J’avais lu quelque part, il y a très longtemps, un récit dont je ne peux malheureusement même plus dire si il est issu d’un texte d’époque ou de l’imagination trop fertile d’un historien vilipendant les Germains « barbares », forcément incultes et sauvages. Il était question de guerriers vêtus de peaux de bêtes (des Berserkr ?) munis de masses d’armes, sortes de «morgenstern» faites de longues souches de noisetier, dont les départs de racines auraient été appointies, puis durcies au feu. Très longues, lourdes, utilisées en mouvement tournoyant, ces armes auraient fait des dégâts énormes dans les rangs romains.
Au-delà de cette description peut-être totalement fantaisiste, de nombreux « bouts de bois » préparés et maniés avec adresse ou fureur peuvent être très efficaces. Il n’est pas certain que lors d’engagements sévères, chaque combattant ait pu être armé d’une épée, voire d’une simple lance. Le fer n’était pas si abondant qu’on a parfois tendance à l’imaginer et il est plus que probable que nombre de protagonistes étaient munis d’un armement de fortune. Massues courtes, gourdins, épieux et épées en bois étaient certainement au nombre de celles-ci. Il serait certainement intéressant de retrouver ce texte, que j’ai plusieurs fois recherché, sans succès.
Il faut se rappeler le concept de guerre totale selon Clausewitz. Tuer ou être tué est la seule règle qui vaille. En 1915, sur le front russe, seul un soldat sur 10 (!) des armées tsaristes était équipé d’un fusil. Quelques uns avaient la chance de porter un sabre, et tous les autres chargeaient à mains nues et devaient attendre qu’un camarade tombe pour récupérer son arme… De telles situations, on les retrouve dans toutes les guerres totales ou presque. Elles on dû maintes fois se produire dans l’Antiquité, et tout ce qui pouvait percer, couper ou assommer était utilisé en dernier recours.
Ceci dit, l’hiver étant là, et pour moi c’est la saison des approvisionnements en bois (30 stères pour mes fours, 12 à 15 pour la maison…). Je dois terminer une coupe de taillis où, il me semble, quelques gros noisetiers ont été renversés par des abattages précédents. Je vais voir ce qu’il est possible de tirer d’une souche. Le noisetier frais, c’est une tige très droite, c’est lourd, extrêmement solide au point d’être pratiquement incassable, ça se trouve presque partout. Pas nécessaire de faire sécher, au contraire. Plus c’est frais, plus c’est solide et lourd ! Je n’aimerais pas être un fantassin romain ou autre, muni de mon bouclier et de ma spatha en face d’un malabar tournoyant un tel engin de 2 m. et pesant 10, 15 ou 20 kg. . Même casqué et cuirassé, ça devait faire très mal…
Au fait, le morgenstern, sous forme d’une grande massue munie de pointes en fer, ne serait.il pas qu’une évolution d’une telle arme ?
PS.
« La victoire revient à celui qui tient le dernier quart d’heure »
Carl von Clausewitz, extrait de « De la Guerre », vers 1782
_________________ Illanua, potier-archéocéramiste
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