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 Sujet du message: Le Strategikon Traduction de Geta: Livre I
Nouveau messagePublié: 05 Sep 2008, 12:09 
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Le Strategikon de Maurice.

Le strategikon (fin VIe-début VIIe siècle) est un traité rédigé sous la houlette de l’empereur Maurice (539-602) et destiné à tout général en campagne. Fortifications, entraînement, siège, ordre de marche et bien entendu la bataille constituent les thèmes abordés. Les modalités de la bataille retient l’attention de l’auteur qui analyse la préparation et la motivation des soldats, le choix d’un plan et les pièges à éviter.

Le plan de bataille doit être déterminé en fonction de l’ennemi et l’auteur fait montre d’une réelle originalité en présentant les techniques de combat des ennemis potentiels de l’empire. Le strategikon demeure un texte pratique, la réflexion théorique est des plus limitées, s’appuyant sur l’expérience militaire avérée de l’empereur Maurice. La cavalerie, arme de prédilection de l'armée byzantine, est à l'honneur tandis que l'infanterie est présentée succintement. L'influence des auteurs classiques grecs tels Xénophon ou Arrien est forte dans les écrits du Strategikon mais son originalité et le détail technique de l'oeuvre en fait un manuel de référence pour les sièckes à venir. Il sert entre autre de base pour le Tactica de Léon VI et à la compilation militaire de Nicéphore Ouranos.


Livre I : Introduction


1) L’entraînement et l’exercice du soldat.

Il doit être formé à tirer rapidement lorsqu’il est à pied, soit à la façon romaine, soit à la mode Perse. La vitesse est importante lorsqu’il s‘agit d’encocher la flèche et la propulser avec force. C’est essentiel et cela doit aussi pouvoir être pratiqué à cheval. En fait, même quand l’arc et la flèche sont correctement bandés, un tir sans puissance reste inefficace. Il doit pratiquer à pied un tir de lance rapide et à une distance maîtrisée. Il doit aussi savoir tirer rapidement lorsqu’il est à cheval au galop, devant lui, derrière lui, à sa droite et à sa gauche. Il doit s’entraîner à sauter rapidement sur son cheval. Lorsqu’il est au galop, il doit être capable de tirer une ou deux flèches rapidement et remettre l’arc dans son fourreau, s’il est suffisamment large, ou dans un demi fourreau crée à cet effet ; ensuite il doit attraper la lance qu’il porte sur son dos. Tout en ayant l’arc dans son fourreau, il doit se saisir de sa lance, puis la replacer aussitôt dans le dos pour reprendre l’arc. C’est une bonne chose pour les soldats de pratiquer ces exercices à cheval, pendant les marches dans nos provinces. Car de tels exercices n’entravent pas les marches et n’épuisent pas les chevaux.

2) L’armement du cavalier et l’équipement de base qui doit leur être fourni.

Quand l’entraînement individuel fait des progrès satisfaisant, les soldats doivent être équipés par leurs officiers supérieurs. L’équipement individuel nécessaire aux campagnes peut être préparé pendant le temps libre des quartiers d’hivers. Chaque soldat doit avoir un équipement correspondant à son rang, sa paie et ses avantages en nature. Ceci s’applique particulièrement aux commandants de « Meros », « Moira » ou de « Tagma », et aux « Hekatontarchs », « Dekarchs », « Pentarchs » et « Tetarchs », ainsi qu’au « Bucellarii » et « Foederati ». Ils doivent avoir des côtes de maille allant de la tête aux chevilles, qui vont dans des caisses et qui doivent pouvoir être réparées à l’aide de pinces et d’anneaux ; des casques avec de petites plumes à leur sommet, des arcs adaptés à la force de chacun, et pas au dessus de celle-ci, c’est même préférable que la puissance de l’arc soit plus faible que la force de son porteur, des fourreaux suffisamment évasés pour que lorsque cela s’avère utile ils puissent y placer leur arc bandé, et avec des cordes d’arc de rechange dans leur sac attaché à la selle ; ils doivent avoir des carquois pouvant contenir trente ou quarante flèches ; dans leur sacoche, de petites limes et des poinçons ; des lances de cavalerie de type Avar avec une lanière en cuir au milieu de la hampe et des banderoles ; des épées, des pièces d’équipement pour le cou de type Avar fabriquées avec des franges de lin à l’extérieur et de la laine à l’intérieur. Les jeunes étrangers inexpérimentés au tir à l’arc doivent porter lance et bouclier : ce n’est pas une mauvaise chose si les Bucellarii se servent de gantelets en fer et décorent de petits glands (sorte de pampilles ?) suspendus aux sangles arrières et aux sangles du poitrail des chevaux, il en est de même s’ils portent des banderoles suspendus à leurs épaules le long de leur côté de maille. Plus le soldat a un équipement gracieux plus il prend confiance en lui et plus il inspire la peur à son adversaire.

Hormis les étrangers, il est catégoriquement exigé que tout jeune Romain de moins de quarante ans possède un arc et un carquois, et ce qu’il soit archer expert ou de niveau moyen. Ils doivent posséder deux lances de sorte à en avoir une en plus au cas ou la première manque son coup. Les Romains inexpérimentés doivent utiliser des arcs plus légers. En leur donnant suffisamment de temps, même ceux qui ne savent pas comment tirer apprendront, c’est essentiel qu’ils sachent le faire.
Les chevaux, et plus spécialement ceux des officiers et des autres troupes spéciales, en particulier celles des premiers rangs du front, doivent avoir des pièces de protection en fer sur leur tête et des plaques en fer ou feutre sur le poitrail, ou encore des pièces couvrant tête et poitrail comme celles qu’emploient les Avars. Les selles doivent être pourvues de larges et épaisses étoffes ; les brides doivent être de bonne qualité ; deux étriers en fer doivent être attachés de part et d’autre des selles, un lasso avec une lanière, une entrave, un sac, attaché à une selle, suffisamment grand pour contenir trois ou quatre jours de ration pour le soldat afin de parer à toute éventualité. Il doit avoir quatre glands (pampilles ?) : deux sur la sangle arrière, un au sommet de la tête et un sous le menton du cheval.

Les vêtements des hommes, et spécialement leurs tuniques, qu’elles soient en lin, en poil de chèvre ou en laine grossière, doivent être larges et amples, coupées selon la mode Avar, ainsi elles peuvent se fixer afin de couvrir les genoux lorsque l’on est à cheval et elles donnent une apparence simple et impeccable.
Ils peuvent aussi se munir d’une large cape ou d’un manteau en feutre avec une capuche et de larges manches, ces vêtements doivent être suffisamment larges pour être portés par-dessus l’ équipement, y compris la côte de maille et l’arc. Ainsi, en cas de pluie ou d’humidité liée à la rosée, en portant ces vêtements par-dessus la côte de maille et l’arc, les soldats peuvent protéger leur équipement et ne se trouveront pas embarrassées au moment d’utiliser l’arc ou la lance. De tels manteaux sont aussi nécessaires en d’autres circonstances, par exemple pendant les patrouilles, car lorsque la maille est recouverte, son éclat n’attire pas le regard adverse, enfin ces manteaux offrent une certaines protection contre les flèches. Chaque escadron doit avoir une tente, mais aussi des faucilles et des haches pour parer à toute éventualité. Il est bon d’avoir des tentes de type Avar qui combinent aspect pratique et belle apparence [note de l’auteur : les tentes Avars étaient rondes et spacieuses]. Les hommes spécialement ceux qui reçoivent des pensions avantageuses doivent assurément s’entourer des serviteurs pour pourvoir à leurs besoins, qu’ils s’agisse d’esclaves ou d’hommes libres, selon le règlement en vigueur.

A l’heure de la distribution des paies, il faut prendre garde, afin de ne payer que les soldats, à comptabiliser les serviteurs et leurs armes, et une enquête doit être menée pour déterminer sous quel statut tel homme reçoit telle paie. S’ils devaient négliger ceci et se trouver sans serviteurs, alors au moment de la bataille, il sera nécessaire de désigner, parmi les soldats même, certains à la surveillance du train, par conséquent il y aura moins de combattants dans les rangs. Mais comme il est probable que cela se produise, certains n’auront pas les moyens d’avoir des serviteurs, alors il sera nécessaire d’exiger que trois ou quatre soldats de grade inférieur s’unissent afin de supporter le coût d’un serviteur. Des dispositions similaires doivent être appliquées pour les animaux de bât, qui sont nécessaires au transport des côtes de maille et des tentes.
Les drapeaux de chaque Meros doivent être de la même couleur, et les banderoles de chaque Moira doivent aussi avoir leur propre couleur, de sorte que chaque Tagma puisse reconnaître ses étendards. Les autres signes de distinction connus des soldats doivent figurer sur les drapeaux, afin qu’ils puissent facilement se reconnaître selon leur Meros, Moira et Tagma. Les étendards des Merarchs doivent être particulièrement distinctifs et visibles afin d’être reconnu de leur troupes même à grande distance.

Le général doit veiller à ce que le train transporte des armes supplémentaires, pour remplacer notamment les arcs et les flèches qui sont susceptibles d’être perdus.
Pendant les quartiers d’hiver, les commandants des Tagma, s’ils peinent à s’approvisionner dans leur province doivent notifier leurs besoins. Ils doivent alors laisser soin aux Merarchs de prendre connaissance du nombre de chevaux et de quels d’équipement et d’armes les troupes sous leur commandement ont besoin, ce afin que le général puisse trouver les dispositions opportunes pour les leurs procurer.

En plus du sac en cuir pour les côtes de maille, les soldats doivent avoir de petites malles en osier. Pendant les batailles ou les raids, elles peuvent être transportées derrière l’arc de la selle, sur l’esquine des chevaux. Ainsi, si après un revers, les hommes avec les chevaux de réserve ont disparu, les côtes de mailles ne seront pas laissées sans protection et ne s’abîmeront pas, et les soldats ne seront pas épuisés par le poids constant de l’armure.

3) Les grades des officiers et soldats.

Maintenant que nous avons décrit l’entraînement individuel du soldat et son équipement, nous nous devons d’expliquer la signification des grades attachés aux officiers, aux unités et autres soldats, faisant parti intégrante d’une étude complète portant sur la tactique. Notre intention est d’en donner à nos lecteurs une connaissance précise, de sorte que lorsqu’ils entendront de tels grades, ils ne se trouveront pas sans savoir à quoi ils correspondent.

D’abord, la tête et le chef de toute l’armée est appelé le général ; l’homme qui vient juste après lui est le lieutenant général (hypostrategos). Le merarch est celui qui est investi du commandement d’une meros ; le moirarch est le commandant de la moira on le nomme duc. Une meros ou division est un regroupement composé de trois moiras. Une moira est composée de tagmas, arthmoi, ou bandons. Un comte ou tribun commande la tagma, arithmoi ou bandon. Ilarch est le terme qui désigne le premier des hekatontarchs, il est le second dans le commandement après le comte ou tribun. Un hekatontarch commande cent hommes, comme un dekarch commande à 10 hommes et le pentarch à 5 hommes. Le tetarch, aussi connu sous le nom de « garde », est le commandant de l’arrière garde et le serre-file. Le porte étendard tient avec lui le symbole du bandon. Le grade après lui est le porteur de cape [note de l’auteur : apparemment un planton]. Les moirarchs des optimates [note : du latin optimus, un corps de troupe formé sous le Bas empire] sont désignés sous le nom de taxiarchs. Le soldat auxiliaire ou porteur de bouclier d’une optimates est appelé homme d’arme.

Troupes d’assaut [note : koursores en grec et cursores en latin] est le terme employé pour désigner ceux qui avancent au-delà des premières lignes et fondent sur l’ennemi lorsqu’il bat en retraite. Les défenseurs [defensores] sont ceux qui les suivent, sans changer ni briser les rangs, mais qui marchent en bon ordre derrière la ligne et viennent en soutient des troupes d’assaut si celles-ci devaient se replier. Les hommes du corps médical [deputatoi, deputati en latin] sont ceux qui suivent derrière la ligne pour porter secours et prendre soin des blessés sur le champ de bataille. Les équipes du cantonnement sont des troupes qui, pendant la marche, vont au devant de la colonne pour reconnaître et chercher de bonnes routes et des lieux propices où établir le camp. Les membres du génie prennent les mesures et montent le camp. Les espions sont appelés éclaireurs. Les gardes de flanc sont assignés à la garde des flancs de la première ligne. Ceux qui débordent les flancs ont pour tache d’envelopper les ailes de l’ennemi. Le train de bagages se compose des fournitures des soldats ainsi que de leurs serviteurs, des animaux de bât, et autres bêtes.

4) L’organisation de l’armée et la répartition des officiers.

Après que les hommes ont été armés suivant le règlement, et les dispositions prises, pour les fournitures nécessaires à l’armée ; et que les termes employés pour désigner officiers et soldats sont compris, l’armée doit être divisée en plusieurs unités et commandements, et des officiers intelligents et compétents doivent être placés à leur tête.
Les tagmas doivent être composées d’un effectif variant entre trois cent et quatre cent hommes au maximum, des comtes aussi nommés tribun, prudents et compétents doivent être placés à leur tête. Les tagmas doivent être organisées en moiras ou chiliarchies qui regroupent de deux mile à trois mile hommes, selon la taille de l’armée, et placées sous le commandement de moirarchs compétents, que l’on nomme aussi des ducs ou chiliarchs, prudents et disciplinés. Puis ces moiras sont disposées en trois meros de taille égale à la tête desquelles se trouvent les merarchs, aussi nommés stratelates, prudents, à l’esprit pratique, expérimentés, et si possible capable de lire et écrire. Ceci s’applique particulièrement au commandant de la meros du centre, appelé lieutenant général, qui doit, si cela s’avère nécessaire remplacer le général dans ses fonctions.
Par conséquent, l’armée est organisée comme suit. D’abord les cavaliers sont répartis en plusieurs tagmas, les tagmas en moiras ou chiliarchies, les moiras en trois parties égales qui sont le centre, la droite et la gauche qui forment la ligne de bataille sous le commandement du général. La tagma ne doit pas excéder quatre cent hommes, hormis les bandons des optimates, ni la moira compter plus de trois mile hommes, et les meros plus de six ou sept mile. Dans le cas où l’armée compte un effectif plus important que celui-ci, mieux vaut disposer les troupes supplémentaires en dehors de la formations des meros, pour venir en soutient de la seconde ligne, garder les flancs derrières les meros, et pour encercler et attirer l’ennemi dans un piège. Les meros et moiras ne doivent pas avoir un effectif trop important. Autrement, puisqu’elles deviennent plus importantes et plus étendues, elles peuvent se trouver désordonnées et confuses.
Toutes les tagmas doivent impérativement ne pas avoir les mêmes effectifs. Si tel était le cas, l’ennemi pourrait facilement estimer la taille de l’armée en comptant les étendards. Les prescrïptions que nous avons faites ci-dessus doivent être observées, c'est-à-dire que la tagma ne doit pas compter plus de quatre cent hommes et moins de deux cent.

5) Comment les commandants de tagma doivent sélectionner leurs officiers subalternes et les chefs de combat, et organiser les tagmas en escadron.

Après la division de l’armée, chaque commandant doit organiser et diviser sa propre tagma, il doit sélectionner des hommes au jugement et au courage sûr qui deviendront des hekatontarchs, il doit prendre un soin particulier dans le choix de son Ilarch qui est le second dans le commandement de la tagma. Puis il doit choisir les dekarchs, qui doivent être courageux, bons au combat main dans la main, et si possible, bons tireurs à l’arc. Ensuite viennent les pentarchs et tetarchs dont les aptitudes doivent être similaires. Enfin, il doit y avoir deux hommes supplémentaires par escadron qui agissent en tant que serre-files, ce qui élève à cinq le nombre d’hommes de confiance dans chaque file. Le reste, vétérans et recrues, doit être répartis en escadrons. Après qu’il a pris soin de ceci, le commandant doit assigner les troupes ainsi désignées selon les aptitudes de chacun, les meilleurs hommes devant puis les autres disposés selon l’ordre.

Deux hommes vifs et intelligents doivent être choisis comme hérauts, et deux autres comme porte-étendards. Ces sélections et assignations doivent être opérées au sein même des escadrons, c'est-à-dire, dans les rangs. S’il n’y a pas de serviteurs, les soldats les plus pauvres doivent être affectés au soin des animaux de bât, il faut un homme pour trois ou quatre animaux. Un autre homme, compétent, doit avoir été désigné parmi les soldats réguliers et mis en possession d’une bannière, et l’ensemble du train ou les animaux de bât doivent le suivre. Enfin, le commandant doit déterminer combien et quels rangs se tiennent à la droite de la bannière et lesquels se tiennent à sa gauche.

6) Les règles sur les délits militaires doivent être données aux troupes.


Quand les troupes ont été organisées et les escadrons formés, la tagma doit être rassemblée en dekarchies. C’est mieux si les hommes sont déjà familiers des règles énoncées par les lois concernant les délits militaires. Sinon, une copie écrite doit être donnée au chef de corps afin qu’il puisse, dès qu’il en a le temps, expliquer les règles à ces hommes.

{1} Si un soldat désobéit à son pentarch ou tetarch, il doit être puni. De même si un pentarch ou un tetarch désobéit à son dekarch, ou le dekarch à son hekatontarch, ils doivent être punis de la même façon.
{2} Si un quelconque élément de la tagma s’avise de faire ceci à son chef de corps, le comte ou le tribun de la tagma, il doit subir la peine capitale.
{3} Si un soldat est traité de façon injuste par quiconque, il doit en référer au chef de corps de sa tagma, mais s’il est injustement traité par le chef de corps lui-même, il doit se rendre auprès d’un officier qui lui est supérieur.
{4} Quiconque ose rester abusivement en congé à l’arrière, il doit être rayé de l’armée et, en tant que civil, être livré aux autorités civiles.
{5} Si un ou plusieurs soldats osent, quelle qu’en soit la raison, prendre part à une conspiration, un sédition, ou une mutinerie contre leur chef de corps, ils doivent subir la peine capitale, en particulier les meneurs de telles conspirations ou mutineries.
{6} Si quelqu’un qui a été posté à la défense d’une cité ou d’une forteresse trahit ou déserte son poste contre les ordres de son chef de corps, il doit subir le châtiment suprême.
{7} Quiconque est déclaré coupable de vouloir déserter chez l’ennemi, il doit subir le châtiment suprême, pas seulement lui mais tous ceux qui étaient au courrant, parce qu’ils savaient alors et ne l’ont pas signalé au chef de corps.
{8} Quiconque après avoir entendu les ordres de son dekarchs ne les exécute pas doit être puni. Mais s’il ne le fait pas par ignorance des ordres, le dekarch doit être puni pour ne pas l’avoir informé à l’avance.
{9} Quiconque trouve un animal égaré ou tout autre objet, petit ou grand, et qu’il ne le signale, ni ne le remet entre les mains de son chef de corps, lui ainsi que tous ceux qui étaient au courrant doivent être puni comme des voleurs tous autant qu’ils sont.
{10} Quiconque cause un préjudice à un contribuable et refuse de réparer sa faute doit l’indemniser du double du montant du dommage subi.
{11} Si quelqu’un qui reçoit une pension pour ses nécessités, néglige son armement et si son dekarch ne le force pas à l’acquérir ou ne le signale pas au chef de corps, alors tous deux, soldat et dekarch, doivent être punis.

7) Les règles concernant les délits militaires qui doivent être données aux commandants de tagma.

{12} Quiconque désobéit à son chef de corps doit être puni suivant les lois en vigueur.
{13} Quiconque porte préjudice à un soldat doit l’indemniser en remboursant deux fois le montant du dommage subi ; et il doit payer une somme identique s’il cause un préjudice à un contribuable. Si, pendant les quartiers d’hiver, ou dans un camp, ou pendant une marche, un officier ou un soldat cause un préjudice à un contribuable sans lui verser une juste compensation, il doit lui rembourser le double du dommage subi.
{14} Si, en temps de guerre, quelqu’un devait prendre la liberté de laisser un soldat partir en permission, il devrait alors payer une amende de 30 nomismata. Si pendant les quartiers d’hivers, des permissions de trois ou quatre mois peuvent être autorisées ; en temps de paix, les soldats peuvent être autorisés à partir en permission dans les limites des frontières de la province.
{15} Si quelqu’un qui est posté à la défense d’une cité ou d’une forteresse devait la livrer ou l’évacuer alors qu’il était encore capable de la défendre, à moins qu’il y fût contraint par un danger pour sa vie, devra subir la peine capitale.

Après que ces règles sur les délits ont été lues, les tagmas doivent être rassemblées en formation de bataille, et les sanctions pour les fautes commises sous les armes devront être portées à la connaissance des troupes assemblées.

8) Les punitions militaires.

Après que les tagmas se soient rassemblées, la liste de sanctions qui suit devra être lue en Latin et en Grec.

{16} Si pendant le temps où les lignes de bataille se forment et pendant le combat un soldat abandonne son poste ou sa bannière et s’enfuit, ou s’il charge quittant l’endroit où il avait été posté, ou s’il dépouille les morts, ou s’il part à la poursuite de l’ennemi, ou s’il attaque le train de bagages ou le camp de l’ennemi, nous ordonnons qu’il soit exécuté, et tout le butin qu’il aura pris soit confisqué et donné au fond commun de sa tagma, étant donné qu’il a brisé les rangs et a trahit ses compagnons.
{17} Si pendant une action générale ou une bataille, les troupes formées au combat devaient tourner les talons -puisse cela ne jamais se produire- sans une bonne et évidente raison, nous ordonnons que les soldats de la première tagma ayant pris la fuite et abandonnés leur ligne de bataille ou leur meros soient abattus et décimés par les autres tagmas, étant donné qu’ils ont brisé la ligne et sont blâmable d’avoir mis en déroute la meros toute entière. Mais s’il devait apparaître que certains parmi eux furent blessés pendant le combat même, ils peuvent être exemptés d’un tel jugement.
{18} Si une bannière devait être capturée par l’ennemi –puisse cela ne jamais se produire- sans une bonne et évidente excuse, nous ordonnons que ceux qui étaient responsables de la bannière soient punis et dégradés au plus bas rang de leu unité ou de la schola dans laquelle ils sont inscrits. S’il apparaît que parmi eux certains furent blessés pendant le combat, ils peuvent être exemptés d’une telle punition.
{19} Si une meros ou la formation entière est mise en fuite –puisse cela ne jamais se produire- lorsqu’un camp est à proximité, et si les hommes ne se replient pas vers les défenseurs ou ne cherchent pas refuge à l’intérieur du camp mais courent de façon insouciante tout azimut, nous ordonnons que ceux qui ont eu l’audace d’un tel acte soient punis pour le peu de considération dont ils font preuve envers leurs compagnons.
{20} Si un soldat jette ses armes pendant la bataille, nous ordonnons qu’il soit puni pour s’être désarmé et avoir équipé l’ennemi.

9) L’ordre de marche à travers nos provinces lorsqu’il n’y a pas d’activité hostile.

Une grande armée ne doit pas être rassemblée en un seul endroit quand il n’y a pas d’activité hostile, à ce moment les soldats inactifs peuvent s’adonner à la sédition et à des machinations inconsidérées. Lorsque la bataille est attendue, l’armée doit marcher en formation, en procédant par moira ou meros. En effet, marcher en formation est plus sécurisant pour le soldat sur notre territoire comme sur celui de l’ennemi. Il est très important que chaque moira habitue son train de bagage à la suivre derrière ses bannières, comme nous l’avons décrit plus après, et ne se confonde pas avec les autres unités. Tant que l’ennemi est à distance, la marche doit se faire par moira ou meros. L’armée entière ne doit pas être réunie en un seul endroit car les hommes pourraient rapidement souffrir de la faim et le fourrage pourrait devenir une denrée rare, aussi, l’effectif de l’armée pourrait être facilement estimé par l’ennemi. A l’approche de l’ennemi, à six, sept, ou même dix jours de marche, les soldats doivent se réunir pour monter un camp, ainsi que c’est expliqué dans la partie de l’ouvrage sur les camps.

Si la marche se déroule dans des endroits ou des régions inconnus, le génie doit prendre un jour d’avance avec pour objectif de repérer tous les lieux appropriés pour monter le camp, et de partager le terrain en parcelles équitables pour chaque meros. Les équipes du cantonnement doivent aussi partir à cheval avec un jour d’avance pour faire une reconnaissance des ressources en eau et en fourrage.

Quand les troupes en campagne rencontrent un terrain très accidenté, escarpé, fortement boisé, ou une tout autre difficulté liée au terrain, quelques soldats doivent être envoyés à l’avant pour dégager et niveler le terrain autant que faire se peut, afin que les chevaux ne soient pas épuisés. Les hommes détachés à cette mission ne doivent pas faire partie des éclaireurs ou d’une autre unité spéciale.

Quand l’armée est en marche, le commandement général doit marcher en tête, précédé de troupes qu’il à lui-même choisies faisant office de garde d’honneur. Leurs chevaux de réserve et les bannières des bucelarii doivent les accompagner. Juste après eux viennent les spathariori [les porteurs d’épée, apparemment des conseillers], puis les troupes de bucellarii et enfin leur train d’approvisionnement. Le chef de corps de chaque meros ou moira doit se positionner dans sa colonne de la même façon, soit en marchant dans une formation importante, soit seul.

Au croisement d’une rivière ou autre terrain accidenté en territoire inconnu, les équipes de cantonnement doivent partir devant, et après avoir examiné la zone, ils doivent informer le général de la physionomie des lieux, et des officiers compétents doivent prendre des dispositions pour faciliter le passage. Si le terrain est particulièrement accidenté, alors le commandement général lui-même, doit quitter la colonne et demeurer sur le terrain jusqu’à ce que tout le monde ait traversé sans encombre. Mais le général ne doit faire ça seulement si l’ennemi n’est pas à proximité. Dans le cas contraire il ne doit pas rester, en revanche, les chefs de corps de chaque meros doivent accomplir ce devoir jusqu’à ce que leur sanction soit passée saine et sauve. Autrement, tout le monde se précipiterait en même temps vers l’avant, ce que ne serait la cause que de confusion et blessures.

Les champs cultivés doivent être épargnés, les troupes ne doivent pas les piétiner et elles ne doivent pas causer de dommages au contribuable. Mais s’il est absolument nécessaire de passer au travers des champs, des ordres doivent être donnés au chef de corps de chaque moiras ou meros de rester jusqu’à ce que les tagmas sous son commandement soient passées. Il doit remettre les champs en bon état pour l’unité suivante puis quitter la zone. C’’est dans le relais des chefs de corps qui les uns après les autres accomplissent le même devoir que les ordres du général et que la sécurité des fermiers seront respectés.

Si, lorsque l’on s’attend à un rude chemin, des animaux sauvages s’effraient et sont rencontrés aux abords du chemin, il doit être interdit de les chasser, car cela occasionne du bruit et de la confusion et épuise inutilement les chevaux. Cependant, en temps de paix, la chasse est nécessaire au soldat.
Si l’armée est petite, des efforts doivent être fait pour éviter les zones habitées afin que son effectif ne puisse être observé par des espions et cette information relayée à l’ennemi ; l’armée doit donc emprunter d’autres routes.


Note : Tagma sous-entend un groupe rangé en ordre ou en formation ; arithmos (latin numerus) désigne un nombre de troupe ; bandon est le mot pour drapeau, par extension il désigne les unités qui servent sous ce drapeau.


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