Par ce signe, tu vaincras !
Synthèse par Frederic Bey.
Textes essentiellement repris/plagiés (?) des ouvrages de Julien Jerphagnon. Voir biblio. Affaibli par près d'un siècle de crises, le monde romain ne préserve son existence que grâce aux grandes réformes de Dioclétien et retrouve ensuite une certaine stabilité dynastique, avec la lignée de Constantin. Le IVe siècle, marqué par un rétablissement de la puissance romaine, s'affirme surtout comme celui du christianisme, qui triomphe et devient bientôt la religion dominante de l'empire, malgré le sursaut traditionaliste de Julien, le « dernier des Romains ». Du 21 au 23 avril de l'année 248, des jeux somptueux marquent la célébration du millième anniversaire de la fondation de Rome. Roma aeterna ? Rome éternelle ? Il y a quelques dizaines d'années à peine, personne n'aurait songé à mettre en doute ce concept. Pourtant, les fêtes du millénaire ont lieu dans une ambiance délétère. L'empereur en titre, Philippe l'Arabe, n'est qu'un modeste soldat syrien sorti du rang. Parvenu au poste de préfet du prétoire, il a revêtu la pourpre en se faisant proclamer Augustus par ses soldats et en assassinant l'empereur légitime Gordien III. Alors à la tête de l'armée en Orient, en campagne contre les Perses, Philippe signe immédiatement une paix infamante et consent à payer un tribut annuel au roi Sapor, pour pouvoir regagner Rome et y affirmer son pouvoir. La Rome éternelle a bien mille ans, mais elle est entrée dans une crise qui ne sera pas loin de provoquer sa chute.
Au cours des cinquante années qui débutent avec l'assassinat en 235 de Sévère Alexandre, le dernier empereur de la dynastie fondé par Septime Sévère, l'anarchie et le chaos gagnent le monde romain. L'empire est le sujet permanent d'attaques des Perses en Orient, des Goths sur le Danube et des Alamans sur le Rhin ; en 251 un empereur, Trajan Dèce, est le premier à mourir au combat contre un ennemi de Rome (en l'occurrence les Goths) ; en 260 l'empereur Valérien est lui capturé par les Perses et meurt en captivité. Au cours de la période, vingt-cinq éphémères empereurs se succèdent au pouvoir et doivent le plus clair du temps lutter contre un nombre d'usurpateurs qui atteint lui le double Malgré l'énergie d'empereurs soldats, tous illyriens, comme Claude le Gothique, Aurélien ou Probus, le déclin de Rome semble inéluctable !
L'arrivée au pouvoir de Dioclétien
L'évolution majeure du pouvoir vient désormais de l'origine sociale des nouveaux empereurs. Ce sont des membres du corps équestre, et non plus des sénateurs, qui forment le gros des officiers de l'armée au troisième siècle. Devenus des militaires professionnels, passant la majeure partie de leur vie à la tête des légions, les officiers issus de cette nouvelle catégorie acquièrent une popularité croissante auprès des soldats. Ils s'appuient sur eux pour des usurpations, qui deviennent de plus en plus fréquentes avec l'augmentation des menaces extérieures. Alors que l'empereur est de plus en plus absent de Rome pour battre campagne, d'autres généraux victorieux aux frontières ont du mal à résister à la tentation de lui ravir le pouvoir, à l'aide de leurs propres armées. C'est dans ce contexte que Dioclétien, né en Dalmatie en 245 dans une famille modeste, a effectué sa carrière de soldat. Très tôt sa valeur est reconnue et le fait admettre dans le cercle étroit des officiers illyriens qui commandent les unités d'élite de l'armée. Dans les années 270 il sert en Mésie et sur le Danube, avant de participer à l'expédition perse de l'empereur Carus en 283. Il commande alors les protectores domestici, la garde rapprochée de l'empereur et conserve ce poste sous Numérien. On ne sait qui de Dioclétien ou du préfet du prétoire Aper est à l'origine du meurtre de Numérien, mais le général illyrien parvient à bien négocier l'affaire et à se faire proclamer empereur à son tour, lors de l'assemblée de l'armée réunie à Nicomédie, en 284. En occident, Carin, le frère de Numérien est encore empereur. Après avoir éliminé un usurpateur en Italie du Nord, il marche vers l'est à la rencontre de l'armée orientale commandée par Dioclétien. La rencontre a lieu en septembre 285, à Margus (Morova, près de Belgrade). Carin est dispose de forces plus importantes, et son attaque initiale met gravement en péril l'armée de Dioclétien. Il a presque bataille gagnée, lorsqu'un événement imprévu survient. Des officiers de son armée, dont les épouses ont été « séduites » de gré ou de force par Carin, laissent éclater leur rancur et mettent à mort leur empereur ! L'armée occidentale se rallie alors à Dioclétien, pourtant battu sur le terrain. Il devient ainsi, par ce coup peu glorieux du destin, le seul empereur légitime de Rome.
La marche vers la Tétrarchie
Dioclétien, arrivé presque par hasard au pouvoir, va surprendre tout le monde romain par la rapidité et l'ampleur de ses réformes. Il est particulièrement conscient des problèmes géostratégiques de l'empire : les menaces barbares sur le Rhin et sur le Danube ouvrent très souvent deux fronts simultanés sur lesquels l'empereur ne peut pas être en même temps ; les Perses pèsent en permanence sur la frontière orientale et des usurpations peuvent enfin ouvrir un front intérieur ! Il décide donc, deux mois seulement après sa prise du pouvoir, de promouvoir un autre général illyrien de cinq ans son cadet, Maximien, au rang de Caesar. Maximien, issu lui aussi d'un milieu modeste (ses parents sont commerçants à Sirmium), est aussitôt envoyé sur le Rhin, alors que Dioclétien se réserve le Danube. Le choix se révèle judicieux. Maximien s'avère en effet d'une loyauté sans faille et reconnaît volontiers la primauté de Dioclétien. Le 1er avril 286, Maximien devient Augustus à son tour et les deux hommes se partagent l'empire, même si Dioclétien bénéficie d'une sorte de « droit de véto ». Les deux hommes sont consuls ensemble en 287 et ils développent une véritable propagande sur leur parfaite entente, en s'appuyant sur des références mythologiques. Dioclétien se place dans le rôle de Jupiter, le maître suprême, et Maximien dans celui d'Hercule, qui travaille fidèlement à son service pour sauver le monde des périls qui le menacent. Les cinq années suivantes, les deux empereurs se lancent dans des opérations militaires simultanées et de grande ampleur, pour restaurer toutes les frontières de l'empire. Dioclétien s'attaque aux Sarmates en 285 et en 289. Entre ces deux campagnes sur le Danube, Dioclétien se lance en 287 dans une démonstration de force contre les Perses. Dans le même temps, Maximien écrase en Gaule les bandes de Bagaudes, constituées de brigands et de paysans déracinés. Il part ensuite combattre les Germains sur le Rhin. Preuve de leur bonne entente politique et stratégique, les deux empereurs montent en 288 une expédition « en pince » contre les Alamans. Maximien passe le Rhin et Dioclétien traverse le Danube pour aller attaquer la plus puissante des nations barbares de Germanie occidentale. Bien que la tendance soit clairement positive depuis l'arrivée de Dioclétien au pouvoir, l'empire subit encore des revers. La sécession de la Bretagne est sans doute la plus lourde menace qui pèse sur les deux empereurs. Depuis 286, Carusius, le commandant de la flotte de mer du Nord s'est proclamé Augustus et a pris le contrôle de la province de Bretagne. En 289, Maximien rassemble des navires pour venir le déloger, mais il est repoussé et subit des pertes importantes. Malgré tout le régime résiste et Dioclétien comme Maximien conservent leurs trônes plus longtemps que tous les empereurs des années précédentes. Pour compléter le dispositif politique en place, Dioclétien décide à nouveau d'aller plus loin. Le 1er mars 293, dans sa capitale de Nicomédie, il adopte Galère et en fait son Caesar, successeur désigné. Il demande à Maximien de prendre une mesure identique. Le même jour, celui-ci adopte Constance pour en faire le Caesar d'Occident. Les deux nouveaux Césars sont également des militaires de milieux modestes, nés dans les provinces danubiennes. Constance est Illyrien et Galère est originaire de Sardique, en Mésie. La Tétrarchie vient d'être inventée.
Une ère de réformes rationnelles
Le nouveau système de répartition du pouvoir est réellement novateur. Même si l'Auguste d'Orient (Primus Augustus) garde la primauté absolue sur ses confrères, les quatre empereurs se partagent réellement les responsabilités de la conduite et de la défense de l'empire dans leurs zones géographiques respectives. Les Césars, plus jeunes, sont en « première ligne » : Constance a pour capitale Trèves et surveille le Rhin, Galère réside à Sirmium d'où il peut contrôler le cours du Danube. Les Augustes, dans la force de l'âge, ont des résidences qui se situent plus « en profondeur » : Maximien est installé à Milan, base de départ vers la Gaule ou la Pannonie, Dioclétien gouverne Nicomédie, à mi-chemin du Danube et du front perse. Les tétrarques, ce qui est surprenant au regard des événements des décennies précédentes, vont faire preuve d'une loyauté exemplaire les uns envers les autres : est-ce à cause leurs origines communes, est-ce la conséquence de leur fraternité de soldats, est-ce le prolongement du respect qu'impose le fort caractère du Primus Augustus? Peut-être aussi que les perspectives des successions, déjà organisées par le système, calment les ardeurs. Il est en effet prévu, qu'au bout de vingt années de règne, les deux Augustes laisseront leurs places à leur deux Césars. Les réformes de Dioclétien portent aussi sur les deux piliers de l'empire : les structures administratives et l'armée. Nous allons survoler les premières et analyser plus en détail les secondes. Côté administration, les provinces sont divisées en un grand nombre de provinces plus petites (dans un rapport de trois pour une environ). Ces nouvelles provinces sont ensuite regroupées au sein de douze diocèses, confiés chacun au gouvernement d'un vicaire : Espagne, Bretagne, Viennoise, Gaule, Italie, Afrique, Pannonie, Mésie, Thrace, Asie, Pont et Orient. Point très important, l'autorité des gouverneurs des provinces et des vicaires des diocèses est désormais totalement indépendante et séparée de celle de la hiérarchie militaire. Les grandes unités de l'Armée ne dépendent jamais des diocèses, et rendent ainsi plus difficiles le déclenchement de rébellions contre le pouvoir impérial. Dioclétien confie généralement l'administration provinciale à des hommes issus des classes sociales émergentes. Les grands perdants de ces réformes sont les sénateurs qui doivent abandonner leurs derniers pans du pouvoir politique et les Italiens du nord, qui doivent désormais s'acquitter comme les autres de l'impôt. D'une manière plus symbolique, la ville de Rome, qui n'est plus résidence impériale, se trouve réduite virtuellement au rôle de musée de la grandeur de l'empire. La nouvelle organisation, plus décentralisée, répond parfaitement aux exigences de l'époque. Dans la même veine, les réformes militaires de Dioclétien, vont prouver sa lucidité sur l'ampleur de l'effort nécessaire au redressement des armées de l'empire romain. Au cours du siècle précédent, le recours à des vexillations légionnaires, s'est généralisé : les légions, qui regroupent théoriquement entre 4000 et 6000 soldats, sont de moins en moins souvent au complet dans leurs cantonnements ou en campagne. Ce sont désormais des vexillations de 1000 légionnaires, couplées avec des unités auxiliaires, qui sont envoyés aux quatre coins de l'empire, en fonctions de besoins. En conséquence, l'unité de base de l'armée romaine change de taille, le « format » des vexillations deviennent la référence. Les nouvelles légions voient leur effectifs tomber converger vers le millier de soldats. Il en découle une multiplication du nombre des légions : il y en a désormais cinquante-trois sous Dioclétien, contre trente-trois sous Septime Sévère. Les anciennes légions, et leurs noms, sont conservées. De nouvelles légions sont également crées à partir de détachement, comme la IIIe Diocletiana. Ces légions affaiblies sont le plus souvent déployées le long des frontières dans le cadre de « brigades » de deux légions renforcées par un détachement de cavalerie. Ce dernier est souvent plus puissant que les anciennes ailes du siècle précédent. Au contraire des légions de fantassins, les unités de montées se renforcent et le rôle de la cavalerie devient plus déterminant. Pour palier la crise de recrutement des années précédentes, le métier de soldat devient progressivement une obligation, de père en fils. Le recrutement tend aussi à devenir uniquement provincial, voire barbare. Le commandement change également. Les chefs d'unités sont maintenant des professionnels. Ils portent le titre de duces (ducs) et leur carrière est totalement séparée de celle des postes administratifs civils. La principale nouveauté, qui voit le jour sous la Tétrarchie, est la constitution d'armées mobiles qui ne sont pas dévolues directement à la garnison des frontières. Deux, puis quatre nouvelles légions d'élites, portant le nom des patrons des empereurs sont formées : ce sont les Ioviani, Herculiani, Martenses et Solenses. Elles forment respectivement le cur du comitatus (armée d'accompagnement) de Dioclétien, Maximien, Galère et Constance. Ces légions sont issues des excellentes légions danubiennes, dont elles conservent l'armement. Pour les renforcer, Dioclétien peut aussi compter sur les Lanciarii, unité constituée de prétoriens et de légionnaires, sélectionnés pour leur valeur et armés de lances. Enfin Dioclétien est à l'origine de la nouvelle force de frappe de l'armée romaine : une cavalerie puissante et nombreuse, attachée au comitatus. Il s'agit des « gardes à cheval » ou Scholae, et des cavaliers d'élites des equites promoti et equites comites. Les effectifs de ces comitatus embryonnaires sont encore faibles, et obligent Augustes et Césars à appeler temporairement quelques brigades de légions auprès d'eux pour mener campagne. Si les unités sont de plus petites tailles, l'effectif global de l'armée de terre à progresser sous la Tétrarchie, pour approcher finalement les 400 000 hommes ! Les réformes militaires de Dioclétien portent enfin sur la logistique et l'approvisionnement de l'armée qui sont rationalisés autant que faire se peut. Un impôt spécifique est dédié à la fourniture de tout ce dont l'armée a besoin, sous l'autorité des préfets du prétoire pour sa gestion et des gouverneurs de province pour sa collecte. Malgré l'énorme bureaucratie engendrée par ce système, le résultat attendu est atteint et les unités retrouvent une situation matérielle acceptable et une efficacité certaine.
La fin du règne de Dioclétien, entre victoires et persécutions
La première Tétrarchie, malgré des apparences trompeuses, va s'achever dans un climat lourd et annonciateur de nouvelles crises. Du point de vue militaire, les succès sont au rendez-vous, malgré des difficultés initiales. Le conflit le plus grave est celui qui oppose l'empire romain aux Perses Sassanides du roi Narsès. Ce dernier après avoir renversé son prédécesseur, Barham III, envahit en 296 l'Arménie, gouvernée par un souverain pro-romain (Tiridate). Narsès marche vers Antioche et bat en route, entre Carrhes et Calinium, l'armée mal préparée de Galère. Nous sommes alors en 297 et une usurpation en profite pour voir le jour en Egypte, sous le regard bienveillant de Narsès. Dioclétien, après avoir sévèrement réprimandé Galère pour sa débâcle, rétabli l'ordre en Orient en écrasant l'usurpateur Achilleus en décembre 297. Galère tire se son côté les leçons de son échec et rassemble une puissante armée, avec des renforts venus du Danube. Il entre en Arménie et inflige une défaite totale à Narsès, qui parvient cependant à s'enfuir. Le traité de paix négocié dans la foulée accorde aux Romains la haute vallée du Tigre. Nous voilà revenu au temps des grandes annexions ! Au même moment, Maximien et Constance combattent avec succès en Occident. Constance s'attache à mettre fin à l'usurpation de Carusius. Il reconquiert le nord de la Gaule et rétabli la base navale de Gesoriacum (Boulogne), où il compte préparer sa flotte d'invasion. Carausius, affaibli par ses défaites en Gaule est assassiné et remplacé par son trésorier Allectus. Constance prépare longuement sa campagne et envahi la Bretagne en 297. Il y fait étalage de ses immenses talents de général et de stratège et ramène l'île dans la mouvance de Rome, après dix ans de rébellion. Au sud, Maximien remporte lui des victoires sur les quinquegentiani (« les cinq peuples »), des berbères révoltés, en Afrique du Nord. Constance va ensuite voler vers de nouveaux succès contre les Alamans sur le Rhin, à l'instar de Galère qui vainc les Carpes et les Sarmates sur le Danube. La puissance militaire de Rome retrouve ainsi un prestige inégalé depuis plus d'un siècle.
Un drame va pourtant se jouer dans un autre domaine, celui de la religion. Les Chrétiens sont désormais de plus en plus nombreux, surtout en Orient. Les empereurs illyriens, des années précédentes s'étaient tournés vers le culte syncrétiste du Sol Invictus (soleil invincible) et s'étaient montrés d'une tolérance absolue envers les Chrétiens. Dioclétien prône par contre un retour aux divinités traditionnelles des Rome. « Trop systématique pour être tolérant », selon les mots de Lucien Jerphagnon, il proclame d'abord un édit en 297 annonçant que « l'ancienne religion ne doit pas être corrigée par une nouvelle ». Il oblige tous les fonctionnaires et les soldats à sacrifier aux Dieux, sous peine de devoir quitter leurs postes. Puis c'est l'engrenage, et le 24 février 303, le Primus Augustus passe aux méthodes de persécution, que les Chrétiens, endormis par un demi-siècle de tranquillité, n'ont pas su anticiper. Dioclétien ordonne la destruction des églises et fait brûler les Livres Saints dans tout l'Empire. Il fait aussi arrêter les membres du clergé qui doivent se soumettre aux anciens Dieux ou finir en prison. En 304, l'empereur passe à la « vitesse supérieure », en condamnant tout chrétien refusant de sacrifier aux dieux à la peine de mort. Si Dioclétien, et surtout Galère, font appliquer ces mesures avec zèle, en Occident, la répression est plus laxiste. Constance notamment, sous l'influence d'Hélène, sa première femme, chrétienne et mère de son fils aîné Constantin, parvient à contourner les mesures de persécution. Les Chrétiens s'en souviendront. En Orient, ce sont les martyrs qui pullulent et avec eux les lions qui les mangent ! Cette politique d'une ampleur sans précédent marque une rupture importante dans l'histoire de l'empire romain, dans le sens ou la population chrétienne est désormais nombreuse et influente et qu'elle trouve des soutiens dans tous les milieux. Les persécutions vont laisser des traces politiques et les années à venir opposeront désormais clairement et systématiquement les empereurs anti-chrétiens aux plus modérés. Dernière question brûlante, alors que la date de la retraite annoncée de Dioclétien approche : l'efficacité des modalités de succession au sein se la Tétrarchie. A l'épreuve des faits, nous allons découvrir que c'est Dioclétien lui-même qui a gâté la belle mécanique institutionnelle qu'il a mise en place. Après un séjour à Rome en 303 pour son Triomphe, et suite à des prémices de maladie, Dioclétien accélère les choses. Fait exceptionnel, il renonce à son titre d'Augustus le 1er mai 305 et convainc Maximien d'en faire de même. Il se retire alors dans son palais de Split où il va s'adonner, entre autres choses, au jardinage Galère devient Primus Augustus, et Constance est mécaniquement élevé au rang de second Augustus. C'est Galère qui préside au choix des deux Caesar, Sévère pour l'Occident et Maximin Daïa pour l'Orient. Les deux hommes sont des généraux proche de Galère : le premier est un illyrien assez médiocre, mais compagnon de longue date des débauches de Galère, le second est un bon général Dace, qui et également son propre neveu (le fils de sa sur). Maximin Daïa a par ailleurs la réputation d'être plutôt rustre, brutal et borné. C'est bien la fidélité à Galère, plus que le mérite qui a donc présidé à ces choix. Mais, Dioclétien avait tenu, dix ans auparavant, à renforcer la Tétrarchie par des mariages. Constance avait dû répudier sa première femme Hélène, d'origine très modeste, pour la noble Théodora, la belle fille de Maximien. Galère a quant à lui épousé Valéria, la fille de Dioclétien. Le problème évident vient de Maxence, le fils de Maximien, et de Constantin, celui de Constance, tous les deux devenus de brillants soldats et qui sont volontairement « oubliés » par Galère dans la nomination des deux nouveaux Césars. Le vers des liens familiaux est entré dans le fruit juteux de la Tétrarchie, et les années suivantes vont en apporter rapidement la preuve. Chacun va en effet réclamer sa part du pouvoir.
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