Morcant a écrit:
Des réflexions en tout cas très intéressantes
Merci !
Citer:
Certains de mes interrogations portent sur les centres périphériques et sur les noms des résultantes de cette partition - peut on d'ailleurs employer ces derniers les termes de pagi majores à l'opposé des pagi minores connus par ailleurs comme le Pagus Achmensis, lui même composante du Léon ?
Même si on ne voit pas dans les sources les différents
pagi bretons distingués entre
pagi majores et
pagi minores, je pense que l'on peut sans problème opérer cette distinction, comme il se voit notamment en ce qui concerne les "petits"
pagi constitutifs du plus "grand"
pagus Leonensis : c'était en tout cas l'opinion du regretté H. Guillotel à propos du
pagus castelli longtemps discuté entre l'évêché de Léon et celui de Tréguier.
Citer:
Sans vouloir sortir du sujet, on a également beaucoup écrit sur les rapprochements entre noms des principautés insulaires, entre les deux Cornouailles d'ailleurs attestées seulement me semble t'il à partir du IXe siècle, entre les Domnonées, sans oublier la correspondance du pagus de Trigg en Cornwall avec notre Trégor.
Pour ce qui est des Cornouailles, je m'interroge sur l'origine de leurs noms. Plutôt que d'y voir à tout prix un terme ethnique, ne peut on pas y voir une réalité géographique, celles de deux "cornes" ? J. Quaghebeur dans son ouvrage sur la Cornouaille propose pour le terme Cornugallia une possible origine romaine, avec Cornubia/Kerneo comme correspondant brittonique.
Ces rapprochements sont au coeur d'une discussion renouvelée, largement initiée par M. Coumert, à laquelle B. Merdrignac vient d'apporter trois réponses distinctes, que j'ai eu le bonheur de lire en primeur et qui devraient paraître incessamment dans les
Mélanges C. Laurent, les
Mélanges M. Sot et les
Mélanges X. Barral. Affaire à suivre
Au IXe siècle les clercs continentaux, en particulier les Bretons, se servent plutôt du nom
Cornubia pour désigner la Cornouaille armoricaine, tandis que
Cornugallia (pour
*Cornu galliae) s’applique à l'ensemble de la péninsule, comme il se verra encore au XIe siècle sous la plume de Raoul Glaber ; puis, à partir de cette époque, le mot
Cornubia a semble-t-il connu une relative défaveur et on voit que la Cornouaille armoricaine est le plus souvent désignée
Cornugallia. Cependant, l’auteur de la
*vita IIa de saint Melar (qui travaillait sans doute au début du XIIIe siècle) fait concomitamment usage des deux termes
Cornugallia et
Cornubia : le premier pour désigner la péninsule (
post desolationem Frixonum et Corsoldi ducis nostram audiens desertam Cornugalliam [= il s’agit des ravages causés par les Frisons et le duc (de) Corseul)], le second pour désigner la Cornouaille armoricaine au sens strict (
ex uno Cornubiae montium [= il s’agit du mont Frugy à Quimper) ; on trouve également dans cette
vita le mot
Britannia à propos des nobles du pays (
Britanniae optimatibus). En revanche, dans l’état actuel du texte, n’apparait pas la Domnonée (
Domnonia), qui figure pourtant à plusieurs reprises dans la
vita Ia du saint.
Citer:
Dans la suite, on peut s'interroger sur les origines de l'évêché de Cornouaille. Les fouilles de Quimper n'ont pas révélées de traces d'occupation entre les IVe et VIIIe siècles. Ce n'est certes pas une preuve absolue : étant donné le manque fréquent de matériel archéologique diagnostique pour le Très Haut Moyen Age, cette période peut parfois passer inaperçue dans les fouilles. Autre donnée à préciser, l'origine du nom Aquilonia : est ce un faux d'époque médiévale (à relier avec l'appropriation du terme ethnique Corisopitensis ?) ou le véritable nom latin de Quimper ?
Quimper et Saint-Pol-de-Léon sont effectivement des 'déserts' archéologiques avant l'époque carolingienne ; ce qui conduit très légitimement à penser qu'ils n'ont véritablement 'émergé' qu'à la suite de leur érection en sièges épiscopaux.
La forme
in Aquilonia civitate apparaît pour la première fois dans la seconde moitié du XIe siècle et paraît être attachée à Locmaria ; malgré la longue étude que lui a consacrée le regretté Gw. Le Duc, il n'est pas possible de conclure formellement à son sujet. En revanche la question paraît tranchée pour
Corisopitensis, inconnu à Quimper avant le XIe siècle et qui découle du jeu de "chaises musicales" auquel se sont livrés les prélats bretons à cette époque (voir
ici).
Citer:
Plus au nord j'aimerai encore une fois insister sur l'importance du Coz-Yaudet, à ma connaissance seul habitat d'élite pour l'instant attesté par l'archéologie aux V-VIe siècles, avec une occupation semble t'il continue entre la fin du IVe et le Xe siècle. Nous avons déjà eu l'occasion de parler des origines du nom de Vetus Civitas. A noter l'emploi fait par Bède du terme de civitas pour désigner la forteresse royale bernicienne de Bamburgh. L'appellation du Yaudet est elle due à son passé de forteresse romaine ?
Entièrement d'accord avec vous sur l'importance du Yaudet : comme je l'ai déjà indiqué, je crois que le lieu a pu servir de refuge à l'évêque de Léon déposé par Nominoë ; d'où le terme de
civitas ; mais le rôle civil et militaire joué par cette forteresse est sans doute plus important encore, vous avez raison...
Bien cordialement.