Décidément, il n'y a pas de hasard... Notre petit milieu de reconstituteurs débattent en ce moment d'un article conséquent de Sylvain Janniard (que je ne te fais pas l'insulte de présenter
)intitulé
"Végèce et la transformation de l'art de la guerre aux IVe et Ve siècle Ap.-J.C." que je trouve personnellement excellent (comme à peu près tout ce qu'écrit Janniard...). Bien que certains aspects théoriques posent questions, c'est certainement ce que j'ai lu de mieux depuis longtemps. Bref, dans cet article est évoqué assez largement l'aspect polyvalent des armements romains et de leurs hommes.
Dans mon pensum personnel j'avais fais allusion à cet autre paralogisme voulant que le soldat romain devait appréhender son armement comme le soldat moderne sait faire la différence entre plusieurs fusils d'assauts. Même si je sais que des corps de troupes étaient spécialisés dans l'emploi de certaines armes, je crois beaucoup a cette conception des choses du moins, je l'aperçois comme toi dans les sources.
Pour simplifier l'idée, l'exposition d'un centurion (ou tout autre officier de terrain) à l'attention de ses hommes pourrait ressembler a ceci:
- "Bon aujourd'hui les gars, on combat les Alamans..." avec tout ce que cela peut impliquer comme options et mesures à opposer à l'ennemi peut-être et sans doute différentes de celles préconisées contre des peuples orientaux, d'europe centrale ect... Le choix de l'armement devait être neccessairement pensé au sein de la troupe comme le général en chef doit disposer ses forces en fonction de leurs qualités ou spécialités. L'exemple d'Arrien en tant que témoin ou précurseur est à ce titre particulièrement parlant.
Je pense que c'est cette plasticité qui manquait aux troupes du Haut-Empire sauf à s'appuyer sur ses auxilaires et que nous retrouvons de manière embryonnaire dans les solutions d'urgence ou de circonstance du "tumulte" du IIIe siècle, qui voient notamment ces légionnaires "syriens" équipés d'armes jadis attribuées aux auxiliaires.
Au milieu du IVe siècle, ce processus est sans doute arrivé à maturation quoique cette polyvalence se trouve encore un peu raide si on la compare à celles des troupes décrites par Procope, Agathias et Syrianus.