C'est parti pour les réponses intéressantes
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Y'a tout de même de questions interessantes autour de ça ...
A t-on fouillé les pentes du Mont Badon ?
Comment des nano-potentats bretons censés se haïr parviennent à unir leur hommes sous la responsabilité d'un des leurs ?
Quelle est l'étendue du pouvoir d'un de ces potentats ?
A quel rayonnement géopolitique sa renommée peut-elle prétendre ?
Quelle est l'étendue de la richesse matérielle à laquelle il puisse prétendre ? (parce que vu le faste des villas de la côte sud au IVéme siécle, je m'étonne que le gusse ne se soit pas même fait faire un semblant de garçonniére en pierre à South Cadbury ! )
Le lieu exact du siège du Mons Badonicus est toujours disputé. La date de la bataille n'est pas non plus connue avec exactitude : entre 480 et 500 pour faire simple. Cela dit Barbury Rings, l'un des hillforts candidats sera peut-être fouillé en 2010.
La situation politique peut-être comparée à la guerre des Gaules : un tyran ou roi règne sur un territoire équivalent à un ancien territoire celtique ou à une civitas romaine, sauf exceptions où les
civitates ont été fragmentées... Des coalitions ou confédérations émergent par moment, tandis que certains roitelets font appel à des étrangers pour les aider (Rome pour les Gaulois, les Saxons pour les Bretons). Certains chefs parviennent à être reconnu des autres et prendre la tête de la coalition. Vercingétorix au Ier siècle avant JC, Vortigern et Ambrosius Aurelianus sans doute au Ve siècle.
Autre exemple : Urien, roi du Rheged, mène au combat une alliance composée du Rheged, de l'Elmet, du Bryneich, de l'Alcluyd et d'Irlandais contre les Angles de Bernicie vers 590.
Riothamus, chef breton continental et/ou du sud-ouest insulaire était assez fameux pour correspondre avec Sidoine Appolinaire et être appelé à l'aide par l'empereur Anthemius contre les Wisigoths.
Les halls de South Cadbury ou de Wroxeter s'apparentaient plus aux ailes en bois des villae romaines tardives qu'à un hall barbare. On manque juste alors des compétences nécessaires pour bâtir en pierre maçonnée. Dans ces halls, on buvait du vin méditerranéen et on cuisinait à l'huile ! La comparaison avec la Gaule pré-romaine vient encore : elle avait de vastes agglomérations et n'avait rien à envier aux Romains du point de vue technologique. Mais on y bâtissait en bois et en pierre sèche.
Ci-dessous : une reconstitution de Wroxeter/Viroconium vers l'an 500, tirée de l'ouvrage de Kenneth Dark,
Britain and the end of the Roman empire.
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Si Arthur n'est pas un personnage mythique ou un personnage mineur préfigurant les "condotiere" pour schématiser, pourquoi aucune trace écrite ne subsiste ?
Ok, admettons que les manuscrits ne soient pas la tasse de thé des Bretons (arf!) ou que le papier d'époque soit plus fragile que le parchemin (si on accepte cette hypothése). Ok, admettons que le pouvoir saxon n'ait pas intérêt à trop lui faire de pub, ok, ok, ok !
Et ben ça reste tout de même incompréhensible qu'un tel personnage ne soit pas mieux documenté. Sa renommée, vue les relations commerciales avec l'orient aurait du être mentionnée à Constantinole non ?
Prenons les personnages les plus importants de l'histoire bretonne à l'époque : Vortigern et Ambrosius Aurelianus. Vortigern est à peine nommé par Gildas comme
superbus tyrannus, Ambrosius l'est clairement. Bède parle des deux mais il reprend largement les écrits de Gildas. Aucun auteur continental contemporain ne parle d'eux. Comme chef de guerre de la fin du Ve, seul Riothamus est mentionné (par Jordanés, Sidoine Appolinaire et Grégoire de Tours). Mais Riothamus est intervenu sur le continent, d'où la différence.
Gildas est au final la seule source contemporaine dont nous avons trace. Il ne cite que très peu de noms. Il ne donne pas le nom de l'homme qui commandait les Bretons à Badon. 300 ans plus tard Arthur apparaît dans les sources et est relié à Badon, mais entre les deux nous avons une belle lacune de sources.
Quant aux auteurs étrangers faisant référence à la Bretagne de l'époque, ils décrivent parfois les événements pas donnent rarement des noms, sauf quand il s'agît d'événements en lien avec les Bretons sur le continent.
Donc Arthur s'il a existé a tout à fait pu "passer à côtés des sources". Nennius déjà au IXe siècle quant il compile sa version de l'
Historia Brittonum se plaint du manque de sources.
Peut-être vivait il dans une région qui tomba sous l'emprise saxonne trop rapidement, peut-être que les sources furent perdues ou jamais recopiées...
Les écoles monastiques du Pays de Galles étaient réputées mais ne nous ont rien laissé de l'époque. En Bretagne continentale, beaucoup de textes furent réduits en cendre par les Scandinaves au Xe siècle.
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A moins qu'Arthur soit un pet foireux monté en jet stream par un romancier talenteux trouvant son public au XII-XIIIéme siécle. A moins qu'Arthur ne soit qu'une créature mythique de propagande inventée par un moine soucieux de rapeller Bretons qu'un héro national s'est jadis levé contre des envahisseurs (Vikings Dano-Norvégiens/Saxons/Irlandais pour Nennius ?).
Oui ce qui encore n'est pas incompatible avec son historicité. Les Perceval et Yvain de Chrétien de Troyes n'ont sans doute pas grand chose à voir avec leurs prototypes historiques, Peredur d'Ebrauc et Owein de Rheged. Quant au héros national, cela viendra mais pour les Gallois du IXe siècle ce sont Conan et Cadwaladr qui doivent faire dégager les Saxons !
Bref, Arthur aurait tout à fait sa place historique au sein de la Bretagne de l'an 500. Cela ne prouve pas qu'il l'eut réellement.