wallia a écrit:
Quels critères utilisez-vous pour distinguer les sous-officiers des officiers?
Les officiers subalternes des officiers supérieurs et ceux-ci des officiers généraux?
Paie et indemnités, statut social?
Comme il n'y a pas d'école militaire dans le sens moderne du terme, peut on utiliser le niveau d'éducation nécessaire pour occuper un poste ? ou un illétré peut-il être préfet s'il a un secrétaire pour s'occuper du courrier?
En faisant la comparaison avec les structures modernes des unités d'infanterie, le sous-officier commande directement de 8 à 40 hommes, peut en gérér beaucoup plus. L'officier subalterne (company grade) commande de 30 à 200 hommes, l'offficier supérieur de 120 à 1200 et l'officier général de 1200 à
beaucoup plus.
Selon ce critère de taille de l'unité commandée, les Milites Principales jusqu'avant le Primicerius et les adjoints seraient des officiers subalternes, du Primicerius au tribun on trouverait les officiers supérieurs (field grade) et au-dessus les officiers généraux.
Je pense qu'il n'est pas utile de faire une distinction entre sous-officiers subalternes et supérieurs (junior and senior NCOs).
Difficile pour moi de répondre entièrement à ta série de questions, n'ayant pas moi-même une éducation militaire moderne de base qui me permettrait d'opérer un comparatif sûr. Honnêtement je ne pense pas qu'un tel comparatif puisse être possible mais voici ce que je peux dire des problèmes que tu soulèves.
La hiérarchie militaire romaine étant tout de même pyramidale on peut identifier les officiers généraux des autres assez aisément. Je serais tenté de placer l'ancien préfet de légion parmi eux tout comme son équivalent dans la cavalerie mais pour notre période nous serions tout de même loin du compte. Les vrais généraux pour moi sont les Ducs, Comtes et Magistri. Leurs compétences étant écrasantes par rapports aux autres, il n'y a guère de doute dans mon esprit.
Ensuite viendrait les Tribuns, très nombreux et aux champs d'action très large. De suite après les centurions primiciers. A partir de là, on passerait encore à l'échelon inférieur.
Quand tu dis:
"
Selon ce critère de taille de l'unité commandée, les Milites Principales jusqu'avant le Primicerius et les adjoints seraient des officiers subalternes, du Primicerius au tribun on trouverait les officiers supérieurs (field grade) et au-dessus les officiers généraux."Je me retouve plutôt bien dans la correspondance que tu proposes sans toutefois m'engager sur le champ du parallèle chiffré.
Tous ces grades se distinguent bien par une paie en conséquence, j'enfonce une porte ouverte... Mais quand on sait que le bevet de Tribun pouvait s'acheter très officiellement à haut-prix, la fortune personnelle entre fatalement en ligne de compte dans l'obtention de certains grades, souvent les plus élevés. Il est aussi vrai que certains grades, ou postes chez le simple soldat peut s'obtenir en fonction de ses capacités et de son éducation pour peu qu'elle soient repérées, le soldat peut alors être versé rapidement dans un poste administratif. La plupart en revanche, suivent une carrière normale où c'est l'ancienneté qui détermine l'obtention du grade en fonction de son enregistrement sur les roles. L'éducation n'est donc pas un critère immédiat. On pourrait presque arriver centurion ou centenier inculte sans autre éducation que celle fournie pour les besoin de l'armée. Le meilleur moyen de griller les étapes étant de se faire remarquer, de se distinguer et d'attirer l'attention d'un chef qui peut devenir son patron qui le recommandera aux instances supérieures.
Nous savons par l'exemple du siège d'Amida que les soldats gaulois présent sur le front oriental n'ont aucune formation technologique puisqu'étant incapable de régler et de ses servir de machines de guerres.
Il n'existe pas d'école militaire c'est un fait, mais outre l'officier sorti du rang ayant acquis l'expérience de terrain, beaucoup d'officiers sortant, eux, un peu de nul part, viennent en fait de l'administration impériale; passant de fonctionnaires civils à officiers militaires. Et oui, un Tribun des Notaires est toujours tribun. De nos jours, cette pratique nous semblerait ubuesque. Elle est fréquente dans l'armée romaine où certains officiers parfois très haut-placés n'ont aucune expérience réelle.
Ammien Marcellin nous fait le portrait d'une série d'officiers se révélant assez incompétents. D'autres au contraire se révèlent dans leurs nouvelles fonctions. Ces officiers sont en revanche des hommes cultivés et capable d'organisation. Il existe par exemple une sorte de formation pour les notarii surnuméraires au sein du palais impérial (c'est avéré à Constantinople...) Les amis et les proches de l'empereurs ont aussi une culture de base propre à la romanitas sans quoi, ils passeraient vite pour des clowns... Il serait peut-être réducteur de dire que les romains pour peu qu'ils soient cultivés baignent déjà dans une culture militaire. Mais c'est pourtant vrai, un homme de lettre qui connait ses classiques connait donc forcément par l'Histoire et par les traités déjà toute la théorie de la guerre gréco-romaine. L'exemple le plus connu est l'empereur Julien qui n'avait aucune formation militaire avant d'être fait César par Constance II. Et pourtant nous connaissons ses exploits. A l'inverse les "empereurs militaires" dès leur arrivée au pouvoir suprême s'empresse d'acquérir l'éducation qui leur manque. C'est le soucis d'un Valentinien Ier ou d'un Théodose Ier (quoique Théodose était déjà un homme de culture...) D'autres s'en sont toujours moqués comme Maximien par exemple...
L'armée romaine a toujours connues depuis le Haut-Empire des professionels, des soldats de métiers cotoyant de parfaits amateurs. Tribuns et Légats issus de l'aristocratie oligarchique le sont. Depuis le IIIe siècle, la voie professionnelle a été privilégiée mais nous voyons qu'au Bas Empire, entre l'achat de la fonction et les parachutages, les non-professionnels peuvent être encore nombreux.