Le lien de l'article est périmé mais je suppose qu'il s'agit de ceci :
Yahoo news / The Guardian a écrit:
« "Docteur", demande un patient, "à chaque fois que je me réveille je me sens tout drôle pendant une demi-heure". Réponse du médecin :"Eh bien, vous n'avez qu'à vous lever une demi-heure plus tard !" » Cette blague figure parmi les préférées de Mary Beard, professeur de lettres classiques à l'Université de Cambridge, à l'origine de la découverte du recueil. L'ouvrage, intitulé Philologos ou celui qui aime rire, date du deuxième ou troisième siècle après Jésus Christ, et contient quelques 260 histoires drôles du même acabit.
Un autre exemple avec celle-ci, sur le vacillement de l'identité, à la pointe de l'absurde : « Un barbier, un professeur étourdi et un chauve voyagent ensemble. La nuit, ils montent la garde à tour de rôle. Comme le barbier s'ennuie durant sa veillée, il décide de raser la tête du professeur pour se distraire. Celui-ci se réveille, passe la main sur son crâne et s'exclame : "Quelle andouille, ce barbier ! Il a réveillé le chauve à ma place." » Ce qui frappe, c'est la modernité de l'humour romain, très proche du nôtre. Dans un autre épisode encore, un marchand d'esclave répond à un acheteur mécontent de la mort prématurée de son domestique, « mais il était tout à fait vivant avec moi ». Cet esprit de dérision préfigure les Monty Python et leur sketch sur le perroquet mort qui refuse obstinément de se réveiller.
Quelques figures se distinguent, parmi lesquelles le professeur fou, l'astrologue charlatan et l'eunuque. Stéréotype oblige, les romains aimaient aussi rire de leurs voisins. Les habitants des alentours de Thrace faisaient notamment l'objet de plaisanteries qui n'ont rien à envier à nos blagues sur les Belges...
Je m'étais un peu indigné quand cet article a été publié sur le forum Passion Histoire, parce qu'il prétend que Mary Beard (née en 1955) a découvert ce recueil... alors qu'en réalité sa première publication (en France) date de 1605. Le recueil est connu depuis un bon moment, il a été réédité en Allemagne et en France au XIXe et dans la seconde moitié du XXe. Pour ceux que ça intéresse, il a été publié aux éditions Mille et une Nuit en 2008 sous le titre "Va te marrer chez les Grecs. Philogelos. Recueil de blagues grecques anciennes" et est vendu au prix de 3 euros. Toutes les blagues ne sont pas forcément accessibles, mais quelques notes de bas de page donnent des pistes pour comprendre les moins évidentes. Pour ma part, ce fut une très bonne découverte !
Voici quelques exemples sélectionnés parmi mes blagues préférées :
N° 25 : Un intellectuel est sur un bateau. Survient une violente tempête, et ses serviteurs se mettent à gémir. « Ne pleurez pas ! leur lance-t-il, dans mon testament je vous ai tous affranchis ! ».
N° 55 : C'est un intellectuel plein d'humour qui est à court d'argent et qui vend ses livres. Il écrit alors à son père : « J'ai une bonne nouvelle : je commence à vivre de mes livres ».
N° 120 : C'est un Abdéritain qui a entendu dire que les oignons et les bulbes donnaient des vents : un jour qu'il se trouve sur un bateau et qu'il y a un calme plat, il remplit un sac d'oignons et le suspend à la poupe du bateau.
[Abdère était une ville située en Thrace]
N° 144 : C'est un homme spirituel qui aperçoit [au gymnase] un coureur alangui : « Je sais ce qui manque à notre homme, dit-il. — Et quoi donc ? s'enquiert l'entraîneur sportif. — Un cheval ! Sans cela, il n'y a pas moyen qu'il rattrape ses concurrents ».
N° 247 : C'est un homme qui déteste sa femme. Celle-ci meurt et il procède aux funérailles. Quelqu'un demande : « Qui repose en paix ? — Moi, répond-il, maintenant que je suis veuf ».
N° 261 : Quelqu'un dit à un homme spirituel, pour lui faire honte : « J'ai eu ta femme gratis ». Et l'autre répond : « Moi, je n'ai pas le choix, mais toi... qui t'a obligé à subir une pareille calamité ? ».