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 Sujet du message: Les références militaires dans les Panégyriques Latins.
Nouveau messagePublié: 05 Sep 2008, 19:53 
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Panégyriques Latins tome I, II, III.
Editions les Belles Lettres.

(Fin IIIe - Fin IVe ap. - J.C.)

"Morceaux choisis".
Par Damianus.


· Panégyrique de Maximien par Mamertin (21 avril 289). Tome I.
Page 26-27:

1) "III (…) Vos tuniques (Trabeae: il s'agit en réalité d'un manteau-cape d'origine grec. Le manteau triomphal est pourpre brodée de palme d'or selon l'Histoire Auguste) triomphales, les faisceaux consulaires, les sièges curules, ce cortège éclatant de courtisans, cette lumière qui ceint votre tête divine d'un nimbe resplendissant, ce sont les ornements magnifiques et vénérables qui sont dus à vos mérites."

"Trabeae vestrae triumphales et fasces cinsulares et sellae curules et haec obsequiorum stipatio et fulgor et illa lux divinum verticem claro orbecomplectens vestrorum sunt ornamenta meritorum pulcherrima quidem et augustissima (…)"

Contexte: Eloge de Maximien Tétrarque d'Occident. Remarquez que les ancient insignes de la république sont toujours des ornements du Bas-Empire romain.

Page 28:

2) "V (…) Qu'était-il besoin d'une multitude, quand tu combattais en personne, quand toi même tu portais tes coups en tout lieu et sur tout le front de bataille (acie dimicares)."

Contexte: Eloge typique. Emploi du terme Acie/Acia, les lignes d'unités formant l'échelle la plus ample de l'ordre de bataille pour désigner ce même front de bataille. (l'Acia concentre plusieurs corps de troupes: dans un premier temps plusieurs légions puis à l'intérieur de ces légions, les lignes constituées des fantassins lourds et des fantassins légers).

Page 29:

3) "V (…) Tes soldats (milites) étaient dans l'impossibilité de te suivre, je ne dis pas de leur rangs pressés (dico stipatione) ou de leur escorte, (atque comitatu) mais même des yeux?

Contexte: Eloge des qualités militaires de Maximien. Le traducteur a traduit le terme comitatu par le mot escorte. Nous savons que le comitatus impérial est aussi l'armée que l'empereur emmène avec lui lors de ses grandes campagnes. La version du traducteur est juste. Il est donc important de signaler que plutôt que l'emploi des expressions "armée d'intervention" ou "d'armée mobile" pour désigner les comitatenses l'expression la plus pertinente et bien celle "d'armée d'accompagnement" de l'empereur.

Page 30:

4) "VI (…) Tu déposas la robe prétexte (togam praetextatem: la toge muni d'une bande de pourpre en réalité…) pour prendre la cuirasse (thorace mutasti…), tu abandonnas le bâton d'ivoire pour saisir la lance (hastam)"

Contexte: Maximien n'hésite pas à laisser de coté ses habits impériaux pour ceux du soldat. Lorsqu'il s'agit de l'empereur le terme désignant sa cuirasse n'est jamais celle de lorica mais celle de Thorax (ici thorace) l'empereur utiliserait donc en plus de la cuirasse d'écailles visibles sur les monnaies tardives, la très traditionnelle cuirasse musclée.


· Discours anniversaire de Maximien par Mamertin (21 juillet 291). Tome I.

R.A.S.

· Panégyrique de Constance Ier par un orateur anonyme (1er Mars 297). Tome I.

Page 86:

5) "VI (…) Tout le bassin de ce port (Gesoriacum) où, à intervalle réguliers, alterne le flux et le reflux, tu (Constance et son armée…) le rendis inaccessible aux navires en fichant des pieux à l'entrée et en immergeant des blocs de rochers; par ton ingéniosité admirable, tu as triomphé de la nature même des lieux. (…) La fuite était interdite et elle n'offrait pas plus de secours aux assiégés que si elle avait cessé tout mouvement de retour."

Contexte: L'empereur Constance Ier, père de Constantin et un des membres de la Tétrarchie est mandaté par Dioclétien et Maximien pour mettre fin au pouvoir de l'usurpateur Carausius sur la mer du Nord et sur la Britannia. Constance organise donc un siège particulier; le blocus de la ville de Gesoriacum (Boulogne) et de son port inclus dans ses travaux de circonvallation. En perdant Gesoriacum, Carausius perdait sa tête de pont en Gaule et l'alliance des pirates Francs. Une sorte de "mur de l'atlantique" antique. Des récits de sièges absolument hallucinant; on en trouve de très nombreux exemples dans l'Histoire du Bas-Empire romain (Voir les œuvres complètes de Julien César…)

Pages 89:

6) "VIII (…) Sous les portiques de toutes les cités, des files de Barbares prisonniers sont assises (…) et tous ces êtres répartis entre les habitants de vos provinces, pour servir chez eux attendent d'être conduits sur les terres désolés dont ils doivent assurer la culture. (…) C'est donc pour moi (l'orateur) que labourent à cette heure le Chamave et le Frisons, que ce vagabond et ce pillard peine à travailler sans relâche mes terres en friches (…) Bien plus, s'il est convoqué pour la levée, il accourt, il est maté par la discipline, tenu en bride par les verges et il se félicite de nous servir à titre de soldat romain

(…) Quin etiam si ad dilectum vocetur, accurit et obsequiis teritur et tergo cohercetur et servire se militiae nomine gratulatur.

Contexte: Suite à sa campagne en Batavie, Constance ramène de nombreux prisonniers en Gaules où ils seront répartis sur les terres provinciales. Ici, les Barbares sont transformés en véritables colons pour le plus grand bien de l'Economie et fournissent éventuellement des recrues à l'armée. Avant d'être dispatchés à travers les divers chantiers, les prisonniers étaient regroupés dans les chefs lieues des cités soit pour être vendu comme esclaves soit pour leur assigner des terres. Les Frisons habitaient sur la côte entre le lac Flevo et l'embouchure de l'Ems; les Chamaves au Sud des précédents. Les uns et les autres furent transplantés en Autunois.

Page 91: Locutions latines.

7) "XI (…) Il céda aisément devant les armes et les enseignes romaines."

"(…) Facile Romanis armis signisque."

8) "XII (…) Il construisit une multitude de navires sur le modèle des nôtres, se rendit maître d'une légion romaine, cerna quelque détachements de soldats étrangers (inerclusis aliquot peregrinorum militum cuneis) (…)"

Contexte: quelques appellations issus de brides de phrases tirés du récit de la reconquête de la Britannia par les troupes de Constance. Pour les troupes étrangères (peregrinus) le nom des unités est cuneis de cuneus. Est-il mention ici de l'usage des troupes barbares a former la tête de porc? On ne peut s'avancer plus. Les Francs constituaient les alliés de l'usurpateur Carausius.

Page 92:

9) "XIII (…) Maximien notre maître, empereur éternel, qui, par des raccourcis inconnus, daignas hâter l'arrivée de ta divinité (Constance…) t'établis inopinément sur le Rhin et défendis toute cette frontière non point avec des troupes de cavaliers et de fantassins (equestribus neque pedestribus copiis) mais par la terreur qu'inspire ta présence."

Contexte: Glorification du prestige de Constance par l'orateur. Les termes antithétiques pour désigner dans les textes les cavaliers des fantassins sont toujours Eques/Equites (cavaliers) - Pedes/Pedites (fantassins)

Page 94: Locutions latines.

10) "XV (…) L'homme qui était le porte étendard (signifer) de cette criminelle révolte (Allectus héritier de Carausius et grand perdant du récit…)

Contexte: Péripéties diverses de la reconquête de la Britannia. Signifer: sans commentaire.

Page 95: Locutions latines.

11) "XVI (…) Il (Allectus) ne déploya point son armée ni ne rangea en bataille toutes les forces qu'il traînait avec lui (explicarit aciem)"

"(…) Il s'élança en avant avec les anciens chefs (veteribus) de la conspiration et des bandes de mercenaires barbares (mercennariis cuneis barbarorum)"

Contexte: Aléas des batailles opposant Allectus et Constance, peu précises; on retient qu'une armée déployé en ordre de bataille se dit explicarit aciem de explicatis et de acia qui signifie les grandes lignes composées des unités militaires les plus nombreuses distribuées sur le front du champ de bataille. Les unités barbares de base sont elles encore appelées cuneis…

Page 96:

12) "XVII (…) En massacrant ces ennemis (Constance et Maximien lors de leurs campagnes…) ils sauvèrent la vie aux habitants de vos provinces (les Gaules et les Germanies) et ils leur managèrent, de surcroît le plaisir du spectacle."

Contexte: Il est possible que Maximien et Constance aient livré à travers la Gaule les prisonniers Francs de leurs campagnes extra-limes aux jeux de l'amphithéâtre comme le seront les captifs de Constantin après l'expédition de 306 sur le Rhin…

· Le discours d'Eumène pour la restauration des écoles d'Autun. (Printemps 298). Tome I.

Page 125:

13) "IV (…) Et ils (les empereurs Maximien et surtout Constance) font hiverner chez nous les légions les plus dévouées (…) Ils (idem) veulent que par reconnaissance pour notre accueil, elles s'emploient à notre profit et fassent couler dans les entrailles presque desséchées de la ville épuisée les eaux dont le cours s'étaient interrompu ainsi que des sources nouvelles."

Contexte: Il est clair qu'au Bas-Empire les troupes d'élites occupaient leur quartiers d'hiver à l'intérieur des grandes métropoles. Ce même principe est observé dans le casernement des armées de Julien à Lutèce (Cives parisii) Les études récentes montrent qu'il pouvaient co-exister plusieurs mode d'hébergements. Des quartiers entier au abords des remparts pouvaient être réquisitionné par les actuarii de l'armée. Des petits logements et des boutiques étaient construites pour abriter des troupes à l'intérieur des remparts. Des quartiers de la ville pouvaient être affecté à l'armée au titre de casernement définitif. Enfin les soldats pouvaient encore loger chez l'habitant dédommagés pour l'occasion (jamais très bien d'ailleurs…). Une des principale récrimination de Zosime sur ce nouveau confort militaire. Ici, à Autun en échange de leur accueil les militaires remettent d'aplomb les aqueducs défectueux de la ville.

Page 126: locutions latines diverses.

14) "V (…) Comme s'ils avaient à pourvoir un escadron de cavalerie (Equestri turmae) ou une cohorte prétorienne (cohorti praetoria)."

Contexte: Sans commentaire.

Page 126:

15) "V (…) Ils craignaient que ces jeunes gens (les empereurs craignent pour les élèves des écoles Méniennes, la fameuse académie d'Autun.) à qui l'on devait faire espérer l'accès à tous les tribunaux (tribunalium) ou parfois les fonctions d'enquêteur impérial (ad stipendia cognitionum) ou peut-être même les directions du palais, (palatii magisteria) ne fussent surpris comme par une nuée subite au milieu des vagues de l'adolescence et ne prissent pour guide des modèles douteux d'éloquence."

Contexte: Voici donc les carrières privées ou officielles qui s'offraient à la jeunesse des écoles gallo-romaines. Les universités étaient des pépinières pour haut-fonctionnaires de l'appareil d'Etat romain. En dehors de cette perspective professionnelle, les étudiants pouvaient devenir à leur tour professeurs, rhéteurs, avocats, juges… Il y a à l'époque tardive une grande activité estudiantine en accord avec la diffusion très large (pour l'antiquité…) de la culture. Les Historiens moderne iront jusqu'à parler de "démocratisation de la culture". Au IVe siècle, signe des temps, on est très attaché à ce qui fait l'identité de la romania ou la romanitas. Le bagage culturel commun des élites romaines portant le doux nom de paideia…

· Le Panégyrique de Maximien et de Constantin à l'occasion du mariage de Constantin avec Fausta. Orateur anonyme (31 mars 307). Tome II.

Page 20:

16) "V (…) Bien que tu ais donné beaucoup de preuves de courage et beaucoup de sagesse, alors que tu achevais tes premières armes dans les fonctions de tribun les plus importantes"

Contexte: Nous apprenons ici par le panégyriste que Constantin fut dans ses jeunes années (en tout cas avant son élévation à la mort de son père…) Tribun. On ignore à quelle occasion ni dans quelle campagne militaire mais le traducteur dans son introduction pense qu'il fut Tribun dans l'armée de Dioclétien contre les Sarmates et plus certainement dans l'armée de Galère, César de Dioclétien…

17) "VI (…) Une fillette dont la beauté divine impose déjà le respect, mais pliant sous son fardeau, tient en ses mains et t'offre à toi, Constantin, alors enfant, un casque étincelant d'or et des pierres précieuses, surmonté des plumes d'un bel oiseau. (galeam auro gemmisque radiantem et pinnis puclchrae alitis eminemtem)

Contexte: Il s'agit d'un cadeau de Fausta fille de Maximien à Constantin à leur prime jeunesse. Ce sont en réalité des fiançailles symboliques s'appuyant sur la filiation herculienne. Il semble que Constantin passa son enfance dans le palais impérial de Maximien à Aquilée. Ce type de casque évoqué par l'auteur est complètement vérifié par l'archéologie qui nous a révélé de nombreux modèle de ces casques luxueux sertis de plaquage d'or et parsemés de cabochons de pierreries. Notons ici la présence d'un cimier de plumes d'oiseaux.

· Panégyrique de Constantin. Orateur anonyme (Fin juillet 310). Tome II.
Page 56:

18) "III (…) Tu (Constantin) as voulu grandir en servant aux armées et en affrontant les périls de la guerre; en luttant contre l'ennemi, même en combat singulier, tu as parmi les peuples acquis plus de notoriété, sans pouvoir ajouter à ta noblesse. (crescere militando voluisti et adeundis belli periculis ac manu cum hostibus etiam singulari certamine conscerenda notiorem te gentibus reddidisti, cum non posses esse nobilior)

Contexte: Voici ici aussi une allusion un brin plus précise de la carrière militaire de Constantin avant sont accession à la pourpre. Ce sont des observations analogues au panégyrique de 307. Le combat singulier dont il est question semble être un épisode de la guerre contre les Sarmates sous les auspices de Galère.

Page 58:

19) "V (…) Il (Constance Ier) transporta ces peuples (les envahisseurs de la Batavie; Frisons et Chamaves…) eux même en territoire romain, pour les contraindre à déposer leur caractère sauvage en même temps que leurs armes."

20) "VI (…) Il les établis (Constance Ier établis les prisonniers barbares…) dans les contrées désertes de la Gaule afin qu'elles pussent contribuer à la paix de l'empire romain par la culture, à sa puissance militaire par leurs recrues."

Contexte: Le panégyriste de 310 revient sur les hauts faits du père, notamment sur sa campagne pour libérer le territoire des Bataves. Nous voyons ici réaffirmer le sort des prisonniers Barbares qui oscille entre la paysannerie plus ou moins forcée et le service armé. L'orateur y mêle aussi le récit de la contre attaque de Constance Ier en 298 contre les Alamans qui parvinrent aux portes de Langres. Surpris dans la campagne environnante, Constance put rentrer en se faisant hisser avec une corde sur le rempart. Il dégagea la ville par une sortie et poursuivit les Barbares jusqu'au Rhin. Ils furent taillés en pièce à Vindonissa.

· Discours de remerciement à Constantin. Orateur anonyme (312). Tome II.

Page 90:


21) "II Aussi en ce jour où cette cité (Trèves) qui, jusqu'ici, plus que les autres, jouit de ta présence continue, et c'est un bonheur que lui disputera notre Flavia, te voit entouré de toute la cohorte de tes amis et de tout l'appareil de la majesté impérial. (totus tibi amicorum tuorum comitatus et omnis imperii apparatus…)

Contexte: L'orateur introduit la personne de l'empereur dans son récit en l'interpellant directement. Petite variante du traducteur à partir du latin. Il est dit ici "Comitatus". Il est plus que certain que ce terme partageant le radical avec comitiva, comes indique les troupes, les officiers, la garde au plus proche de l'empereur et qui l'accompagne où qu'il aille comme une escorte réduite pour ses hommes de confiance ou élargie pour ses légions d'élites…


· Panégyrique de Constantin. Orateur anonyme (313) Tome II.
Page 123:

22) "I (…)Si en effet, au cours des expéditions militaires et en plein combat, non seulement les trompettes et les clairons mais aussi les fluttes spartiates passent pour avoir stimulé les énergies (…) (Etenim si in rebus bellicis ipsisque proeliis non solum tubae ac litui, sed etiam Spartanae tibiae icentiuum aliquod feruntur habuisse…)

Contexte: Attention ici nous avons une bombe que la reconstitution ne doit pas laisser passer. L'Orateur en cherchant les raisons aux succès militaires de l'empereur Constantin y va de son petit laïus qui mine de rien nous dévoile que les fluttes spartiates (tibiae) étaient utilisées à la guerre par les romains à l'époque tardive. Ce n'est pas anodin! Déjà Ammien Marcellin nous disait que l'armée romaine à la bataille pouvait marcher au rythme du pas Anapaest. De la même manière lors des entraînement militaires, les soldats dansaient la "pyrrhique". Le puzzle se complète donc par cette mention. Les tibiae, d'origine Grec, (sorte de double flutte à une seule hanse…) était employées à l'époque tardive comme instrument musical!

Page 124: locution latines.

23) "II (…) Quel dieu, quelle puissance si favorable au moment où presque tous tes compagnons (comitibus) et tes capitaines (ducibus) non seulement murmuraient tout bas mais encore affichaient leurs craintes (…)

Contexte: Nous sommes en 312. Constantin part en campagne contre son rival Maxence, fils de Maximien qui tient Rome et l'Italie. Constantin commence ses préparatifs contre l'avis de ses officiers. Ici nous retrouvons le radical commun en terme Comitatus et a tous les autres mots latins signalant un entourage proche. Le terme dux (chef) n'est pas un grade officiel même si on retrouve cette appellation chez les duces limitis des frontières. Il s'agit d'un terme générique. Sous cette appellation, il peut y avoir un nombre important de grades relevant d'une réalité hiérarchique plus consistante. Les officiers sont inquiets, et il y a de quoi. Maxence dispose d'une force armée de 100 000 hommes répartis à la protection des Apennins, fermant les Alpes et affectés à la défense de Rome elle-même. Pour ne pas dégarnir le limes germanique Constantin décide de partir avec un tiers seulement de ses troupes soit 40 000 hommes. Si la campagne fut rapide elle ne fut pas pour autant sans danger. Souvent on ne retient que la bataille du pont de Milvius. En réalité il y eu plusieurs grandes batailles, des sièges, des opérations navales et des blocus (prise de la Sicile, de la Sardaigne et de la Corse…) A ce point du récit, l'état major n'est pas du tout convaincu de la réussite des opérations.

Page 125:

24) "III (…) C'est en effet avec le quart, à peine, de ton armée que tu as franchi les Alpes pour affronter cent mille hommes. (Vix enim quarta parte exercitus contra centum milia armatorum hostium Alpes transgressus…)

Contexte: Sans commentaire particulier…

Page 127:

25) "V (…) Toi (Constantin) tu avais à vaincre des soldats qui naguère, ô crime, étaient Romains, munis de toutes les armes, à la façon de la première catégorie de citoyens (paulo ante Romani, armis omnibus more primae classis armati)

Contexte: L'orateur fustige l'ennemi qu'il qualifie de traître et qu'il humilie en lui refusant le nom de romain. D'un autre coté celui insiste et il le fera a plusieurs reprises sur la très grande qualité de l'équipement de l'ennemi surtout. Il ne faut certainement pas tenir compte de cette vieille référence à la typologie de l'armure fonction du rang social qui renvoie aux plus vieux vestige républicains. Retenons plutôt l'emploi du terme usuel du IVe siècle "armati" désignant les fantassins lourds de l'armée romaine.

Page 127:

26) "VI (…) galerie de mine (cuniculis agendis)"

27) "VI (…) Menée tant avec la fronde, de loin, et les armes de jet qu'avec la lance et l'épée, l'action fut terminée aussitôt qu'engagée et la tentative des rebelles connut immédiatement sa fin. (…nec slum fundis eminus telisque missilibus, sed hastis, gladiis ista res simul coepta et patrata, iunctusque rebellibus fuit conatus et exitus.)

Contexte: Après avoir passé les Alpes, Constantin se trouve confronté à la ville de Suse. Surprit par la vitesse des troupes de Constantin ou mal préparée, la ville est prise sans grand effort en une seul bataille. Une mention supplémentaire de l'emploi de frondeurs (fundis) dans l'armée romaine tardive. De manière générique les auteurs tardifs emplois très souvent le terme de gladius même après le retour à l'épée longue. Le terme "Contus" pour désigner la lance de fantassin à l'époque tardive n'apparaît qu'au VIe siècle avec le Strategikon de Maurice. Chez les auteurs romains des IVe et Ve siècle le terme commun reste encore le mot "hastis/hasta".

Page 128:

28) "VI (…) Mais l'armée (ennemie; celle de Maxence…) était disposée en forme de coin (sed acie in cunei modum structa…), les flancs ramené en arrière et en profondeur, étaient destinés, si tu (Constantin) poussais à fond l'attaque contre la première ligne (cum prima acie…), à faire un mouvement tournant et à envelopper tes soldats engagés dans la bataille. Mais toi, en prévision de cette manœuvre, tu expédias sur ta droite et sur ta gauche des troupes pour la prévenir (…) tandis que toi-même (toujours Constantin) culbutant la pointe adverse malgré sa résistance et mettant toute la ligne en fuite, tu fis au cours de ton avance, un carnage d'autant plus grand que cette ligne avait été constituée et affermie par des réserves (subsidiis) plus importantes.

"Sed acie in cunei modum structa descendentibus retro in altitudinem lateribus, quae, si cum prima acie avide confligeres, reflexa impeditos certamine circumirent. Sed tu id providens praemisisti utrimque qui obviam irent et simul (…) ipse offirmato illo capite deiecto totaque acie in fugam versa amplioribus subsidiis instructa constiterat."

Contexte: L'armée de Constantin avance jusque dans les plaines des alentours de Turin où ils tombent sur un des plus gros contingent de Maxence. Ce texte est un des plus important des panégyriques en ce qui concerne la tactique et ce qu'elle nous apprends sur celle-ci, relayant certaines théories des historiens moderne (Sylvain Janniard…) Il s'agit là de la description la plus précise mais surtout la plus compréhensible d'un des 7 ordres de bataille les plus efficace de la grande tactique romaine: "lunata acies" ou le croissant. Plus que ça, cet extrait nous confirme bien ce que peu de gens savent: (du moins les non spécialistes…) qu'il existe en réalité deux formation en "cuneus" (coin ou encore triangle). Le grand cuneus à l'échelle du macro-système et des grandes lignes de bataille (acia) et le petit cuneus appelé dans le jargon militaire "tête de porc" (porcis caput) à l'échelle du micro-système (ordo/ordines) Pourtant, Végèce déjà faisait une distinction peu claire mais surtout mal comprise ou mal lu. Le petit cuneus est aussi celui qui s'emploie pour transformer un ligne complète de cohortes et de centurie en "serra" ou le "forfex"; la scie ou les ciseaux que mentionne encore Végèce. De tacite à Végèce le coin est régulièrement mentionné désignant chez les barbares tantôt un ordre de bataille conventionnel ou des unités d'hommes standard, tantôt chez les romains l'ordre de bataille annonciatrice d'un évolution en croissant à l'échelle la plus large ou la formation en tête de porc agencées par quelques centaines d'hommes. A l'échelle de la grande tactique d'ensemble le centre renforcé se situe en avant tandis que les deux ailes se déploie un brin en arrière du centre. Le dessin formé par cet ordre de bataille est celui d'une pointe soit le convexe du croissant: c'est le cuneus! Lorsqu'il y a engagement, le centre reflux progressivement face à celui de l'ennemi sans toutefois céder à la pression adverse ( les lignes ne doivent pas se déliter…) et voit les troupes ennemis pousser leur avantage tandis que les ailes amis doublent progressivement l'ordonnance pour se rabattre ensuite sur les flancs adverses. Cette évolution forme comme un croissant! Le cuneus n'est ici qu'une étape de l'ordre de bataille "lunata" acies". Les reconstituteurs toute époque confondue souvent amalgame le petit au grand cuneus. Il est important de faire la distinction; ce ne sont objectivement pas deux choses identiques. Pour prévenir l'effet du croissant, Constantin renforce ses ailes en profondeur de façon à lui offrir un flanc plus large…

Page 130:

29) "VIII (…) Le malheureux (le préfet du prétoire de Maxence, Pompeianus) ne devait amener une armée plus considérable que pour entraîner avec lui dans le désastre un plus grand nombre de compagnons (…) tu (Constantin) aima mieux l'affronter avec des forces moindres (minore exercitu)

" (…) Cum parte copiarum ad arcessenda auxilia muris excesserit maiorem miser adducturus exercitum ut maiore comitatu cladis occideret."

Contexte: Après lors défaite des plaines de Turin, le parti de Maxence envoie une armée de renfort commandée par le préfet du prétoire de Maxence; Pompeianus. En réalité Constantin en est encore à faire le siège de Vérone au moment où cette puissante armée lui est annoncée. Constantin ne peut pas se permettre de lever le siège laissant la garnison ennemie sur ces arrière. Il divise donc ses troupes en deux et prend personnellement le commandement du contingent allant à la rencontre de Pompeianus. Les forces en présence sont déséquilibrés, l'armée de Constantin réduite (minore exercitum). Dans la version latine, il est dit de l'armée de Pompeianus "auxilia muris" ce qui doit plutôt se comprendre dans son acception de "renfort", d'auxiliaires à la défense de Vérone (la place forte ou les murs…). Remarquez de même que les compagnons sont encore appelés "comitatu"

Page 130:

30) "IX Et tout d'abord a ce que j'entends dire, tu avais disposé ton armée sur deux lignes (aciem instruxeras duplicem…) puis, apercevant le nombre de tes adversaires, tu fis aussitôt déployer tes rangs face à eux et donner à ton front de bataille (in frontem ordines) une plus large extension."

"Et primo quidem, ut audio, aciem instruxeras duplicem, mox proviso adversarium numero explicari statim in frontem ordines et extendi latius arma iussisti (…)"

Contexte: Ici un passage très intéressant. La remarque de l'orateur sur le ouïe dire peut nous laisser penser que l'auteur travailla son allocution avec l'aide de personnages haut-placés ou témoins des événements relatés. La pertinence de l'initiative tactique d'élargir les rangs au niveau des lignes d'hommes (ordines) n'est en rien l'invention d'un poète mais bien le conseil d'un général avisé tel qu'on en retrouve sur les traité d'arts militaires grecs et romain tout comme chez Frontin et Végèce. Cet épisode ne fait donc aucun doute sur sa réalité historique. Inférieur en nombre, pour faire douter l'adversaire sur son avantage et pour éviter de se faire tourner Constantin ordonne l'ouverture des rangs et un déploiement (explicari…)sur deux ligne (Duplex Acies) au lieu de trois (Triplex Acies) Elargissant ainsi son front mais se privant de réserves cruciales. Une manœuvre aussi risqué que nécessaire.

Page 131:

31) "IX (…) Tu (Constantin) avait tout prévu, tout réglé, tu t'étais acquitté pleinement des devoirs d'un commandant en chef. Pourquoi as-tu combattu de ta personne? Pourquoi t'es tu jeté au plus épais des bataillons ennemis? (in media hostium tela deueneris…) Pourquoi as-tu mis en si grand péril le salut de la République (Res publicam) Crois-tu que nous ignorons qu'emporté par une ardeur excessive, tu t'es trouvé soudain au milieu des traits ennemis et que, si tu ne t'étais pas ouvert un chemin avec l'épée, tu trompais l'espérance et les vœux (…) te jeter au milieu de tous ces traits et de ces épées (inter tot tela gladiosque versere…)

32) X (…) Une fois l'ennemi taillé en pièces et mis en fuite après la mort même de leur chef (duce), est-ce que tes compagnons et tes tribuns (comites et tribuni…) en larmes ne t'ont pas eux-même saisi; n'ont-ils pas étreint ta poitrine haletante, tes mains sanglantes et toute ta personne sortie du carnage comme d'un bain de sang (…)"

Contexte: Péripétie de la bataille. Constantin charge aux milieu des lignes ennemies (il est fort possible qu'il avait sous son commandement le centre de son armée…) Au IVe siècle, et si on croise cet élément avec d'autres extraits d'Ammien Marcellin, il est très mal vu de l'état major que l'empereur se batte en personne. C'est un sentiment ambivalent puisque dans les faits l'occasion n'est pas rare: Maximien, Constance Ier, Constantin Ier, Constantin II, Julien, Valentinien, Valens, Gratien… sont au moins assurés d'avoir participé en personne à plus d'un combat. Reste que lorsque l'empereur se bat les hommes de troupes sont fiers de partager le danger avec leur chef suprême. Les officiers ont parfois cette fierté mais ont plus d'appréhension pour la santé de leur prince qui remet le destin dans l'Empire dans les mains de la divine fortune. De plus il sied mal qu'un être quasi divin se rabaisse à se souiller dans une tache qui ne lui incombe pas là où des centaines d'hommes de condition inférieurs sont prêt à donner leur vie. C'est sans doute ici que réside la subtilité de l'engagement personnel du Prince au combat qu'on imagine mal complètement solitaire face au danger. Il faut le retenir; malgré la réalité archéologique il est rare que l'épée soit appelée par son nom (spatha) pour les romains et si il n'ait pas besoin de rentrer dans le détail, une spatha reste un glaive! (gladios) Petite erreur de traductions, ici il n'est pas forcément question des "compagnons" de Constantin mais plus certainement compte tenu du contexte des officiers de Constantin; les tribuns (tribuni) et les comtes militaires (comites)

Page 133.

33) "XII: (…) "Et les faux recourbées se transforment en épées rigides" (et curuae, inquit, rigidum falces conflantur in ensem…)

Contexte: L'orateur cite un ancient et très célèbre proverbe latin. Celui-ci signifie que reviennent les temps de la guerre. Les faux, outils agricole pacifique, issus d'une science pacifique sont maniés par de paisible paysans avant que ceux-ci ne retournent à leur état de soldat où le fer est employé a forger des épées: C'est la guerre, paysans et soldats, la nature duelle de l'homme!

Page 134:

34) "XIII (…) La vie humaine, si longue à élaborer, doit, s'il est possible, être toujours préservée, tandis que le fer est facile à trouver et se plie à tous les usages. Aussi le métal qui pouvait reprendre forme, tu (Constantin) l'as fondu, mais ce qui ne se renouvelait pas, tu l'as conservé."

Contexte: Spécial dédicace Alex: Manifestement, il semble admis chez les romains qu'il n'est ni difficile de trouver du fer ni difficile de le travailler… (cf: conversation mouvementée à Aubechies…)

Page 136:

35) "XVI (…) Mais comment a-t-il rangé son armée en bataille (quodmodo instruxit aciem tot annorum vernula prupuratus)? (Maxence et ses troupes non loin des Murs de Rome au Pont Mylvius…) De façon que personne ne pût absolument s'échapper, que pas un soldat, obligé de reculer, comme il arrive, ne put faire un pas en arrière et reprendre le combat, puisque de front il était en contact avec ton armée (celle de Constantin) et que son arrière touchait au cours du Tibre.

At quomodo instruxit aciem tot annorum vernula purpuratus? Ita prorsus ne quis evadere, ne quis, ut fit, loco motus referre gradum et instaurare proelium posset, cum a fronte armis, a tergo Tiberi amne premeretur…"

Contexte: C'est la fameuse bataille du Pont de Mylvius ( été 312) qui clôture la conquête de Rome et de l'Italie. Contrairement à ce qu'affirme l'orateur, se battre sous les murs d'une ville est un signe de confiance certainement plus parlant que la défense de murailles par des assiégés. Maxence dispose encore de forces considérable et peut-être ici encore plus nombreuses que celles de Constantin. La bataille est risquée, et le panégyriste raille le vaincu uniquement à des fins propagandistes. Reste que la confiance de Maxence est aussi à l'origine d'un erreur tactique manifeste. En adossant son armée au Tibre et en ne laissant des possibilité de retraites qu'aux points de jonctions des ponts (il n'y en a pas qu'un en réalité, mais plusieurs ponts provisoires sont construits pour l'occasion) Maxence favorise un encombrement sans nom et un goulot d'étranglement à l'origine d'un véritable massacre (Relaté d'ailleurs sur l'arc de Constantin…). La défaite venue, Maxence fait retraite vers les Murs de Rome dans le plus grand désordre pourchassé par les troupes de Constantin. Comme un malheur n'arrive jamais seul les ponts s'effondreront sous le poids de l'armée en fuite. Maxence se noiera dans le Tibre. Outre cet épisode historique célèbre, cet extrait est très intéressant dans sa formulation, surtout pour ceux d'entre nous qui théorisons sur les possibilités de retraits des hommes en cours de combat. Même si l'auteur reste sur le plan d'une armée entière dans l'incapacité de tourner sereinement les talons l'extrait :"… que pas un soldat, obligé de reculer, comme il arrive, ne put faire un pas en arrière et reprendre le combat…" lui, nous place à l'échelle de l'homme en particulier qui doit, comme cela se fait couramment d'après l'auteur, quitter son emplacement (loco motus) d'un pas en arrière - le pas unique est sans doute imagé – pour pouvoir reprendre par le suite le combat. C'est aussi en ce sens que se comprend la phrase latine (ne quis, ut fit, loco motus referre gradum et instaurare proelium posset) En latin (instaurare proelium posset) il est même question de restaurer ses capacités à combattre. Ce qui nous place sans conteste du point de vu du fantassin et non de son unité. Il peut s'agir là d'un effet de style du Rhéteur, malgré tout, cette citation peut être accordée avec les quelques autres (comme celle d'Ammien Marcellin…) que nous avons relevé sur ce thème des retraits de lignes individuelles.

Page 137:

36) "XVI (…) a-t-il (Maxence toujours…) voulu entraîner avec lui le plus grand monde possible, afin que tous ceux qui avaient participé à ses crimes fussent aussi ses compagnons (comites) dans la mort."

37) "XVI (…) Il (Maxence) avait beau marcher en armes au combat (in proelium ingrederetur armatus…), en sortant du palais il avait déjà abdiqué l'empire.

38) "XVII (…) Quand le Tibre eut englouti ces impies et le chef lui-même, avec son cheval et ses armes éclatantes (Cum impios Tiberis hausisset, ipsum etiam illum cum equo et armis insignibus…)

Contexte: De ces trois note retenons l'essentiel. La correspondance linguistique entre l'appellation de compagnon et le grade de comte militaire (comes rei militaris). La locution courante "d'armatus" pour désigner le fantassin en cuirasse complète et que nous nommons "fantassin lourd". Enfin une remarque d'importance. L'empereur au combat se distingue par ses armes (armis insignibus) le "décor" de celles-ci, leurs formes, leurs richesses, leurs matières, leurs qualités. Du moins tel qu'il est souvent noté: Il est il est impossible de ne pas distinguer l'empereur d'un autre soldat quel que soit la nature et la qualité d'équipement de ce soldat (officier, fantassin lourd ect…)

Page 142:

39) "XXIV (…) Il est aisé de triompher de peuples craintifs et sans courage, tels qu'en font naître l'aimable Grèce et l'Orient voluptueux, qui supportent à peine pour se garantir du soleil un manteau léger ou des voiles de soie et qui à l'heure du péril, oublient la liberté et supplient qu'on leur accorde la servitude. Mais le soldat romain, quel qu'il soit, plié à la règle par la discipline et fortifié par la religion du serment (Romanum vero militem, quem qualemque ordinat disciplina et sacramenti religio confirmat…) ou les Francs, gonflé, pour toute nourriture, de la chair des bêtes sauvages, qui méprisent la vie en raison de la misère de son genre d'existence, quelle difficulté pour les vaincre ou les faire prisonnier!"

Contexte: Après avoir relaté la campagne de Constantin contre les Francs, l'Orateur témoigne du regard romain porté sur le provinciale ou "l'étranger". Condensé de stéréotypes remontant à Cicéron, la rudesse barbare est opposée à la perfection romaine. Toutefois, signe des temps, le barbare n'est pas exclu de toute qualité. Il est un guerrier âpre et méritant. Il ne faut pas sous estimer la valeur sacramentelle du serment militaire et l'esprit de religiosité véhiculé dans l'armée romaine et dans l'expression de sa symbolique. Le rapport du soldat à son unité, aux images et à la figuration de ses valeurs divinisées, enfin à la figure impériale porte en soi la manifestation vivace de la ferveur religieuse, et de manière quasi fanatique. C'est un aspect rarement évoqué lorsque l'on pense à l'armée romaine; pourtant il est non seulement très prégnant mais aussi très normalisateur.

Page 143:

40) "XXV (…) C'est avec raison que le sénat t'a récemment consacré, Constantin, une statue sous la forme d'un dieu et que l'Italie t'a quelque temps auparavant dédié un bouclier et une couronne, le tout en or (…)

"Merito igitur tibi, Constantine, et nuper senatus signum dei et paulo ante Italia scutum et coronam, cuncta aurea dedicarunt…"

Contexte: Comme souvent, les empereurs reçoivent de leur sujet de nombreux cadeau pour les honorer ou en signe de remerciement. Retenons, que le terme désignant le bouclier dans cet extrait est celui de "Scutum". Il est le plus courant dans les texte d'époque tardive. En revanche il semble indistinct du second terme le plus employé qui est celui de "Clipeus". (Voir autre exemple dans cette même synthèse…)

· Panégyrique de Constantin par Nazarius (1er Mars 321) Tome II.
Page 172:

41) "VII (…) Afin que tes légions foudroyantes (celles de Constantin) pussent exterminer des troupes effroyables ( celles de Maxence…) où l'armure de fer donnait aux corps une résistance inconnue (ut horrendas acies, ut incognita ferri et corporum robora fulmineus miles everteret…) , afin que tu pusses, dans une heureuse rencontre, ruiner tous les plans qu'avait dressé un crime si longuement machiné (dans cette version c'est Maxence qui déclare la guerre à Constantin…)"

Contexte: Entrée en matière du panégyrique de 321. Nazarius revient à son tour sur la campagne d'Italie de 312. Une nouvelle fois, l'orateur nous fait part de l'exceptionnelle qualité de l'équipement militaire de l'armée de Maxence. Les armures et surtout leur profusion étonne les adversaires de Maxence. Une nouvelle preuve que l'infanterie lourde était loin d'être en "décadence" au ce début de IVe siècle.

Page 177:

42) " XIV (…) Il flambait je ne sais quel feu redoutable sur leurs boucliers étincelants et leurs armes célestes brillaient d'une lumière terrifiante.

"Flagranbat verendum nescio quid umbones corusci et caelestium armorum lux terribilis ardebat…"

Contexte: En réalité, dans ce passage, il s'agit d'une armée symbolique épaulant du monde invisible les actes de Constantin. Celle que lui accorde la divinité (qui n'est pas encore le christ mais sans doute une entité solaire comme Sol ou Apollon dont Constantin fut l'adorateurs de longue années (et même après sa supposée conversion au christianisme…) commandée par Constance, le père de Constantin en personne. Ici il y a bien une erreur de traduction. Là ou la traducteur écrit "bouclier" il est en réalité question de l'umbo, qui, étant en métal à plus de chance d'étinceler que l'ensemble du bouclier en lui-même (Encore que le umbo à l'époque tardive pouvait être peint aux couleurs de l'épisème…)

Page 180:

43) "XVII (…) Tu (Constantin…) fus porté de là par l'irrésistible élan de tes victoires, à travers les lignes qui t'étaient opposées (inde per obiectas acies…) et les armées (exercitus) qui marchaient contre toi, jusque sous les murs de Rome.

Contexte: Rien à signaler. Mention du terme "ligne de bataille" (acies) et du terme latin armée qui s'écrit "exercitus" (d'exercice, une parenté d'origine qui n'est pas dû au hasard).

Page 180:

44) "XVIII (…) Tu (Constantin…) vas vers les barbares (les Francs…) et, dissimulant tes vêtements impériaux (dissimulatio principis habitu…) tu t'approches d'eux le plus possible avec deux compagnons.

Contexte: Constantin lors de sa campagne contre les francs parti avec une poignée d'homme en mission de reconnaissance et d'espionnage sur les positions ennemies. A cette occasion, il se déguisa ou cacha (les vêtements antiques sont suffisamment amples pour cela…) les marques de sa conditions. Dans tous les cas, cette marque de courage personnel devait s'accompagner d'infinis précautions. Théodose en son temps recourra aux mêmes mesures pour espionner en personne les Goths.

Page 182:

45) "XIX (…) Tu (Constantin) avais, en effet, une armée (exercitus) vigoureuse et puissante, pleine de force et de courage; (Aderat enim robustus et florens, plenus virium…) heureuse de porter les armes, elle s'acquittait de ses obligations militaires avec une sorte de passion plus que par la contrainte, comme une armée qui compte moins d'année de service que de batailles, (quippe cui stipendia sint pauciora quam proelia…) et quand je parle de batailles, j'entends des victoires (…)"

Contexte: Descriptif de la valeur militaire et la motivation de l'armée de Constantin à la veille de la campagne d'Italie.

Page 183:

46) "XXII (…) Ils avaient couvert d'une si nombreuse armée l'immensité de la plaine que leur confiance ne paraissait pas déplacée à qui les voyait rangés en bataille [ Qui instructos videret] Quel spectacle dit-on, s'offrit alors! Quelle chose affreuse à voir, quelle chose effrayante que ces chevaux et ces hommes également bardés de fer! C'étaient les "clibanaires" [Clibanaris] comme on dit à l'armée [in exercitu nomen est] A la partie supérieure, les cavaliers couverts d'une cuirasse; du poitrail des chevaux une cotte de maille qui leur pendait jusqu'aux pattes les défendait contre le danger des blessures sans entraver leur marche."

Contexte: Constantin pénètre en Italie et cumule quelques succès aisés avant la prise de Suse. Suite à la capitulation de la ville, Constantin va se trouver confronter a sa première grande bataille contre les forces de Maxence. C'est la bataille des plaines de Turin où le panégyriste s'attarde sur la composition de l'armée ennemie. Une infanterie lourdement armée et surtout des cavaliers lourds cataphractaires ou clibanaires.

Page 184:

47) "XXII (…) Cet étalage d'armes, ces troupes carapaçonnées de fer [Illa armorum ostentatio et operti ferrp exercitus] qui eussent blessé des yeux moins aguerris (…) Ces cuirassiers [Cataphractos Equites], qui était dans la bataille l'élément le plus solide, tu te les réserves à toi-même. Leur tactique de combat, est la suivante: quand ils ont enfoncé la ligne adverse, ils poursuivent l'attaque et, invulnérables aux coups, ils brisent sans s'arrêter tout ce que leur est opposé."

Contexte: Suite du descriptif de l'ordre de bataille ennemi et détail de la tactique des cataphractaires qui, comme on le voit ici, emploient sans ambiguïté la charge frontale.

48) "XXIV (…) Comme le parti le plus sûr était d'éviter ceux dont le choc était le plus difficile à soutenir, tu ouvres ton front de bataille, tu laisses les ennemis se lancer dans une attaque qu'ils ne pourront ramener en arrière, puis, de tes bataillons refermés sur eux [reductis agminidis inclidis] tu cernes ceux que tu avait admis dans tes lignes pour t'en faire un jouet. Rien ne leur servait de pousser droit devant eux, puisque tes soldats, à dessein, leur cédaient le terrain. La rigidité de leur armures de fer [ferreus rigor non dabat] ne leur permettait pas de se détourner afin de poursuivre l'adversaire. Ainsi les nôtres attaquent avec leurs massues les hommes qui leur sont livrés: pourvues de nœuds redoutables et ferrés, [clavis adoriuntur, quae gravibus ferratisque nodis…] elles épuisaient sous leurs coups un ennemi invulnérable et surtout, lorsqu'elle heurtaient les crânes, elles faisaient tomber ceux que le choc avait étourdis. Alors, ils s'abattaient la tête en avant, ils glissaient en arrière, ils chancelaient à demi morts ou ils étaient retenus, mourants, à leur selle, ils gisaient unis dans la mort, pêle-mêle avec leurs chevaux qui, blessés à un défaut de la cuirasse, jetaient à terre leurs cavaliers ça et là dans l'affolement de la douleur.

Contexte: Déroulement de la bataille proprement dite. Cet extrait est certainement l'un des plus intéressant de l'ensemble des panégyriques. il est l'évocation d'une tactique de combat complètement inédite qui vient compléter le "Contra Alanos" d'Arrien et la courte mention à la bataille d'Andrinople d'Ammien Marcellin d'une méthode rationnelle de combat contre une cavalerie lourde. Encore une fois on est tenté d'y voir une source d'information extérieur au talent et à l'emphase de l'auteur. Un récit purement militaire de la bataille. En effet rien ne manque. Du déploiement tactique au mouvement des troupes, du stratagème à l'originalité des armes. C'est la première fois que l'on entend l'emploi de la masse d'arme chez les fantassins. Une arme opportuniste qui répondait au besoin du moment et une arme dont la puissance de choc était le contre parfait à la lourde cuirasse des cavaliers. Voici donc un morceau tout a fait saisissant loin de tout académisme de la rhétorique.

Page 186:

49) "XXVI (…) Au milieu des lignes ennemies tu (Constantin…) t'avances sans peur (acies interribus vadis…), tu enfonces les bataillons les plus épais (densissima) tu les renverses, tu les écrases (…)"

Page 187:

50) "XXVI (…) Ni le son saccadé des trompettes (Nihil enim te permouent tubarum…)

51) "XXVI (…) Ni les épées heurtées dans la mélée (…) ni le choc des armes qui retentit au loin (…) (illisi cominus gladii, cadentum graves gemitus, arma late strepentia…)

Contexte: Quelques locutions latines de plus… La convention littéraire accepte à contrario de la mode du temps l'emploi du terme gladius désuet dans le vocabulaire militaire mais emprunt d'un attachement indéfectible chez les écrivain du temps. Plus que cela, si on suit Végèce, Le terme Spatha ne serait que le terme technique au glaive du temps. Loin de considération morphologique de l'arme, pour les romains le glaive et l'épée ne font qu'un.

Page 188:

52) "XXVIII (…) il (Maxence) choisit pour combattre un terrain qui lui interdisait toute retraite et lui imposait le nécessité de mourir (…) Que la ligne fléchisse, (Relaxauerit acies…) que le front se laisse enfoncer et cède (frons impulsa titibauerit…) le soldat met sa confiance non plus dans ses bras mais dans ses pieds.

Contexte: Grand moment du panégyrique de Nazarius, la célèbre bataille du pont Milvius (évidemment ici, nous n'avons aucune allusion ni au miracle chrétien ni au labarum et aux chrismes peints sur les boucliers…) Lisez bien les notes suivantes 53 et 54, elle sont le reflet parfait de tout bon manuel de tactique militaire de l'époque. Tout ce qu'un bon général doit accomplir pour s'assurer la victoire. Excepté l'erreur de Maxence, il est dit qu'il faut veiller à ce que le front ne soit trop étendu au risque d'amincir ses lignes. Que l'Acia doit être aussi profonde que large pour éviter soit d'être tourné soit d'être enfoncés. Les renforts (subsidia) à l'arrière, augmentent encore ce dispositif. Ce sont des fondamentaux de tactique et de stratégie que l'auteur, cette fois sans avoir forcément recours à des témoins ou des aides, aurait pu très bien avoir accès dans les livres. Les artifices de la rhétorique faisant le reste; un ennemi surpuissant qui de toute façon sera vaincu et dont toute la gloire d'une victoire improbable rejaillira sur son grand ordonnateur.

Page 189:

53) "XXVIII (…) La multitude en était su grande que son armée déployée s'étendait au delà de ce que l'œil pouvait embrasser. Ce n'est pas à dire que son front s'étirât sans force sur une étendue qui lui ôtât toute résistance (non quo frons imbecilla tractu invalido duceretur…): au contraire, il était soutenu par de si puissant renforts et de telles rangées de combattants, que sa ligne de bataille avait autant de solidité que d'ampleur et qu'elle offrait ce double prodige de n'avoir pas été raccourcie par la concentration ni amincie par la longueur. (Sed tanta subsidiorum atque ordinum confirmatione ut acies non porrectior quam robustior mirum utrumque praeberet, quod eam nec constipatio contraxisset nec longitudo tenuaret)"

Contexte: Voir commentaire si dessus. Les rangées de combattants sont dits en latin Ordinum. "L'ordo" renverrait dès lors non pas à la ligne mais au rang. De plus en plus nous avons remarqué l'importance équivalente du maintien du rang et de la ligne…

54) "XXIX (…) La plus haute des obligations d'un prince (Principis… le panégyriste s'adessant a Constantin…) est de conserver la direction du combat, s'il vient à suspendre ses coups, mais toi, aussi prompt à agir qu'à ordonner, tout à la fois tu commande d'un mot ton armée (simul execitus tuos monitu regis…) , tu la soutiens de ton action, tu l'enflammes de ton exemple.

Contexte: Une fois de plus, ces considération morales sur les qualités d'un bon général en chez pourrait se retrouver dans une livre. Précision toutefois. Ici il n'est pas choquant de voir l'empereur se battre en personne, au contraire, cette action est magnifié. La réalité est toute autre, Les généraux de Julien par exemple, sermonneront leurs chef pour son imprudence et sa témérité au combat. Constance II connu pour la qualité de son entraînement et ses vertus guerrières ne fera que diriger ses troupes de l'arrière. Retenons qu le chef idéal est un homme prudent et avisé payant de sa personne mais gardant toujours le contrôle de ses armées et de la bataille.

55) "XXIX (…) Le premier, tu attaques la ligne ennemie (Invadis primus aciem, solus irrumpis…), seul tu fonds sur elle. Tu vas (Constantin…), et les traits lancés en vain contre toi te dérobent à la vue (Obumbrant euntem telorum irriti iactus…); sous le choc résonne ton bouclier qui les brave (sonat ictibus umbo securus…). Les hommes qu'à renversés ta lance énorme (Quos trabalis hasta deiecit…) sont foulés au pieds et écrasés par ton cheval. Ton casque glorieux resplendit et aux feux étincelants de ses gemmes il révèle ta tête divine (Fulget nobilis galea et corusca luce gemmarum divinum verticem monstrat…). L'or brille sur ton bouclier, l'or brille sur tes armes. (Auro clipeus, auro arma collucent…)

Contexte: Beaucoup de détails qui sonnent justes dans ce fragment. Mais le latin affine la qualité de ces éléments. Constantin attaque en personne la première ligne du dispositif ennemi (Acia…) tandis que contrairement à la traduction qui simplifie le contenu, ce n'ai pas le bouclier à proprement parler qui résonne et qui protège Constantin mais son "Umbo", la bosse centrale et métallique du bouclier qui dès lors se comprend mieux lorsque l'on sait que celui-ci peut être de Fer ou de Bronze. La lance est bel et bien dénommé "Hasta"… Le plus beau, le casque gemmé et resplendissant que l'archéologie elle même atteste de nombreuse fois dans la mise à jour de casque recouvert de feuille d'argent dorés et de cabochons de verreries. Enfin, le terme Clipeus à l'exception de Lydus est un pur synonyme du Scutum chez les auteurs tardifs et ne différencie ni ne distingue le bouclier de manière particulière.

Page 191:

56) "XXXI (…) derrière cette troupe que lui faisait cortège (…) (Sequebatur hunc comitatum suum tyranni…)

Contexte: "Comitatus" est toujours a comprendre dans le sens d'un entourage proche qu'il soit de nature militaire ou civil.

· Discours de remerciement à Julien par Claude Mamertin (1er Juin 362). Tome III.

Page 21:

57) "VI. (…) L'empereur qui, sous le poids d'une lourde armure, brûlait les étapes d'une longue route (…) (Imperatorem longam viam su gravium armorum onere currentem…)

Contexte: Episode de la traversée de l'Illyrie à l'occasion de l'éphémère conflit opposant Julien à Constance II. Mamertin insiste sur l'extrême rapidité des mouvements de l'armée de Julien. Le terme Arma ainsi que tous ses dérivés et déclinaisons pourvus d'un épithète ou d'un adjectif renvoyant au champ lexical lié au poids est a comprendre dans le sens non pas d'un armement lourd mais de "cuirasse complète" caractéristique du fantassin dit lourd.

Page 37:

58) "XXIV (…) Aussi les armes, les soldats avec leurs épées et leurs javelots n'ont point à protéger ta personne; ils ne sont qu'une parure habituelle de la majesté impériale. (Arma igitur et iuuenes cam gladiis atque pilis non custodiae corporis sunt, sed quidam imperatoriae maiestatis sollemnis ornatus…)

Contexte: Ce passage entier est fortement inspiré de Sénèque. Ceci expliquerait l'emploi des termes Gladius et Pilus comme un simple attachement aux conventions littéraires.

59) "XXIV (…) J'affirme que nul n'a été chérit par un ami unique plus que tu ne l'es, empereur, non seulement par ta suite et de tes tribuns, mais aussi de toutes les légions, des cavaliers et des fantassins, même des simples soldats. (Nego quempiam ab uno amico plus dilectum quam tu, imperator, non modo a comitibus et tribunis tuis, sed a legionibus cunctis, equitibus ac peditibus, gregariis etiam militibus diligaris.)

Contexte: Mis a part l'exhortation de la faveur dont jouissait Julien dans son gouvernement. Un attachement semble-t-il sincère quelque soit la source littéraire de référence Ce passage nous donne surtout le vocabulaire latin désignant les branches de l'armée romaine. Si on se base sur le thème développé par l'auteur, il est fort à parier que "Comitibus" renvoi non pas à une suite civile mais belle et bien militaire.

Page 38:

60) "XXV (…) Si quelqu'un se distingue par ses qualités d'hommes de guerre et par sa réputation militaire, il compte au nombre de tes amis. (Si quis praestat virtutibus bellicis et laude militiae, in amici habetur…)

Contexte: Julien donnait ses avancements au mérite uniquement et refusait toute influence extérieure dans ses choix ou recommandations diverses. Il éditera une loi dans ce sens qui débouche vers un épisode comique de l'Histoire d'Ammien Marcellin. Les soldats apprenant la prochaine promulgation de la Loi s'empressèrent de demander les dernières faveurs avant qu'elle ne s'applique officiellement…

Page 41:

61) "XXIX (…) L'allégresse excessive oublie les convenances et la gravité. Les toges s'agitaient, les corps se livraient à ses transports sans que les individus, pour ainsi dire y prissent garde. (Nimiae laetitiae decoris sunt et gravitatis immemores. Illa iactatio togarum, illa exultatio corporum nescientibus paene hominibus excitabatur…)

Contexte: Toute les sources confirme que Julien fut très populaire de son vivant et encore aimé bien après sa mort…

Page 42:

62) "XXIX (…) Il nous demande ce qu'il nous plait de faire en raison de notre pouvoir consulaire, prêt a remplir son devoir de sénateur, soit que nous jugions à propos de nous rendre au tribunal ou de convoquer l'assemblée ou de monter aux Rostres. Mais c'est à la curie que nous conduisaient les volontés du Sénat, suivant l'usage de ce jour. Il offre aussitôt à nous accompagner et, encadré à droite et à gauche par les consuls en robe prétexte il s'avance sans se distinguer beaucoup de ses magistrats par le genre et la couleur du vêtement. (Itaque comitem se statim praebet et utrumque latus consilibus praetextatis tectus incedit, non multum diffrens a magistratibus suis genere et colore vestibus…)

Contexte: Le Panégyrique de Julien fut lu à la curie du sénat de Constantinople tout de suite dans la foulée de sa prise de pouvoir effective et sa reconnaissance par les deux parties de l'Empire. Il passa une partie de sa vie et de son éducation à Constantinople qui lui valu de nombreuses amitiés et quelques inimitiés (surtout chez plusieurs des futurs grands représentants chrétiens…) Julien affecta toujours de respecter les ancienne traditions. Son comportement envers les sénateurs, son accessibilité fait parti de sa volonté politique de réaffirmer l'autonomie de des Cités et le retour à un gouvernement libéral. Il portait souvent l'habit du philosophe et l'ancien habit impérial. Il réduisit l'étiquette protocolaire et tenta de gommer les influences orientales. Il essaya toujours de s'adapter mais échoua à Antioche. Malgré tout il ne daignait pas pour autant les honneurs et avait une haute estime de sa fonction. Au IVe siècle le vêtement sénatorial n'est pas très différents des siècles précédents. Toutefois sur la base des diptyques d'ivoires du Ve siècle Constantinopolitain et Romain l'habit consulaire était richement orné…

· Panégyrique de Théodose Ier Par Pacatus (389) tome III.

Pages 102-103:

63) "XXXV (…) Enfin voici la lumière: déjà l'armée hérissait la plaine. La cavalerie répartir aux ailes (cornua equites) les voltigeurs placés devant les enseignes (leves ante signa velites) les cohortes disposée par manipules, les légions déployées en carré (agmina quadratae legiones) et portant à grand pas leur marche en avant, avaient à perte de vue occupées tout le terrain. La bravoure n'en était pas encore à faire ses preuve que déjà la discipline triomphait. Quand les deux lignes (acies) se furent avancée à portée de javelot, quand de part et d'autre des nuages de traits et de flèches eurent été lancés et qu'on en vint à combattre avec l'épée, tes soldats pleins du souvenir de leur antique valeur, du nom romain, de leur empereur enfin, soutinrent de leur bras la cause nationale. (effusis hinc inde iaculorum sagittarumque nimbis res venit ad capulos, milites pristinae virtutis, Romani nominis, imperatorum denique memorem causam publicam manu agere) Les ennemis songeant à leur tâche mercenaire, à l'Italie qu'ils avaient déchirée, au seul espoir qui leur restât et qui était en leur épée (in ferro) combattaient avec le désespoir des gladiateurs, sans reculer d'un pas, sur place ils tenaient ou tombaient. ( gladiatoria desperatione pugnare nec gradu cedere, sed in vestigio stare vel cadere.)

XXXVI. Mais lorsque leur ligne fut ébranlée qu'une brèche fut ouverte dans leur front (acies fronsque laxata) lorsqu'ils n'eurent plus confiance que dans la rapidité de leurs pieds, ils s'en allaient tête baissée ou fuyaient en masse et se retardaient mutuellement dans leur précipitation. Soldats en armes (armati) ou désarmés indemnes ou blessés, premiers et derniers rangs (primi postremique) tout était confondu. Les tiens (miles/tes soldats) les harcelaient de loin et de près , de l'épée et de la lance (gladiis hastis) les frappaient d'estoc et de taille (punctim [de punctum/punctus: pointe, piqûre] caesim [de caesa/caesae: taillade, coup de tranchant] ferire) Les uns talonnaient les fuyards, les autres les blessaient dans le dos ou les perçaient d'un javelot (iaculis) ceux qui ne pouvaient atteindre à la course. Armes et traits, (arma tela [ de telum: toute arme de trait: arme de jet, traits, flèches javelots]) hommes et chevaux, vivants et morts, corps étendus sur le ventre ou sur le dos gisaient ça et là ou en tas. Ceux-là les membres mutilés et tronqués, s'enfuyaient avec ce qui restait d'eux-mêmes; ceux-ci s'abandonnaient à la douleur de leur blessures; les autres frappés à mort se trainaient vers les forêts et vers les fleuves et là ils exhalaient leur dernier souffle, pleins d'admiration pour ton nom (Théodose Ier) et maudissant leur chef (ducis).

Contexte: Récit de la bataille opposant Théodose Ier à l'usurpateur Maxime venue de Bretagne après l'assassinat de l'empereur Gratien d'Occident. Il s'agit de la bataille de Poetovio qui eu lieu en 388. Théodose vient d'Orient avec des forces considérables composées du plus grands rassemblement de peuples barbares jamais assemblés. Il renouvellera l'exploit en 394 contre la Magister Arbogast. Le récit de cette batille bien que courte, est précise et d'une grande cohérence et logique (placement des hommes enchaînement des phases de combats…) Une bataille très classique dans son déroulement et dans la lignée des récits d'Ammien Marcellin bien loin de la prose habituellement emphatique de la rhétorique des panégyristes.

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