommes au décurion Paniscus, opinator, et tenez de lui les reçus habituels lors de l'inscription sur les registres.

Portez vous bien, je vous prie, de nombreuses années."


Source: P Beatty, Panop 2, 36-42, 30 janvier 300 Ap.-J.C.

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 Sujet du message: Re: Le Stipendium du militaire à l'époque tardive.
Nouveau messagePublié: 15 Oct 2008, 11:51 
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Cette lettre coïncide avec la séjour de Dioclétien en Egypte entre 298 et 300. Elle nous apprend que les sommes demandées pour cette aile de cavalerie sont en fait des arrièrés, ce qui prouve que dès le début du IVe siècle, les hommes n'étaient pas payés régulièrement. La venue de l'Empereur peut expliquer, d'un coup, le zèle soudain des administrateurs. Les calendes de Janvier restent la date et le répère traditionnel pour le versement des soldes. Quel que soit le nom des monnaies en circulation, l'ancien sesterce et le denier sont les monnaies de compte de l'Empire. Les soldats peuvent très bien avoir été payé en bronze et en pièce dévaluées ou saucées mais le total est calculé en denier, soit en argent. Ce qui représente une somme considérable pour une unité de cavalerie dont l'effectif pour l'aile est évaluée entre 300 à 500 hommes maximum. L'emploi de l'attique comme valeur n'est pas forcément anachronique, car contrairement à l'Occident, l'Orient fonctionne sur une double circulation de monnaie impériale et locale. L'or étant le monopole des ateliers de frappe impériales. Le terme peut aussi renvoyer à une monnaie de qualité supérieur car par la suite, l'adaeratio, la convertion de l'Annone se fera en or.

Il y a donc le Stipendium et l'Annone qui peuvent être réglés tous deux en numéraire et simultanément, bien que le traitement en nature existe déjà sous Dioclétien. Mais à partir de Valentinien Ier, au plus tard, les deux sont définitivement confondus.

L'Historien Pierre Cosme dans son livre sur l'armée romaine nous fit part de la théorie de Jean Michel Carrié qui a particulièrement étudié la question monaitaire. Celui-ci pense que pour lutter contre l'inflation (l'Edit du Maximum n'est pas loin...) L'état maintient les versements en veillant par tout les moyens à soutenir la circulation monaitaire au prix d'une forte dépréciation dû en partie à la raréfaction du métal. Le pouvoir impérial chercherait donc à adapter la frappe à la dispersion des théatres d'opération militiare en multipliant et en décentralisant les ateliers qui furent rapprochés des frontières et cela, quitte à diminuer la proportion de métal précieux dans les flancs monaitaires. La plupart du temps les soldats durent se contenter dune monnaie de billon. Cette logique permettait de préserver le pouvoir d'achat des militaires comme nous dirions aujourd'hui, mais en rien d'endiguer l'inflation, bien au contraire. L'Edit du maximum procède de cette même logique. Si vous lisez le préambule à la loi, vous verrez que celle-ci a surtout été pensée pour le soldat.

Il faudra attendre l'inauguration du système "or-argent" mis en place par Dioclétien puis parachévé par Constantin Ier pour voir l'inflation endigée et la réapparition de monnaie de confiance.

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 Sujet du message: Re: Le Stipendium du militaire à l'époque tardive.
Nouveau messagePublié: 15 Oct 2008, 12:17 
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Voici l'un des documents qui présente pour la première fois sous le nom d'Annone les distributions gratuites de denrées alimentaires aux soldats:

"Au Proèdre,

En ce qui concerne les annones qui doivent être réunies, selon les ordres, en des lieux variés avant l'heureuse visite attendue de notre seigneur l'Empereur Dioclétien le plus ancien Auguste, je t'ai déjà enjoint une première fois, puis une seconde fois de choisir rapidement des receveurs et des épimélètes des produits destinés aux soldats qui entreront dans la ville, afin qu'aucun délai ne vienne retarder l'ccomplissement de ce très pieux devoir."


Source: Papyrus de Panopolis N°1 (53-62) du 13 septembre 298.

Coup de chaud dans les services provinciaux!

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 Sujet du message: Re: Stipendium et Annone militaire à l'époque tardive.
Nouveau messagePublié: 02 Nov 2008, 19:17 
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Il faut aussi relativiser la soit-disante "pauvreté" des militaires de l'Antiquité Tardive. Ammien Marcellin, nostalgique, nous parle à l'occasion des guerres Persiques, de ces soldats qui vivaient à la dure, dormaient à même le sol, et auraient jetés les pierres précieuses d'une bourse pour en garder le contenant, plus utile. Qui étaient pour Ammien Marcellin ces soldats si rudes? Ceux de Jules César? Non, ces antiques soldats qu'il décrit avec beaucoup d'exagération sont ceux, pas si éloignés, du Tétrarque Galère vainqueur des Perses! Mais déjà Ammien Marcellin, lui-même Protectores Domesticus choyé, le souvenir embrumé dans la fierté des ancêtres, voit dans les militaires de Dioclétien les spartiates qu'ils n'ont jamais été. Preuve à l'appui. Un discours pas si éloigné que celui, plus tard, de Synesius de Cyrène.

En réalité, les conitions de vie du militaires n'ont jamais céssé d'augmenté depuis Dioclétien et surtout à partir de Constantin Ier, surtout si nous distinguons bien les armées proches de l'Empereur de celles qui en sont plus éloignées...

Ammien Marcellin note encore un pallier supplémentaire sous le règne de Valentinien Ier (364-375):

"Mais le temps de la vérité est venu: disons nettement toute notre pensée. Un des torts de Valentinien est d'avoir, au grand préjudice de l'État, donné le premier l'essor à l'arrogance de l'armée. Il prodigua trop de ce côté les richesses et les honneurs, et, ce qui n'est pas moins blâmable en morale qu'en politique, impitoyable à l'égard des simples soldats, il fermait les yeux sur les vices des chefs, qui dépassèrent bientôt toute mesure: aussi en sont-ils venus à se regarder comme disposant de toutes les fortunes"
RG, Livre XXVII, 9, 4.

Nous connaissons tous les réproches que Zosime fait à Constantin Ier (306-337) occultant sciamment les considérations stratégiques de ses décisions:

"(...) Au lieu qu'en toutes les provinces de l'empire les gens de guerre étaient commandés par des centeniers, par des tribuns, et par des capitaines qui tenaient la place des préteurs, ce prince établit des maîtres de la milice, dont l'un avait sous lui l'infanterie et l'autre la cavalerie, avec pouvoir de réprimer les désordres et de chatier les coupables (...) Dioclétien ayant par une sage prévoyance, mit des garnisons dans toutes les places frontières, comme je l'ai dit, les barbares ne pouvant faire irruption d'aucun coté, sans trouver des troupes qui les arrêtaient. Constantin au contraire, retira les garnisons des frontières, et les mit en des villes qui n'en n'avaient aucun besoin. Ainsi il exposa les unes à la violence des étrangers, et désola les autres en leur donnant des gens de guerre qui ne servaient qu'à les piller, et amollit le courage des gens de guerre en leur donnant sujet de s'abandonner à la débauche (...).Histoire Nouvelle, LIVRE II.

Son opinion n'est pas meilleur envers Théodose Ier (379-395) qu'il accuse aussi de pervertir les militaires:

"(...) dès le commencement de son règne il renversa l'ordre qui avait été établi parmi les officiers, et multiplia leurs charges. Au lieu qu'il y avait auparavant qu'un général de la cavalerie et un de l'infanterie, il en fit cinq, surchargea le public des fonds de leur paie, et exposa le soldat en proie à l'avarice et à la violence d leurs commandants (...) L'empereur Théodose ne multiplia pas seulement les grandes charges,mais il multiplia aussi au moins de la moitié les charges inférieurs, comme celles des tribuns, tellement que les soldats ne touchaient plus rien de ce qui lur appartenait des deniers publics (...) Cette administration réduisit en peu de temps les bonnes troupes en un petit nombre (...)"
Histoire Nouvelle, LIVRE IV.

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 Sujet du message: Re: Stipendium et Annone militaire à l'époque tardive.
Nouveau messagePublié: 02 Nov 2008, 19:49 
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Les auteurs considèrent les officiers ou les soldats toujours trop payés. C'est encore le cas pour l'auteur anonyme du De Rebus Bellicis toujours à la fin du IVe siècle. Celui-ci fait d'ailleurs des propositions pour le moins farfelue pour réduire les dépenses faites à l'armée:

V - L'allègement des dépenses militaires:

Après voir énuméré, selon mon propos, les difficultés de l'Etat, que feront à bon droit disparaitre vos augustes mesures de prévoyance, venons en à la restriction, selon une méthode qui n'est pas sans similitude, des énormes dépenses militaires qui provoquent l'ébranlement de tout le système fiscal.

Mais de peur que la majesté impériale, si absorbée, ne se rebute devant une telle accumulation de désordre, j'exposerai en peu de mots comment sortir d'une erreur si durable. Les militaires une fois accomplie quelques années de service, au moment où ils parviennent à une solde de cinq annones ou davantage, devraient pour ne pas alourdir la charge de l'Etat en continuant à la percevoir, bénéficier du congé honoraire, et libérés, jouir des loisirs de leur retraite. Leur remplacement par les suivants soulagera à des intervalles de temps déterminés, l'ensemble de l'unité de très lourdes dépenses. Et si l'appel des classes suivantes, en remplacement de ceux qui partent, fournit des effectif trop nombreux, il faut aussi les libérer, après les avoir congédiés avec une égale générosité, ou bien les verser, pour combler les vides, dans un autre corps manquant d'effectifs.

Cette disposition non seulement rétablira l'Etat surchargé de dépenses, mais aussi réduira les soucis incombant à la prévoyance de l'Empereur. Elle stimulera même vers la carrière miltaire un plus grand nombre de candidats, que la longueur du service en tenait éloigné. L'avantage d'une mesure de ce genre est ainsi de fournir, pour accroître la population des provinces, des vétérans enrichis par les dons impériaux et encore assez vigoureux pour travailler la terre comme agriculteur. Ils habiteront les frontières, ils laboureront les régions que naguère ils avaient défendues, et en possession de ce vers quoi tendaient leurs peines, de soldats qu'ils étaient, ils deviendront contribuables.

Mais étant donné que parfois les ravages des guerres ou la désaffection à l'égard du métier militaire, due à la répugnance pour le service des camps, diminuent la masse gobale du contingent, voici le remède qui doit compenser de semblables pertes: Que par groupe de cent ou cinquante on tienne prêts des hommes plus jeunes, pris en dehors de ceux qui figurent sur les matricules, entraînés au maniement des armes et touchant une solde plus faible en qualité de nouvelles recrues, pou rêtre appelés, si les circonstances l'éxigent, à la place des disparus. Ces mesures prises, l'intégrité de l'armée restera assurée, et en même temps on ne manquera pas en cas de pertes de réserves formées et disponibles.

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 Sujet du message: Re: Stipendium et Annone militaire à l'époque tardive.
Nouveau messagePublié: 02 Nov 2008, 19:56 
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Attention quant on cite tout de go un auteur, surtout comme Ammien Marcellin . Il y a toujours un jugement de valeur et une exagération derrière . :geek:
Plusieurs choses typiques ressortent toujours : la perte d'un âge d'or, la mauvaise gestion romaine et la galère d'être soldat .
Le tout est justifié par : les origines grecques (d'Asie) de l'auteur et du coup son opinion de la gestion romaine (plus on conquiert moins on gère, en gros ), son adulation pour Julien _____ , et donc le regret du bon vieux temps de l'empereur à la fois philosophe,gestionnaire et conquérant en plus d'être hélleniste, le fait qu'Ammien ait été soldat et se plaigne ( oh le pauvre, quel héros ) .
En gros tous les textes antiques regrettent le bon vieux temps de la République , parce que de ce temps là, on donnait des terres comme solde, seulement au Bas-Empire, il n'y a pas tant de terres que ça qui restent au-delà du limes et que l'inflation n'est qu'une stratégie politique illusoire . Pourtant, Ammien ayant été soldat, il sait bien que la paye se fait en nature, et que si l'on est soldat ce n'est pas que pour les gros sous, mais aussi pour la fama . :mrgreen:

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 Sujet du message: Re: Stipendium et Annone militaire à l'époque tardive.
Nouveau messagePublié: 03 Nov 2008, 01:01 
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Les chroniqueurs et les annalistes antiques ne connaissent pas l'objectivité théoriquement recherchée par les modernes. C'est un fait, Ammien Marcellin n'est pas un auteur neutre, d'ailleurs, lui-même tout comme Zosime dans un autre style sont assez transparent quant à leurs inclinaisons. Toutefois, celui-ci tend vers une certaine justesse d'appréciation, qu'il revendique jusqu'au bout. L'empereur Julien est sans conteste son héros, au sens véritablement tragique du terme, les autres empereurs ne bénéficiant pas de la même bienveillance. Cependant, Ammien à l'honneteté de le critiquer tout comme les autres en faisant la part du héro et la part de l'homme et de ses faiblesses. La vraie question est de savoir quelle confiance accordée à la valeur documentaire des livres d'Ammien Marcellin. Sur cette ligne, un Zosime, un Eusèbe ou pire encore un Grégoire de Naziance ne tiennent pas la distance une seule seconde. Sans revenir sur le curriculum vitae du personnage, Ammien est éminement l'auteur la plus fiable concernant la question militaire de son temps, il est aussi en tant qu' "Historien" le plus précis et le plus nuancé sur cette période. Seul peut être sur le personnage d'Ursicin est'il vraiment complaisant.

Reprendre l'exemple du règne de Valentinien Ier est intéressant. En effet sa description du personnage constraste avec celle de Julien, empereur libéral et philosophe, Valentinien nous est décrit comme l'empereur typique de l'époque tardive, autoritaire et absolutiste. Le trait de caractère le plus négatif dégagé par Ammien et partagé avec son frère Valens est sa tendance à la cruauté dans le chatiment. Ses colères sont aussi homérique. Ammien aurait pu s'arrêter là, mais il souligne aussi son intelligence, il n'est incontestablement pas un esthéte (les pannoniens se traine un réputation d'incultes souvent peu méritées...) mais un bon orateur qui mesure ses paroles et qui se cultive à ses heures perdues. Il insistera d'ailleurs pour donner à ses fils un excellente éducation. Ammien aurait pu l'attaquer sur le physique procédé classique des auteurs anciens, mais il ne le fait pas (au plus remarque t'il un embonpoint sur sa fin de règne... Un homme qui vieilli quoi!). Enfin et surtout, il aurait pu le critiquer sur ses qualités d'homme de guerre mais non seulement il ne le fait pas, mais il le loue dans cette discipline comme un excellent général et un technicien hors paire qui n'hésitait pas à inventer des armes et à les fabriquer lui-même. Il y a pire tableau.

A contrario de l'annaliste conservant une certaine éthique "journalistique" pour reprendre un formule moderne, Zosime est le parfait choniqueur d'opinion. Ses portraits d'empereurs ne sont peut-être pas complétement faux, mais orientés politiquement et idéologiquement, et ce plus d'un siècle après les faits (Son Histoire Nouvelle est une démonstration morale, avec comme toile de fond la chute de l'empire unniversel. Ce que n'est pas du tout l'oeuvre d'Ammien Marcellin) Il suffit de lire son descriptif de Théodose Ier et de le comparer à une autre source comme les Epitomé d'Aurelius Victor (un contemporain d'Ammien...) C'est bien simple, on a affaire à deux hommes différents pour un même empereur. Qui est au plus juste? Aurelius est-il courtisan ou Zosime fait-il une relecture du règne? Qui plus est, il a été démontré sur plusieurs points que Zosime dénature des faits réels où se trompe dans sa chronologie. Bref, il est déjà plus dure de déceler des contre-vérités partisanes chez Ammien et encore plus d'y trouver de véritables erreurs (ok des erreurs géographiques...)

La théorie de l'âge de fer est ancienne et les romains y croyaient dur comme fer! (je sais c'est facile...) La nostalgie des hommes de l'Antiquité tardive pour la vielle république a beaucoup été étudiée. C'est une véritable litanie chez les romains. Déjà Cicéron constatait qu'à son époque tout partait en sucette. C'est assez drôle.

Je ne connaissais pas cette théorie sur les origines "grecques" d'Ammien comme vecteur d'orientation politique dans ses écrits. C'est intéressant. cela ne se sent pas vraiment dans ses textes mais ses origines curiales ont certainement influencé et motivé son oeuvre intellectuelle. Ammien était en contact avec Libanius, ce n'est pas anodin.

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 Sujet du message: Re: Stipendium et Annone militaire à l'époque tardive.
Nouveau messagePublié: 03 Nov 2008, 01:22 
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Sinon, non, les études récentes ont justement montré que la solde du militaire du Bas-Empire n'était pas exclusivement en nature, et qu'un traitement sur ce mode aurait d'ailleurs été impossible.

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 Sujet du message: Re: Stipendium et Annone militaire à l'époque tardive.
Nouveau messagePublié: 03 Nov 2008, 14:02 
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Bah oui, exclusivement en nature ç'aurait été impossible vu la "saturation" des terres de toute façon . Je voulais juste dire que les soldats n'étaient pas dupes, mais qu'ils profitaient des prétextes pour chercher un peu de gloire personnelle .
Quant à la vision grecque des Romains elle est prégnante dans les écrits contemporains car de même que les philosophes, ce sont de nombreux historiens d'origine grecque qui ont écrit l'histoire de Rome même s'ils y vivaient et étaient assimilés citoyens, leur culture était un important vecteur d'orientation de leurs récits ( depuis Polybe et l'"invasion" des villes grecques d'Orient à l'époque héllenistique par exemple ) . Pour résumer, on peut comparer avec notre époque, ça serait comme si les historiens européens écrivaient l'histoire américaine, la vieille puissance originelle qui s'est transformée en référence culturelle face à une jeune puissance "envahissante" au propre et au figuré, même si on s'y est adapté de façon cynique malgré tout .

Fin de la parenthèse,je ne voudrais pas m'étaler en HS sur un sujet concernant le stipendium :P

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 Sujet du message: Re: Stipendium et Annone militaire à l'époque tardive.
Nouveau messagePublié: 28 Déc 2009, 12:15 
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Bonjour,

Je lis ce sujet sur la solde en numéraire des soldats. Comme souvent, les textes génèrent plus de nouvelles questions que de réponses. En l'occurence, je m'interroge sur la forme prise par ce versement irrégulier en espèces sonnantes et sur ses conséquences pratiques:

Le système monétaire tri-métalique a de nombreuses sous-divisions (solidus et tremissis, silique et miliarensis ou encore nummus, maiorina, centerionalis... il y a en sûrement d'autres et je n'y connais rien) Que doit-on alors imaginer: chaque soldat recevait-il quelques solidi faciles à ranger mais peu commodes pour payer ou bien une pleine brouette de nummi qu'il fallait alors conserver dans un lieu sûr avec toute l'organisation que cela suppose? (caisse de l'unité? banque? dépôt dans un sanctuaire?)

On répondra que cela dépend de la fréquence de la distribution et de l'usage qu'on fait de la somme mais justement qu'en est-il?
Que peut-on acheter avec une pièce de billon ou une d'or? L'édit du maximum donne une belle liste de prix maximum en deniers (une mesure de bière égyptienne, 2 deniers, une mesure de Falerne, 30 deniers) mais est ce toujours valable à la fin du siècle? Combien cela représente-il alors en monnaies véritables, en nummi ou en solidi? Paye-t-on un pain avec une énorme bourse de billon, un peu comme les Allemands des années 30 avec leurs liasses de marks dépréciés ou bien est ce qu'un ou deux nummi suffisaient? Est ce qu'un officier (généreux) pouvait laisser un solidus en pourboire ou est ce que l'or était réservé à de rares échanges entre riches propriétaires ou avec l'Etat?

quelqu'un a-t-il une idée?


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 Sujet du message: Re: Stipendium et Annone militaire à l'époque tardive.
Nouveau messagePublié: 19 Jan 2010, 13:56 
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Tu poses d'excellentes questions d'une grande complexité.

Suite a un débat assez proche sur le fond évoqué sur le forum, je me suis penché sur la question moins spécifique du pouvoir d'achat et de la fortune supposée du soldat romain. D'après les ordres de paiement aux troupes d'époque Dioclétienne conservés dans les papyrii égyptiens, les soldats pouvaient être payés en plusieurs monnaies différentes en fonction des réserves et des liquidités des provinces. En monnaie impériales mais aussi en monnaie locales. Aucune régles strictes semblent ressortir de cette documentation, si les soldes sont exprimés en deniers, il est probable que des subdivisions plus modestes viennent alourdir la bourse du légionnaire. Le fait qu'ils soient souvent payés collectivement en myriades d'une unité montre que toutes les monnaies en circulation étaient mises à contribution. Après Dioclétien, l'Or et la bonne monnaie d'argent (plus rare...) deviennent le moyen de paiement ordinaire des troupes en sus du traitement en nature en fonction du nombre d'annone cumulées par le soldat. Souvent le paiement en nature est converti en numéraire. Il existe des lois formulées dans le Code Théodosien réglementant le taux de change fluctuant de l'or aux monnaies inférieures. Il est évident que le soldat payé en or devait convertir sa monnaie. Au reste, il pouvait être payé simultanément en menue monnaie pour ses achats courants. Sa fortune était conservée dans la caisse de son unité. Les soldats sont censés être payés régulièrement plusieurs fois dans l'année (et non tous les mois...) et les arrièriés doivent être réglés. L'édit du maximum des prix reste un bon repère. D'après les études que j'ai pu lire (Mc Mullen notamment même si c'est un peu ancien, Chastagnol, Nicaisie... ) soutiennent toutes que le soldat était loin d'être pauvre au IVe siècle. Tout dépendait de l'inflation des prix dans les différentes provinces de l'Empire. Avec une moyenne évaluée par les spécialistes à 7000 deniers (ou son équivalent) par an pour l'homme de troupe, nous n'avons pas affaire à un pauvre au sens stricte du terme mais plutôt à un représentant intermédiaire de la population de l'empire (certe difficile à situer mais l'Edit du maximum est un précieux témoin....) On comprend dès lors un peu mieux les récriminations des élites sociales envers la soldatesque ou les sauts d'humeur des soldats pour une prime considérée comme maigre de 100 pièce d'argent pour la prise d'une forteresse en Orient... L'achat d'un fourreau d'épée à 100 deniers n'apparait plus comme prohibitif.

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 Sujet du message: Re: Stipendium et Annone militaire à l'époque tardive.
Nouveau messagePublié: 19 Jan 2010, 14:18 
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J'en profite pour préciser que le militaire reçoit la Vestis militaris deux fois par an en Septembre et en Avril. L'Annone est compté sur l'année et la solde versée en Janvier, en Mars et en Septembre, L'annone en même temps que la solde sauf cas excpetionnel. La solde et l'annone augmentent avec le grade et l'ancienneté. Ensuite viennent les primes ou Donativum. En Janvier entre 5 et 10 Solidi, des Donativa au Consulat des empereurs, à l'anniversaires des empereurs, à l'anniversaire d'élection à la pourpre des empereurs, lors de certaines fêtes commémoratives du calendrier religieux et militaire, lors d'anniversaires de la famille impérial (plus rare...) Enfin, des primes pour faits d'armes à titre collectif ou individuel ou pour motiver les troupes pour une campagne prochaines... Tous cela en Or, plus rarement en argent sur la caisse des Largesses sacrées ou de la caisse personnelle de l'empereur (plus rare...)

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