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 Sujet du message: Les références militaires dans l'oeuvre de Zosime.
Nouveau messagePublié: 05 Sep 2008, 20:00 
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Extraits d'Histoire Nouvelle de Zosime. (238-410).
(Agent du fisc à la cour de Constantinople. VIe siècle Ap.-J.C.)

Edition Paléo 2003.


Synthèse par Damianus.

1) "Il (Constantin) fit des levées dans tous les pays qu'il avait réduits sous son obéissance: en Germanie, en Gaule, en (Grande)-Bretagne, et amassa jusqu'à quatre vingt mille hommes de pied, et jusqu'à huit mille chevaux. (…) Maxence avait une armée beaucoup plus nombreuse. Rome et l'Italie lui avaient fourni quatre vingt mille hommes; Carthage et l'Afrique, quarante mille. La Sicile en avait aussi fourni un nombre considérable, si bien qu'il avait sous ses enseignes cent-soixante-dix mille hommes d'infanterie et dix-huit mille de cavalerie."
Livre II (305-353) page 53.

Contexte: Nous sommes dans les années 308-312. Constantin et Maxence s'occupent à leurs préparatifs guerriers avant leur premier engagement. Zosime est connu pour l'exagération de ses chiffres mais il est intéressant de souligner que ses effectifs en temps de guerre civile peuvent aussi très bien expliquer par la suite le redéploiement de troupes et les futurs réformes militaires qu'engagera Constantin. En effet, on ne démobilise pas une armée aux effectifs trop important au risque de susciter la révolte et le trouble!

2) "Constantin commanda à l'heure même à ses gens de prendre leurs rangs, et dès que les deux armées furent en présence il donna le signal à la cavalerie de commencer l'attaque. Elle fondit avec une telle vigueur sur celle de Maxence qu'elle la mit en déroute. Son infanterie combattit aussi en bon ordre aussitôt qu'il en donna le signal. Le combat fut fort rude (…) et il en mourut une quantité incroyable, qui furent écrasés par les chevaux, ou percés par l'infanterie. Tant que la cavalerie de Maxence combattit, il lui resta quelques espérances, mais dès qu'elle eut plié, il prit la fuite comme les autres, par le pont vers la ville; et le pont s'étant rompu, il tomba au fond du Tibre."
Livre II (305-353) page 54.

Contexte: C'est en 312 qu'eut lieu successivement la bataille des Rochers rouges puis la débandade du pont de Milvius (bizarrement, c'est toujours la seconde partie de cet épisode qui est cité alors qu'il n'est que le dernier rebondissement…) Toute cette partie de l'ouvrage d'Ammien Marcellin nous manque et c'est bien dommage car lui seul en tant qu'ancien militaire, et se considérant comme un émule de Tacite, aurait pu relater cette bataille avec un luxe de détails et une précision qui manque à Zosime. Comme beaucoup d'Historiens du IVe au VIe siècle ceux-ci ne sont que des abréviateurs, des compilateurs et des commentateurs. On perd donc beaucoup comme ici avec Zosime en éléments concrets. On se rend seulement compte de la préciosité du témoignage d'Ammien Marcellin. Cela dit Zosime nous révèle tout de même certaines réalités comme le combat d'infanterie en ordre et le rôle important de la cavalerie à cette bataille. Mais ici aussi, nous y reviendrons, les considérations de Zosime sont à prendre avec circonspection…

3) "En étant venus à un rupture ouverte (Licinius et Constantin), ils amassèrent tous deux leurs troupes, et se préparent au combat. Licinius assembla les siennes à Cibalis (…) Licinius rangea son armée en long, afin que les ailes en fussent plus fortes. Constantin rangea la sienne sur la montagne, et mit la cavalerie à la tête, pour soutenir le choc des ennemis que l'infanterie n'aurait peut-être pas pu soutenir, a cause du désavantage de l'assiette. (…) Après que les deux armées eurent lancé quantité de traits, elles commencèrent à combattre avec les javelots, depuis le matin jusqu'au soir, et l'aile que Constantin commandait demeura victorieuse. (…) Les deux armées tirèrent d'abord quantité de traits, mais lorsque les carquois furent épuisés, ils se servirent de la lance et du poignard. Comme les deux parties combattaient fort vaillamment, les cinq mille que Constantin avait envoyé poursuivre Licinius survinrent, et descendirent d'une hauteur pour se joindre au reste de leur parti, et pour envelopper les ennemis de toute parts."
Livre II (305-353) page 55 et 56.

Contexte: Octobre 317. Première victoire de Constantin sur Licinius à la bataille de Cibalae en Pannonie puis une seconde fois au Campus Ardiensis en Thrace. Une fois, les troupes de Constantin affrontent un adversaire plus nombreux. Mais par deux fois il obtint l'avantage qui permis une nouvelle "entente", sommes toute assez précaire. Dans cet extrait donné par Zosime nous avons une référence explicite à la tactique employée par Licinius. Celui-ci étend sa ligne de front et renforce ses ailes pour déborder les flancs d'un ennemi inférieur en nombre. Constantin, en revanche a pour lui une position défensive plus avantageuse. Notons ici l'emploi de la cavalerie sur le front da sa ligne de bataille et l'emploi en quantité des traits et des armes de jets. Chronologiquement dans le déroulement de la bataille nous pouvons envisager un nombre assez impressionnant de projectiles tels des flèches, puis des javelots et autres lances avant d'en venir aux mains… Cela ressemble aussi beaucoup à la tactique de l'époque byzantine. Des unités d'archers importantes, et un premier rôle pour la cavalerie. Est-ce une déformation de conception proto-byzantine dûe à l'époque de rédaction? Ou bien la tactique réelle employée ici spécifiquement par Constantin? Utilisation du poignard? A quel type d'arme cela correspond-t-il? Troupe de réserve pour un mouvement tournant sur l'ennemi Licinius. Cet extrait est assez intéressant…

4) "Constantin, ayant appris que les Sarmates, qui habitent près de la Méotide, avaient traversé le Danube et qu'ils faisaient le dégât sur ses terres, mena ses troupes contre eux. (…) Les autres (les Sarmates survivants…) ayant demandé composition, il les fit prisonnier, et s'en retourna dans son palais. Les ayant distribués dans les villes de l'empire, il alla à Thessalonique, où il fit faire un port au lieu où il n'en n'avait jamais eu, et il se prépara à recommencer la guerre contre Licinius."
Livre II (305-353) page 57.

Contexte: Grande victoire de Constantin sur les Sarmates. C'est à cette occasion que ce peuple fut en partie déplacé et intégré dans les provinces frontalières de leurs anciens établissements. Il est aussi évoqué le Goût édilitaire de Constantin qu'on retrouve dans toutes les parties de l'empire où il résida…

5) "(…) Mais Constantin renversant tout ce qu'il y avait de plus sagement établi divisa cette charge en quatre, et fit quatre préfets du prétoire."
Livre II (305-353) page 65.

Contexte: Zosime évoque les réformes nombreuses misent en place par Constantin. Pourtant, cet auteur, un païen particulièrement convaincu, est systématiquement hostile à Constantin dès qu'il aborde la question de son œuvre politique. Ici, de ce fait, il se trompe. La préfecture du prétoire à déjà été multipliée par Dioclétien afin de servir et les Augustes, et les Césars.

6) "Au lieu qu'en toutes les provinces de l'empire les gens de guerre étaient commandés par des centeniers, par des tribuns et par des capitaines, qui tenaient la place des préteurs, ce prince établit des Maîtres de la Milice, dont l'un avait sous lui l'infanterie, et l'autre la cavalerie, avec pouvoir de réprimer les désordres et de châtier les coupables (…) Constantin ouvrit aussi la porte aux barbares pour venir faire le dégât sur les terres de l'empire. Car Dioclétien, ayant par une sage prévoyance, mis des garnisons dans toutes les places frontières, comme je l'ai déjà dit, les barbares ne pouvaient plus faire irruption d'aucun coté, sans trouver des troupes qui les arrêtaient. Constantin, au contraire, retira les garnisons des frontières, et les mit en des villes qui n'en avaient aucun besoin. Ainsi il exposa les unes à la violence des étrangers, et désola les autres en leur donnant des gens de guerre qui ne servaient qu'à les piller, et amollit les courage des gens de guerre en leur donnant sujet de s'abandonner à la débauche."
Livre II (305-353) page 66-67.

Contexte: Commentaire sur les réformes militaires de Constantin. Constantin créateur officiel des Maîtres de la Milice. Zosime nous fait aussi part de la nouvelle stratégie que Constantin met en place sur les frontières. Une fois de plus c'est le versant négatif qui est privilégié par Zosime. Il faut toutefois prendre en considération le temps des guerres civiles qui augmentent les effectifs et les nombreuses campagnes de Constantin pour comprendre ce que les spécialistes appelle "la défense en profondeur" où la "défenses élastique". Pourtant, le casernement dans les cités s'avérera une disposition des plus efficace…

7) "Magnence chef des Joviens et des Herculiens, nom de deux légions".
Livre II (305-353) page 71.

Contexte: Magnence, futur usurpateur de Constance II est cité comme commandant des Herculiani. Sans doute une reprise du texte d'Ammien Marcellin…

8) "Les cavaliers arrivés depuis peu de l'Illyrie pour servir comme recrue aux légions des Gaules, se joignirent à ceux qui s'étaient assemblés pour cette proclamation, et tous les commandants ayant délibérés ensemble et reconnu que Magnence était déjà salué en qualité d'empereur, ils l'appelèrent tout d'une voix Auguste."
Livre II (305-353) page 71.

Contexte: Cet extrait est intéressant! Il nous indique que des recrues enrôlés dans une provinces pouvaient être tout de suite affecté à un autre secteur Géographique. Cela démontre de la mobilité toujours d'actualité des légions.

9) "Il y avait vis à vis de la ville un cirque destiné depuis longtemps aux combats, et entouré de tous coté par une forêt. Il (Magnence) cacha dedans quatre bandes de Gaulois, avec ordres d'en sortir à l'improviste lorsqu'il aurait commencé le combat contre Constance, et de tailler ses gens en pièces. Mais les habitants ayant découvert cette embuscade. Constance envoya deux capitaines, Scholidas et Manade, avec des soldats pesamment armés, choisis dans toutes ses troupes, qui, s'étant emparés des portes du cirque et les ayant ouvertes, et étant montés au haut des degrés, tirèrent sur les Gaulois. Ceux-ci ayant mis leurs boucliers sur leurs têtes, et ayant taché de rompre les portes, furent accablés de traits, de sorte qu'il n'en réchappa aucun."
Livre II (305-353) page 77.

Contexte: Une anecdote amusante préludant à la bataille de Mursa en 351. Un piège est tendu par Magnence et échoue lamentablement. Nous y voyons ici des troupes de fantassins lourds et des soldats pratiquant le fulcum pour ses protéger…
10) "Les chefs du parti de Magnence combattaient comme les soldats et les animaient par leur exemple à ne point faire de quartier (…) Je ne crois pas devoir omettre ce qu'on raconte de ce Ménélaüs (capitaine des archers à cheval tiré d'Arménie). On dit qu'il tirait trois traits du même coup avec le même arc, et qu'il frappait trois personnes. Il tua de la sorte un grand nombre de soldats du parti de Magnence et peu s'en fallut qu'il ne le mit en déroute. Il fut tué par Romulus, chef de l'armée ennemie. Romulus fut tué lui-même d'un coup qu'il reçut de Ménélaüs. Mais, tout blessé qu'il était, il ne cessa de combattre, jusqu'à ce qu'il eut tué celui de qui il avait reçu le coup mortel."
Livre II (305-353) page 78.

Contexte: 353: Bataille de Mursa. Plusieurs choses dans cet extrait méritent d'être souligné. D'abord, tout comme le mentionne déjà Ammien: Les sous officiers, tout comme les officiers d'unités de plus ou moins grande échelle payent de leur personne. Ils se battent parmi les hommes, à leur coté, dans la ligne de front. Ensuite nous avons aussi dans ce passage, si nous le prenons pour argent content, un exploit digne des récits d'Homère. Ces deux officiers s'engagent dans une lutte personnelle mortelle. La dextérité de l'archer renvoie de même aux héros mythiques tant prisés jusqu'à nos jours.

11) "Il y avait une aile composée de six cents cavaliers sur la valeur et sur l'expérience desquels il (Julien César) fondait principalement ses espérances. Lorsque le combat fut engagé, tous les autres Romains ayant signalés leur courage, il n'y eut que ceux-ci qui lâchèrent pied et qui, quelque devoir que Julien fit pour les ramener et pour les exhorter à partager la gloire de la victoire avec leurs compagnons, ne voulurent jamais retourner à la charge. Julien étant donc irrité de ce qu'autant qu'il était en eux, ils avaient livré ceux de leur pays et de leur parti aux Barbares, au lieu de les punir du châtiment établi par les lois, en inventa un autre, qui fut de les habiller en femmes et de les faire passer en cet équipage au milieu de l'armée, jugeant que cette peine serait plus insupportable que la mort à des hommes qui faisaient profession des armes. Lui et eux, tirèrent un notable avantage de ce châtiment: car pour effacer cette tache dont l'infamie était toujours présente à leurs esprit, ils se signalèrent sur tous les autres dans le second combat qui fut donner contre les Germains."
Livre III (354-363) page 83-84.

Contexte: 357; Bataille de Strasbourg. Cet extrait à la particularité d'être complètement original. En Effet, Ammien ne relate pas la punition des Cataphractaires défaillant de cette bataille. Qui plus est, l'anecdote est drôle! Notons l'effectif de l'aile à 600 cavaliers… Les fameuses ailes "quingénaires" ou "milliaires" à géométrie variable de l'antiquité tardive.

12) "Il y avait parmi les barbares un hommes d'une taille extraordinaire, et d'un courage égal à sa taille, qui était accoutumé de courir et de piller avec eux. Cet homme ayant quitté sa nation pour s'établir chez les Gaulois, sujets des Romains, demeurait à Trèves, la plus grande ville qui soit au delà des Alpes. Ayant vu, avant que Julien eu reçu le pouvoir de commander en ces pays là, que les barbares couraient et pillaient les terres qui sont au delà du Rhin, il avait eu envie de réprimer leur insolence; mais comme il n'était point autorisé , il se cachait au commencement dans les bois, et lorsque les barbares étaient accablés de vin et de sommeil, il coupait la tête au plus grand nombre qu'il pouvait, et les apportait dans la ville. Les barbares étaient étonnés de voir diminuer leurs troupes, sans savoir d'où venait cette diminution. D'autres voleurs s'étant joints à Charietto, car c'est ainsi qu'il s'appelait, et sa troupe s'étant fort grossie, il déclara son secret, qui n'était su auparavant que de fort peu de personnes. Julien ayant considéré combien il lui était difficile d'empêcher les brigandages que les barbares exerçaient durant la nuit, parce qu'ils se dispersaient de coté et d'autres, et que dès la pointe du jour il se cachaient dans les bois pour y manger ce qu'ils avaient amassé, se trouva obligé d'employer contre eux cette troupe de voleur, aussi bien qu'une milice réglée.
Zosime, Histoire Nouvelle (238-410), Livre III (354-363) page 87-88, Edition Paléo 2003.

Contexte: Ici aussi ce passage est complémentaire de l'Histoire d'Ammien Marcellin, car Zosime nous relate le Curriculum Vitae de Charietto, chose qu'Ammien passe sous silence. Charietto est donc un barbare qui a décidé de vivre sur les terres de l'empire et d'employer son savoir faire contre les déprédations de son propre peuple. Cet extrait nous révèle donc, outre son avancée sociale. L'utilisation de milices de Cité qui ne semblent pas être officiellement approuvée, mais, si ce n'est exceptionnel du moins personnel et illégale. Enfin, notons l'emploi de la tactique de guerria et du recourt à l'assassinat.

13) "Le Surena (général en chef de l'armée Perse…) étant sorti avec quelques troupes d'une ville d'Assyrie, fondit à l'improviste sur les éclaireurs de l'armée romaine, tua un des trois tribuns, mit le reste en déroute, et prit une des enseignes faite en forme de dragon, telles que sont pour l'ordinaire celles que les Romains portent dans les armées. L'empereur (Julien…) indigné de cette petite disgrâce fondit sur les troupes du Suréna, les mit en déroute, reprit l'enseigne; et étant allé droit à la ville où le Suréna avait attaqué ses éclaireurs, la prit et y mit le feu. Il dégrada le chef des éclaireurs qui avait laissé prendre l'enseigne, et qui avait préféré sa vie à la gloire du nom romain, et le regarda toujours depuis avec mépris, aussi bien que ceux qui avaient eu part à la honte de sa fuite."
Livre III (354-363) page 99-100.

Contexte: 363; campagne de Julien en Perse. Ce passage de l'expédition de Julien est connu. Plusieurs éléments intéressants. Un des trois tribun est tué, et une enseigne a été prise par l'ennemi, vraisemblablement celle du tribun tué. Nous savons par Végèce que l'enseigne de la cohorte pour l'armée romaine est le draco; l'enseigne en forme de dragon. (cela est aussi confirmé par la liste des grades produite par Jean le Lydien…) Nous pouvons en conclure qu'à l'époque de Julien le tribun est le commandant de la cohorte. Il y aurait donc un tribun par cohorte, ce qui expliquerait mieux le nombre impressionnant de tribun cité dans les Annales tardives! En revanche nous restons toujours dans le flou concernant l'effectif réel de la cohorte et de la légion de l'époque.

14) "Les éclaireurs en étant les premiers venus aux mains avec un parti de Perses, un nommé Macamée se jeta presque au milieu d'eux et en tua quatre. Mais plusieurs étant accourus à l'heure même sur lui, ils le massacrèrent. Maurus, son frère; arracha son corps d'entre leurs mains, perça celui qui lui avait porté le premier coup, et ne cessa de frapper jusqu'à ce qu'il eu remporté son frère au camp des romains où il donna encore quelques signes de vie".
Livre III (354-363) page 105-106.

Contexte: Cet épisode est aussi connu. Il marque aussi la présence dans l'armée romaine de haut-faits individuels loin des rigueur de la discipline tant éprouvée. Ici motivé par l'amour fraternel il est vrai….

15) "Les Perses fondirent avec leurs chevaux et avec quelques éléphants, sur l'aile droite de son armée où étaient les Joviens et les Herculiens, qui sont des compagnies établies autrefois par Dioclétien et Maximien, dont l'un avait prit le surnom de Jupiter, et l'autre celui d'Hercule, et les incommodèrent notablement. N'ayant pu soutenir les efforts des éléphants, ils prirent la fuite."
Livre III (354-363) page 108.

Contexte: 363; Retraite des Romains du territoire Perse par Jovien fraîchement élu à l'Augustat. Nous avons là une version différente donné par Zosime. En effet, chez Ammien ce sont ces deux légions qui mirent en déroute les éléphants des Perses. Chez Zosime, ce sont les Romains qui sont mis en fuite.

16) "Dès le commencement de son règne (Théodose…) renversa l'ordre qui avait été établi parmi les officiers, et multiplia leurs charges. Au lieu qu'il y avait auparavant qu'un général de la cavalerie et un de l'infanterie, il en fit cinq, surchargea le public du fond de leur paie, et exposa les soldats en proie à l'avarice et à la violence de leur commandants. (…) L'Empereur Théodose ne multiplia pas seulement les grandes charges, mais il multiplia celle des tribuns, tellement que les soldats ne touchaient plus rien de ce qui les appartenait des deniers publics.(…)On voyait les marques des dignités entre les mains des banquiers, des partisans, et d'autres personnes infâmes. Cette mauvaise administration réduisit en peu de temps les bonnes troupes à un petit nombre, et les villes à une extrême pauvreté. "
Livre IV (364-394) page 132-133.

Contexte: Sous Théodose (379-395) s'opèrent de nouvelles réformes. Nous pouvons donc suivre l'évolution chronologique du haut commandement depuis Dioclétien. D'abord une séparation du pouvoir où les Augustes confèrent un commandement général des troupes aux César affiliés (Constance Chlore; Galère Armentarius) lui-même délégué aux différents préfets du prétoire comme Constance Chlore le fit en donnant la mission à Asclépiodotus de soumettre le successeur de Carausius en (Grande) Bretagne. Les préfets du prétoire n'ont donc pas encore complètement perdus leurs prérogatives militaires. Après les réformes de Dioclétien, le préfet devient un administrateur régional. Zosime nous confirme que c'est bien Constantin qui créé la dignité de Maître de la milice divisé en maître d'infanterie et en maître de cavalerie. Sous Théodose les Maîtres de la milice se multiplient comme on peut le voir dans la Notitia Dignitatum; apparaît dès lors les Maîtres de la milice Praesentalis (à la cour…). C'est important de connaître l'ordre de cette évolution. Si vous regardez mes plus anciennes synthèses j'avais moi-même tendance à mettre tout dans le même sac, de Dioclétien à Théodose… J'exagère, mais ces précisions m'aident à comprendre le mouvement de l'Histoire. Zosime souligne aussi la multiplication des tribuns, militaires, mais sans doute aussi civiles… Tribun des notaire, par exemple, mais une élévation au tribunat donne aussi le droit à un commandement militaire même limité. Cela grève considérablement le budget à une époque où le recrutement devient difficile, et la diminution de la paie et les détournements de fond sont aussi à l'origine de l'abaissement des effectifs. Les Tribuns et haut-officiers s'enrichissent de manière inflationniste et creuse un fossé sociale entre le commandant et l'homme de troupe; là où jusqu'à présent le IVe siècle était connu pour voir sortir du rang des hommes de condition modeste. Une élévation qui devait donner un certain esprit de corps à l'ensemble de l'armée. Sans toutefois négliger les rapports d'hommes à hommes, faveurs et recommandations nombreuses en ce siècle.

17) "l'Empereur Théodose, voyant que les armées étaient fort diminuées, permit aux barbares qui habitent au delà du Danube de le venir trouver, et leur promit de les enrôler parmi ses troupes. (…) L'Empereur résolut d'en envoyer une partie en Egypte, et de rappeler d'Egypte une partie des garnisons, dont il remplirait la place (un casernement en Macédoine requérant des renforts …) (…) Les troupes rappelées d'Egypte ne firent aucun désordre, et payèrent tout ce qu'elles prirent, au lieu que les barbares ne payèrent rien, et enlevèrent les vivres dans les marchés avec la dernière insolence. Les uns et les autres se rencontrèrent à Philadelphie, ville de Lydie, où les Egyptiens qui étaient en moindre nombre que les barbares observaient exactement l'ordre qui leur avait été donné par leurs chefs, et où les barbares prétendaient avoir droit d'en user d'une autre manière. Un marchand ayant demandé le prix de sa marchandise, un barbare, au lieu de la payer, lui donna un coup d'épée; le marchand ayant crié au secours, celui qui se présenta pour le secourir fut blessé aussi bien que lui. Les Egyptiens, touchés de pitié, prièrent les barbares de s'abstenir de ses violences qui convenaient mal à des personnes qui témoignaient vouloirs vivre selon les lois romaines. Mais au lieu de déférer à leurs prières, ils firent main basse sur eux, et alors les Egyptiens n'étant plus maîtres de leur colère, fondirent sur ces barbares, en tuèrent plus de deux cents, dont quelques uns tombèrent dans un égout. Les Egyptiens leur ayant fait connaître par cet exploit que s'ils n'étaient plus modérés il se trouverait assez de gens qui réprimerait leur insolence, ils se séparèrent et continuèrent leur chemin. Les barbares étaient commandé par Hormisdas, fils de cet Hormisdas qui avait fait la guerre sous Julien contre les Perses. Quand les Egyptiens furent arrivés en Macédoine, et qu'ils se furent joints aux troupes du pays, on n'apporta point d'ordre pour les distinguer, et on eut aucun égard à l'état qui avait été dressé de l'armée."
Zosime, Histoire Nouvelle (238-410), Livre IV (364-394) page 134-135,Edition Paléo 2003.

Contexte: Entre 379 et 386, et suite au désastre d'Andrinople qui voit se propager les Goths partout dans les provinces orientales de l'empire; Théodose engage une politique alternant répression et tentative d'assimilation. Après une période de reprise en main aux allures de guerre d'extermination, cet empereur pourtant philo-barbare souffle le chaud et le froid. D'une part, ses troupes diminuées par la coupe sombre d'Andrinople (quasi-disparition des armées Comitatenses d'Orient…) et les difficultés économique, est obligé de faire appel aux barbares pour renflouer ses effectifs. D'autre part, il se méfie, à bon escient, d'une concentration de troupes barbares à l'intérieur de l'empire et à trop grande proximité des frontières communes. Il décide donc d'affecter les troupes barbares le plus loin possible de leur lieu d'origine et rappelle de ses provinces des troupes aguerries à la discipline romaine éprouvée. Cet extrait entre complètement dans cet état de la politique de Théodose. Etant extrêmement riche et vivant (à la différence de la quasi totalité de l'ouvrage de Zosime) je me permets donc de le donner dans son intégralité. Plus qu'un simple constat, cet épisode est un instantané particulièrement précieux des profondes mutations qui s'opèrent dès lors dans l'armée romaine de cet fin de IVe siècle. Ce témoignage démontre les véritables prodromes d'un déclin, et du fossé irrémédiable qui séparent d'un coté les troupes barbares incorporées dans l'armée romaine (attention il ne s'agit pas ici de fédérés mais bien de troupes officiellement engagés dans l'armée romaine…) des armées romaines traditionnelles d'origine provinciales.(les Egyptiens étant au moins dans les cités hellénisées, des citoyens romains; ils sont donc des soldats romains à part entière. Mais il est vrai que le cas de l'Egypte est assez compliqué. De plus, la composition provinciale des armées n'est jamais complètement endogène comme nous l'avons déjà vu dans d'autres extraits…) Nous voyons bien ici un véritable choc des cultures entre des barbares insoumis, bêtes et gratuitement violents envers un monde civile qu'ils méprisent, et une armée romaine provinciale peu nombreuse mais discipliné, sensible à la romanitas et solidaire par delà les frontières avec ses frères de culture. Une fois affectées en Macédoine et malgré des qualités guerrières supérieures aux barbares, ces troupes ne retrouvent pas l'antique discipline militaire. L'art gréco-romain qui fit tant la différence de par les siècles commence à disparaître; une nouvelle ère se profile.

18) "Il y a dans la Scythie, province de Thrace, une ville appelé Troesmis, dont Gérontius, homme fort considérable par la force extraordinaire de son corps et par ses talents remarquables dans la guerre, commandait la garnison. Il y avait, hors de la ville, de jeunes étrangers, qui avaient été choisis entre autre par l'empereur pour leur adresse et pour leur bonne mine et qui ne reconnurent, et qui ne reconnurent ses bienfaits que par le mépris qu'ils firent du gouverneurs et des soldats. Gérontius ayant reconnu qu'il tramaient le dessein d'attaquer la ville, communiqua aux soldats de sa garnison la résolution qu'il avait prise de faire une sortie pour réprimer leur insolence. Mais, ayant trouvé que bien loin d'oser attaquer les barbares, ils tremblaient en leur présence, il sortit seul avec un petit nombre de ses gardes. Les barbares se moquant de la témérité avec laquelle il s'exposait à un péril si évident, envoyèrent contre lui les plus vaillants qu'il y eut parmi eux. Il attaqua le premier qui se présenta devant lui, jeta la main sur son bouclier, combattit vaillamment jusqu'un à ce qu'un de ses gardes abattit l'épaule du barbare, et le fit tomber de son cheval. Gérontius en attaqua d'autres à l'heure même et les étonna par sa hardiesse. Les soldats de la garnison qui avaient été d'abord comme interdits par la crainte, ayant vu du haut des murailles la valeur de leur gouverneur reprirent courage, et, se souvenant de la vertu romaine, fondirent sur les barbares et en tuèrent un grand nombre."
Zosime, Histoire Nouvelle (238-410), Livre IV (364-394) page 142-143, Edition Paléo 2003.

Contexte: Nous restons toujours dans le registre des hostilités ouvertes entre des armées barbares acceptées et incorporées à l'armée romaine et des armées romaines plus traditionnelles. Dans cet extrait, un soupçon de pillage est le Casus Belli. Plus qu'un combat, parmi tant d'autres, ce témoignage nous indique une profonde incompréhension de part et d'autres de ces hommes. Il n'y a plus de processus d'acculturation pour la base, et il n'y a pas de reconnaissance. Ce sont deux mondes qui cohabitent difficilement. Outre cet état de fait. Ce fragment est certainement un des plus intéressant pour le sujet qui nous intéresse. En effet, Zosime, une fois n'est pas coutume, nous décrit précisément l'action. Gérontius accroche le bouclier de son adversaire, son ailier et garde du corps assène le coup. Nous avons des brides de combats collectif relaté dans une situation de semi-défi… aussi, les troupes romaine tarderont à retrouver de leur courage. On ne sait pas trop si il s'agit à proprement parler d'un combat de cavalier à cavalier ou si les romains combattent à pied des cavaliers ennemis. Dernier éléments sympathique. La garnison mentionné à Troesmis ne serait-elle pas la vielle Secunda Herculia retrouvé par l'archéologie et devenu au temps de Théodose une troupe de limitanei? Cela m'a toujours interrogé le fait que l'on retrouve les traces d'une secunda Herculia en Thrace mentionné par la notice des dignité en même temps que les légions Palatinae des Herculiani Seniores et Iuniores… Alex si tu as une idée?

Fin de la notice de synthèse pour l'œuvre de Zosime…

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 Sujet du message: Re: Les références militaires dans l'oeuvre de Zosime.
Nouveau messagePublié: 18 Nov 2008, 22:59 
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Damien, aurais tu connaissance d'études détaillées sur l'usurpation de Maxime et notamment sur son action militaire contre Gratien en Gaule ?

La discussion fait actuellement rage sur l'Arbre Celtique. Je te laisse te faire une opinion si tu as le temps d'absorber les 7 pages du sujet qui est d'ailleurs quelque peu parti en vrille :
http://www.forum.arbre-celtique.com/vie ... php?t=4726

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 Sujet du message: Re: Les références militaires dans l'oeuvre de Zosime.
Nouveau messagePublié: 19 Nov 2008, 00:09 
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Une étude détaillée sur le personnage non, par contre je te conseille la lecture de cet excellent ouvrage, les rapports entre Maxime et Théodose sont débattus: "La fin de l'Empire romain d'Occident 375-476" de George André Morin, Edition du Rocher 2007. Sur les opérations militaires, pas grands chose à part le panégyrique de Pacatus à la gloire de Théodose aux éditions des Belles Lettres, et la description de la bataille de Poetovio:

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 Sujet du message: Re: Les références militaires dans l'oeuvre de Zosime.
Nouveau messagePublié: 20 Sep 2009, 02:48 
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Inscrit le: 16 Mar 2009, 15:05
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Damianus a écrit:
12) "Il y avait parmi les barbares un hommes d'une taille extraordinaire, et d'un courage égal à sa taille, qui était accoutumé de courir et de piller avec eux. Cet homme ayant quitté sa nation pour s'établir chez les Gaulois, sujets des Romains, demeurait à Trèves, la plus grande ville qui soit au delà des Alpes. Ayant vu, avant que Julien eu reçu le pouvoir de commander en ces pays là, que les barbares couraient et pillaient les terres qui sont au delà du Rhin, il avait eu envie de réprimer leur insolence; mais comme il n'était point autorisé , il se cachait au commencement dans les bois, et lorsque les barbares étaient accablés de vin et de sommeil, il coupait la tête au plus grand nombre qu'il pouvait, et les apportait dans la ville. Les barbares étaient étonnés de voir diminuer leurs troupes, sans savoir d'où venait cette diminution. D'autres voleurs s'étant joints à Charietto, car c'est ainsi qu'il s'appelait, et sa troupe s'étant fort grossie, il déclara son secret, qui n'était su auparavant que de fort peu de personnes. Julien ayant considéré combien il lui était difficile d'empêcher les brigandages que les barbares exerçaient durant la nuit, parce qu'ils se dispersaient de coté et d'autres, et que dès la pointe du jour il se cachaient dans les bois pour y manger ce qu'ils avaient amassé, se trouva obligé d'employer contre eux cette troupe de voleur, aussi bien qu'une milice réglée.
Zosime, Histoire Nouvelle (238-410), Livre III (354-363) page 87-88, Edition Paléo 2003.

Contexte: Ici aussi ce passage est complémentaire de l'Histoire d'Ammien Marcellin, car Zosime nous relate le Curriculum Vitae de Charietto, chose qu'Ammien passe sous silence. Charietto est donc un barbare qui a décidé de vivre sur les terres de l'empire et d'employer son savoir faire contre les déprédations de son propre peuple. Cet extrait nous révèle donc, outre son avancée sociale. L'utilisation de milices de Cité qui ne semblent pas être officiellement approuvée, mais, si ce n'est exceptionnel du moins personnel et illégale. Enfin, notons l'emploi de la tactique de guerria et du recourt à l'assassinat.


Ce passage est important parce qu'il nuance beaucoup les théories du "péril barbare" sévissant tant à la frontière que dans l'armée romaine. Ici, ce fameux Charietto me semble un exemple très intéressant du pouvoir d'attraction que pouvait revêtir l'Empire pour les Germains. Cette volonté d'intégration, de faire parti de la Romania permet de mieux cerner l'attitude des soldats barbares intégrés dans l'armée romaine, et également leur faculté à risquer leur vie pour la défense d'un Empire leur étant au premier abord étranger et parfois hostile.

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Scribant reliqua potiores, aetate doctrinisque florentes. quos id, si libuerit, adgressuros, procudere linguas ad maiores moneo stilos. Amm. XXXI, 16, 9.


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