Cette rubrique aurait pu finalement s'appeler "Culture Celtique" (au même titre que les rubriques "Culture germanique" ou "Romaine"...
J'ai toujours un peu cette impression que l'on doit parler de celtes que lorsqu'il est question de l'Antiquité... (je parle ici de l'âge du fer). Il est certain que ladite culture a été très présente en Europe aux deux âges du fer, puisque c'est à travers ces longues périodes que la civilisation celtique s'est étendue de façon impressionnante (dépassant même les frontière orientales).
Il est toutefois important de rappeler une chose élémentaire dans l'étude des peuples celtiques : le celte est avant tout un "celtophone", et le fait d'être reconnu comme tel n'implique que la langue de naissance ou d'utilisation dans le mode de vie et l'épanouissement culturel. (Il ne suffit pas de porter un torque, de se costumer en tissus à carreau pour être considéré comme un celte...)
Petit rappel sur l'histoire et l'évolution des langues celtiques :
Le Celtique est une famille linguistique appartenant au groupe indo-européen. Il se détache il y a des milliers d'années du groupe italo - celtique, pour ne former qu'un seul et unique groupe linguistique que l'on appelle le celtique "archaïque". Ce dernier se divise alors en deux familles, les celtes en G/Q (les celtibères et les goïdels, ou gaëls), puis les celtes en B/P ("Gaulois", celtes lépontiques et bretons... les celtes de l'Est ou d'anatolie appartenaient probablement à ce même groupe). La différence entre ces deux groupes est évidemment linguistique (en gros quand les premiers prononcent le son "G" ou "Q", les autres prononceront "B" ou "P" : par exemple Mac "fils" à son équivalant en Map).
A la période qui nous intéresse, les langues celtiques continentales ( la gallica lingua par exemple, c'est à dire la langue gauloise) n'est parlée que dans les campagnes, surtout dans les régions isolées, montagneuses ou enclavées... Seuls les peuples de "l'archipel britannique" ont conservé la langue celtique comme langue d'usage dans la vie publique, politique et culturelle.
Il est intéressant de constater que deux variantes de langues celtiques sont parlées dans les îles, et elles sont toutes deux séparées par les caractéristiques que j'ai citées plus hauts : langues en G/Q et en B/P. On détache donc le groupe goïdélique (gaélique) qui correspond à l'Irlande et ses colonies sur l'île de Bretagne, et le brittonique parlé en Bretagne insulaire, jusqu'aux montagnes calédoniennes. Même si les bretons ont été romanisés, leur langue, et leur corpus littéraire sont celtiques et non latins. La prolongation de la romanisation des bretons par leurs compatriotes du sud de l'île à la fin du V° siècle ne provoquera pas la mort du brittonique, au contraire : les populations qui migrent du III° au VI° siècle en Armorique importent la langue brittonique, d'ailleurs très similaire au gaulois "armoricain" parlé par les populations locales.
(ps : le Gaélique est une langue celtique en G/Q et le Brittonique en B/P, d'où un quasi impossibilité d'inter compréhension !)
C'est toujours de manière linguistique que les universitaires suivent l'évolution de la civilisation celtiques, assistant à la disparition de certains peuples comme les royaumes du Gododdin ou du Strathclyde, puis, bien plus tard, à l'extinction des poches où résidaient de nombreux locuteurs "celtiques" tels les populations du Cornwall à la fin du XVIII° siècle.
De nos jours, les langues celtiques sont devenues des langues minoritaires dans leurs propres frontières, et sont à l'agonie (à l'exception peut-être du gallois qui semble connaître une stabilité dans le nombre de locuteurs depuis les années 90).
Chose importante : l'identité celtique nait à la fin du XVIII° siècle... à l'époque où commencent le Romantisme et le goût pour l'histoire. C'est aussi la création d'une identité nouvelle en Grande Bretagne où les minorités ethniques (Irlandais, Corniques, Ecossais, Gallois,...) remplacent le statut de "non anglais" par quelquechose de plus gratifiant...
A l'époque qui nous intéresse, les bretons, ou brittons, se reconnaissent comme "cymbrogi", des "compatriotes", ce mot qui donna le nom gallois du Pays de Galles "Cymru", et des noms tels que "Cambria". Jamais ils ne reconnaîtront chez les irlandais une quelconque similitude ! Et les irlandais en feront de même jusqu'à la période contemporaine. Quant aux pictes... est-ce la trop grande différence linguistique également, où le manque de romanité de ce peuple brittonique resté "barbare" ? Bref, la "celticité" des peuples insulaires, ou de Bretagne armoricaine, est un élément que nous seuls connaissons depuis le XIX° siècle, et ce critère nous aide à définir ces peuples ayant résisté à la romanisation ou à la germanisation depuis près de deux millénaire pour la plupart.
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