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 Sujet du message: Le Règne de l'Empereur Julien (355/360-363)
Nouveau messagePublié: 07 Sep 2008, 22:15 
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L'histoire de l'Empereur Julien dans la grande Histoire.

Synthèse par Damianus.


I) Introduction

Pour bien comprendre l'originalité toute particulière de l'empereur Julien et sa tentative personnelle de restauration du paganisme (polythéisme est à mon sens plus élégant…), il nous faut remonter à la succession de l'Empereur Constantin. En ce premier tiers du IVe siècle Ap.J.C. l'œuvre que laisse ce princeps à ses fils est colossal. En effet depuis la tétrarchie de Dioclétien (284-305 Ap.J.C.) et l'arrivée au pouvoir de Constantin, le monde romain s'est relevé d'une crise qui faillit lui être fatal tant par sa durée (presque plus d'un demi-siècle) que par les différentes causes de cette crise à la fois militaire, politique, économique, sociale et religieuse. L'empire dû batailler sur tous les fronts pour sauvegarder ce qu'une multitude de coup de forces et d'invasions barbares faillit emporter par ces pillages et destructions. De nombreuses réformes sont à l'origine de cette survivance et c'est Dioclétien qui apporte la mutation nécessaire que réclamait les institutions politiques. Plus rien après lui ne sera comme avant. L'armée, le découpage des frontières, les provinces, l'administration, la nature même du monarque impérial. Dioclétien rétabli l'Empire pour un nouveau siècle d'or. Son autorité, sa force et ses conditions sont à nouveau imposés et respectés. Les barbares se calment et craignent (toutefois sous certaines conditions…). Constantin (306-337) pérennise ce renouveau ajoutant au 20 années de Dioclétien 30 ans de renforcement et de victoires continues. Enfin, Il ajouta sa propre pierre à l'édifice réformateur en faisant du christianisme la religion d'Etat et de Constantinople la nouvelle capitale du monde romain.
C'est ici que commence l'histoire merveilleuse de l'Empereur Julien…


II) Les évènements chronologiques.

Le 23 Mai 337: A la mort de Constantin (le 22 mai à Nicomédie en Bithynie alors qu'il préparait une campagne en Orient contre les Perses), l'Empire se trouve normalement partagé par ses trois fils et ses deux neveux, mais sans que la prééminence ne soit clairement retranscrite sur le plan institutionnel. En effet, le testament est manquant et Constantin ne sembla pas avoir prit ses précautions. Le doute plane et des intrigues de cour laisse entrevoir un complot.

Septembre 337: Constance, un des fils de Constantin, plus proche de Constantinople se précipite dans la capitale pour se faire reconnaître et présente un faux manuscrit de l'Empereur défunt. Avec la complicité de membres de la chancellerie et de la chambre à coucher (le Cubiculum), Constance fait valoir le testament et révèle l'existence d'un complot visant à empoisonner l'ancien empereur, perpétré par la branche légitime de la famille constantinienne. (Constantin était en fait le fils du second mariage de son père l'empereur Constance Chlore avec une concubine chrétienne; Hélène. Auparavant il était marié avec l'impératrice Théodora qu'il lui avait donné un premier fils: Jules Constance.). Un massacre familial dans le palais impérial suit de peu ces événements et parmi les victimes figure essentiellement la partie païenne de cette famille dont Jules Constance, le père de Julien.

Le 9 Septembre 337: Les trois frères restant se rencontrent en Mésie et se partagent les diocèses. A Constance maintenant appelé Constance II; l'Orient en plus du diocèse de Thrace. En Occident, Constantin II reçoit le reste de l'Empire jusqu'à la Macédoine tandis que le jeune Constant (14 ans) reste sous tutelle. Parallèlement à cela, les deux plus jeunes fils de Jules Constance, Gallus et Julien, miraculeusement épargnés sont envoyés en résidence surveillés en Asie sous l'autorité de Constance II qui donne l'éducation des deux enfants aux évêques de ses partisans.

338: Les craintes de Constantin en Orient se concrétisèrent par les incursions des Perses Sassanides. Le roi des rois perse Shâpur II fait le siège de la ville de Nisibe. En vain, il ne parvient pas à emporter la place forte et lève le siège.

340: Le jeune Constant se révolte contre sa condition d'inférieur, et réclame à ses deux frères sa part de pouvoir qui lui revient de droit. Constantin II marcha contre lui, gagna l'Italie du nord et tomba dans une embuscade près d'Aquilée. Victorieux, Constant récupéra le domaine Occidentale de l'Empire qui ne compta plus à cette date que deux souverains.

De 340 à 350: Constant accomplit une œuvre utile en Gaules. Il combat les Francs sur le Rhin inférieur et leur impose un traité. Pour assurer la paix, ceux-ci sont installés en Toxandrie à titre de fédérés mais ils formèrent en retour un îlot barbare jamais réduit.

341: Constant fût le premier à vouloir exterminer radicalement "l'ancienne" religion et promulgua une loi interdisant les sacrifices. Loi qui fut peu suivi dans les faits…

343: Pour répondre aux agressions répétées de Shâpur II, Constance II entreprit une grande campagne en Adiabène qui le mena au-delà du Tigre.

344: La bataille de Singara oppose les forces romaines au gros du contingent perse. Constance II finit par prendre le dessus mais le résultat de l'affrontement reste sanglant et indécis. C'est une première coupe sombre dans les unités d'élites d'Orient et cette victoire n'empêche pas les raides perses de se poursuivre.

346: Les Perses attaquent encore Nisibe, cette fois avec de puissants moyens poliorcétiques mais toujours vain. Cette ville indomptable restera pour les Perses le Verdun de la Mésopotamie. La même année en Occident, Constant ordonne la fermeture de tous les temples et la réquisition de tous leurs biens. Vives protestations dans tout l'empire, des émeutes éclatent à Rome même.

350: A la suite d'une conspiration, Contant est assassiné. Un usurpateur se déclare dans la préfecture des Gaules en la personne d'un général à demi-barbare; Magnence, Comes de troupes d'élites. Il est reconnu en Gaule, en Afrique, en Cyrénaïque, à Rome et en Italie. Pour préparer une guerre civile inévitable, Magnence dégarnie le Limes rhénan et emmène avec lui les forces d'élites de toute la partie Occidentale de l'Empire. Pour créer une diversion, Constance II à peine remit de sa campagne mitigée en Orient pousse le roi Chnodomar des Alamans à attaquer afin de prendre à revers son rival. Toute la Gaule du nord est dévastée…

Mi 350: Pour freiner les progrès politiques de Magnence, une sœur de Constance II gagne la confiance du vieux général Vétranio commandant en Pannonie. A l'arrivée de Constance II, il suffit de rappeler le souvenir de son père pour gagner à lui l'armée de Vétranio.

28 Septembre 351: C'est la fameuse bataille de Mursa en Pannonie, où les armées des deux compétiteurs se rencontrent. Magnence était un bon général et il se reposait en partie sur des Auxilia composées de soldats d'origine germanique de grande qualité. En fait, les deux hommes forts avaient emmené dans cette campagne les meilleurs de leurs troupes aussi bien Comitatenses que Riparienses/Limitanei. C'est deux grandes armées romaines qui s'affrontèrent. Zosime déclara que jamais il n'eut autant de pertes, et que Constance II aurait préféré un accord plutôt que cette tuerie préjudiciable à la défense de l'Empire. La mobilisation de l'armée de manœuvre est poussée à son maximum tant en Orient qu'en Occident. La fine fleur de l'armée romaine s'affronta donc dans ce qui un des plus grand massacre de l'histoire militaire romaine. Sur un contingent de 80 000 hommes Constance II enregistre 30 000 tués, et sur un contingent de 36 000 soldats Magnence accuse une perte de 24 000 hommes. L'armée romaine est saignée à blanc. Il faudra des années pour restaurer des effectifs qui ne le seront jamais vraiment. Constance II sort vainqueur de cette bataille mais à quel prix! C'est à l'occasion de cette campagne que Constance II nomma encore son jeune cousin Gallus, le frère de Julien; César. Il prit les affaires d'Orient en sa capitale d'Antioche.

353: Constance, meilleur stratège que meneur d'hommes, battit définitivement Magnence près de Gap (Mons Seleucus) après avoir cerné les côtes de son adversaire par sa flotte en l"empêchant de gagner les Espagnes. En débarquant des troupes à Narbonne Constance II fit reculer Magnence en Gaule. Tout de suite après son suicide à Lyon, son frère Decentius se pendit à Sens. Cette campagne eut de grave répercussion car après le massacre de Mursa, l'armée d'Occident est trop faible pour contenir les Alamans qui ont pénétré en Gaule du nord, et y feront régner la terreur jusqu'à l'arrivée de Julien.

354: Constance II, afin de rétablir la situation en Gaule, entreprit une première campagne contre les Alamans du Brisgau qu'il avait pourtant sollicité. Son action se termina par des pourparlers sans gloire. Il confia le haut commandement des Gaules au magister peditum Silvanus, fils d'officier franc ayant servi sous Constantin. Une grave sédition éclata à Antioche à la suite d'une famine. Gallus par une réflexion maladroite jeta à la vindicte populaire le gouverneur de Syrie désigné implicitement comme responsable de la situation, et fut massacré. Le jeune César répondit par une violente répression envers les curiales qu'il tenait à présent pour responsable et de l'ordre publique et de la famine régionale. Constance, consterné par l'incompétence de son cousin, lui envoya un nouveau préfet du prétoire. Gallus déchaîné le mit à mort ainsi que le questeur du palais. Pour Constance II, s'en était trop, il convoqua Gallus à Milan qui s'y rendit accompagné de son frère Julien sorti pour l'occasion de sa retraite, et fut dépouillé de ses insignes impériaux. Plus tard, il fut jugé à Pola en Istrie par une commission expéditive et fut décapité. Julien crut un instant que son tour était venu mais il bénéficia au contraire de l'appui de la femme de Constance qui l'autorisa à une plus grande liberté et à la fréquentation des philosophes et des mystiques de l'Orient grec.

Aout-Septembre 355: Le franc Silvanus dégagea Autun (Augustodunum) des Barbares et réinstalla son quartier général dans la ville militaire de Cologne. Mais en butte avec son collègue, le magister equitum Arbatio et desservi à Milan par des fonctionnaires hostiles aux militaires, Silvanus ne trouva d'autre issue que dans l'usurpation. Cette "trahison" laissa à nouveau le champs libre aux Alamans qui emportèrent les forteresses du Rhin à moitié désertée: Cologne, Mayence, Strasbourg ainsi que le pillage d'une quarantaine de petites cités. Ursicien, envoyé par Constance pour contrecarrer Silvanus réussit à le faire assassiner par ses propres soldats.

Novembre 355: Par dépit, Constance II, finit par nommer César en Gaule le demi-frère de Gallus et fils de Jules Constances: Julien alors seulement âgé de 25 ans. L'empereur ne se faisait guère d'illusion sur ce jeune intellectuel introverti ayant reçut une éducation de clerc et fortement soupçonné de sympathie envers la religion traditionnelle. Constance pensait peut-être pouvoir se débarrasser de cet encombrant parent en lui confiant une charge trop lourde pour lui. Les événement allait lui donner tord. La situation en Gaule était catastrophique. Après plusieurs années de pillage et de massacres le territoire était au bord de la ruine. L'ampleur du désastre avait été cachée à Julien qui apprit à Turin seulement que Cologne était tombée. Il avait était présenté aux troupes à Milan et acclamé par elles après un discours de Constance et avoir revêtu le manteau et le diadème impérial. Mais en réalité, l'armée était commandée par des généraux nommés par Constance et les hauts fonctionnaires étaient choisis pour espionner Julien. Malgré tout, Julien se montra indépendant et impulsif, entraîneur d'hommes et bon stratège, il était animé d'une farouche volonté de réussir et de se concilier les Gaules autrefois bien défendues par son grand-père Constance Chlore. Il trouva le concours d'une armée peu nombreuse mais fidèle et de bonne valeur technique. Il mit en échec les combinaisons louches des généraux de Constance qui contrecarraient ses plans. Il entra en conflit avec son préfet du prétoire Florentius mais mérita par sa bravoure le dévouement des unités d'élites et barbares: Celtes, Pétulants, Cornuti et Hérules. Avec son armée, Julien commença un travail de reconquête colossal. Il repoussa tout compromis avec le Barbare, exécuta de brillantes perçées au-delà du Rhin, exigea la restitution des captifs, prit des otages d'honneur et luxe suprême; il utilisa la main d'œuvre Barbare pour reconstruire les villes.

De 355 à 358: En l'absence des souverains, se nouèrent des intriguent entre le préfet du prétoire d'Orient Strategios et le gouverneur perse de Babylonie Tamshâpur. Le notaire Spectatos, parent chrétien de Libanius participa à une ambassade. Tamshâpur, belliqueux, envenime les choses en persuadant Shâpur II de la faiblesse actuelle de Constance II. Il lui envoya une missive insolente où il revendiquait les territoires romains autrefois achéménides. Constance répondit avec fermeté et dignité et la défense de la Mésopotamie fut confiée à Sabinianus.

356: A cause des généraux de Constance, Julien faillit se faire prendre par un groupe d'éclaireurs barbares près de Sens.

356-357: Constance II reprit avec vigueur sa politique anti-païenne. Plusieurs lois proscrivirent à nouveau les sacrifices, la magie, la divination et ordonnèrent la fermeture des temples. Nombreux furent vendus et détruits. Des chrétiens achetèrent les édifices et récupérèrent les colonnes pour leur usage privé. En Occident et en Italie, l'application de ces mesures extrêmement répressives fut de courte durée car l'empereur venu visité l'ancienne capitale de son empire fut très impressionné par la grandeur et la beauté de ses monuments et temples. Constance se montra affable envers les sénateurs polythéistes et s'acquitta sans sourciller de sa tache de pontifex maximus. Une renaissance païenne se manifesta alors. Le préfet de la ville de Rome, païen, fit frapper pour la première fois des médaillons que les riches sénateurs distribuaient à leurs amis au premier de l'an et dont les images et légendes exaltent l'ancienne religion de Rome.

357: En Occident, Julien accomplit une étape décisive de sa campagne contre les Alamans, en remportant la victoire à la célèbre bataille de Strasbourg. L'armée de Julien prend de vitesse les hordes germaniques qui parviennent malgré tout à se réunir en grand nombre. Les rois Chnodomar et Sérapio sont présents en personne. Les renforts qu'avait demandé Julien ne peuvent arriver à temps et décide alors d'offrir la bataille avec une force de 13 000 légionnaires contre une armée barbare de 35 000 hommes. L'ordre de bataille de Julien est un exemple typique de la fusion de la tactique grec, et romaine. Sa première ligne de front faillit être submergée par la masse ennemie, une brèche s'y ouvrit mais les réserves des unités d'élites rétablirent la situation. La cavalerie un temps repoussée par celle de Chnodomar put se reconstituer. Les romains clairement en position défensive, à 1 contre 3 ne cèdent pas le terrain et la panique s'installe petit à petit chez les barbares. Bientôt leurs lignes arrière fuient le champs de bataille et la débâcle devient générale. L'armée romaine pourtant très inférieure numériquement inflige au cours des combats 6000 morts à l'adversaire et un total dit-on innombrable lors de la poursuite qui suivie jusque sur les rives du Rhin où les fuyards s'y noyèrent encore. Du coté romain; 243 soldats périrent seulement ainsi que quatre tribuns. Cet exploit militaire démontre à la fois de la qualité des hommes de troupes et du commandement de Julien. Cette victoire fit beaucoup pour la popularité du César en Gaule et ses échos parvinrent jusqu'aux oreilles de Constance II.

De 357 à 359: Constance résida à Sirmium sur le Danube et aidé par le nouveau préfet d'Illyricum; Anatolius, il vainquit successivement les Quades, les Sarmates et les Limigantes.

De 357 à 360: Une préfecture séparée fut temporairement crée en Illyricum et confiée au brillant juriste Anatolius. En Orient, Constance II combla de faveur Constantinople, y achevant nombre de monuments commencés par son père (comme l'église des apôtres), désireux qu'il était de voir égaler la splendeur de Rome.

358: Julien lança une nouvelle campagne pour libérer les Francs fédérés du roi Charietto des Chamaves ainsi que d'autres tribus franques.

359: Après avoir résidé à Arles, Milan puis Sirmium, Constance II décida de s'installer définitivement à Constantinople. Le proconsul de Constantinople reçut le titre de préfet de la ville comme celui de Rome et le nombre de sénateurs passa de 300 à 2000.

359: Julien parachève son œuvre en Gaule en libérant de la piraterie des francs et des Saxons la route maritime qui permettait l'arrivée sur le Rhin inférieur des blés de la Britannia. Une flotte construite exprès apporta le blé jusqu'à Mayence ce qui fit une nouvelle fois une forte impression sur la population locale ainsi que sur les barbares. Dans l'entourage de Julien, on murmure des projets d'avenir; dans celui de Constance, on s'inquiète de tant de gloire.

De juillet à octobre 359: Shâpur II repart en guerre et attaqua la ville fortifiée d'Amida qu'il finit par enlever après un siège épique conté par Ammien Marcellin directement témoin des événements.

360: Shâpur II continu son avancé et franchit le Tigre mais en évitant cette fois soigneusement Nisibe capitale de la Mésopotamie romaine.

360: Par jalousie mais aussi par nécessité Constance voulu affaiblir Julien en lui demandant de lui fournir plusieurs de ses unités d'élites et de ses meilleurs collaborateurs comme Sallustius Secondus afin de contrer les progrès militaires de roi des rois perse. Constance II finit par se rendre en Orient mais il ne put empêcher les perses de prendre Singara et Bézabdé.

Février 360: Les légionnaires d'Occident, mécontents de la réquisition militaire de Constance se mutinèrent à Lutèce et non sans angoisse, Julien accepta de ses hommes le titre d'Auguste et une couronne militaire en guise de diadème impérial. Des soldats d'origine franque l'élevèrent sur un bouclier à la mode germanique. Julien tenta de faire accepter le prononciamientos à Constance en se montrant modéré dans ses demandes mais l'empereur refusa tout accommodement.

De février 360 à 361: Deux nouvelles campagnes de Julien après son élévation à l'augustat portent les troupes romaines au-delà du Rhin où elles répandent la terreur. Julien put donc quitter la Gaule la tête haute après y avoir assuré plusieurs années de paix. Partout il fit refaire les remparts et remit en état de défense les points stratégiques et les villes du Rhin. Les villes de Saverne, Besançon, Reims; importants centres logistiques furent sécurisées. Lui-même séjourna durant les hivers dans sa "chère Lutèce" dont il parlait avec tendresse.

Mi 361: Julien se mit en marche pour l'Orient avec une armée qui ne dépassait guère les 25 000 hommes. Il prit soin de rassembler autour de lui les notabilités païennes et s'efforça de communiquer ses intentions par des lettres aux Athéniens, au Sénat de Rome et au philosophe Thémistios.

Le 3 novembre 361: Constance de son coté prit des mesures habiles et le sort d'une nouvelle guerre civile était incertaine quand il mourut brusquement à cette date près de Tarse en désignant non sans grandeur d'âme Julien pour successeur. Certains n'hésitèrent pas a y voir l'intervention des dieux.

Fin 361: L'offensive perse finie par s'arrêter suite à une série d'oracles défavorables. En réalité, les perses ne souhaitaient pas une grande guerre dont ils ne pouvaient assurer longtemps la logistique. Ils pensaient détacher peu à peu la Mésopotamie de Rome car la population les accueillait pacifiquement, sauf à Nisibe où les perses abandonnèrent le projet de prendre cette ville symbolique. Les Syriens d'Antioche jugeaient la guerre ruineuse pour le commerce mais ils reprochaient en même temps à Constance de ne pas avoir su empêcher la pénétration de l'ennemi sur le territoire romain.

362: Julien affecta tout de suite, dès l'entrée en charge des consuls des allures plus proche de la simplicité des philosophes que de la majesté d'un empereur. Cela déplut beaucoup aux anciens courtisans de Constance. Julien adepte de l'ancienne modération romaine réduisit le cérémonial et l'apparat de la cour. Il supprima la plupart des postes des notaires et un certain nombre d'Agentes in Rebus. Mesure d'économie en même temps que l'avènement d'un Princeps libéral. Julien avait une très bonne connaissance de l'Histoire de l'Empire, et dans son pamphlet "les Césars", il manifesta clairement ses préférences en faveur de Trajan et de Marc Aurèle ainsi que sa haine envers Constantin. Il était partisan d'un principat libéral à la façon des Antonins, favorable à l'autonomie des Cités et hostile à l'excès de la bureaucratie. Son régime fut l'exact contre-pied de celui de Constance. Il voulait simplifier et accélérer la Justice qu'il aimait à rendre lui-même. Il commença à abolir certaines dispositions de Constantin trop influencé par le christianisme. Economiquement, il retourna à une politique audacieuse de déflation et tenta de réduire les charges qui accablaient les populations. Il fit frapper des pièces plus lourdes Majorina et Centenonialis de 9 à 3grs. Il fut libéral pour tout le monde; ce qui contenta tous sauf les plus riches.

Début 362: L'empereur Julien promulgua un édit de tolérance universelle et abolie les mesures persécutrices de Constant et Constance II envers les païens. Il garanti aussi la même tolérance à toutes les sectes chrétiennes proscrites par Constance. Julien espérait ainsi affaiblir le pouvoir de la nouvelle église en réveillant ses incessantes querelles intestines.

Juin 362: A Antioche, l'empereur s'attira la haine de la population en majorité chrétienne lorsqu'il voulut restaurer un prestigieux temple dédié à Apollon. Les chrétiens l'avaient remployé comme martyria et Julien procéda à l'exhumation des restes de saint Babylas qui souillait l'enceinte sacrée. Il provoqua une émeute, et dans leur fureur, les chrétiens préférèrent incendier le temple. Julien leur répondit avec une ironie mordante par l'opuscule "Le Mysopogon" (l'ennemi de la barbe). Le conflit avec les antiochéens le rendit plus dur. Il confisqua les revenus et fermer les cathédrales puis détruisit quelques autres martyria. Ensuite, il interdit aux chrétiens le professorat estimant que les chrétiens ne comprenaient rien à la philosophie et à la culture romaine essentiellement polythéiste. Cette mesure souleva l'indignation dans les deux camps religieux.

Octobre 362: Bientôt les chrétiens menacés firent face contre leur adversaire commun. Le pape Athanase ne fut point dupe et se réconcilia même avec les ariens modérés si bien qu'à cette date, il fut contraint de s'enfuir menacé qu'il était d'une arrestation. Julien, point persécuteur était pourtant sincèrement persuadé que la douceur suffirait. Il se contenta de rétablir partout les symboles païens, de multiplier les rites traditionnels. Les nouveaux gouverneurs, vicaires et préfets furent tous choisis parmi les païens. Les anciens étudiants, professeur de rhétorique et notaires technocrates de Constance furent évincés, le Clergé chrétien perdit les avantages concédés par Constantin. Julien, se souvenant de Maximin Daia organisa une église païenne hiérarchisée sous ses grands prêtres, mais il invita en revanche les païens à pratiquer les vertus de charité chrétienne envers les plus pauvres. Julien prit lui-même la plume pour combattre la corruption du christianisme dans un ouvrage en trois livres: "Contre les Galiléens". La communauté juive fut par contre protégée car Julien respectait son histoire et ses traditions. Cette politique obtint suffisamment de résultats pour soulever la haine des chrétiens. A Alexandrie fut tué l'évêque George lors d'une émeute.

Mars 363: Le nouveau César Auguste, impulsif et désireux de venger les défaites subies et d'accroître la réputation qu'il avait acquit en Gaule, partit à la tête d'une armée de 65 000 hommes bien préparés pour une grande campagne contre les perses. Il pénétra en territoire perse en suivant l'Euphrate et fit le vide devant lui, prenant ville après ville. Il détacha en direction de Nisibe un contingent de 16 000 soldats. Les Perses préférèrent éviter la bataille de front en terrain dégagé, et le roi des rois Shâpur se réfugia avec sa garde personnelle au cœur du désert. Les légions romaines continuèrent à suivre le fleuve soutenus par une flotte imposante transportant les ravitaillements et les armes de siège. L'avance fut lente à cause de la chaleur et du harcèlement des archers montés perses qui refusaient le combat, mais l'armée romaine après quelques escarmouches, remporta sa première grande bataille contre l'armée perse aux abords de l'une des deux capitales du royaume: Ctésiphon. Julien fit le siège de la ville mais celle-ci ne tomba point. Lorsqu'il partit en perse, Julien exprima sa rancœur envers les chrétiens. Un des textes de Labienus affirme que l'un des buts de sa guerre était de réconcilier païens et chrétiens et de restaurer l'unité nationale par la victoire sur l'ennemi héréditaire.

Mai 363: Julien après avoir repoussé un traité de paix favorable proposé par Shâpur, décida de brûler sa flotte afin de marquer sa détermination. Puis il proposa de rejoindre le général Procope à marche forcé en apprenant que celui-ci tardait à le rejoindre (Procope temporisait plus ou moins consciemment, à la limite de la trahison).

Le 26 juin 363: Après une marche épuisante, l'armée romaine se trouva devancée par l'armée perse qui lui offrit la bataille sur une position défavorable. Les légions démoralisées se retrouvèrent nez à nez avec le gros des forces de Shâpur; le roi personnellement au commandement de son armée avec ses troupes d'élites et ses éléphants de guerre. L'empereur Julien n'attendit pas de se faire encercler et engagea le combat. La bataille dura toute la journée. Elle fut violente pour les deux camps mais alors que les romains étaient sur le point d'emporter la victoire Julien fut grièvement blessé par un trait lors d'un combat d'arrière garde. Le princeps mourut dans sa tente peu après l'annonce de sa victoire. La légende raconta que le trait qui le blessa mortellement au flanc ne venait pas des lignes perses. Après la brusque mort de Julien, l'Etat-Major se réunit faisant fi de leur rivalité Orient/Occident et porta au pouvoir un chrétien sans fanatisme: Jovien, chef des Protectores domestici. D'origine pannonienne, il eut la tâche ingrate de ramener l'armée romaine du territoire perse et de signer avec Shâpur une paix humiliante dite de Nisibe. Pressé d'assurer son pouvoir à Constantinople, il dût céder la plus grande partie de la Mésopotamie romaine en ramenant la frontière sur la ligne Nymphios-Chaboras avec ses villes, ainsi que Nisibe qui restera pourtant longtemps pro-romaine. Les païens eurent l'impression que Jovien avait trahi la mémoire de Julien.


Qui était l'empereur Julien ?

Né en 331 Ap.J.C., fils de Jules Constance et de Basilina, épargné lors des massacres de 337, il vécut longtemps à l'écart et reçut sur l'ordre de Constance II une éducation soignée mais chrétienne et solitaire. Après avoir passé plusieurs années en résidence surveillée en Cappadoce, il suivit avec ardeur les cours des maîtres de Constantinople et de Nicomédie, menant une vie ascétique. L'année 351 le vit sortir de l'ombre avec l'élévation de Gallus au Césarat. Il se convertit secrètement au paganisme. Il fréquenta les philosophes et le Thaumaturge Maxime d'Ephèse. Convoqué à Milan après la chute de Gallus, il y trouva la protection d'Eusèbie, la seconde femme de Constance et fut autorisé à se rendre à Athènes où il fut le condisciple de Basile de Césarée tout en se faisant initier aux Mystères d'Eleusis.

En novembre 355, Constance le fit César et l'envoya en Gaule. Il pensait ne rien avoir à redouter de ce jeune homme nerveux et malingre. Au contraire, bien épaulé par des généraux et des fonctionnaires à sa dévotion, il fit un travail remarquable. Il servit le régime de son cousin par le seul prestige d'être le dernier descendant de Constantin. Julien se couvrit de gloire, révélant des qualités militaires inattendues et des capacités d'administrateur et d'homme d'Etat. Il fallut lui laisser progressivement le commandement des troupes, ce qui le mit en conflit avec les généraux Marcellus et Barbatio; des médiocres et intriguant ainsi qu'avec l'avide préfet Florentius.

Sa conversion au paganisme que ses ennemis appelèrent "apostasie" fut facilitée par son aversion pour Constance II et les interminables querelles théologiques de l'église. Mais cette conversion reposa aussi sur son amour profond pour l'hellénisme et les Lettres grecques, ainsi que sur un mysticisme qui parût excessif à ses partisans mêmes. Par ses goûts littéraires, Julien est un traditionaliste féru de l'antique Peideia, imbu d'Homère et de Platon, c'est un des derniers néo-platoniciens.

Maxime d'Ephèse lui apprit l'extase et la façon de communiquer avec les dieux et il voyait en rêve le génie de l'Empire. Petit-fils de Constance Chlore, il adora toujours le Soleil et Mithra et rédigea un traité sur "Hélios-roi" et un autre sur Cybèle "mère des dieux". De l'héritage païen, il ne répudia que l 'épicurisme. Il avait aussi un faible pour le sacrifice et l'haruspiscine. Toute sa politique reposait sur l'idée que le rétablissement de l'empire ne pouvait passer que par le retour au Mos Maiorum et à la Pax Deorum. (le respect de la tradition et des dieux). Toutes les religions païennes reçut donc ses faveurs et il se lamentait souvent de l'indifférence d'une partie de la population.

Sa philosophie était proche des spéculations de la Gnose et il vécut toujours comme un ascète. Il n'eut même pas d'héritier car il voulait s'en tenir à la tradition des Antonins et préférait "le choix du meilleur".

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