Quel était le rôle d'Arthur ? Une autre question amenant le débat entre les divers historiens, chercheurs et auteurs et qui nous amène irrémédiablement à voir les fonctions politiques et militaires qu'aurait détenu Arthur.
Il pourrait y avoir un Arthur
"précoce" ( entre 460 et 490 ) mais lequel ? Dans ce cas, il est plus cohérent de voir ce dernier comme dans la continuité de ce qui se faisait dans l'Empire romain tardif. Pour le poste occupé par Arthur, nous avons alors le droit à six solutions :
1- Arthur pourrait être un commandant de type romain tardif, l'équivalent du
Comes Britanniarum : à la tête d'une troupe mobile de cavalier ce qui expliquerait en grande partie le fait qu'il semble être actif sur une grande partie du territoire britannique. C'est l'hypothèse la plus souvent retenue pour un Arthur historique.
2- Le passage de
Nennius nous donne Arthur comme un
Dux Bellorum, pouvant signifier qu'il était le successeur du
Dux Britanniarum, l'officier qui commandait les forces stationnées aux frontières, notamment celles du mur d'Hadrien. Cette théorie était celle de
R.G. Collingwood, mais que
Geoffrey Ashe a reprise pour l'accentuer :
"Durant la phase ultime de la Bretagne romaine, un des officiers était le " Dux Britanniarum ". Il commandait des unités de cavalerie et avait pour mission de se rendre partout (où le besoin s'en faisait sentir)."3- Le
"chef des batailles" peut désigner un rôle tactique sur le champ de bataille, accordé à un guerrier particulièrement capable, voire à un roitelet local qui ne risquait pas de faire de l'ombre aux autres
"rois des Bretons" et qui aurait reçu la charge de coordonner la résistance à l'échelle de toute l'île et de diriger les armées; à la manière d'un
magister militum de l'empire romain tardif.
Leslie Alcock optait pour cette solution et donnait à Arthur comme quartier général South Cadbury.
4- Arthur pourrait être un simple chef de mercenaires, un
"chef de bataille" louant
"aux rois bretons" les plus offrants les service de sa troupe d'hommes dévoués. On peut le voir comme un équivalent des
condottieres italiens, des chefs d'armées mercenaires, ou du Cid historique, Rodrigo Diaz de Vivar, qui lui aussi est devenu après sa mort un personnage de poésie et de légende, a été pendant une grande partie de sa carrière un chef de mercenaire.
Baptiste Legeron en fait un grand propriétaire terrien romanisé ayant constitué, comme c'était alors courant à l'époque, sa propre troupe de
buccelaires ( mercenaires à la solde d'une personne riche et payés en nourriture, d'où leur nom (buccelus = biscuit) ), et ayant prêté main-forte aux rois bretons contre les Saxons. En outre, dès le IVe siècle, les corps de
buccelaires sont constitués majoritairement de cavaliers.
5- Arthur pourrait avoir été à la tête de l'île, ou d'une partie de l'île ( la province de Britannia Prima ) : dans ce cas, son pouvoir rappellerait celui d'un gouverneur de province, ou encore celui d'un
vicarius romain tardif, et bien sûr celui d'un Vortigern à la tête de son conseil, et d'un Ambrosius dirigeant l'armée bretonne.
6- Pour certains, Arthur serait une sorte de figure impériale, dont le titre est supérieur à celui des rois. C'est l'hypothèse de John Morris, qui fit d'Arthur le
"dernier empereur romain de l'Occident". Pour cette théorie, il utilisa des documents peu fiables et souvent tardifs. On peut également dans ce cas le voir comme l'un des derniers prétendants à l'Empire romain, passé sur le continent après avoir remporté de notables succès en Angleterre et disparu avant d'avoir pu réaliser le vieux rêve breton de la marche sur Rome. Pourtant, on peut trouver une version plus simple. Dans l'
Elegie à Geraint, Arthur est nommé
"Ameraudur", "c'est-à-dire
"empereur", mais aussi
"chef de bataille". Cela correspondrait au titre attribué aux généraux romains vainqueurs durant la période républicaine, lors de leur retour de campagne militaire, qui dans la culture populaire est devenu synonyme du titre d'empereur romain.
Mais si il y a un Arthur précoce, il doit peut y avoir un Arthur
"tardif" (après 500), probablement, un chef au rayon d'action limité, car il est difficile d'imaginer un commandement unifié dans la Bretagne en décomposition du 6ème siècle. Dans ces conditions, la fonction d'Arthur se baserait sur quatre solutions :
1- Arthur est présenté dans les légendes arthuriennes comme le
Pendragon, littéralement
"tête de dragon", ou
"chef - dragon", le
"Haut roi" à la cour duquel se présentent les différents rois de Galles, Norgales, Ecosse ou Cornouailles. Le terme
draco semble représenter un titre. Maglocunus reçoit de Gildas le nom d'
insularis draco,
"dragon de l'île" : il est possible qu'ont ait là une indication d'un titre effectivement porté dans la Bretagne du 6ème siècle, un titre qui annoncerait celui de
Bretwalda. Ce titre semble essentiellement honorifique, car l'autorité de Maglocunus ne semble pas avoir été au-delà du Pays de Galles.
2- Arthur est peut être un de ces nombreux roitelets bretons qui passent leur temps à guerroyer les uns contre les autres, au besoin en s'alliant aux Saxons quitte à le regretter amèrement. Mais dans ce sens, cet Arthur là, pourrait amener l'hypothèse qu'il serait l'agglomérat des hauts faits de quelques princes, tous porteurs de la variante du même nom. Les
vies de saints gallois, notamment celles de Cadoc, Gildas et Padarn, dépeignent Arthur comme un puissant tyran, un
rex rebelis, ayant souvent recours à la tromperie et à la force. Un portrait semblable de celui que donne
Gildas, à cinq de ses contemporains où il rappelle leurs vies et leurs actions : Constantin de Dumnonie, Aurelius Caninus, Vortipor des Demetae (aujourd'hui appelé Dyfed), Cuneglasus de la
"forteresse de l'ours" (il s'agit probablement de Dinearth, près de Llandudno), et enfin Maglocunus (Maelgwn). Il les déclare tous cruels, cupides et pécheurs.
3- Arthur aurait été un sous -roi, un dirigeant subordonné à un roi, qui utilisait le titre de
regulus et de
comes. La
vie de Saint Caranog, nous dit qu'il dirigeait le Somerset avec Cato ( Cadwy ). Etait-il son subordonné ? Rien ne nous le dit, mais il est permit de l'envisager.
4- Arthur était peut être un simple
"tyran local", un personnage ne méritant même pas le titre de roi mais dont la légende s'est répandue. Il doit être localisé dans un tout petit espace, sans doute dans les marches anglo-galloises ou la Cornouailles. Arthur était peut être un
machtiern, un notable local servant d'intermédiaire entre la population villageoise et les autorités civiles et ecclésiastiques.
Et si finalement, la fonction d'Arthur était tout simplement mythique. Pour
Oliver Padel,
Thomas Green et
Philippe Walter, il n'aurait tout simplement pas existé. Arthur est donc une figure (quasi) mythologique , de nature folklorique, à qui auraient été prêté avec le temps, des traits historiques ou quasi historiques, et particulièrement une série de batailles, certaines réelles, d'autres parfaitement imaginaires. Il semble lié à es régions diverses,on peut en déduire comme
Padel que sa légende était universellement répandue. Et les nombreux compagnons qui sont liés à Arthur dans la légende, ont une une origine en dehors du cycle arthurien, auquel ils ont été rattachés ultérieurement.
N.J. Higham lui pense que c'est un héros chrétien breton inventé par
Nennius à la ressemblance du prophète Josué qui selon certaines traduction de la Vulgate latine avait le titre de
dux belli,
"chef des batailles".
Le titre que j'ai donné à cet article, semble tout à fait opportun. Pour la fonction d'Arthur j'opterai plutôt pour le
comes ou le
dux, mais je n'imposerai pas mon choix. Car c'est maintenant à vous de choisir quelle fonction pouvait revêtir Arthur.
Merci !
Pour vous faire une autre idée, je vous donne la page de l'article sur mon blog :
http://taigong788.skyrock.com/256213113 ... -foin.html