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 Sujet du message: [Ancien sujet] Le guerrier breton
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Je remet en ligne un article de Février 2007 provenant de l'ancien forum.

Le manque de pièces archéologiques et de textes contemporains descrïptifs limite la descrïption précise de la guerre et des guerriers bretons de l'époque "arthurienne". Cependant, des interprétations sont possibles, grâce à une tradition orale figée dans les manuscrits gallois du Moyen Age, aux liens et aux influences que les cultures voisines ont exercé sur eux, et à leur manière de faire la guerre à des époques ultérieures.

La culture brythonique, terme qui conviendrait le mieux puisque les termes britannique et bretonne peuvent porter à confusion, est très riche et complexe. On y distingue :
- une véritable culture héroïque, héritage de l'époque pré-romaine
- une influence romaine cependant plus que probable dans la manière de faire la guerre et des armes utilisés
- une influence irlandaise importante, particulièrement sur la côte ouest, là où les contacts, amicaux ou hostiles, furent de tout temps existant, sans compter les nombreuses colonies irlandaises : le Dal Riada bien entendu, mais aussi en Cornwall, dans le Lleyn et en Dyfed ou les seigneurs locaux étaient originaires du Munster
- une influence germanique, les établissements de colons saxons étant nombreux, et les relations n'étaient pas nécessairement hostiles. A voir la position géographique de villages 'saxons' aux V-VIe siècles, isolés en territoire brittonique, les colons avaient probablement obtenu l'autorisation de s'y installer à la condition de servir en tant que foederati contre leurs cousins.
- une influence picte, en ce qui concerne les royaumes les plus septentrionaux comme l'Alcluyd et le Gododdin
- une influence byzantine par le biai des navires marchands venant de Méditerannée, un trafic maritime persistant à cette époque comme l'atteste les résultats de fouilles comme à Tintagel.

A travers ces recherches on peut dégager des idées directrices :
- le prestige de la cavalerie, qui date peut être de l'époque celtique mais n'est pas étranger à son rôle prédominant dans le Bas Empire
- le chef de guerre vivant dans son 'hall' avec ses guerriers, héritiers des 'comitatus' et équivalents des antrustions francs et des heartgeneats saxons
- l'infanterie, des miliciens pour l'essentiel ?
- l'importance des forteresses. Les villes romaines, souvent trop difficiles à défendre, sont abandonnées au profit des forteresses et autres hillfort de l'âge du fer qui sont alors refortifiés
- la guerre sur les flots a une grande importance. Les seigneurs du Dyfed, de Domnonée et de Petite-Bretagne doivent protéger flottes marchandes et migrants vers le continent contre les pirates, qu'ils soient saxons, frisons, pictes ou irlandais.


Chacun de ces points mérite un développement. Pour compléter cette introduction j'aimerai encore une fois citer mon ami Ranika.

Citer:
Also, the Irish well-record that the Welsh had soldiers outfitted with plenty of various types of armor and weapons (including Irish weaponry, whcih was apparrently sold to them in large amounts, until, apparently, some folks got upset, and the Irish invaded). Also, parts of Wales were isolated and Roman rule wasn't very well extended. Further, the conquests of the Irish in Wales weren't due to a lack of armies; they fought armies plenty of times there. However, the Irish were substantially better equipped, and they weren't led by some inexperienced schmo; it's hard for a lot to grasp, but late Celtic and demi-Celtic armies (late in this case being early dark ages) were fairly professional compared to numerous contemporaries, with the exception of Picts, who appear to have aped a combination of the Gaelic 'punch' model (using punch chits to determine a soldier's pay, but neglecting the '9 men and a captain' part of this) and what seems to be the ancient British model (units based around a warband, which would then be put together to form larger 'units'; that being, no set size for them at any point). I suppose, of course, the Welsh could have been using Roman equipment and such, but the way they're described, they have very...Celtic, armies. As in, similar to earlier Celtic forces, combined with heavier soldiers with Romanized equipment.


"Les Irlandais témoignent que les Bretons utilisaient de nombreux types d'armes et d'armures (incluant des armes gaëliques, qui leur étaient vendues en grosse quantité). Le Pays de Galles était relativement isolé et le pouvoir romain y était limité. Mais les conquêtes gaëliques dans le Pays de Galles n'était pas due à une absence d'armées, au contraire ils durent beaucoup de battre. Les Gaëls étaient mieux équipés, et leurs commandants avaient une certaine expérience ; ce n'est pas toujours évident à comprendre mais les armées "celtiques tardives" et "demi-celtiques" étaient relativement professionnelles comparés à beaucoup de peuples contemporains, avec l'exception des Pictes qui apparament usitaient une mélange entre le système irlandais de 'poinçon' (utilisant des notes de poinçon pour déterminer la paye des soldats mais négligeant l'aspect "9 soldats pour un capitaine") et ce qui semble être l'ancien système brittonique (basé sur la warband, assemblées pour former de plus grosses troupes, donc sans taille vraiment définie). Je suppose que les Bretons (du Pays de Galles) utilisaient de l'équipement romain, mais de la façon qu'ils sont décrits leurs armées étaient très... 'celtiques.' Similaires à celles de l'époque pré-romaine, associés à une élite armée à la romaine."

Citer:
The Gaels of the period had seven main words for armies, and they all mean different things (implying size or structure of the army). Two are understood (caighelrithae; a professional army, and gasraigherae; a disorganized army or horde), the others are all inferred. Admittedly, the one used to refer to Welsh enemies is often 'coighteaelt', which possibly means a militia or 'youth' army (that being, an army composed of non-soldiers or green soldiers). The Cobihea-Deisi records that the conquest of Dyfedd mostly engaged such forces, with the only caighelrithae being an allied force of Cymrians, probably given equipment by invading Gaels, or maybe just exaggerated in their importance (since the Gaels were pretty lauding on their allies; they would speak nothing but good about them, and would likely exaggerate their importance). However, it's certainly larger than 30 men, but it could just be post-Roman militias forming themselves together. However, the Gaels also understood who Romans were (considering they traded with them and invaded Roman-held Britain and such), and it seems they'd have mentioned Roman equipment more, though they do sometimes, but for the most part they mention spears, swords, and oval shields; while they could easily have been Roman equipment (and in retrospect, probably were) it's unlikely Gaels would've seen it as such, since the old Britons used the same thing anyway.


"Les Gaëls de l'époque avaient 7 mots principaux pour désigner une armée, tous avec une signification différente (par rapport à la taille ou la structure de cette armée). Deux sont compris (caighelrithae, une armée professionnelle ; gasraigherae, une armée sans organisation ou une horde), les autres sont des inférances. Celui souvent utilisé pour désigner des ennemis bretons est 'coighteaelt', signifiant peut être une milice. Les Cobihea-Deisi disent que la conquête du Dyfed impliqua essentiellement de telles forces, avec la seule caighelrithae étant une force alliée de Bretons, peut être équipés par les Gaëls ou tout simplement exagérée (les Gaëls ayant tendance à célébrer leurs alliés, disant toujours du bien d'eux et éxagérant parfois leur importance). Quoi qu'il en soit, une telle troupe comptait certainement plus de 30 hommes, mais il peut s'agir simplement de milices post-romaines rassemblées. Les Gaëls connaissaient les Romains (commerçant avec eux et envahissant la Bretagne Romaine à de nombreuses reprises) et il semble qu'ils auraient cité davantage l'équipement romain, même s'ils le font parfois, mais ils mentionnent essentiellement lances, épées et boucliers ovales ; il est fort possible qu'il y s'agisse d'armes romaines, il est peu probable que les Gaëls l'aient vu comme tels, les anciens Bretons utilisant le même type d'armes."

Voilà pour l'introduction, j'espères que ce n'est pas trop décousu !

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 Sujet du message: Re: [Ancien sujet] Le guerrier breton
Nouveau messagePublié: 20 Sep 2008, 16:14 
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La cavalerie, fer de lance des armées bretonnes ?

On a jusqu'alors peu de renseignements directs sur la composition des armées bretonnes. Cependant, la littérature "galloise" médiévale, incontestablement héritée de la tradition orale brittonique, nous parle du prestige des cavaliers bretons. Il est difficile de dégager des connaissances nettes sur la manière de combattre des Bretons de ces textes, qui parlent souvent et avant tout de faits d'armes individuels. Néanmoins, les historiens s'accordent généralement pour considérer que la cavalerie jouait un rôle important chez les Bretons du Très Haut Moyen Age. Les guerriers d'Arthur sont, avant de devenir des chevaliers de l'époque féodale, des cavaliers britto-romains.

Le poéme épique Y Gododdin, attribué à Aneirin, barde breton du début du VIIe siècle, nous livre cependant quelques renseignements quand à leur équipement:

"Rouges leurs épées, les lames laissées salies
boucliers blancs et fer de lances à quatre face
pour les hommes de Mynyddawg Mwynfawr"

Il est aussi fait référence à des 'lwric', c'est-à-dire des lorica. Celles ci étaient peut être de mailles, d'écailles ou de cuir.

Dans Culhwch et Olwen, tiré des Mabinogi gallois, Arthur parle de son équipement :
- son épée Kaledvwlch, "Dure-entaille", plus connue comme Excalibur
- sa lance Rongomyant
- son bouclier Gwyneb Gwrtucher, "Visage du soir"
- son couteau Karnwenhan = "à manche blanc"

Les manuscrits datent du XIIIe et XIVe siècles, ce qui semble fort tardif, or on a déjà référence à la chasse du Twrch Tryth par Arthur, le sanglier mythique dont Culhwch doit dérober les trésors, dans l'Historia Brittonum au IXe siècle, et il est plus que probable que cette tradition soit plus ancienne encore. Toujours dans ce texte, on a un passage où Gwalchmei (Gauvain, le neveu d'Arthur) est nommé "le meilleur des piétons et le meilleur des cavaliers".

Les Celtes étaient des cavaliers réputés, et aux côtés des Germains les Romains les utilisèrent longtemps comme auxiliaires montés, copiant aussi leurs techniques pour créer leur propre cavalerie. Une cavalerie qui prendra de plus en plus d'importance, et cet héritage tant celtique que romain a certainement beaucoup influencé les Bretons. Au IXe siècle, la cavalerie bretonne armoricaine était particulièrement réputée, c'est d'ailleurs grâce à elle que les Bretons de Nominoé puis d'Erispoé regagnèrent leur indépendance contre les Francs de Charles le Chauve. Montés sur de petits chevaux, leur technique consistait à harasser la lourde infanterie ennemie de javelots, puis de simuler la retraite, insistant les Francs à les poursuivre et à se disperser pour être isolés et taillés en pièces, puis recommançant à harasser l'ennemi. La même technique était elle déjà usitée aux Ve et VIe siècles contre les Saxons ?

Quid de l'influence sarmate ? Des unités de cavaliers sarmates, peuple nomade originaire de l'Ukraine actuelle, ont été stationnés en Bretagne pendant une longue période. Si au début du Ve siècle les derniers soldats romains ont quitté la Bretagne, il est probable qu'ils laissaient derrière eux des vétérans installés et qu'il y eut des mélanges avec la population locale. Il existe même une théorie selon laquelle des guerriers sarmates se seraient installés en Irlande, dans le Dal Riatta, quelques écrits irlandais rapportant l'usage - rarissime - d'archers montés.
Au côté de l'arc, figure une autre arme traditionnelle du sarmate : le contus, grande lance de cavalerie utilisée à deux mains, qui fut adoptée par les compagnons d'Alexandre le Grand et les cataphractaires romains. Le cavalier équipé du contus ne peut pas utiliser de bouclier, sa monture est en général protégée par un carapaçon d'écailles ou de mailles. Le cataphractaire ou clibanaire constitue un véritable tank ainsi armée. Il est possible que certains cavaliers bretons combattaient ainsi - même si l'entretien de tels guerriers réclamait des fonds considérables dont les petits rois bretons ne disposaient probablement pas.

Les Sarmates, à travers les Romains, laissèrent l'usage du draco aux Bretons. Enseigne d'abord utilisée par la cavalerie, elle consiste en un manche à air avec une tête de dragon. Il n'est pas impossible que les "dragons" que l'on rencontre dans les vitae de saints, soient en fait les petits seigneurs locaux, dont les ardeurs et les exactions sont tempérées par les moines bretons - eux aussi souvent issu de l'élite.

Malgré plusieurs siècles d'occupation romaine, les Bretons ont conservé une culture très celtique, leur langue, légende, lois et coutumes persistant presque inaltérées. Pour citer Léon Fleuriot, "les Bretons étaient des Celtes qui se voulaient Romains." Le chef, ou tiern, vit entouré de ses guerriers, sa teulu, équivalent de la truste germanique. La suite de Mynyddawg, roi de Din Eydin, à Catraeth, est composé de 300 cavaliers dont seul un (ou 3 selon les versions) survit à la bataille - Aneirin attribuant leur mort à la beuverie de vin et d'hydromel qu'ils firent avant d'engager le combat. Cynddylan de Pengwern est célébré pour avoir 700 guerriers sous ses ordres. De telles forces de cavaliers pouvaient compenser leur éventuelle infériorité numérique sur le champ de bataille par leur mobilité. La charge frontale n'est pas d'actualité. L'étrier n'est pas encore arrivé en Europe. Les cavaliers devaient utiliser les mêmes tactiques que leurs descendants en Petite Bretagne des siècles plus tard, harasser l'ennemi de javelots, simuler des retraites, le prendre à revers, lui tendre des embuscades, brûler les villages laissés sans défense par les hommes partis guerroyer, etc.

Quel équipement pour ces cavaliers bretons ? On l'a vu, lance, javelots, bouclier (probablement rond, mais notons que les cavaliers irlandais utilisaient des boucliers de forme ovoïdes aplatis aux extrémités), spatha. Peut-être des haches, à l'instar des Gaëls. Les sources archéologiques sont cependant inexistantes concernant les armures. Il est cependant envisageable que ces cavaliers possédaient les moyens d'acquérir une cotte de mailles ou d'écailles, et un casque de type spangenhelm.

Image
Le Fell pony, une race ancienne de cheval britannique. Des études laissent à croire que ce sont ce style de monture qu'utilisaient les Bretons au combat.

http://www.cyberscotia.com/ancient-loth ... anglos.jpg http://www.cyberscotia.com/ancient-loth ... cgfrid.jpg
http://www.lithos-graphics.com/picts/pi ... detail.jpg
Détails de la pierre picte d'Aberlemno.
Cette pierre est souvent intérpretée comme commémorant la victoire picte sur les Northumbriens à Dunnichen en 684, mais il a aussi été avancé qu'elle représenterait une bataille entre Pictes et Bretons du Strathclyde. Si les Pictes ne portent apparemment pas d'armure, leurs ennemis portent ce qui pourait être une cotte de mailles, un casque à nasal, un bouclier rond, des épérons, des spatha et combattent avec la lance "au-dessus de la main", à moins qu'ils ne s'apprêtent à lancer un javelot.

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 Sujet du message: Re: [Ancien sujet] Le guerrier breton
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Réponse de Damianus
Citer:
Je lis avec grand intêret tes exposés sur le guerrier Breton, il me vient fatalement de nombreuses questions!

J'arrive a comprendre en termes psychologique l'attachement des Bretons immigrés suite à l'effacement de la présence impériale dans l'Ile de Bretagne. Je connais par exemple l'adhésion de la "Bretagne-Armorique" (comme tu l'as précisé ce terme est impropre...) à l'autorité Gallo-romaine de Syagrius jusqu'à sa défaite contre Clovis... Ce n'est pas ce qui m'interpelle le plus.

Je suis en revanche étonné de la si grande diversité d'armes tactique dans toute l'Ile de Bretagne. Une ancienne province qui n'est pas des plus peuplée ni des plus riches coupée dans une certaine mesure du continent (Pas tant que ça mais quand même...) Comment peut-elle afficher une si grande puissance militaire. Tu me diras, les guerres intestines, la division des forces font qu'elles ne puissent être regroupées de manière fédérale... Mais quand même! Les armées Bretonnes que tu nous décrits paraissent bien plus redoutables que les 3000 fantassins de Clovis! (référence à son armée présente à son baptème...)

Ne peut-on pas considérer que ces équipements, ces soldats n'apparaissent que dans une proportion moindre? C'est quelque chose que j'ai encore du mal a saisir. D'où viennent toutes ces armes, ces équipements. Le recyclage n'explique pas tout au fil des décades... C'est aussi peut-être une faille dû à l'emploi de sources parfois très tardive...

Sinon, si les Bretons disposent d'une cavalerie de type cataphractaire, rien n'interdit la charge frontale. Les cataphractaires romains la pratiquait, si les cavaliers bretons hértent de la tradition militaire romaine. Elle peut être à leur portée sans soucis.

Continu à gerer cette rubrique c'est une des plus originale du forum de par l'aspect très peu connue de l'histoire Bretonne. Encore Bravo!

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 Sujet du message: Re: [Ancien sujet] Le guerrier breton
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Citer:
Sinon, si les Bretons disposent d'une cavalerie de type cataphractaire, rien n'interdit la charge frontale. Les cataphractaires romains la pratiquait, si les cavaliers bretons héritent de la tradition militaire romaine. Elle peut être à leur portée sans soucis.


Le problème, c'est de savoir si ils utilisaient vraiment des protections pour les chevaux et le contus ? Si certains guerriers pouvaient posséder un tel équipement, il fallait en réunir suffisamment pour avoir une troupe efficace. L'utilisation de cavaliers vraiment "lourds" est une possibilité mais on a rien pour prouver que c'était le cas. Surement que les Bretons pouvaient charger des ennemis mal organisés, mais de là à attaquer de front un mur de lances.

Citer:
Je suis en revanche étonné de la si grande diversité d'armes tactique dans toute l'Ile de Bretagne. Une ancienne province qui n'est pas des plus peuplée ni des plus riches coupée dans une certaine mesure du continent (Pas tant que ça mais quand même...) Comment peut-elle afficher une si grande puissance militaire. Tu me diras, les guerres intestines, la division des forces font qu'elles ne puissent être regroupées de manière fédérale... Mais quand même! Les armées Bretonnes que tu nous décrits paraissent bien plus redoutables que les 3000 fantassins de Clovis! (référence à son armée présente à son baptème...)

Ne peut-on pas considérer que ces équipements, ces soldats n'apparaissent que dans une proportion moindre? C'est quelque chose que j'ai encore du mal a saisir. D'où viennent toutes ces armes, ces équipements. Le recyclage n'explique pas tout au fil des décades... C'est aussi peut-être une faille dû à l'emploi de sources parfois très tardive...


C'est là où le bas blesse. On a très peu de chiffres. Les 300 guerriers de Catraeth sont sans doute beaucoup plus proches de la réalité que les 5000 Bretons massacrés par 120 Geneats de Cerdic dans la Chronique Anglo-Saxonne. On a aussi les 960 hommes massacrés par Arthur à Badon. Au-delà de l'aspect symbolique de ce nombre il y a peut être une réalité historique sur les forces saxonnes et jutes rassemblées pour l'une des plus importantes batailles de la période. Il est indéniable aussi que plus l'on avance dans le VIe siècle, plus le morcellement politique de la Bretagne est prononcé d'où une diminution des effectifs. 12000 hommes pour Riothamus donne Grégoire de Tours ? Si il était réellement Ambrosius, il pouvait compter sur une bonne partie des forces de la Bretagne du Sud, et sur les Bretons passés en Gaule, à une époque où les Bretons restent relativement unis. Peut être faut il appliquer la règle usuelle et diviser par 10 le chiffre que donne un chroniqueur.

J'avoue que je suis partial car mon mod devait avoir des armées de taille respectable avec autre chose que des clampins armés d'une lance et d'un bouclier ! Mais il est probable que l'équipement du genre casque, épée et lorica reste limité aux seigneurs et à leur teulu. Là encore, la piste irlandaise peut apporter beaucoup. Les soldats professionnels irlandais utilisaient des armures matelassées ou de cuir, ainsi que des casques en cuir, les mailles et armures métalliques étant beaucoup moins répandues sauf chez les nobles et les champions. On a aussi des effectifs (je peux essayer d'en savoir plus) même si à cette époque, la population irlandaise est aussi importante que celle de Bretagne insulaire malgré une superficie bien moins étendue. A noter dans la tradition bretonne, le prestige des artisans (donc des forgerons). Toujours dans Culhwch, quand celui ci se présente à la cours d'Arthur, le portier lui dit :

"L'hydromel est dans la corne, le couteau est dans la viande. Nul ne peut entrer à part le fils d'un roi d'un pays prestigieux ou un artisan apportant son art."

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Réponses de Sedullos

Citer:
Salut,
Agraes, je vois que tu as utilisé "ma" panoplie d'Arthur tirée Kulhwch et Olwen, pp. 258-259 dans Les Mabinogion du Livre rouge de Hergest, avec les variantes du Livre blanc de Rhydderch / traduit du gallois par Joseph Loth. - Genève : Slatkine Reprints, 1975.-437-479 p.


- épée Kaledvwlch = « Dure-entaille », la Caliburn de Geoffroy = Excalibur
- lance Rongomyant, la Ron de Geoffroy
- bouclier Gwyneb Gwrtucher = « Visage du soir »
- couteau Karnwenhan = « à manche blanc »


ce couteau est assimilé à un couteau de chasse dans un autre passage. La couleur blanche pourrait indiquer de l'ivoire.

Mais on peut faire le lien avec une arme du type seax/scramasaxe d’autant qu’un des guerriers d’Arthur, Osla au grand couteau, possède un couteau magique qui lui sert de pont pour passer les rivières et que Osla pourrait être un Saxon renégat.

Ce que tu dis, à propos du prestige des artisans renvoie directement à une scène mythique irlandaise, celle de l'arrivée de Lug à Tara, où on lui refuse l'entrée en tant qu'artisan spécialisé parce qu'il y en a déjà un pour chaque métier mais on le laisse entrer lorsqu'il dit qu'il est à la fois druide, guerrier, artisan, le Polytechnicien par excellence.
Une des caractéristiques de la culture celtique est d'avoir valorisé l'artisanat, déprécié à Rome et en Grèce, où l'on a oublié qu'Ulysse, un roi, a fabriqué de ses mains son lit nuptial.Le christianisme avec son dieu, fils d'un charpentier devait logiquement avoir un certain succès chez les Celtes.

Damianus a écrit :
"Mais quand même! Les armées Bretonnes que tu nous décrits paraissent bien plus redoutables que les 3000 fantassins de Clovis! "

La question qui se pose est de savoir si Arthur est un personnage historique ou légendaire. Agraes a mentionné sur un autre fil le livre de Léon Fleuriot, Les origines de la bretagne dans lequel Fleuriot rapproche un personnage historique méconnu, Riothame de la figure d'Arthur. Ce même Riothame est contemporain de Syagrius et d'Euric, roi des Wisigoths, lequel le bat à Déols en 469. Clovis naît en 465...

Les Bretons de Riothame, (le Roi de la Tamise ?)sont des Bretons insulaires. De toutes façons, Fleuriot a prouvé que depuis 350 les Bretons se sont implantés sur le continent de l'Armorique à la Flandre en tant que fédérés ou colons. Et il n'y a jamais eu de coupure à l'époque celtique entre le continent et l'Ile de Bretagne, cf les Belgae installés des 2 côtés et Commios l'Atrébate régnant sur un double royaume.


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 Sujet du message: Re: [Ancien sujet] Le guerrier breton
Nouveau messagePublié: 20 Sep 2008, 16:18 
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Fleuriot fait encore plus le rapprochement entre Ambrosius et Riothamus, les considérant comme un seul et même personnage. Riothamus étant un surnom voir un titre. Et les deux sont contemporains. Il s'interroge plusieurs fois sur Arthur, mais ce n'est pas vraiment le but de son ouvrage. Pour moi Arthur n'est pas "l'usurpateur" des épopées continentales de Maximus, Constantin ou Riothamus. Arthur est peut être même seulement un surnom de ce dernier personnage (je crois que c'est l'une des hypothèses de Geoffroy Ashe), mais ma théorie - dans la lignée des travaux de John Morris - c'est qu'il s'inscrit en tant que continuateur de l'oeuvre d'Ambrosius, qu'il ait des liens familiaux avec lui ou pas. Je considère que c'est lui le vainqueur de Badon, lui qui a infligé cette défaite majeure aux Saxons et aux Jutes. Une période de force en Grande Bretagne qui va obliger les Francs à faire la paix avec les Bretons Armoricains - cf le foedus de 497. Ambrosius est donné comme vainqueur de Badon par certains en se basant sur Gildas, mais si Gildas le donne comme acteur majeur de la guerre il ne dit aucunement que c'est lui qui mêne les Bretons à Badon.

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 Sujet du message: Re: [Ancien sujet] Le guerrier breton
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Citer:
J'étais en train de lister tous les auteurs anciens qui me restent à lire et je suis tombé par "hasard" sur cet extrait. Il s'agit d'un fragment de la "Guerre des Goths" de Procope de Césarée qui semble soutenir dans une certaine mesure les propos que tu exposes sur les guerriers et soldats Bretons (au sens large) et la persistance des traditions militaires romaines. Ici, nous sommes dans les années 550, au milieu du VIe siècle, les dernières unités romaines choisissent comme elles peuvent leur parti, mais le plus intéressant n'est pas forcément là où on le croit...

"Les soldats Romains étaient autrefois stationnés aux frontières des Gaules pour y monter la garde. Et ces soldats, qui n'avaient plus les moyens de retourner à Rome et ne voulaient pas s'allier à leurs ennemis qui étaient Ariens (les Wisigoths) se donnèrent, avec leurs étendards et les territoires qu'ils avaient gardés pour les Romains, aux Arborychi (Armoricains) et aux Germains (Francs) Même aujourd'hui, ils sont clairement reconnus comme appartenant aux légions auxquelles ils étaient assignés quand ils servaient autrefois et portent toujours leurs propres étendards au combat et suivent encore les coutûmes de leurs ancêtres. Ils préservent l'habit des Romains dans chaque détails, y comprit les chaussures"
Procope de Césarée. Bellum Gothicum, V, 12, 16-18.

Je ne sais pas ce qu'entends Procope par "soldats Romains". Evidemment des unités typiques des armées romaines tardives! Il est à douter qu'ils s'agissent de Romains a proprement parler désirant retourner à Rome... Plus certainement des provinciaux et des soldats d'origines germaniques constituant ces unités romaines régulières et combattant selon l'enseignement Romain. Coupé de tous commandement général, désoeuvrés et en rupture de ban ces légions se rattachent au camp qui leur semblent le plus légitime. Donc cette tradition martiale a dû se perpétuer longtemps chez les Bretons et les Armoricains entre unités insulaires traditionnelles et anciennes légions ou unités diverses incorporées sur le tard.

Le plus important n'est pas là mais dans la descrïption qu'en fait Procope. Ces soldats conservent l'habit dans les moindres détails... jusqu'aux chaussures! Des chaussures romaines et militaires spécifiques donc. Je ne pense pas que cette anecdote soit gratuite connaissant le Goût de Procope pour les descrïptions détaillées des modes vestimentaires de son temps... rappelez vous le "look" des factions de Constantinople...

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 Sujet du message: Re: [Ancien sujet] Le guerrier breton
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Fleuriot mentionne ce passage de Procope, et identifie directement ces alliés des Armoricains aux Bretons. Procope a surement eu l'occasion de rencontrer des Bretons venus à Constantinople avec la délégation franque. Une anecdote de poids !

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 Sujet du message: Re: [Ancien sujet] Le guerrier breton
Nouveau messagePublié: 20 Sep 2008, 16:20 
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Réponse de Marcus (Juin 2008)
Citer:
L'encadrement des armées bretonnes par d'ancien vétérans romains me semble assez plausible, ce qui expliquerait la bonne qualité des troupes, le "Mythe Arthurien" et beaucoup d'autres choses.

Mais une question me vient, si ses troupes étaient si bonnes, pourquoi appeler des Saxons ?

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 Sujet du message: Re: [Ancien sujet] Le guerrier breton
Nouveau messagePublié: 20 Sep 2008, 16:20 
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La Britannia du Ve siècle n'est plus l'ancien diocèse romain mais est fragmentée entre ses différentes provinces et par la suite civitates. On n'a donc pas une réalité, mais plusieurs, les cas de figures furent surement différents d'une région de l'île à l'autre. Dans un cas les autochtones ont pu préserver une certaine tradition guerrière pendant la période romaine, parce qu'isolés géographiquement et en butte aux raids des Pictes ou des Irlandais. Je pense par exemple aux Dumnonii du Cornwall, ou aux Bretons de l'entre-murs comme les Votadini, alliés des Romains mais non-citoyens. Dans d'autres les barbares se sont installés et ont remplacés le pouvoir indigène, l'exemple type en est le Dyfed dans le sud-ouest du Pays de Galles, avec l'implantation des Ui Liathain et Desmumu gaéliques et la dynastie de Vorteporix qui portait d'ailleurs le titre latin de "Protector". Ailleurs des vétérans ont pu préservé la tradition militaire romaine et recruter des troupes parmi les locaux ou les barbares, je pense au Nord de l'île et à la région du mur d'Hadrien, très militarisée, où les forts sont réoccupés vers l'an 500 (même si une partie des garnisons étaient probablement germaniques).
Enfin, dans des régions plus urbaines, l'aristocratie ou les curiales des cités doit recruter ses propres forces, et en appelle aux barbares, concluant des foedus. Le péril ne venant pas seulement des autres barbares mais aussi des civitates voisines comme en témoigne les ouvrages de terre qui marquent les frontières.

Et de l'autre côté, on a plusieurs types de peuplement germanique, pas encore organisés en royaumes mais très fragmentées. Probablement d'anciens foederati révoltés, mais aussi des "conquérants" se taillant un territoire ça et là. Et je pense aussi des deditices, on retrouve fréquemment des îlots de population anglo-saxonnes autour de villes britto-romaines, donc assujettis à elles. Ces Saxons ont pu être installés là comme fédérés, mais aussi comme deditices devant service militaire après avoir été vaincus à Badon, par exemple.

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