Bonjour Benjamin, bonjour à tous,
Les 3 notules consacrées à l'article de Caroline Brett témoignent tout à la fois de mon intérêt pour la démarche de son auteur(e), de ma déception s'agissant des résultats de ce nouvel examen et de mon agacement à propos du ton employé : controverse et débat ne signifient pas nécessairement jugements à l'emporte-pièce ; c'est la raison pour laquelle j'ai adopté à mon tour une formulation souvent tranchante, qui ne reflète pas toujours la complexité de ma propre position.
La démarche de C. Brett me semble assez largement pénalisée par un biais méthodologique : son but avoué est d'attirer l'attention sur le risque que fait courir selon elle à l'historiographie bretonne continentale l'application sans réserves des théories de L. Fleuriot ; mais pour autant, elle ne remet pas en cause les principaux axiomes du courant "bretoniste", dans lequel s'inscrivent les théories en question. Elle en renforce même la portée en inversant la charge de la preuve tout en insistant sur la pauvreté des sources et donc sur le risque de leur surinterprétation, ce qui revient à discréditer par avance toute autre approche. Par ailleurs, la dimension linguistique, pourtant essentielle, n'est pas traitée au fond : là encore, C. Brett emprunte l'essentiel de son argumentation à la
doxa dont elle déclare pourtant dénoncer les effets sclérosants.
La question des mythes fondateurs de la Bretagne, pour reprendre le titre de
l'ouvrage hélas épuisé de mon ami Jo Rio (CR par H. Martin téléchargeable
ici) est évidemment centrale, comme vous le soulignez : il me semble que, pour être efficace, son étude nécessite l'exercice d'une véritable interdisciplinarité respectueuse des spécialités respectives des membres d'une équipe de recherche ad hoc, plutôt que des travaux destinés à illustrer telle théorie issue de telle doctrine qui souvent s'est construite sur les décombres de la précédente et connaîtra à son tour la ruine à la génération suivante.
Cordialement.