Terminé !
Un excellent petit livre, une très bonne synthèse (en français qui plus est) de tous les derniers travaux sur le sujet. Tous les points importants y sont abordés, avec de bonnes pistes bibliographiques (Dark, Snyder, Laycock, Alcock, etc.) et un regard très critique sur les sources. Le premier chapitre fait le point sur la romanisation de la Grande-Bretagne, le second sur sa "déromanisation" et la crise économique et politique qui secoue le diocèse insulaire à la fin du IVe et au début du Ve siècle. Le troisième chapitre aborde les mutations socio-culturelles aboutissant à la création des royaumes brittoniques de l'ouest de l'île aux V-VIe siècles ; le quatrième et dernier chapitre est consacré à l'arrivée des Saxons et aux guerres les opposant aux Bretons.
Les vieilles théories présentant une invasion saxonne éradiquant une population bretonne ou des royaumes insulaires isolés du reste du monde sont défaites. L'auteur explique bien que ce n'est pas l'invasion des Saxons qui a causé l'effondrement de la Britannia romaine, ce dernier lui étant antérieur de plusieurs décennies. De même les Bretons n'ont pas été purement et simplement remplacés par des Saxons, il y eu dans l'est de l'île assimilation progressive des indigènes à la culture germanique.
Le cas Arthur y est abordé sur un paragraphe, pour rejeter l'historicité du personnage. Le titre de l'ouvrage est surtout là pour attirer le lecteur potentiel et fait aussi échos aux publications britanniques des années 70 (
Arthur's Britain de L. Alcock,
The Age of Arthur de J. Morris).
Pour ceux qui souhaiteraient se pencher surtout sur les origines historiques et littéraires d'Arthur, je conseillerai plutôt
Arthur d'Alban Gautier.
Quelques points négatifs. On retrouve des imprécisions sur les limites de certains royaumes, les noms de Pays de Galles, Strathclyde et Galloway quelque peu anachroniques pour évoquer les principautés des V-VIe siècles ; et les Attacotti d'Amien Marcellin identifiés à un peuple des Hébrides (une récente étude de Philip Rance en fait des tribus d'irlandais parias). Dans l'ensemble ce ne sont que des détails avec peu d'importance dans le reste de l'exposé.
Le côté synthétique (à peine 100 pages, en petit format) du livre est à double tranchant. On aurait aimé un ouvrage plus important et détaillé, mais le fait de restreindre cet exposé à l'essentiel le rend abordable pour un public très large.
Un incontournable pour tous ceux qui s'intéressent à cette période.