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 Sujet du message: Cataphractaires et clibanaires
Nouveau messagePublié: 19 Nov 2008, 20:01 
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Inscrit le: 17 Nov 2008, 17:59
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Je me permets, avec l'accord de Damianus, de poster ici un corpus quasi-exhaustif de sources littéraires, épigraphiques et iconographiques que j'ai rassemblé ces dernières semaines sur les cataphractaires et les clibanaires. A vous, désormais, de vous faire une idée du problème pluri-séculaire de leur distinction...

SOURCES LITTERAIRES


AMMIEN MARCELLIN

XVI, 2, 5. La scène se passe à l’été 357, au début de la première guerre alémanique de Julien. Celui-ci s’est rendu à Autan pour préparer une riposte contre les barbares.

« 5. Et nequa interueniat mora, adhibitis cataphractariis solis et ballistariis parum ad tuendum rectorem idoneis, percurso eodem itinere Autessiodurum peruenit. »

« 5. Et pour éviter tout retard, il ne prit avec lui que des cataphractaires et des ballistaires, escorte peu faite pour défendre un général, et après avoir parcouru ce même chemin, il arriva à Auxerre. » (trad. E. Galletier)

XVI, 10, 8. La scène prend place en 357, lors du triomphe de Constance.

« 8. Et incedebat hinc inde ordo geminus armatorum, clipeatus atque cristatus, corusco lumine radians, nitidis loricis indutus, sparsique cataphracti equites quos clibanarios dictitant, personati, thoracum muniti tegminibus et limbis ferreis cincti, ut Praxitelis manu polita crederes simulacra, non uiros ; quos laminarum circuli tenues, apté corporis flexibus, ambienbant, per omnia membra diducti, ut, quocumque artus necessitas commouisset, uestitus congrueret, iunctura cohaerenter aptata. »

« 8. Et des deux côtés s’avançaient à pas comptés deux files d’hommes en armes avec le bouclier et le casque à aigrette, jetant des rayons de lumière étincelante, revêtus d’une cuirasse éclatante. Dispersés parmi eux, des cavaliers cuirassés que l’on appelle clibanaires, le visage masqué par la visière, la poitrine bardée d’une cotte de mailles, un ceinturon de fer à la taille, auraient pu passer pour des statues polies par la main de Praxitèle, et non point pour des hommes. Ils étaient enveloppés de fines mailles de métal qui se prêtaient aux flexions de leur corps, en couvrant tous leurs membres : de la sorte, quelque que fût la direction dans laquelle ils étaient contraints de mouvoir leurs membres, leur vêtement les moulait, dans l’ajustement en était étroit. » (trad. E. Galletier)

XVI, 12, 7. A la veille de la bataille de Strasbourg (357), Julien César ordonne à ses troupes de sortir de la ville, en vue de l’affrontement avec les Alamans.

« 7. Iamque solis radiis rutilantibus tubarumque concinente clangore, pedestres copiae lentis incessibus educuntur, earumque lateri equestres iunctae sunt turmae, inter quas cataphractarii erant et sagittarii, formidabile genus armorum. »

« 7. Déjà les rayons du soleil rougissait le ciel et les trompettes sonnaient ensemble, quand l’infanterie sort du camp à pas lents, le flanc couvert par des escadrons de cavalerie parmi lesquels des cuirassiers et des archers à cheval, redoutables par la nature de leur armement. » (trad. E. Galletier)

XVI, 12, 20-22. Les deux armées ennemies se disposent en ordre en bataille.

« 20. Quos cum iam prope densantes semet in cuneos nostrorum conspexere ductores, steterunt uestigiis fixis, antepilanis hastatisque et ordinum primis, uelut insolubili muro fundatis, et pari cautela hostes stetere cuneati. 21. Cumque, ita ut ante dictus docuerat perfuga, equitatum omnem a dextro latere sibi uidissent oppositum, quicquid apud eos per equestres copias praepollebat in laeuo cornu locauere confertum. Eisdemque sparsim pedites miscuere discursatores et leues, profectoratione tuta poscente. 22. Norant enim licet prudentem ex equo bellatorem cum clibanario nostro congressum, frena retinentem et scutum, hastam una manu uibrante, tegminibus ferreis abscondito bellatori nocere non posse, peditem uero inter ipsos discriminum uertices, cum nihil caueri solet praeter id quod occurrit, humiliter et occulte reptantem, latere forato iumenti, incautum rectorem praecipitem agere, leui negotio trucidandum. »

« 20. Quand les chefs de notre armée les aperçurent prêts à serrer les rangs pour la formation en coin, ils s’arrêtèrent sur place : soldats de première ligne, porte-enseignes, sous officiers constituèrent comme un mur impossible à détruire. Avec une prudence pareille, les ennemis s’arrêtèrent aussi, formés en coin. 21. Et quand, ainsi que l’avait fait savoir le déserteur dont j’ai parlé ci-dessus, ils virent que toute la cavalerie leur était opposée sur notre flanc droit, ils placèrent à leur aile gauche, en masse serrée, toute l’élite de leur cavalerie. Ils y mêlèrent des voltigeurs et de l’infanterie légère, comme le réclamait sans aucun doute une raison de sécurité. 22. Ils savaient, en effet, qu’un de leurs guerriers à cheval, si habile fût-il, tenant sa bride et son bouclier, brandissant sa lance d’une seule main, est dans l’impossibilité de nuire en combat singulier à l’un de nos clibanaires bardé de faire. Mais un fantassin, au plus fort des combats, quand on ne se garde en général que du danger présent, rampe à terre sans être vu, perce le flanc du cheval, jette inopinément à terre son cavalier pour le massacrer ensuite sans grande peine. » (trad. E. Galletier)

XVI, 12, 36-38. Déroute des cavaliers de l’aile droite.

« 36. Dato igitur aeneatorum accentu sollemniter signo ad pugnandum utrimque, magnis concursum est uiribus. Paulisper praepilabantur missilia, et properantes concito quam considerato cursu Germani, telaque dexteris explicantes, inuolauere nostrorum equitum turmas, frendentes immania, eorumque ultra solitum saeuientium comae fluentes horrebant, et elucebat quidam ex oculis furor ; quos contra pertinax miles, scutorum obicibus uertices tegens, eiectansque gladios uel tela concrispans mortem minitantia perterrebat. 37. Cumque in ipso proeliorum articulo eques se fortiter conturmaret, et muniret latera sua firmius pedes, frontem artissimis conserens parmis, erigebantur crassi pulueris nubes, uariique fuere discursus, nunc resistentibus, nuns cedentibus nostris, et obnixi genibus quidam barbari peritissimi bellatores hostem propellere laborabant, sed destinatione nimia dexterae dexteris miscebantur et umbo trudebat umbonem, caelumque exultantium cadentiumque resonabat a uocibus magnis, et cum cornu sinistrum artius gradiens urgentium tot agmina Germanorum ui nimia pepulisset, iretque in barbaros fremens, equites nostri cornu tenentes dextrum praeter spem incondite discesserunt, dumque primi fugientium postremos impediunt, gremio legionum protecti fixerunt integrato proelio gradum. 38. Hoc autem exinde acciderat quod, dum ordinum restituitur series, cataphracti equites, uiso rectore suo leuiter uulnerato et consorte quodam per ceruicem equi labente, pondere armorum oppressi, dilapsi qua quisque poterat, peditesque calcando cuncta turbassent, ni conferti illi sibique uicissim innexi stetissent immobiles. Igitur cum equites nihil praeter fugae circumspectantes praesidia uidisset longius Caesar, concito equo, eos uelut repagulum quoddam cohibuit. »

« 36. Quand les accents des trompettes eurent, selon l’usage, donné de part et d’autre le signal du combat, la lutte s’engagea avec violence. Pendant un temps, on se lança des javelots et les Germains se précipitèrent avec plus de hâte que de prudence ; brandissant leurs armes de la main droite, ils fondirent sur nos escadrons de cavalerie, grinçant des dents affreusement. Leurs cheveux flottants se hérissaient avec plus de fureur que d’habitude, et de leurs yeux rayonnait une sorte de rage. Dressant leur opiniâtreté contre eux, nos soldats protégeaient leur tête derrière le rempart de leur bouclier et, tirant leurs épées ou brandissant leurs javelots qui les menaçaient de mort, ils épouvantaient leurs adversaires. 37. Comme au moment décisif de la lutte la cavalerie se formait hardiment en escadrons, et que l’infanterie protégeait solidement ses flancs en faisant un front de ses boucliers unis entre eux, des nuages épais de poussière s’élevèrent. Des manœuvres diverses se produisirent, car les nôtres tantôt résistaient, tantôt cédaient du terrain, et certains barbares, en combattants très avertis, inébranlables sur leurs genoux s’efforçaient de contenir l’ennemi. Mais avec un acharnement extrême on en vint au corps à corps, les boucliers se heurtaient bosse contre bosse et le ciel résonnait des grands cris poussés par les vainqueurs et les blessés. Tandis que notre aile gauche, marchant en rangs serrés, avait repoussé avec une extrême vigueur toutes les hordes de Germains qui la pressaient, et qu’elle avançait avec des clameurs parmi les barbares, nos cavaliers qui occupaient l’aile droite débandèrent en désordre contre toute attente. Mais tandis que les premiers de ces fuyards faisaient obstacle aux derniers, trouvant eux-mêmes une protection dans le sein des légions, ils firent halte et reprirent le combat. 38. La raison de cet incident fut qu’au moment où l’on rétablissait les lignes les unes après les autres, les cavaliers cuirassés, voyant leur chef légèrement blessé et un de leurs compagnons choir par-dessus l’encolure de son cheval, accablés sous le poids des armes, s’échappèrent chacun dans la direction qu’ils purent. Ils auraient provoqué une confusion générale en piétinant l’infanterie, si cette dernière n’eût été en formation serrée, et si les soldats étroitement attachés les uns aux autres, ne fussent demeurés inébranlables. Quand César eut donc vu de loin que la cavalerie ne voyait de salut alentour que dans la fuite, il éperonna son cheval et parvint à les contenir comme l’eût fait une barrière. » (trad. E. Galletier)

XVI, 12, 63. Bilan de la bataille.

« 63. Ceciderunt autem in hac pugna Romani quidem CCXL et III, rectores uero III : Bainobaudes Cornutorum tribunus, adaeque Laipso et Innocentius cataphractarios ducens, et uacans quidam tribunus cuius non suppetit nomen. »

« 63. Les pertes dans ce combat furent pour les Romains de deux cent quarante-trois hommes de troupe et quatre officiers supérieurs : Bainobaude tribun des Cornutes, ainsi que Laipso, Innocentius qui commandait les cuirassiers, et un tribun sans affection dont le nom m’échappe. » (trad. E. Galletier)

XXVIII, 5, 5-6. L’épisode se déroule en 370, sous le principat conjoint de Valentinien et Valens, en Gaule. Après la conclusion d’une trêve avec les Romains, les Saxons, qui mené un raid en Gaule par la mer du Nord, s’en retournent chez eux. Sur le chemin de leur retraite, ils tombent dans une embuscade tendue par les Romains.

« 5. […] occulte pedites missi insidias in abdita quadam ualle struxerunt, unde praetereuntes adgredi negotio poterant leui. Sed longe secus accidit quam sperabatur. 6. Sonitu enim aduentantium perciti, exsiluere quidam intempestiue, uisique subito, dum se firmare festinant, ululantibus lugubre barbaris, uertuntur un pedes. Stetere tamen mox conglobati, extremaque sorte uires licet non integras suggerente, confligere cogebantur, multaque caede perculsi, concidissent nullo relicto, ni cataphractorum equitum cuneus, ad inferendum periculum transeuntibus barbaris ex alio latere prope diuortium itineris pari modo locatus, clamore percitus tristi agiliter subuenisset. 7. Exin concursum infestius, firmatisque pectoribus, hinc inde incumbentes Romani clausos hostes eductis gladiis obtruncabant : nec quisquam eorum genitales reuisere potuit lares, ne uno quidem caedibus concorporalium superesse permisso. »

« 5. […] des fantassins secrètement envoyés tendirent une embuscade dans une vallée retirée d’où ils pouvaient sans grand embarras attaquer les Saxons au moment de leur passage. Mais l’évènement fut bien loin de répondre à l’attente. 6. En effet, alertés par le bruit que fit l’ennemi en approchant, certains bondirent trop tôt de leur retraite ; ils furent immédiatement aperçus, tandis qu’ils se hâtaient de raffermir leur position, et à entendre les sinistres hurlements des barbares ils prennent la fuite. Cependant il s’arrêtèrent bientôt, groupés en une masse compacte, et, tirant des forces, amoindries il est vrai, de leur situation désespérer, ils se voyaient contraints à combattre ; ébranlés par de lourdes pertes, ils auraient succombé jusqu’au dernier, si une compagnie de cavaliers cuirassés, postée de manière identique d’un côté, auprès d’une bifurcation, pour mettre en fâcheuse posture les barbares au moment de leur passage, n’était vivement venue à la rescousse, alertée par leurs cris de détresse. 7. Alors la rencontre se fit plus violente et, leur courage raffermi, les Romains massacrèrent en les pressant de tous côtés les ennemis encerclés, l’épée au clair : aucun d’entre eux ne put revoir son foyer natal, pas un seul n’eut loisir de survivre au massacre de ses camarades. » (sur la base d’une traduction de M.A. Marié)


ARRIEN

Arrien, Techne Taktike 4.

Arrien Ektaxis kata Alanoon, 21, 31. Mentionne des lanciers romains sur le théâtre oriental sous le règne d’Hadrien.


CLAUDIEN

Contre Rufin, II, 351-362. Description de cavaliers cuirassés de l’armée d’Arcadius, passée en revue par Rufin à Constantinople.

« 350 […]. Hic ultrix acies ornatu lucida Martis
Explicuit cuneos. Pedites in parte sinistra
Consistunt. Equites illinc poscentia cursum
Ora reluctantur pressis sedare lupatis ;
355. Hinc alii saeuum cristato uertice nutant
Et tremulos humeris gaudent uibrare colores,
Quos operit formatque chalybs ; coniuncta per artem
Flexilis inductis animator lamina menbris,
Horribilis uisu : credas simulacra moueri
360. Ferrea cognatoque uiros spirare metallo.
Par uestitus equis : ferrata fronte minantur
Ferratosque leuant securi uulneris armos. »

« 350 […]. Là, l’armée vengeresse, éclatante en son martial appareil,
A déployé ses coins. L’infanterie prend place à gauche.
Là-bas les cavaliers, serrant les mors, s’efforcent de calmer
La bouche des chevaux qui demande à courir ;
355. Ici d’autres, d’un air farouche, agitent l’aigrette de leur tête,
Aiment à faire sautiller un frisson de couleurs sur leurs épaules,
Que couvre et façonne l’acier ; réunie avec art,
La souple laine est animée par les membres qu’elle recouvre,
Spectacle formidable : on croirait voir remuer des statues
360. De fer et respirer des hommes par le métal qui fait corps avec eux.
Même tenue pour les chevaux : ils menacent d’un front de fer
Et soulèvent leurs flancs bardés de fer, à l’abri des blessures. » (trad. J.L. Charlet)

Panégyrique sur le sixième consulat de l'empereur Honorius, 570-78. En 404.

« 570. Ut chalybe indutos equites et in aere latentes
Uidit cornipedes: "quanam de gente" rogabat
"Ferrati uenere uiri ? Quae terra metallo
Nascentes informat equos ? Num Lemnius auctor
Indidit hinnitum ferro simulacraque belli
575. Uiua dedit ?" Gaudet metuens et pollice monstrat,
Quod picturatas galeae Iunonia cristas
Ornet auis uel quod rigidos uibrata per armos
Rubra sub aurato crispentur serica dorso. »

« 570, Puis, elle vit les cavaliers couverts d’acier, et les chevaux
Emprisonnés dans l'airain : « De quelle contrée sont venus
Ces hommes de fer ? » Demandait-elle. « Quelle terre a donné
Naissance à ces chevaux de métal ? Le dieu de Lemnos
S’est-il plu à douer ce fer du hennissement, ou à forger pour la guerre
575. Ces statues inanimées ? » Elle éprouve en les voyant un plaisir mêlé de crainte, et montre du doigt
Le cimier des casques, orné des plumes de l’oiseau de Junon,
Ou ces écharpes de soie écarlate qui flottent sur l’épaule
Des guerriers et descendent à plis nombreux sur leur monture dorée. »


FLAVIUS JOSEPHE

Guerre des Juifs, III, 96 (= 5, 5).

« 5. […] Quant aux cavaliers, ils portent une grande épée au côté droit, une longue pique (kontos) à la main, un bouclier long tenu obliquement sur le flanc du cheval, et, dans un carquois, trois dards ou davantage, à large pointe et aussi longs que des javelots. Leurs casques et leurs cuirasses sont les mêmes que ceux des gens de pied. »


HERODIEN

Histoire romaine, VIII, 1.

« ὁ δὲ Μαξιμῖνος ἐπιστὰς τοῖς ὅροις προύπεμψε σκοποὺς τοὺς ἐρευνήσοντας μή τινες ἐνέδραι ἐν κοιλάσιν ὀρῶν ἢ λόχμαις ὕλαις τε κρύφιοι εἶεν. Αὐτὸς δὲ καταγαγὼν ἐς τὸ πεδίον τὸν στρατόν, τὰς μὲν τῶν ὁπλιτῶν φάλαγγας ἐς τετράγωνα ἔταξε σχήματα, ἐπιμήκεις μᾶλλον ἢ βαθείας, ὡς ἂν πλεῖστον τοῦ πεδίου διαλάβοιεν· τὰ δὲ σκευοφόρα πάντα κτήνη τε καὶ ὀχήματα ἐν μέσῳ τάξας, αὐτὸς ἅμα τοῖς δορυφόροις ὀπισθοφυλακῶν εἵπετο. Ἑκατέρωθεν δὲ παρέθεον αἵ τε τῶν καταφράκτων ἱππέων ἶλαι καὶ Μαυρούσιοι ἀκοντισταὶ τοξόται τε οἱ ἀπὸ τῆς ἀνατολῆς. »

« Lorsque Maximin fut arrivé aux confins de l'Italie, il fit prendre les devants à des émissaires chargés d'explorer le pays, pour découvrir si les profondes vallées des montagnes, les bois touffus, les forêts épaisses ne recélaient point d'embuscades. Il s'avança ensuite dans la plaine avec son armée, qu'il disposa en colonne quadrangulaire plus étendue que profonde, afin d'occuper le plus de pays possible; il plaça au milieu tous les bagages, les bêtes de somme et les chariots; lui-même, à la tête de ses gardes, fermait la marche. Sur les deux ailes s'avançaient les escadrons de cavaliers cuirassés [kataphrakton ippeon ilai], les maures armés de javelots, et les archers de l'Orient. »


JULIEN CESAR

Eloge de Constance (Oratio I), 29-30 (= 35D - 38A). Description de la bataille de Mursa (28 septembre 351) entre l’empereur Constance II et l’usurpateur Magnence, puis description des cuirassiers de Constance II.

« 29. A cette nouvelle, tu fais retirer ton armée des défilés insidieux : il te suit, croyant te poursuivre tandis qu’il se laisse manœuvrer, jusqu’à ce que vous soyez arrivés tous deux en large campagne. On voit se dérouler la plaine devant Mursa. Ta cavalerie se déploie sur les deux ailes et ton infanterie reste au centre. Tu as, grand prince, la rivière à ta droite. Ta gauche enfonçant l’ennemi, tu culbutes aussitôt et tu romps la phalange, fort mal composée d’ailleurs d’après les instructions d’un chef sans expérience de la guerre et du commandement. Aussi cet homme, qui croyait jusque là n’avoir qu’à poursuivre, non seulement n’en vient pas aux mains, mais s’enfuit en toute hâte […]. Leur ordonnance rompue, ses troupes se reforment par compagnies et elles recommencent le combat […]. Comme si l’action ne faisait que commencer, l’armée reprend la lutte, et de nouveau on lui voit produire de vrais exploits d’audace et de vaillance. Les uns se jettent au-devant des épées ; les autres se saisissent des boucliers ; tous ceux que rejettent leurs chevaux blessés, se transforment en autant d’hoplites. Suivant cet exemple, les soldats de l’usurpateur serrent de près nos fantassins : la bataille est incertaine, quand tout à coup nos cuirassiers et le reste de notre corps de cavalerie, les uns avec leurs flèches, les autres avec leurs chevaux lancés au galop, étendent morts un grand nombre d’ennemis et poursuivent leur masse à toute bride. Quelques-uns se précipitent en fuyant vers la plaine, et la nuit en sauve à grand peine un petit nombre ; le reste tombe dans le fleuve, s’entassant les uns sur les autres comme un troupeau de bœufs ou d’autre bétail.
30. Telle fut la vanité des avantages que les troupes du tyran retirèrent de sa lâcheté, tandis que leur propre valeur ne put servir en rien sa cause. En souvenir de cette victoire, tu érigeas un trophée plus glorieux que celui de ton père. Celui-ci en effet, à la tête de troupes réputées jusqu’alors invincibles, triompha d’un malheureux vieillard [= Licinius] ; et toi, pour lutter contre une tyrannie florissante, en pleine force et fière non seulement des maux qu’elle causait, mais plus encore de sa jeunesse, tu conduisis à la bataille des troupes formées par tes soins. Car quel empereur pourrait-on citer parmi tes prédécesseurs, dont le génie inventif ou imitateur ait créé une cavalerie et un armement pareils aux tiens ? Après t’être exercé le premier à porter la cuirasse1, tu appris aux autres à user de cette armure inattaquable. Bon nombre, s’étant risqués à en discourir, sont restés au-dessous du vrai, de sorte que tous ceux qui, après en avoir entendu parler, eurent une occasion de la voir, ont pu se convaincre que le témoignage des oreilles n’est pas aussi fidèle que celui des yeux. Tu avais une masse innombrable de cavaliers, immobiles sur leurs chevaux comme autant de statues aux membres articulés suivant le modèle de la nature humaine. Allant de l’extrémité du poignet jusqu’aux coudes et s’étendant de là sur les épaules, une cuirasse de mailles s’adapte ensuite à leur poitrine et à leur dos. Le visage étant garanti par un masque de fer, ils ont l’air d’une statue qui brille et reluit : les jambes avec les cuisses et le bout des pieds ont aussi leur armure, rattachée à la cuirasse au moyen d’une sorte de tissu fait de minces anneaux, de sorte qu’aucune partie du corps ne se laisse voir à nu ; ce tissu, en garnissant les mains elles-mêmes, se prête aux flexions des doigts. Telle est la description que mes paroles essayent de rendre exacte ; si elle est insuffisante, quiconque voudra en savoir davantage fera bien, pour prendre connaissance de ce genre d’équipement, de l’examiner plutôt que d’en écouter l’explication. » (trad. J. Bidez).

Notes du traducteur :

1 « Du « cataphractaire ». De même qu’il évite les noms propres d’origine étrangère, Julien se garde d’introduire dans sa description des cataphractaires le terme technique dont on se servait pour désigner ces cavaliers cuirassés.

Les actions de l’empereur ou de la royauté (Oratio III), 7 (= 57B - 58A). Deuxième panégyrique de Julien à l’empereur Constance II. L’auteur y retrace une deuxième fois, fidèlement, le déroulement de la bataille de Mursa.

« 7. […] Déjà il [= Magnence] est arrivé en large campagne, dans les plaines des Pannoniens, où il lui semble pouvoir combattre avec plus d’avantage. A ce moment, l’empereur divise sa cavalerie en deux corps qu’il place à ses deux ailes. Les uns sont des lanciers couverts de cuirasses en lames de métal et de casques de fer ; leurs jambières sont parfaitement ajustées jusqu’aux talons ; ils portent des genouillères et, autour des cuisses, d’autres enveloppes de fer du même genre. Chaque homme à cheval a l’air d’une statue et peut se passer de bouclier. La seconde ligne suit, formée du reste de la cavalerie, portant des boucliers, quelques-uns lançant des flèches du haut de leur monture. Les hoplites de l’infanterie sont placés au centre, les deux flancs appuyés par la cavalerie ; derrière sont les frondeurs, les archers et tous les porteurs d’armes de jet, sans boucliers et sans cuirasses. La phalange ainsi rangée, notre gauche fait un mouvement en avant : toute l’armée ennemie perd contenance et le désordre s’y met. Nos cavaliers l’assaillent sans relâche, et l’on voit fuir honteusement le chef qui avait plus honteusement usurpé l’Empire. Il laisse là son maître de cavalerie, ses tribuns, ses centurions en grand nombre, qui combattent avec bravoure, et il abandonne jusqu’à l’auteur de ce drame monstrueux et abominable, celui qui, le premier, lui avait suggéré l’idée de s’emparer de l’Empire, de nous enlever notre apanage, et qui jusque là n’avait eu qu’à se réjouir du premier succès d’une heureuse entreprise. »

Les actions de l’empereur ou de la royauté (Oratio III), 9 (= 59C – 60B). Suite et fin de la bataille de Mursa.

« 9. Malgré la lâcheté de leurs chefs, le courage des soldats n’a point faibli. Après que leurs rangs ont été rompus, non par suite de leur manque de cœur, mais à cause de l’inexpérience et de l’incapacité de celui qui les a mis en bataille, ils se reforment en compagnies et continuent la lutte. Ce fut un spectacle des plus inattendus, les uns ne voulant rien céder aux vainqueurs, les autres brûlant de pousser jusqu’au bout leur victoire : mélange de mouvements confus, clameurs, cliquetis des armes, des glaives se brisant sur les casques, des boucliers heurtés par les lances : on lutte corps à corps ; on abandonne les boucliers pour se heurter à l’épée ; chacun, indifférent à son propre sort, ne songe qu’à faire grand mal à son ennemi, à ne lui laisser qu’un succès incertain et douloureux, dût-on payer cette résistance de la mort. Telle est la conduite non seulement des fantassins repoussant les nôtres qui les poursuivent, mais aussi de ceux des cavaliers dont les lances brisées étaient hors d’usage. Rompant les hampes trop longues qui leur restaient, ils sautent à terre pour se ranger parmi les hoplites. Ils font ainsi une dure et opiniâtre défense, mais nos cavaliers les accablent d’un grêle de flèches en galopant à distance, et nos cuirassiers les chargent à plusieurs reprises, grâce à un terrain égal et uni. La nuit alors survient : ils s’empressent de fuir, et les nôtres les poursuivent avec acharnement jusqu’à leurs retranchements, qu’ils enlèvent, ainsi que tout leur bagage, leurs esclaves et leurs troupeaux. »


LACTANCE

De la mort des persécuteurs, 40, 5. La scène se passe sous le règne de Maximin Daïa. Des chrétiennes sont jugées à Nicée puis suppliciées. Pour contenir le mécontentement des populations, le gouverneur de Bithynie fait appel aux troupes.

« 5. Ac ne impetu populi de carnificum manibus raperentur, promoti militari modo instructi, clibanarii, sagittarii prosequuntur. Ita mediae inter cuneos armatorum ad supplicium deductae. »

« 5. De peur qu’un soulèvement populaire n’arrachât les victimes des mains des bourreaux, on rassembla une escorte de cavaliers en ordre de bataille, clibanaires et archers. On conduisit ainsi ces femmes au supplice au milieu d’escadrons de soldats. »


LIBANIOS

Oratio XVIII, 205. Description des derniers assauts donnés par les Perses lors de la retraite de Julien (juin 363),

« Then for the first time is beheld the battle-array of the Persians – no disorderly multitude; abundance of gold upon their armour. But when one or two of our vanguard had fallen, and when all had joined battle, neither horseman nor foot-soldier stood the shields on our side, but turned and fled, being inferior in this one branch of warfare. And thenceforward there was no pitched battle, but only ambuscades and cowardly attacks of a few horsemen at a time, jumping upon the hindmost out of ditches, and not even then doing them so much hurt as they received; for the legionary getting under the lance of the horseman, and ripping up his horse with his sword, got them both on the ground, and, truly, ready for slaughter the man in his iron shirt. » (trad. R. Pearse)

Discours LIX, Eloge des empereurs Constance et Constant, 69. Discours prononcé lors du séjour de Libanios à Nicomédie, entre 344 et 349. L’auteur décrit ici les préparatifs de la guerre de Constance contre les Perses (337).

« 69. […] Comme il [Constance] étudiait toutes les possibilités et qu’il ne voulait rien laisser d’inexploré, il eut l’idée de se constituer une cavalerie pour ainsi dire invulnérable. Car il ne limita pas l’armure, comme l’on faisait auparavant, aux seuls casque, cuirasse et cnémides, ni ne couvrit de bronze que le front et le poitrail des chevaux, mais il voulut que le cavalier fût recouvert de protections de la tête à la pointe des pieds et la monture du sommet du crâne à l’extrémité des sabots ; seuls seraient découvert l’emplacement des yeux pour voir ce qu’on faisait et les narines pour ne pas étouffer. 70. C’est à eux qu’on devrait donner l’appellation d’hommes de bronze, plutôt qu’aux soldats évoqués par Hérodote ! Ils étaient obligés pour faire avancer leur cheval d’user de la voix en guise de mors et, porteurs d’une lance disponible pour l’une et l’autre main, ils devaient fondre sur les ennemis sans regarder autour d’eux, n’appliquant leur esprit qu’à l’action et confiant leur corps à la protection du fer [sideros]. »

Note du traducteur :

« Sans doute la description des cuirassiers relève-t-elle davantage de la rhétorique que de l’histoire : elle ferait partie des morceaux attendus pour l’auditoire, une vignette très à la mode pendant la première moitié du Ive siècle. On la retrouve non seulement dans les Panégyriques latins, mais aussi chez Julien, I, 30, qui crédite quant à lui Constance de cette invention et qui atteste de la popularité du motif : « Bon nombre, s’étant risqués à en discourir… ». A la fin du siècle, Héliodore consacre encore une page colorée de son roman (Ethiopiques, IX, 14) à décrire ces cavaliers, et d’une manière qui rappelle curieusement l’ekphrasis de Libanios. »


LYDIEN

Des magistratures de l'Etat romain, I, 46, 6. Jean le Lydien dresse un inventaire des troupes employées par l'armée romaine,

« 6. [...] clibanaires (klibanarioi), cuirassiers ; les Romains appellent les armures de fer celibana (kelibana), au lieu de celamina (kelamina). »

PANEGYRIQUES LATINS

IX. Panégyrique de Constantin (313), 6, 2-5. Panégyrique prononcé en l’honneur de Constantin, en 313. L’auteur, un orateur gaulois, est anonyme. Il relate ici la campagne italienne de Constantin contre Maxence et décrit le dispositif tactique mis en place par eux deux à Turin. Des clibanaires sont présents dans la bataille.

« 2. Sed illa quidem Gomphensium clades documento ceteris fuit ; tibi paulo post alia in Taurinatibus campis pugna pugnata est, non trepidantibus ex uictoria tua rebellibus, sed iratis incensisque ad ulcisendum animis quos fortunae inclinatio restinguere debuisset, nec uero temere ac passim uagis hostibus ut facile palantes caederentur,. 3. sed acie in cunei modum structa, descendentibus retro in altitudinem lateribus, quae, si cum prima acie auide confligeres, reflexa impeditos certamine circumirent. 4. Sed tu id prouidens praemisisti utrimque qui obuiam irent et simul, si quid insidiarum lateret, excuterent ; ipse, offirmato illo capite deiecto totaque acie in fugam uersa tanto maiorem in processu stragem edidisti quanto amplioribus subsidiis instructa constiterat. 5. Ita usque ad Taurinatium muros fusi caesique obseratasque nancti portas ab incolis etiam corporum suorum mole clauserunt. »

« 2. Ce désastre de Gomphi servit de leçon aux autres cités. Mais toi peu de temps après, tu livras dans les plaines de Turin un autre combat non point à des rebelles démoralisés par ta victoire, mais à des cœurs irrités, enflammés de vengeance, que le fléchissement de la fortune eût dû calmer. Ce n’était point un adversaire errant à l’aventure, de ci de là, facile à tailler en pièces à cause de sa disposition même. 3. Mais l’armée était disposée en forme de coin, les flancs, ramenés en arrière et en profondeur, étaient destinés, si tu poussais à fond l’attaque contre la première ligne, à faire un mouvement tournant et à envelopper tes soldats engagés dans la bataille. 4. Mais toi, en prévision de cette manœuvre, tu expédias sur ta droite et sur ta gauche des troupes pour prévenir et pour déloger en même temps les ennemis qui avaient pu se mettre en embuscade, tandis que toi-même culbutant la pointe adverse malgré la résistance et mettant toute la ligne en fuite, tu fis, au cours de ton avance, un carnage d’autant plus grand que cette ligne avait été constituée et affermie par des réserves plus importantes. 5. Ainsi, mis en déroute et déconfits jusque sous les murs de Turin, ils trouvèrent les portes de la ville fermées par les habitants et l’amoncellement de leurs cadavres contribua encore à les obstruer. » (trad. E. Galletier).

X. Nazarius, Panégyrique de Constantin (1er mars 321), 22-24. La description par Nazarius de la bataille de Turin diffère quelque peu de celle de l’auteur anonyme du précédent panégyrique.

« 22. […] 2. Ecce iam aput Taurinos uenientem pugna grauior exspectat ; nec Segusiensium uastitas monet ut sibi caueant, nec cogitant quo cum principe res futura sit, quod neque uis eius resistendi spem faciat nec mansuetudo rationem. 3. Campum laxe iacentem qui instructos uideret. 4. Quae enim illa fuisse dicitur species, quam atrox uisu, quam formidolosa, operimento ferri equi atque homines pariter obsaepti ! Clibanariis in exercitu nomen est. Superne hominibus tectis, equorum pectoribus demissa lorica et crurum tenus pendens sine impedimento gressus a noxa uulneris uindicabat.
23. 1. Te tamen, imperator, non terruit nec quod tanto numero duplicabat armatura terrorem nec quod uim armis numerus addebat. 2. Certum est enim pro negotii modo animosam esse uirtutem, quod ex serie rerum captum suum temperat ; in paruis prope ad securitatem remissa, in mediocribus modice intentior, ubi magna uenerunt, iuxta magnitudinem exanclandi operis erigitur. 3. Illa armorum ostentatio et operti ferro exercitus, qui imbelles oculos uulnerassent, inuictas mentes incitauerunt quod imbutus imperatoris exemplo totis animis eius miles ardescit, cum inuenit hostem, quem uinci deceret. 4. Catafractos equites, in quibus maximum steterat pugnae robur, ipse tibi sumis. His disciplina pugnandi, ut, cum aciem arietauerint, seruent impressionis tenorem et immunis uulnerum, quidquid oppositum, sine haesitatione perrumpant.
24. 2. Sed tu, imperator prudentissime, qui omnes bellandi uias nosses, opem ex ingenio repperisti. 2. Quod tutissimum eludere quos est difficillimum sustinere, diducta acie irreuocabilem impetum hostis effundis, dein quos ludificandos receperas, reductis agminibus includis. Nil proderat contra tendere, cum ex industria tui cederent. Flexum ad insequendum ferreus rigor non dabat. 3. Ita nostri proditos sibi clauis adoriuntur, quae grauibus ferratisque nodis hostem uulneri non patentem caedendo defatigabant ac maxime capitibus afflictatae, quos ictu perturbauerant, ruere cogebant. 4. Tunc ire praecipites, labi reclinis, semineces uacillare aut moribundi sedilibus attineri, permixta equorum clade impliciti iacere, qui reperto sauciandi loco passim equitem effreni dolore fundebant. 5. Ad unum interfectis omnibus, tuis integris, horrorem armorum ad miraculum uictoriae transtulerunt, quod qui inuulnerabiles habebantur sine tuorum uulneribus interissent. 6. Antoninus imperator in toga praestans et non iners nec futtilis bello, cum aduersum Parthos armis experiretur, uisis catafractis adeo totus in metum uenit ut ultro ad regem conciliatrices pacis litteras daret. 7. Quas cum rex immodicus animi respuisset, insolentia quidem barbari debellata est, sed patefactum est in his armis tantam inesse uiolentiam ut eam et uincendus fideret et superaturus timeret. »

« 22. […] 2. Voici bientôt que près de la ville des Tauriniens un combat plus redoutable l’attend au cours de sa marche : la ruine de Suse ne les avertit pas de prendre garde à eux : ils ne songent point à quel prince ils vont avoir affaire et que de résister, sa puissance ne leur en laisse aucun espoir, sa miséricorde aucune raison. 3. Ils avaient couvert d’une si nombreuse armée l’immensité de la plaine que leur confiance ne paraissait pas déplacée à qui les voyait rangés en bataille. 4. Quel spectacle, dit-on, s’offrit alors ! Quelle chose affreuse à voir, quelle chose effrayante que ces chevaux et ces hommes également bardés de fer ! C’étaient les « clibanaires », comme on dit à l’armée. A la partie supérieure, les cavaliers couverts d’une cuirasse ; du poitrail des chevaux une cotte de mailles qui leur pendait jusqu’aux pattes les défendait contre le danger des blessures sans entraver leur marche. 
23. 1. Toi pourtant, empereur, te ne fus pas épouvanté de voir cet appareil redoubler la terreur inspirée par un si grand nombre, et le nombre ajouter à la puissance des armes. 2. On sait, en effet, que la valeur se fait intrépide au gré des circonstances, parce qu’elle règle sa conduite sur le cours des évènements : dans les petites choses elle s’abandonne presque à la sécurité, dans les affaires d’importance moyenne elle se montre un peu plus attentive, quand de grands intérêts sont en jeu, elle s’élève jusqu’à la hauteur de l’œuvre à accomplir. 3. Cet étalage d’armes, ces troupes caparaçonnées de fer qui eussent blessé des yeux moins aguerris exaltèrent des âmes invincibles, car les soldats pénétrés de l’exemple de l’empereur sentirent s’échauffer leur courage quand ils rencontrèrent l’ennemi dont il fallait triompher. 4. Ces cuirassiers, qui étaient dans la bataille l’élément le plus solide, tu te les réserves à toi-même. Leur tactique de combat, est la suivante : quand ils ont enfoncé la ligne adverse, ils poursuivent l’attaque et, invulnérables aux coups, ils brisent sans s’arrêter tout ce qui leur est opposé.
24. 1. Mais toi, très prudent empereur, qui connaissait tous les procédés de combat, tu trouvas des ressources1 dans ton ingéniosité. 2. Comme le parti le plus sûr était d’éviter ceux dont le choc était le plus difficile à soutenir, tu ouvres ton front de bataille, tu laisses les ennemis se lancer dans une attaque qu’ils ne pourront ramener en arrière, puis, de tes bataillons refermés sur eux, tu cernes ceux que tu avais admis dans tes lignes pour t’en faire un jouet. Rien ne leur servait de pousser droit devant eux, puisque tes soldats, à dessein, leur cédaient le terrain. La rigidité de leurs armures de fer ne leur permettait pas de se détourner afin de poursuivre l’adversaire. 3. Ainsi les nôtres attaquent avec des massues les hommes qui leur sont livrés : pourvues de nœuds redoutables et ferrés, elles épuisaient sous leurs coups un ennemi invulnérable et surtout, lorsqu’elles heurtaient les crânes, elles faisaient tomber ceux que le choc avait étourdis. 4. Alors, ils s’abattaient la tête en avant, ils glissaient en arrière, ils chancelaient à demi-morts ou ils étaient retenus, mourants, à leur selle, ils gisaient unis dans la mort, pêle-mêle, avec leurs chevaux qui, blessés à un défaut de la cuirasse, jetaient à terre leurs cavaliers ça et là dans l’affolement de la douleur. 5. Quand tous eurent été tués jusqu’au dernier, alors que tes soldats étaient indemnes, on passa de l’effroi inspiré par cette cavalerie à l’étonnement d’une victoire où ceux qui étaient réputés invulnérables avaient péri sans qu’il t’en coûtât un blessé. 6. L’empereur Antonin, si grand pendant la paix, si brave et si redoutable à la guerre, au cours d’une expédition contre les Parthes1, éprouva une si profonde terreur à la vue de ces cuirassiers qu’il écrivit spontanément au roi pour obtenir la paix. 7. Dans son orgueil démesuré, le roi repoussa cette demande : l’insolence du barbare dut, à dire vrai, punie par la défaite, mais il fut manifeste que ces troupes avaient un aspect si terrible qu’elles inspiraient confiance à celui qui devait être vaincu et épouvantaient celui qui devait triompher. » (trad. E. Galletier)

Notes du traducteur :

1 « Intéressant chapitre sur la tactique ingénieuse trouvée par Constantin. Il faut remarquer toutefois qu’elle est de tout point semblable à celle qu’imagina Scipion à la bataille de Zama pour lutter contre les éléphants d’Hannibal (Tite-Live , 30, 33). »
2 « Rien de semblable dans l’histoire d’Antonin qui fit abandonner pacifiquement au roi Vologèse III, roi des Parthes, ses projets de conquête de l’Arménie. Il s’agit de Lucius Verus qui fut chargé par Marc-Aurèle de la guerre contre ce roi (162-166). »


HISTOIRE AUGUSTE

Vie d'Alexandre Sévère, 56, 5. Suivant un discours tenu par Alexandre Sévère devant le Sénat, le 25 septembre 233 :

« Centum et uingiti milia equitum eorum (=Persae) fudimus, cataphractarios, quos illi clibanarios uocant, decem milia in bello interemimus, eorum armis nostros armauimus. »

« Nous avons mis en fuite cent vingt mille de leurs cavaliers ; nous avons tué dix mille cuirassiers, qu’ils appellent clibanaires, et nous avons armé les nôtres avec leurs armes. »

Vie de Claude, 16. Suivant une lettre de l'empereur Dèce au gouverner d'Achaïe Messala, à propos de Claude.

« 16. 1. [...] Le tribun Claude est un jeune homme plein des plus belles qualités, un brave militaire, un excellent citoyen, dont l’armée, le sénat et la république doivent attendre les plus grands services. Nous l’avons envoyé aux Thermopyles, pour administrer, en qualité de curateur, le Péloponnèse, étant bien convaincu que personne ne remplira mieux que lui nos intentions. 2. Vous lui donnerez deux cents soldats, tirés de la Dardanie, cent hommes pris parmi les cuirassiers, et cent soixante tiré de la cavalerie, soixante archers crétois, et mille soldats nouveaux bien armés. 3. On peut sans crainte lui confier de jeunes troupes; car il est plein de zèle, de courage et de sagesse. »

« 16. 1. [...] Tribunum uero nostrum Claudium, optimum iuuenem, fortissimum militem, constantissimum ciuem, castris, senatui et rei publicae necessarium, in Thermopylas ire praecipimus mandata eidem cura Peloponnensium, scientes neminem melius omnia quae iniungimus esse curaturum. 2. huic ex regione Dardanica dabis milites ducentos, ex cataphractariis centum, ex equitibus sexaginta, ex sagittariis Creticis sexaginta, ex tironibus bene armatos mille. 3. nam bene illi noui creduntur exercitus; neque enim illo quisquam deuotior, fortior, grauior inuenitur. »

Vie d’Aurélien, 11, 4. Dans une lettre de Valérien, adressée à Aurélien et rapportée par l’auteur de l’Histoire Auguste.

« 4. Habes legionem tertiam Felicem et equites cataphractarios octingentos ».

« 4. Tu disposes de la troisième légion Felix et de huit cents cavaliers cuirassés ». (trad. F. Paschoud)

Vie d’Aurélien, 24, 4. Lors du triomphe d’Aurélien (274), des catafractaires défilent sous les yeux des Romains.

« 4. Iam populus ipse Romanus, iam uexilla collegiorum atque castrorum et catafractarii milites et opes regiae et omnis exercitus et senatus […] multum pompae addiderant. »

« 4. Enfin le peuple romain lui-même, enfin les bannières des corporations et des camps, les soldats cuirassés, les trésors des rois, toute l’armée et le Sénat […] ajoutaient beaucoup à la procession. » (trad. F. Paschoud)


VEGECE

Epitoma Rei Militaris, III, 16.

« Constructa acie peditum equites ponuntur in cornibus, ita ut loricati omnes et contati incti sint peditibus ; sagittarii autem uel qui loricas non habent longius euagentur. A fortioribus namque equitibus peditum protegenda sunt latera, et a uelocioribus atque expeditis hostium cornua superfundenda atque turbanda. Scire dux debet, contra quos drungos, hoc est globos, hostium quos equites oporteat puni. Nam nescio qua occulta ratione, immo paene diuina, alii contra alios dimicant melius, et qui fortiores vicerant ab inferioribus saepe vincuntur. »

« Après la constitution des lignes d’infanterie, la cavalerie est placée sur les ailes, de manière à ce que tous ceux qui sont équipés d’une cuirasse et d’une pique soient à proximité des fantassins ; les archers et ceux qui n’ont pas de cuirasse peuvent pour leur part être placés à plus grand distance. Ainsi, les flancs de l’infanterie doivent être protégés par la cavalerie la plus forte, et les ailes de l’ennemi doivent être dispersées et désorganisées par la cavalerie la plus rapide et la plus légèrement armée. Un commandant doit savoir quel type de cavalerie doit être opposé à telle unité ennemie. En effet, pour des raisons obscures, probablement de nature divine, certaines troupes sont plus efficaces contre certaines, et celles qui ont été un jour victorieuse d’un ennemis réputé fort sont souvent par la suite vaincues par des forces dont on estime qu’elles sont faibles. »

Epitoma Rei Militaris, III, 23.

« Catafracti equites, propter munimina quae gerunt, a uulneribus tuti, sed propter impedimentum et pondus armorum capi faciles et aliaque his frequenter obnoxii ; contra dispersos pedites quam contra equites in certamine meliores ; tamen aut ante legiones positi aut cum legionariis mixti , quando cimminus, hoc est manu ad manum, pugnatur, acies histium saepe rumpunt. »

« Les cavaliers cuirassés sont garantis des blessures en raison des protections qu’ils portent, mais ils sont aussi faciles à capturer à cause de leur fardeau et du poids de leurs armes, qui les gênent la plupart du temps. Au combat, ils sont plus efficaces contre les fantassins dispersés que contre les cavaliers. Cependant, qu’ils soient placés au devant des légions ou mêlés aux légionnaires, quand arrive l’affrontement et que les soldats en viennent aux mains, ils parviennent souvent à rompre les lignes ennemis. »

Epitoma Rei Militaris, III, 24. Description des stratagèmes utilisés par les Romains contre les éléphants de guerre. Un clibanaire est placé sur un char de combat, conduit par deux chevaux cuirassés. Le guerrier porte une sarisse avec laquelle il charge la bête.

« Nam et centurio in Lucania gladio manum, quam promuscidem uocant, unius abscidit ; et bini catafracti equi iungebantur ad currum, quibus insidentes clibanarii sarisas, hoc est longissimos contos, in elefentos dirigebant. Nam muniti ferro nec a sagittariis, quos uehebant beluae, laedebantur et earum impetum equorum celeritate uitabant. Alii contra elefantos catafractos milites immiserunt, ita ut in brachiis eorum et in cassidibus uel umeris aculeri ingentes ponerentur e ferro, ne manu sua elefas bellatorem contra se uenientem posset apprehendere. »


ZOSIME

Histoire nouvelle, II, 50-51. Récit de la bataille de Mursa entre Constance II et Magnence. Zosime insiste davantage sur le rôle des equites sagittarii et ne mentionne pas la présence de cuirassiers.

« L. […] 4. Après que la ruse de Magnence eut ainsi échoué et que son embuscade eut eu pour lui l’effet contraire, els deux armées se rencontrèrent et se jetèrent l’une sur l’autre dans la plaine devant Mursa ; la bataille s’étant engagée – telle qu’il semble qu’il n’y en ait presque jamais eu auparavant dans aucune guerre –, les tués sont très nombreux des deux côtés.
LI. 1. Constance ayant remarqué que, comme il s’agissait d’une guerre civile, même la victoire ne correspondrait pas à ses vœux – tant les légions romaines seraient affaiblies et incapables de résister, après une telle saignée, aux Barbares qui menaçaient de toutes parts –, il en vint à l’idée de mettre fin à la guerre par quelque traité et accord. 2. Tandis qu’il faisait ces réflexions, alors que les armées étaient encore aux prises l’une avec l’autre, les partisans de Magnence se déchaînèrent avec une frénésie accrue et ne s’arrêtèrent même pas quand la nuit tomba pendant qu’ils se battaient ; les généraux eux-mêmes continuèrent à accomplir des tâches de simples soldats et à recommander à chaque soldat en particulier de presser vivement l’ennemi. 3. Les généraux de Constance s’étant eux aussi remémoré la vertu et la gloire des Romains, ils se frappèrent les uns les autres dans une nuit profonde avec des lances, des épées et tout ce qu’ils trouvaient et qui tombait sous leurs mains ; ni l’obscurité, ni rient d’autre de ce qui d’habitude provoque un répit dans la guerre ne retint les armées de se massacrer l’une l’autre et de considérer comme leur plus grand bonheur de périr dans un même bain de sang jusqu’au dernier. 4. Parmi les généraux qui ont accompli de merveilleux exploits de bravoure et de valeur au cours de la bataille tombent notamment Arcadius, le commandant du corps de troupe des Albuci, et Ménélas, chargé de diriger les archers à cheval d’Arménie.
LII. 1. Il vaut la peine de ne pas passer sous silence ce qu’on raconte au sujet de Ménélas : il ajustait, dit-on, simultanément trois flèches à son arc, les décochait d’un seul coup et mettait ses flèches au but non pas dans un seul corps, mais dans trois ; il abattit, en recourant à cette méthode de tir à l’arc, un nombre considérable d’ennemis, et fut pour ainsi dire l’artisan de la fuite des adversaires. 2. Mais il tomba lui aussi, abattu par le commandant en chef de l’armée de Magnence ; Romulus aussi tomba en même temps que lui : atteint auparavant d’une flèche décochée par Ménélas, il ne s’était pas retiré du combat, même après avoir été blessé, avant d’avoir abattu celui-là même qui l’avait pris pour cible. » (trad. F. Paschoud)


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 Sujet du message: Re: Cataphractaires et clibanaires
Nouveau messagePublié: 19 Nov 2008, 20:03 
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SOURCES JURIDIQUES ET ADMINISTRATIVES


CODE THEODOSIEN

XIV, 17, 9. 26 juillet 389.

Imppp. Valentinianus, Theodosius et Arcadius aaa. Proculo praefecto urbis Constantinopolitanae. Annonas civicas in urbe Constantinopolitana scholae scutariorum et scutariorum clibanariorum divi Constantini adseruntur liberalitate meruisse. Quarum ex magna parte inminutio facta perhibetur, quod alii eas putarunt tamquam proprias distrahendas, alii per successionum gradus hereditarium ius venire. Sublimis igitur eminentia tua omnes eas, quas quoquomodo alienatas fuisse reppererit, his scholis, quibus donatae ac deputatae sunt, amota omni reluctatione restituet, habere enim debent earum perpetuitatem, quarum meruere compendium. Dat. VII kal. aug. Romae Timasio et Promoto conss.


NOTICE DES DIGNITES

Selon Eadie, la notitia Dignitatum liste trois fabriques d’armes (clibanaria) qui furent construites probablement sous Dioclétien et furent spécifiquement engagées dans la production d’armures pour les clibanaires : a Antioche en Syrie (Or. II, 22 : Clibanaria Antiochiae), à Césarée en Cappadoce (Or. II, 28 : Clibanaria Caesarea Cappadociae), et à Nicomédie en Bithynie (Or. II, 28 : Clibanaria Nicomediae ; cf. Lactance, De mort. Pers. 7, 9). On peut en ajouter une, citée parmi les fabricae d'Occident, à Autun (Occ. IX : Augustodunensis loricaria, balistaria et clibanaria).
Sur cela voir Ensslin, o. c. (n. 43), 65 ; R. MacMullen, AJA 64 (1960), 30.

Catafractaires :

Orientis

5, 34 equites catafractarii Biturigenses – comitatenses
6, 35 equites catafractarii – comitatenses
6, 36 equites catafractarii Ambianenses – comitatenses
8, 29 equites catafractarii Albigenses – comitatenses
31, 52 ala prima Iouia catafractariorum, Pampane (sous le commandement du dux Thebaidos ; surement crée par Dioclétien)
39, 16 cuneus equitum catafractariorum, Arubio (sous le commandement du dux Schythiae)

Occidentis

7, 200 equites catafractarii iuniores (sous le commandement du comes Britanniae)
40, 21 praefectus equitum catafractariorum, Morbio (sous le commandement du dux Britanniae)

Clibanaires :

Orientis

5, 29. comites clibanarii – palatini
5, 40 equites primi clibanarii Parthi – comitatenses
6, 32 equites Persae clibanarii – palatini
6, 40 equites secundi clibanarii Parthi – comitatenses
7, 31 equites promoti clibanarii – comitatenses
7, 32 equites quarti clibanarii Parthi – comitatenses
7, 34 cuneus equitum secundorum clibanariorum Palmirenorum – comitatenses
11, 8 scola scutariorum clibanariorum (sous le commandement d’un magister officiorum)

Occidentis

6, 67 equites sagittarii clibanarii (sous le commendement d’un magister equitum praesentalis
7, 185 equites clibanarii (sous le commandement d’un comes Africae)


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 Sujet du message: Re: Cataphractaires et clibanaires
Nouveau messagePublié: 19 Nov 2008, 20:07 
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SOURCES EPIGRAPHIQUES


ALA I GALLORVM ET PANNONIORVM CATAFRACTATA

CIL XI, 5632

M(arco) Maenio C(ai) f(ilio) Cor(nelia) Agrip/pae L(ucio) Tusidio Campestri / hospiti divi Hadriani patri / senatoris praef(ecto) coh(ortis) II Fl(aviae) / Britton(um) equitat(ae) electo / a divo Hadriano et misso / in expeditionem Brittan/nicam trib(uno) coh(ortis) I Hispanor(um) / equitat(ae) praef(ecto) alae I Gallor(um) / et Pannonior(um) catafracta/tae proc(uatori) Aug(usti) praef(ecto) classis / Brittannicae proc(uratori) provin/ciae Brittanniae equo pu/blico patrono municipi(i) / vicani Censorglacenses / consecuti ab indulgentia / Optimi Maximique Imp(eratoris) Anto/nini Aug(usti) Pii beneficio inter/pretationis eius privilegia / quibus in p[e]rpetuum aucti / confirmatique sunt / l(ocus) d(atus) d(ecreto) d(ecurionum) g(ratis)

Lieu de découverte : Camerinum (Camerino – Italie)
Province : Umbria / Regio VI

CIL XVI, 110 = AE 1977, 3

[Imp(erator) Caes(ar) divi Had]rian(i) f(ilius) divi Traiani / [Parthici n(epos) divi Ne]rvae pron(epos) T(itus) Aelius / [Hadrianus Ant]oninus Aug(ustus) Pius pont(ifex) / [max(imus) tr(ibunicia) pot(estate) XXII] imp(erator) II co(n)s(ul) IIII p(ater) p(atriae) / [equit(ibus) et pedit(ibus)] qui mil(itaverunt) in alis III quae / [appell(antur) Silia]n(a?) et Gall(orum) et Pann(oniorum) / [et I Tungr(orum) F]ront(oniana) et coh(ortibus) XII I Ulp(ia) / [Britton(um)] |(milliaria) et I Fl(avia) Ulp(ia) Hisp(anorum) |(milliaria) / [et --- I Ael(ia)] Gaesa(torum) |(milliaria) et I Aug(usta) Nerv(ia) / [|(milliaria) et I]I Britt(onum) |(milliaria) et I Hispan(orum) / [-- e]t II Hisp(anorum) scutat(a) Cy/[ren(aica) et V Lingo]n(um) et VI Thrac(um) et sunt / [in Dacia Poroliss]en(si) sub Macrinio / [Vindice? proc(uratore) qui]nq(ue) et vigint(i) stip/[en(diis) emerit(is) dimis(sis) hon]est(a) miss(ione) quor(um) / [nomin(a) subscripta s]unt civit(atem) Roman(am) / [qui eor(um) non ha]b(erent) ded(it) et con(ubium) cum / [uxor(ibus) quas tu]nc hab(uissent) cum est / [civit(as) i(i)s dat(a) aut] cum i(i)s quas post(ea) / [dux(issent) dumtax(at) si]ngulis // [ [Imp(erator) Caes(ar) divi Hadrian(i) f(ilius) divi Traiani Parthici n(epos) divi Nervae pron(epos) T(itus) Aelius Hadrianus Antoninus Aug(ustus) Pius pont(ifex) max(imus) tr(ibunicia) pot(estate) XXII imp(erator) II co(n)s(ul) IIII p(ater) p(atriae)] / [equit(ibus) et pedit(ibus) qui mil(itaverunt) in alis III ---] / et vigint(i) stipend(iis) emerit(is) dimis(sis) ho/nest(a) miss(ione) quor(um) nomin(a) subscript(a) / sunt civit(atem) Roman(am) qui eor(um) non ha/ber(ent) dedit et conub(ium) cum uxor(ibus) quas / tunc habuis(sent) cum est civit(atem) i(is) dat(a) aut / cum i(is) quas post(ea) dux(issent) dumtax(at) sin/gulis a(nte) d(iem) V K(alendas) Oct(obres) Sex(to) Calpurnio / Agricola Ti(berio) Claudio Iuliano co(n)s(ulibus) / coh(ors) I Ulpia Britton(um) |(milliaria) cui prae(e)st / L(ucius) Nonius Bassus Picen(o) / ex pedite / Luonerco Molaci f(ilio) Britt(oni) / descript(um) et recognit(um) ex tabul(a) aer(ea) / quae fixa est Romae in mur(o) post / templ(um) divi Aug(usti) ad Minervam

Lieu de découverte : Ad Mediam (Mehadia – Roumanie)
Province : Dacia


ALA NOVA FIRMA MILIARIA CATAFRACTARIA PHILIPPIANA

CIL III, 10307 = ILS 2540

I(ovi) O(ptimo) M(aximo) Barsemis Abbei / dec(urio) alae firmae / kata<f=P>ractariae / ex numero (H)os/ro<en=RV>orum mag(ister) / coh(ortis) |(milliariae) Hemes/(e)n(orum) d(omo) Carr(h)is et / Aur(elia) Iulia coniux / <ei=PL>us v(otum) s(olverunt) l(ibentes) m(erito) / Aurelia Thicimim / et Aurelia Salia <e=F>t / filias (!) Barsimia Tit/ia (?) [--- nep]ot(es) / c(um) s(upra) s(criptis) p(osuerunt)

Lieu de découverte : Intercisa (Danaujvaros – Hongrie)
Province : Pannonia inferior

CIL III, 99 = ILS 2771

I]ulio Iuliano [v(iro) e(gregio) duce]nar(io) / praef(ecto) leg(ionis) I Pa[rthic]ae / Philippianae d[uc]i devotis/[s]imo Trebicius Gaudinus / [p]raef(ectus) alae novae firmae / |(milliariae) catafract(ariae) Philippianae / praeposito optimo

Lieu de découverte : Bostra (Busra ash Sham – Arabie)
Province : Arabia

CIL XIII, 7323

Memoriae Bi/ribam Absei dec(urionis) a[l]/ae Firmae Cata<f=E>r/act(ariae) bello desider/ati oriundo ex pr/ovincia Moesopo/[ta]miae(!) domo Rac[

Lieu de découverte : Nida (Rodelheim – Allemagne)
Province : Germania superior

AE 1931, 68

D(is) M(anibus) / Aurelis Saluda et / Regretho fratrib(us) / quond(am) equitibus / n(ovae) alae firm(ae) catafr(actariae) / {Aur} Aurel(ius) Abdetat/hus frater / e(orum) f(aciendum) c(uravit)

« Consécration aux dieux Mânes. Ci-gît Aurelis Sadula et son frère Regretho, anciens cavaliers de la nouvelle aile firma cataphractaria. Aurelius Abdetathus, leur frère a pris soin de faire élever ce monument. »

Datation :
Lieu de découverte : Bad Cannstatt (Allemagne).
Province : Germania superior
Nom : Aurelis Saluda ; Regrethus.
Rang : Cavaliers auxiliaires.


EQVITES CATAFRACTARII PICTAVENSES

CIL III, 14406a = AE 1901, 121

D(is) M(anibus) Aurelius Gaza centenarius / pe(r)lege (h)ic iacio(!) qui vixi annis quinqu/aginta et militavi annis XXX et sum / natus in provincia Dacia et milita/vi inter e<q=C>uites catafractarios Picta/vens<e=I>s su<b=C> cura Romani pr<ae=O>positi Au/relia Plactu coniux <q=O>ui(!) pos(u)it titul<um=O> be/ne merenti car(o) mar(i)to (s)uo resta / viator et lege titulo(!) n<o=E>stro dunc(!) le/ges et (r)e(p)ausas

Lieu de découverte : Heraclea Lyncestis (Bitola - Grèce)
Province : Macedonia


EQVITES CATAFRACTARII AMBIANENSES

CIL XIII, 3495 = Espérandieu V, 3940.

D(is) M(anibus) / e(t) m(emoriae) / Val(erius) Zurdiginu(s?) / dec(urio) a[lae?

Lieu de découverte : Samarobriua (Amiens – France)
Province : Belgica
Commentaire : Un eques catarfractarius Ambianensis selon Eadie (?)


NVMERVS CATAFRACTARIORVM

AE 1891, 106

[F]lavius Severianus centenarius / de numerum(!) equitum catafractariorum / militavit annis XXII habiens(!) parentes mi(l)iarium XI / de vico Suriliaci si quis voluerit eam arcam aperire / dabit poenam fisci auri pp(ondo) duum(!)

Lieu de découverte : Concordia (Concordia Sagittaria)
Province : Venetia et Histria / Regio X

AE 1912, 192

Fla(vius) Tethianus q(u)<o=A>ndam / circ<i=E>tor de n<u=O>mero cata/fractariorum an(n)o/rum XXXVIII decessit de / (h)umana vita et de[mi]/si(t) co(n)iuge(m) No[nam(?)] / Vapir(o) et Fl(avio) I[uliano et Va]/lerio [

Lieu de découverte ; Carsium (Hirsova - Roumanie)
Province : Moesia inferior

CIL XIII, 3493 = Espérandieu, Recueil général des bas-reliefs, statues, et bustes de la Gaule romaine, no 34, V, 3941.

Val(erius) Durio / circit(or) n(umeri) cata/fr(actariorum) vix(it) an(nos) XXX[

Lieu de découverte : Samarobriua (Amiens – France)
Province : Belgica
Chercher photo

CIL XIII, 6238 = Espérandieu VIII, 6044

M(anibus) D(is) / Val(erius) Maxantius / eq(ues) ex numer<o=I>/ kata(fractariorum) vix(it) annis / XXXII me(n)s(ibus) VI / Val(erius) Dacus fr(ater) / fec(it)

« Consécration aux dieux Mânes. Ci-gît Valerius Maxantius, cavalier du numerus des katafractarii, qui a vécu 32 ans et 6 mois. Son frère Valerius Dacus a fait faire ce monument. »

Date : 260-399.
Lieu de découverte : Borbetomagus (Worms – Allemagne).
Province : Germania superior
Nom : Valerius Maxantius
Rang :


NVMERVS EQVITVM CATAFRACTARIORVM SENIORVM

CIL XIII, 1848

D(is) M(anibus) / et memoriae aete/rnae Kl(audi!) Ingenui / centenari(i) ex num(ero) eq(uitum) / cataf(ractariorum) sen(iorum) qui vixit an/n(os) p(lus) m(inus) XXXV Candida c/oniugi karissimo / [f]ac(iendum) cur(avit) et sub asc(ia) d(e)d(icavit)

Lieu de découverte : Lugudunum (Lyon - France)
Province : Lugdunensis


VEXILLATIO CATAFRACTARIORVM

AE 1919, 18

] / C (?) [---] / circitor d[e] / v<e=I>xillatio/ne XII[I] (?) cata/fractari(orum) [q]ua[e] [e]/s(t) T[ri]mamio vi/xit annis XXXIII / [milita]vit XII[I ---]V[

Lieu de découverte : Istros (Histria - Roumanie)
Province : Moesia inferior

CIL V, 6784

D(is) M(anibus) / Valerius / Ienuariu[s!] circito[r] / de vexilla/[ti]one catafr[a]ctariorum / Aur(elio) Exuper[---] / civi su[o] [---]P[---]F / VS

Lieu de découverte : Eporedia (Ivrée – Italie)
Province : Transpadana / Regio XI


VEXILLATIO EQVITVM CATAFRACTARIORVM ET CLIBANARIORVM

AE 1984, 825

D(is) M(anibus) / Val(erius) Fuscianus d[uc]enarius ex / regione Scadiesiana vico(!) qui vixit annis L stipendi[or]um XXV / militavit in vexillatione eqq(uitum) cat(afractariorum) / clib(anariorum) s(ub) c(ura) Valentis p(rae)p(ositi) / qui vivo se iussit sibi titulum poni instante / collegio patre Severiano duc(e) / qui tunc vixit vit(a)e su(a)e non defrauda/vit vale viator

Lieu de découverte : Claudiopolis (Bolu - Turquie)
Province : Pontus et Bithynia


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 Sujet du message: Re: Cataphractaires et clibanaires
Nouveau messagePublié: 19 Nov 2008, 20:14 
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SOURCES ICONOGRAPHIQUES

Concernant l'iconographique, je vous renvoie à CIL XIII, 6238. Hormis cette stèle funéraire, il n'existe aucune autre représentation se rattachant explicitement à des cataphractaires ou à des clibanaires. Certains historiens mentionnent les cavaliers en armure d'écaille de la colonne aurélienne, le fameux graffite de Dura Europos ou certaines figures de l'arc de Thessalonique, mais rien ne prouve qu'il s'agisse de cataphractaires ou de clibanaires romains à proprement parler, surtout quand on connaît le degré d'empirisme qui caractérise l'évolution de l'armement défensif au sein de l'armée romaine.


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 Sujet du message: Re: Cataphractaires et clibanaires
Nouveau messagePublié: 19 Nov 2008, 20:21 
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Inscrit le: 17 Nov 2008, 17:59
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SOURCES ARCHEOLOGIQUES

Deux types de pièces d'armures ayant appartenu à des cavaliers cuirassés (iraniens, sans aucun doute) ont été découverts à Dura Europos au début des années 1930.

-Des pièces d’armure lamellaire ayant pourt fonction de couvrir les cuisses : Rostovtzeff et alii, 1936, 450-2.

-Trois bardes d'écailles : Rostovtzeff et alii, 1936, 499 ; Robinson, 1975, 194 ; Hopkins, 1979, 125-126, 189, 191 ; Hyland 1990, 149-51 ; James 2004, 113-14, Cat. No. 449-452). L’une d’entre elles ne subsiste encore que sous forme de fragments. Les deux autres ont été conservées dans un très bon état. Elles se composent chacune de deux panneaux rectangulaires de tissu sur lesquels sont lacés 31 rangs (barde I) ou 19 rangs (barde II) d’écailles métalliques, de manière à protéger l’un et l’autre flanc du cheval. Une ouverture ovale permet la fixation d’une selle. Une pièce d’écailles triangulaire permet de protéger la base de la queue de la monture. Sur le barde II, deux extensions permettent de joindre les deux parties de la cuirasse autour de la poitrine du cheval.


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 Sujet du message: Re: Cataphractaires et clibanaires
Nouveau messagePublié: 19 Nov 2008, 20:24 
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Inscrit le: 17 Nov 2008, 17:59
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Je ne suis pas parvenu à mettre la main sur une traduction correcte des traités tactiques d'Arrien. Toute aide de votre part concernant cette lacune sera donc des plus appréciées. J'ai aussi réalisé le même travail à propos des contarii, lanciers (non-cuirassés) qui caractérisent davatange le siècle des Antonins et disparaissent au IVe siècle. Si ça intéresse quelqu'un, y'a qu'à demander...


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 Sujet du message: Re: Cataphractaires et clibanaires
Nouveau messagePublié: 19 Nov 2008, 20:48 
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Inscrit le: 04 Sep 2008, 19:30
Messages: 2747
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Salut à toi Warulfus et bienvenue sur le forum. Si j'ai la chance de te connaitre (un tout petit peu...) les autres membres du forum ne l'ont pas encore... N'hésites donc pas à te présenter succintement dans la rubrique "forum".

Tu as une traduction des "tactica" d'Arrien sur le site de philippe Remacle mais sans version originale. cette translation est ancienne, je ne sais ce qu'elle vaut. Malheureusement pour le "Contra Alanos", les seuls traductions que je connaisse sont anglaises mais avec la version originale...

A défaut tu peux voir ici: viewtopic.php?f=15&t=58

Si tu le souhaites je te donne le site original où j'ai pêché cette version.

Arrien est au coeur de la problèmatique de Wheeler (aussi bien concernant la cavalerie que l'infanterie...) pour sa théorie de l'armée romaine en phalange, sa vision d'Arrien peut t'intéresser si tu ne la connais pas déjà:

viewtopic.php?f=15&t=145

En tout cas merci pour cet apport à notre forum. N'hésites pas à relancer le débat sur la cavalerie en général, nous avons ici quelques passionnés et quelques cavaliers.

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Damianus/Damien.


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 Sujet du message: Re: Cataphractaires et clibanaires
Nouveau messagePublié: 19 Nov 2008, 21:26 
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Inscrit le: 17 Nov 2008, 17:59
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Au fait Damianus, les orationes I et III de Julien et les autres panégyriques latins ont fait l'objet, il y a une dizaine d'années, d'une étude intéressante de d'O. Harl : “Die Kataphraktarier im römischen Heer – Panegyrik und Realität”, JRGZM 43, 601-27.

Pour ce qui est d'Arrien, la traduction disponible sur le site de Remacle est incomplète et pourrie... Je pense que je vais devoir allonger les deniers.


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 Sujet du message: Re: Cataphractaires et clibanaires
Nouveau messagePublié: 19 Nov 2008, 21:50 
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Inscrit le: 04 Sep 2008, 19:30
Messages: 2747
Localisation: Laigneville
Le titre de l'étude est intéressant en effet!

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