De nombreux débris de céramique des V-VIIe siècles dans le sud de l'Irlande et l'ouest de la Grande-Bretagne nous renseignent sur le commerce avec la Méditerranée et le sud de la Gaule. Ainsi Tintagel en Cornwall s'est montré être la véritable plaque tournante de ce commerce, certainement contrôlé par les rois locaux. Les navires orientaux pouvaient échanger vin, huile et poterie contre l'étain réputé des Iles Britanniques, mais aussi permettre le maintien des relations diplomatiques avec l'élite brittonique, de culture latine ou au moins latinisée, à l'époque des reconquêtes de Justinien.
Voici quelques éléments sur ces céramiques importées en Bretagne insulaire, provenant essentiellement des ouvrages suivants :
ALCOCK Leslie,
Arthur's Britain, 1971, 1989.
LAING Lloyd,
The Archeology of Late Celtic Britain and Ireland, 1975.
Céramique de type A (A Ware)Il s'agît de bols et de plats d'un matériau rouge brique avec une bordure légèrement brillante ou brun-rouge. On retiens deux sous-catégories,
A i, lisse et presque sans grain avec un lavage (?) mat, et
A ii, plus dure, lustrée, avec différents dégradés de chamois, ou rouge ou rose comme la
A i.
Cette céramique appartient à une famille de poterie romaine tardive et byzantine très répandue en Grèce, en Asie Mineure, au Proche Orient et en Afrique du Nord, avec des exemplaires très similaires retrouvés à Athènes. Elles sont datées entre 460 et 600.
Céramique de type B (B Ware)Amphores et jarres avec poignées, de couleur rouge, rose, chamois ou crème, avec des rainures dans leur corps pour faciliter le transport. On compte 4 sous classes.
B iv : la plus ancienne, petites
lagenae de couleur rougeâtre avec du mica.
On en retrouve à Constantinople, datées du Ve et de la première moitié du VIe siècle. Elles sont assez petites, avec une base courtaude, un col haut et étroit avec des poignées du col à l'épaule.
B iii est représentée par des débris d'amphores non décorées.
B ii consiste en des jarres de chouleur chamois, très globulaires, aux rainures irrégulières. Un exemplaire quasi complet a pu être retrouvé à Gwithian en Cornwall, et elles se rencontrent en Méditerranée entre le IVe et le VIIe siècle.
B i : amphores rosâtres avec inclusions jaunes, distinguées par des rainures profondes et rapprochées sur la partie supérieure de l'amphore.
Les céramiques de type B se rencontrent un peu partout en Méditerranée orientale et autour de la Mer Noire, utilisées pour transporter du vin, de l'huile, des fruits séchés et peut-être même des clous.
Céramique de type C (C Ware)Retrouvée uniquement à Tintagel, cruches et pichets d'une céramique grise grossière à la surface brun-rouge, parfois entièrement de matériau brun-rouge (?). Cols concaves. Anciennement évaluées comme contemporaines des types A et B, mais revues comme une forme médiévale locale.
Céramique de type D (D Ware)Mortiers dérivés des formes romaines, céramique lisse et grise, au vernis (wash ?) bleu-noir, souvent avec un petit bec. On la connaît également sous le nom de sigillé paléochrétienne grise, avec des exemplaires similaires dans la région de Bordeaux.
Céramique de type E (E Ware)Le type le plus fréquent : pots à cuire, bols, jarres, pichets, classiquement très durcies au feu (hard-fired ?) et boutonneuses (pimply ?) au touché. Leur couleur est habituellement écrue à l'intérieur, avec un extérieur gris ou jaune pouvant aller jusqu'à l'ocre, le rouge et le gris sombre. Le matériau inclut du quartz et d'autres gruaux (grits ?) rouges ou blancs. On retrouve souvent une spirale sur la base. Ces céramiques étaient vraisemblablement produites en Charente. Elles sont datées de 520-550 à 700.
On mentionnera aussi les classes F et G sans détailler.
Voilà donc un petit panorama des imports de céramique en Bretagne insulaire. Cela dit ces informations datent des années 70 et ne sont pas très à jour, je fouillerai notamment dans le livre de Kenneth Dark pour quelques compléments d'informations.