Le test des plumbatae

Par John Eagle.

Voir topic "Julian Bennett".

Traduction de Spadinos.

Martio-barbuli ou plumbatae furent des dards barbelés et lestés utilisés par certaines unités romaines à partir du III e s . Végèce écrit que les Ioviani et les Herculiani , unités palatines, en portaient; chaque homme en contenant cinq dans le creux de son bouclier. Procope mentionne que les plumbatae furent utilisées par des troupes montées durant les campagnes africaines, sous Bélisaire (530 ap JC) et un de ces dards lancé par jean d’arménie aurait percé le casque du neveu de Genséric, roi des vandales, le tuant net.

Le papier produit par Mr Philip Barker sur les plumbatae de Wroxeter mentionne les expérimentations réalisées avec les répliques exposées à la tour de Londres et à Wroxeter, et concluant qu’il est difficile de dépasser des distances équivalentes à 30 m lorsqu’elles sont lancées à la main . Laissant de côté l’utilisation par une corde de tir qui pourrait l’ étendre à 70m.

Une des plumbatae a été réalisée par Ron Brown, forgeron de son état, qui l’a réalisé en acier doux. La hampe et le fer sont attachées par un clou.

Il me semble qu’il n ‘y est pas de raison de choisir une arme trop longue, car une javeline légère obtient les mêmes résultats, ainsi la longueur que j’ai choisie est de 61 cm. Ceci correspond à la largeur moyenne d’un bouclier sans ses bordures.

Le lest en plomb, une pièce de tuyauterie, fut martelée pour avoir la forme convenue pour correspondre correctement au modèle original situé à cheval sur la hampe et le fer. Le fer fait 10,2 cm de long, inséré de 2cm de profondeur dans le lest, la pointe fait 3,8 cm de long. Cet artefact n’est pas illustré dans l’article.

* Premiers tests

Fig 2: L’arme est tenue à la manière d’une javeline ,et sa distance parcourue en vol n’excède pas les 20,5 m.

Fig 3: Tenu entre les doigts et le pouce, elle ne parcourt que 11m et vacille dangereusement durant son vol.

Le dard tenu par l’extrémité de la hampe en bois est lancé par dessus la tête dans un mouvement d’extension du bras. Son vol est irrégulier et la distance parcourue est de 14,64m.
La hampe en bois fut raccourcie de 9 cm après ces premiers essais, ainsi les autres tests montrèrent une plus grande stabilité en vol, et des distances comparables à celles précédemment enregistrées.

Cette plumbata fut prêtée pour un travail de démonstration, et une seconde version fut réalisée de la même longueur mais en laissant 1,25 cm de bois derrière les plumes. Le fer n’est cependant pas douillée sur la hampe en bois, et sa tige était collée dans un trou percé dans la hampe en bois, un moule est placé au dessus de la jonction puis le plomb y est versé dedans. Cette disposition laisse suggérer une production de masse accélérée. Quand le lest fut perdu ultérieurement il a été observé que le bois collé fut décoloré et non pas carbonisé par l’effet de la colle.

Ce nouveau modèle fut confié à Mr Michael Terry qui répéta les mêmes tests, mais sans de meilleurs résultats et suggéra que le dard pourrait être lancée par le dessous du bras ( lancé à la cuillère, comme le montre les fig 4 et 5) Lorsque il essaya avec cette nouvelle manière, le dard parcouru une distance de 37 m. Des tests ultérieurs accrurent la distance parcourus jusqu’à 48 m , avant qu’un dard ne percuta un bâtiment placé encore plus loin !

* Tests ultérieurs

Un nombre de nouveaux dards furent réalisés avec des têtes en forme de boule pour une plus grande sécurité et pour en faciliter la réparation. Leurs longueurs avoisinent les 50,8 cm et varient en construction.

n°1: a une poignée de 12,1 cm derrière les plumes, lesquelles sont disposées de la même manière que précédemment. A parcouru 52 m et était stable en vol.

n°2: réalisé de la même manière, mais sans plumes disposées. A parcouru 35,5m, mais le vol était régulier, mais plus lent.

n°3: La même que la n°1 mais sans lest de plomb. A parcouru 37 m , mais flottait en vol et n’a rien transpercé.

n°4: La même que la n°3, mais avec des flèches tirées du commerce. A parcouru 19,24m . A tremblé en vol et n’est pas atterrie sur sa pointe.

n°5: La même que la n°4 mais avec un lest en plomb. A parcouru 37,56m, descente flottante.

n°6: L a même que la n°1 mais avec 1,25cm de bois derrière les plumes. A parcouru 41.6m et restait stable en vol . Par la suite, ce dard fut lancé à une distance de 61,3m par Mr David Freeman d’une association celtique. Il y avait ce jour là un vent de trois-quart.

Les meilleurs dards testés sont les dards 1 et 6., ce dernier approchait les résultats du premier, mais il semble que la faible place laissée aux doigts empêche ses derniers de correctement lancer la plumbata, une longue place pour les doigts annihile ce problème.
En conséquence, la poignée a été raccourcie de 5.7cm, ce qui donne un dard de 46 cm, lequel est confortable pour le tenir entre le pouce et deux doigts. Le dard se comporte très bien sous les 40 m, mais cela n’empêche pas de le lancer plus loin.

*Précision

Dans un test préliminaire , Mr Terry avec des membres du Saxon shore guard lança un nombre de dards avec de longues poignées et en tenant un large bouclier comparable à ceux trouvés à Dura -Europos. Après un peu de pratique, ils furent capable de mettre dans le mille à chaque fois, tirant à plusieurs reprises à une distance de trente mètres. Les plumbatae vinrent frapper le sol selon des angles variant entre 30 et 76 degrés. A la chute de l’une de ces dernières, il serait évident qu’un homme accroupi derrière son bouclier serait touché, comme le montre la figure 6.

Tous ces résultats furent obtenus par des gens qui lancèrent des plumbatae moins d’une douzaine de fois . Il serait intéressant de voir à quel niveau ils arriveraient avec un peu d’entraînement, surtout lorsque l’on sait que les plumbatae reconstituées approchent les proportions de celles illustrées dans le De Rebus Bellicis (fig . 1)

*Conclusions

Les répliques des plumbatae parcourent davantage de terrain lorsqu’elles sont lancées sous le bras et ont une portée approchant les 60 m. Cela prend en réalité peu d’efforts. Constance et précision peuvent être atteintes après de courtes séances d’entraînement.
Elles semblent idéales pour le lancer contre des murs ou des obstacles, atteignant une hauteur qui excède les 10,5m . A courte portée elles peuvent être lancées avec force ou de manière calme sans bouger plus d’un bras et l’épaule pendant que le reste du corps est statique derrière un bouclier ou une structure défensive.
La majorité des blessures infligées à l’ennemi se portent au niveau de la tête et des épaules.

Remerciements

Mes remerciements vont à Tom Richardson, des armuries de la tour de Londres, Nicolas Fuentes, D. Sherlock de l’English Heritage, et tous ceux qui ne sont pas nommés mais qui ont participé à ce projet.