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 Sujet du message: Les Plumbatae de Pitsunda de Julian Bennett. Nouveau.
Nouveau messagePublié: 07 Sep 2008, 22:59 
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Les plumbatae de Pitsunda (Pityus) , Géorgie, et quelques observations sur leur utilisation probable.

Julian Bennett, B A; Ph D

JRMES N°2: http://www.mcbishop.co.uk/jrmes/vol02.htm

Traduction de Spadinos.

Le musée de Pitsunda, Géorgie, contient un certain nombre d’artefacts tiré d’un ancient site proche de Pityus, et parmi lequel trois têtes de javelines composites avec fer et plomb du type de ceux communément associés à l’armée romaine tardive. Ces trois objets ( fig 1 ,1-3) sont grossièrement comparables dans leurs caractéristiques, entre 10 et 12,5 cm de long, avec une pointe en fer en forme de feuille de section lenticulaire; et une douille lestée par une sorte de cône en plomb. Bien que durement corrodées , les tiges semblent être de section circulaire, et étaient apparemment ouvertes pour recevoir une hampe en bois aujourd’hui disparue qui mesurait 1 cm de diamètre.

Les javelines plombées de ce type sont généralement identifiées comme projectile utilisé par l’armée romaine tardive et connue sous le nom de plumbata, probablement un diminutif du terme hasta plumbata, ou «lance plombée», et étant certainement un descendant du pilum du Haut-Empire qui existe en plus ou moins longue version, et sur lequel le plomb était fixé sur le point de jonction entre la pointe et la hampe. Les plus précoces références de la plumbata sont issues de Végèce ( Epitoma Rei Militaris) , écrit durant le règne de Théodose (379-395) , mais étant certainement utilisées bien avant ce règne. Végèce emploie le terme alternatif de « mattiobarbulus » pour l’arme, dans lequel le préfixe « mattio » est assurément une erreur de recopiage pour « martio » , ainsi mar-tiobarbulus, ou «petites barbes de mars ».

Il y aurait de très fortes chances pour que le suffixe « barbulus » soit également une analogie avec le terme « barbelé », pour que l’arme en question ait une tête barbelée. La plumbata ne semble pas voir eu de très grandes dimensions, car Végétius observe que le soldat doit logiquement en loger cinq dans la concavité de son bouclier ( Quinos autem mattiobarbulus (sic) insertos cutis portare conserverunt). Végèce nous indique une distinction entre la plumbata et deux javelines également portées par l’infantrie, nommément le spiculum de 1.9m de long , descendant direct du pilum ,et le verriculum de 1.2m de long.

Il note également que la plumbata fait partie de l’équipement standard des principes, hastatii et triarii, et que les plumbatae sont utilisées aussi bien offensivement que défensivement. Dans une autre variante; elles sont utilisées par le troisième rang en réserve, probablement comme une arme de choc, mais elles sont plus souvent utilisées comme une arme d’attaque, et sont généralement lancées dès la première charge, leur portée permettant de transformer les hommes à pied en archer pour blesser l’ennemi et les chevaux avant que ces derniers puissent utiliser la portée de leurs armes respectives ( quis si oportune milites iacetent, prope sagittariorum Scutari imitai vedentur officium. Nam hostes equisetum consacrant, priusquam nom modo ad manum sed ad ictum miscibilité potuerit perveneri)

En effet , il est noté que deux légions illyriennes étaient si habiles dans leur maniement durant les campagnes, que les empereurs conjoints Dioclétien et Maximien ( 286-305) les renommèrent Martiobarbuli ioviani et Martiobarbuli herculiani et les préférent à toutes les autres unités sur le champ de bataille. Les plumbatae ne sont pas restreintes au seul champ de bataille, car Végèce note également quelles forment d’excellentes armes défensives et offensives lors des sièges .

Davantage de détails sur leur apparence sont données d’après l’anonyme Rebus Bellicis, compilé vers 368\9? , et dans lequel deux versions sont illustrées et décrites. La première, la plumbata tribolata, est une javeline munie d’ailettes, et d’une pointe d’une forme semblable à celles des chausses-trappes (ou pattes de corbeaux) , le tout fixé sur un plomb juste en dessus de sa tête, d’ou son nom (tri-bolata). Cette version est une arme faite pour être lancée à la main à courte portée et fonctionne de deux manière , soit pénétrant directement le corps de l’ennemi, soit tombant sur le sol avec l’une de ses pointes dressées vers le ciel, susceptible de venir percer le pied d’un soldat inattentif.

Le second type de plumbata décrit par l’anonyme est la plumbata mamillata, et il est raisonnable de penser que ce type était également en activité, sinon identique à celui décrit par Végèce. L’anonyme le décrit comme ayant une pointe de section circulaire, avec un poids en plomb attaché en dessous et des ailettes à la fin de la pointe, l’épithète mamillata ou « bombé » se réfère probablement à l’enflure causée par la fixation du plomb. Il n’est pas clair de la part de l’anonyme si cette arme est désignée pour être lancée à la main ou avec une machine de tir, ou alors avec une fronde, mais l’anonyme prétend que l’arme bombée, lestée par un plomb et par sa vitesse de vol, sera assez puissante pour pénétrer le bouclier ennemi et des obstacles similaires (ut plumbi pondere et penerum celeritate adiuta rotundatis teli facilius clips adversarii et similiter obstantia valeat penetrare)

Les exemples probables de plumbatae martiobarbuli ou mamilatae sont relativement peu nombreux et dispersés , en comparaison des autres éléments de l’équipement militaire, mais plusieurs sont connues, par exemple à Wroxeter ( 6), Caernavon ( 2), Richborough (2, dont 1 avec un lest en fer au lieu du plomb) ,et Doncaster (1) . D’un autre côté, une documentation incomplète manque de révéler davantage d’exemples en Europe, notamment au musée de Bale, mais apparemment trouvée à Augst, de même un exemplaire non publié fut retrouvé à Intercisia. Cela dit, il est aussi dit que certaine têtes barbelées et des javelines avec des pointes montées sur soie furent trouvées dans des contextes militaires en Angleterre et en Allemagne pourraient aussi être considérés comme des plumbatae, sur la base de leur forme, les lests en plomb manquant ayant pu être attaché à la hampe en bois de l’arme, mais il semble plus probable que ceux ci ne sont ni plus ni moins que des dérivés des standards têtes barbelées trouvées dans de nombreux sites tardifs et, en effet, dans un contexte germanique.

Comme il se pourrait aussi que l’absence virtuelle de vrai plumbatae sur le continent pourrait sembler extraordinaire , particulièrement dans la mesure où les provinces nord-orientales sont concernées, comme Végèce le rappelle par l’utilisation spécifique par les légions illyriennes, parmi d’autres, il est probable, cependant comme avec les cas de Pitsunda et d’Intercisia, que les plumbatae existantes sont non -reconnues dans les collections des sites des provinces du nord-est, et il est avoué que certains des textes les mentionnant peuvent avoir échappé au présent auteur.

Les spécimens de Pitsunda différent de manière notable des exemples connus, dans le sens qu’ils ont une tête en forme de feuille et non pas une tête de forme barbelée comme les nombreux exemples connus à Wroxeter (fig 1,4) , bien qu’il se pourrait bien qu’un des exemplaires de Richborough puisse être réalisé sous la même forme. A par ce détail de pointe, elles semblent toutes similaires en ce qui concerne la manière dont est réalisé le lest de plomb, malgré de fines différences; en forme de tonneau pour Wroxeter et Pitsunda, de forme ovoide pour Caernavon, ou tubulaire pour Richborough. Quant à leur longueur qui est à peu près semblable, la plus grande de toutes celles connues atteint les 12,5 cm.

Aucun élément dans les exemples de Pitsunda n’indique leur mode de réalisation, mais une radiographie au neutron des exemples de Wroxeter indique que le poids en plomb recouvre la jonction entre la hampe en bois et le fer de lance ( comme il est montré en fig 1,5) , et il est suggéré que l’ensemble est attaché ensemble par l’intermédiaire d’un clou ou d’un rivet pour une fixation sécurisée. Bien que cet argument n’est fondé que sur la seule analyse de l’exemple de Wroxeter, il est hautement probable que les fers étaient fixés de cette manière à la hampe , tout comme il est d’usage pour les lances classiques. Cependant , il n’y a pas d’indication sur la manière avec laquelle le plomb est fixé sur la jonction entre le fer et la hampe, mais il est suggéré que le mode de fabrication serait effectué par la réalisation d’un moule spécial agissant comme un coffrage où le plomb coulé serait directement coulé sur la jonction, donnant ainsi la forme caractéristique du plomb ; ceci est du moins l’hypothèse qui semble le plus séduisante aujourd’hui.

Il est généralement accepté que la plumbata est une arme de jet manuelle. Les tous premières expérimentations basées sur les exemples de Wroxeter assurèrent que la plumbata avaient davantage la forme d’une javeline , opposée au dard court, et il avait été suggéré que la hampe atteigne 1 m de long avec des ailettes en plume à sa base. Lancée comme une javeline, des distances avoisinant les 30 mètres étaient atteintes, ce qui contredisait le témoignage de Végèce affirmant que l’arme était utilisé pour une longue distance. D’un autre coté, lorsqu’elle est lancée à l’aide d’une corde pour ajouter de la puissance au tir, méthode probablement utilisée par les macédoniens ( Cestros, ou Cestrophendone) des distances supérieures à 70, voire 80 mêtres peuvent être atteintes. Des tests plus récents, ont cependant affirmé que la plumbata est bien un dard, et derechef une nouvelle expérimentation encore d’après les spécimens de Wroxeter, a suggéré une longueur proche des 50cm de long . Lancée comme une javeline, elle ne dépasse pas les 20 mètres, mais lancée par un mouvement de balancier en passant sous le bras ( comme le service à la cuillère au tennis), la portée peut facilement atteindre les 70 mêtres. Il est assuré que l’arme, lancée également à l’aide d’une fronde ou d’un propulseur peut atteindre des distances bien plus grandes.

Végèce associe les plumbatae exclusivement aux troupes légionnaires. Pourtant aucune des trouvailles anglaises ne supportent cette hypothèse, aucune garnison légionnaire n’est mentionnée sur les sites concernés , mise à part Richborough , où la notitia Dignitatum atteste la présence la présence la II legio Augusta. Les dernières garnisons attestés à Doncaster et Caernavon, pour exemple sont, les equites Crispiana et la cohorte I Senuci. Comme à Pitsunda , il y certaines incertitudes sur la nature de la garnison. Quelque soit la taille de l’enceinte de la ville il n’y a pas de clareté sur la nature de la garnison installée au III e siècle ou celles plus tardives.

Un fragment d’estampile mentionne le texte LEG et l’auteur à constaté une estampile mentionnant la XV legio apollinaris, bien que cette dernière unité soit traditionnellement stationnée à Satala. Les estampilles en elles même ne peuvent être datées de manière précise, et ne donnent que les troupes présentes sur le pourtour du Pont-Euxin ( mer noire) ou alors seulement l’unité ayant produites les tuiles ( car des tuiles peuvent être importées et non pas produites sur place, ou volées ou réutilisées par les locaux ). D’un autre côté la notice des Dignités mentionne la ala I felix Theodosiana à Pityus. Les membres des alae peuvent être utilisés comme des fantassins, mais il n’est pas possible de dire si les plumbatae trouvées appartiennent réellement à cette unité, pareil dans les cas de Augst et Wroxeter, où aucune unité « standard » n’est recensé. Quoiqu’il en soit la présence de plumbatae peut être aussi interprétée dans le sens d’une utilisation défensive et ne reflète pas nécessairement un usage par une garnison militaire.

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