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 Sujet du message: Le Strategikon Traduction de Geta: Livre IX
Nouveau messagePublié: 08 Sep 2008, 08:05 
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Livre IX : Les attaques surprises.


I) Les attaques surprises.

C’est bien sûr une ancienne maxime qui nous enseigne d’essayer d’attaquer l’ennemi sans avoir à souffrir nous-même aucune blessure, et les généraux intelligents la garderont à l’esprit et lui accorderont toujours une haute priorité. Ce but peut-être atteint si les attaques contre l’ennemi sont soigneusement préparées et rapidement exécutées. Ces attaques peuvent s’avérer très efficaces non seulement contre des troupes d’égale force mais aussi contre des troupes infiniment supérieures en nombre. Pour cette raison, il est sage d’être toujours à l’affût des bonnes opportunités et des prétextes et de frapper l’ennemi avant qu’il ne soit lui-même prêt, surtout s’il y a raison de croire que leurs forces sont plus puissantes que les nôtres. Dans de tels cas, mieux vaut comme il a été dit, essayer d’avoir recours aux pièges et surprises plutôt que de s’engager dans une bataille rangée qui implique des dangers dont l’issue peut être fatale.

Certains commandants ont accueilli des ambassades ennemies, leurs ont répondu en termes doux et flatteurs et les ont renvoyés avec les honneurs, puis ils les ont immédiatement fait suivre et les ont attaqués à l’improviste. Certains envoyèrent des ambassades avec des propositions avantageuses et lançaient soudainement une attaque. Certains faisaient suivre l’ennemi dans son camp pour déterminer s’il l’avait ou non solidement monté : puis par une nuit de lune, deux ou trois heures avant le point du jour, ils lançaient l’attaque. Les archers sont essentiels aux opérations de ce genre. En apprenant que l’ennemi marchait en désordre et laissait ses troupes s’étendre, certains commandants les ont attaqués au milieu de leur marche et leur ont infligés de sérieuses pertes. D’autres, cachés en embuscade chargeaient soudainement pour attaquer l’ennemi. Certains ont feint de se retirer du théâtre des combats puis, faisant soudainement demi-tour, ils chargeaient l’ennemi. Quelques autres conduisaient des troupeaux d’animaux devant eux, l’ennemi s’éparpillait donc pour les rassembler et c’est alors qu’en voyant l’ennemi dispersé et désordonné, ils attaquaient.

Certaines attaques peuvent être effectuées au grand jour, par exemple s’il se trouve une rivière difficile à franchir, surtout pour la cavalerie, qui nous sépare de l’ennemi. Un pont peut y être construit, soit comme la plupart avec des traverses en bois, soit avec des flotteurs, en élevant de chaque côté des tours faites soit de bois, ou en maçonnerie à pierre sèche ou encore de terre. Lorsque c’est nécessaire, le pont peut être utilisé pour traverser en sécurité ou se replier et il restera en place aussi longtemps que le général en aura décidé soit qu’il le détruise après une retraite ou après avoir attaqué en sécurité. Cependant, dans les opérations de ce genre et dans les incursions sur le territoire ennemi nous ne devrions pas détruire ou brûler les subsistances de ces régions par lesquelles nous espérons revenir, faute de quoi des hommes souffriront. Nous pensons que de tels ponts sont aussi essentiels dans des cas de bataille rangée lorsque les camps sont montés près d’une rivière. Si le jour de la bataille la traversée se révèle difficile aux abords de la berge, notamment dans la zone où les forces ennemies sont stationnées, l’armée peut toujours être menée au combat sans entrave et sans encombrement. En cas de revers, les soldats peuvent rester en sécurité dans l’enceinte du camp et ils ne seront pas forcés de traverser le pont contre leur volonté sous le feu ennemi. Pour ces raisons, le camp doit être monté du même côté de la rivière que celui de l’ennemi.


II) Les attaques de nuit.

La conduite des attaques nocturne variait selon les commandant. Certains établissaient leur camp à un jour de marche de l’ennemi et envoyaient une ou deux députations pour faire une proposition de paix. Quand l’ennemi avait une raison d’espérer parvenir à un accord et devenait moins prudent, ces généraux faisaient marcher leur armée la nuit et attaquaient à l’improviste avant l’aube. Cela fut mis en pratique par le général romain Lucius sous Trajan. [note : Lucius est mentionnée par Dio Cassius à plusieurs reprises ainsi que par d’autres auteurs. L’incident signalé ici aurait eu lieu près de Nisibis ou Edessa en 116 ap J.C]. D’autres se sont alignés en formation de combat pendant plusieurs jours à côté de leur camp comme pour une bataille rangée. Ils feignaient d’être effrayés par l’ennemi et de ce fait ne voulaient pas s’éloigner au-delà de la zone de leur camp. Alors, lorsque l’ennemi baissait sa garde, ils l’attaquaient la nuit. C’est ce que l’empereur (Khan) des avars mis en pratique face à la cavalerie romaine à Heracleia, il ne resta pas en sûreté avec l’infanterie à l’intérieur des fortifications mais à l’extérieur sans protection. [note: en 592 ap J.C Theophylact de Simocatta, 6, 5 ; H.]. D’autres encore employaient de faux déserteurs pour qu’ils informent l’ennemi que le moral de l’armé était bas. Ils feignaient alors un repli loin vers l’arrière, mais ne partaient en fait que sur une courte distance et montaient leur camp. La nuit tombée, ils attaquaient soudainement l’ennemi.

L’archer et le lanceur de javelines, monté ou démonté, sont les meilleures unités pour les attaques nocturnes. Ils sont efficaces contre les peuples qui combattent à cheval ou à pied, qui ne fortifient pas leur camp ou qui établissent leurs tentes en désordre et sans protection. Ils sont aussi efficaces contre les peuples qui ne sont pas compétents dans l’usage de l’arc et de la javeline mais qui préfèrent l’engagement du combat au corps à corps. Ces opérations doivent être menées les nuits où il y a suffisamment de lumière, qu’il s’agisse de celle de la lune ou des étoiles, sur toute la longueur de la ligne de marche afin d‘éviter que les hommes se rentrent dedans ou se perdent dans le noir. L’armée doit toujours être sur le qui-vive, prête à l’action et ne doit transporter que le nécessaire. Elle doit régler sa marche suivant la distance qui sépare les deux camps afin d’arriver à un ou deux miles du camp ennemi deux heures avant l’aube. Les troupes doivent marcher à allure modérée afin de ne pas arriver exténuées. Sur place, l’armée doit rester cachée et silencieuse puis attaquer l’ennemi juste avant l’aube.

Les expéditions de ce genre doivent être conduites par des hommes qui connaissent à fond la région et qui n’égareront pas l’armée. Un silence absolu doit être observé, pas de sonnerie de clairon ni autres bruits forts en tout genre. Toutefois, si l’armée devait faire halte ou avancer, le signal peut être donné par un sifflement ou en frappant une fois sur le bouclier ou par un ordre. Pour éviter que la ligne ne s’étende de trop et ne finisse pas s’éparpiller en une ligne irrégulière ou pour éviter toute confusion liée au bruit ainsi que les ordres criés qui trahissent clairement notre approche à l’ennemi, la formation ne doit pas se déplacer par l’avant comme en bataille mais en colonne c'est-à-dire en ligne droite, les unités avançant les unes derrière les autres en respectant bien sûr la profondeur de la formation. Lorsque l’armée se trouve près de l’ennemi, les hommes doivent rester à couvert, redresser la ligne et selon la nature du terrain, lancer l’attaque de deux ou trois côtés. Il ne faut pas attaquer des quatre côtés car l’ennemi qui se trouve complètement encerclé est forcé de serrer les rangs et de combattre, mais laisser un côté ouvert afin que ceux qui veulent fuir puissent le faire. A ce moment là, si l’armée qui attaque est grande, une ou deux trompettes doivent être utilisées ; si elle est de petite taille, il faut en utiliser plus pour faire croire à l’ennemi qu’elle est grande.

Pendant ce type d’action, quelques unités de l’armée doivent toujours être maintenues en réserve. Elles ne doivent pas prendre part à l’action mais se tenir prêtes sans intervenir jusqu’à ce qu’il soit nécessaire de couvrir nos hommes qui pourraient fuir. Les attaques de ce genre doivent être menées très prudemment et avec beaucoup de préparation comme pour une bataille rangée, spécialement contre de la cavalerie. Si tout ne devait pas se dérouler selon les plans et que l’ennemi a été alerté et s’est mis en formation pour venir nous chercher, notre armée pourrait être prise au dépourvu et mise en déroute dans la bataille qui s’ensuivrait. Si les forces adverses se composent d’infanterie et que notre attaque est menée par de la cavalerie, il est clair que notre armée causera de sérieux dommages à l’ennemi ou qu’elle sera capable de se replier sans torts puisque l’infanterie sera incapable de la poursuivre. Que l’attaque soit menée de nuit contre un camp fortifié ou de jour contre des troupes en marche ou leur train de bagage, certaines unités doivent être clairement désignées pour s’emparer des subsistances et autres. Autrement, si toute ou la plupart de l’armée y participe, l’ennemi pourrait attaquer et mettre en danger l’armée entière.


III) Incursions sur un territoire hostile ; sécurité pendant la marche sur ce territoire ; le pillage de celui-ci sans dommages.

On peut entreprendre une incursion sur un territoire hostile sous deux conditions : si l’incursion est menée après que l’ennemi a été défait en bataille ou, si nous savons que s’ils devaient être attaqués soudainement ils ne seraient pas prêts ou inaptes à l’action. Ceci est vrai combien même les forces ennemies seraient plus nombreuses et infaillibles, si ces dernières sont indisciplinés et désorganisées comme les Antes et autres peuples indisciplinés et désorganisés. Ou alors, nos hommes peuvent prendre et tenir une position, telle une rive ou un col de montagne, depuis laquelle ils peuvent nuire à l’ennemi sans être touché.

Le général doit par-dessus tout s’inquiéter des subsistances de l’armée lorsqu’elle entre en territoire ennemi. Il doit s’assurer que celles-ci soient transportées par les chariots communs d’équipement. Car si l’ennemi devait détruire les provisions du pays, l’armée se trouverait soudainement en situation critique au milieu d’une région hostile. En général, les marches ne doivent pas être menées de nuit sur un territoire hostile, à moins bien sûr qu’il ne s’agisse de maintenir notre approche secrète. Par exemple, il peut être absolument nécessaire de ne pas être détecté par l’ennemi, de s’emparer rapidement d’une zone difficile, ou de la traverser sans que l’ennemi ne le découvre. Mais avant de se lancer dans une telle marche, un grand soin doit être apporté à la reconnaissance des routes.

De sérieux efforts doivent être fournis pour capturer vivants des habitants de la région afin d’obtenir d’eux des informations sur la puissance et les plans de l’ennemi. L’interrogatoire des prisonniers doit être mené par le général en personne et pas par quelqu’un d’autre. Souvent, des informations insoupçonnées complètes et très importantes ont été révélées par de telles interrogations. Tu ne dois cependant pas donner trop de crédit aux déclarations des déserteurs ou des transfuges ainsi qu’aux hommes capturés lors des attaques surprises. Car il n’est pas rare que déserteurs et captifs donnent délibérément des fausses informations. Ne prête pas attention aux déclarations faites par une seule personne, et n’en crois rien à moins qu’elles ne soient corroborées par plusieurs autres, surtout comme nous l’avons déjà mentionné, s’il s’agit de prisonniers capturés lors de raids ou de déserteurs. Les déserteurs de l’ennemi qui prétendent détenir quelque information secrète doivent être placés en détention ou être d’une autre façon détenu en sécurité et il doit leur être dit que si leurs déclarations s’avèrent vrai ils seront récompensés mais que si elles sont fausses, ils seront mis à mort.

Si l’armée ennemie est rassemblée quelque part à l’extérieur de ses fortifications, aucun de nos soldats ne doit être autorisé à s’en aller piller et rapiner, ils doivent d’abord avancer contre l’ennemi. Si l’issue de la bataille est favorable, ils ne doivent pas laisser passer l’opportunité mais poursuivre tandis que l’ennemi est encore très effrayé et confus jusqu’à ce que ses forces soient complètements brisées et éparpillées ou jusqu’à ce que l’on ai conclu un accord de paix favorable avec des garanties sans équivoques. Si l’ennemi est effectivement rassemblé mais qu’il évite d’entrer en action, alors qu’il demeure uni, nos troupes doivent chevaucher dans les environs et tout piétiner sous leurs pas. Mais, si nous avons prévu de nous retirer par la même route que celle par laquelle nous sommes arrivés, et que nous ne sommes pas correctement approvisionnés en nourriture ou en fourrage, alors nous devons épargner les subsistances à proximité et ne les détruire que lors du voyage de retour. L’avant-garde doit placer des signes aux embranchements sur les routes et aux autres endroits où des erreurs peuvent être commises. S’il s’agit d’une zone boisée, ils peuvent être placés sur des arbres ; si l’endroit est découvert des tas de pierres ou des tertres suffiront. Ceux ci seront reconnus par les troupes qui marchent à l’arrière et l’armée ne se perdra pas.

Les troupes envoyées piller ne doivent pas toutes participer au pillage mais être divisées en deux groupes. Le premier se livre au pillage tandis que le second, plus nombreux, doit suivre le premier pour le protéger. Ceci doit être observé, que l’expédition soit dirigée contre une région, un camp fortifié ennemi, un troupeau de bétail, un train de bagages ou quoi que se soit d’autre. La même procédure doit être suivie si c’est toute l’armée qui s’engage dans une expédition de pillage. Tous les hommes ne doivent pas prendre part au pillage, si l’opportunité de collecter des subsistances se présente, certains doivent aller s’en occuper pendant que les autres les suivent en formation régulière. Si tous les soldats sont occupés au pillage et au ramassage des provisions, ils peuvent être prit par surprise ou tomber dans une embuscade avant d’avoir pu se remettre en formation.

Hormis dans les cas d’urgence, nous pensons qu’il vaut mieux ne pas détacher quelques hommes de chaque unités pour une expédition, une reconnaissance ou pour tout autre devoir militaire. Il est préférable de détacher une tagma entière, un bandon ou une de leur subdivision sous le commandement d’un ilarch ou d’un dekarch. Dans certaines circonstances il peut devenir nécessaire de former un détachement spécial, par exemple lorsque la plupart des soldats pour une raison quelconque sont réticents à faire le travail ou si les chevaux sont en mauvaise condition. En de telles circonstances le détachement doit être composé d’homme au moral fort et de chevaux en bonne condition. Il n’en demeure pas moins qu’en général, choisir pour accomplir une mission quelques hommes au hasard dans chaque tagma est dangereux. On ne peut pas tirer le meilleur parti de ces hommes dont le soutien de leurs amis leur manque et qui ne se connaissent pas les uns les autres. De plus, les unités laissées à l’arrière se voient privées de leurs meilleurs soldats.

Quand le général projette de prendre un fort, une hauteur ou quelque autre lieu, ses hommes ne doivent pas le savoir jusqu’à ce qu’ils soient effectivement sur le site et que l’ordre de se mettre à la tâche leur a été donné. S’il est vraiment nécessaire que l’armée doive camper ou passer à proximité d’une position ennemie fortifiée, un des officiers accompagné de quelques troupes armées à la légère doit se positionner près des entrées de la fortification afin de prévenir toute sortie soudaine de l’ennemi. Les mêmes précautions doivent être prises lors de passages au travers de défilés. Un bivouac ou un camp ne doit jamais être installé près d’une fortification ennemie ou d’une zone boisée. Mais s’il est absolument nécessaire d’y camper, une attention toute particulière doit être portée aux postes de garde en cas d’attaque ennemie la nuit. Pour camper mieux vaut chercher des lieux ouverts, dégagés, en hauteur et un terrain défendable.

En pénétrant en territoire ennemi, le train de bagage doit suivre à l’arrière, mais lorsque l’on arrive tout près de l’ennemi, il doit prendre position au milieu de l’armée. Le train et les prisonniers, s’il devait y en avoir, doivent rester séparés des troupes régulières pendant la marcher et au camp afin de ne pas gêner les soldats si ceux-ci devaient repousser une attaque soudaine de l’ennemi. En territoire ennemi, les arpenteurs ou les équipes du cantonnement ne doivent pas être envoyées à l’avant sans un soutien suffisant et que toutes les précautions requises aient été prises. On peut tenir comme assez sures les informations des prisonniers et des déserteurs sur la nature du terrain.

Lors de l’installation du camp, l’armée doit rentrer dans l’espace clos en formation et en bon ordre. Si l’ennemi s’approche et que l’armée dispose d’infanterie, parque d’abord les chariots puis creuse la tranchée de la façon prescrite, en positionnant toutes les troupes armées à la légère dispo à une courte distance de là. Le train de bagage doit alors rentrer en bon ordre et camper. Les avants postes peuvent ensuite se retirer et les soldats rentrer à leur tour et monter le camp. En revanche, si l’ennemi n’est pas à proximité, suivre cette procédure avec un seul droungos ou meros suffit, et tout le reste le l’armée entre et établi le camp.

Si l’ennemi est proche et en formation serrée, ou si notre camp est près d’une zone boisée ou d’un terrain accidenté, ne laisse pas les chevaux brouter librement à l’extérieur, garde les à l’intérieur du camp et assure toi de l’envoie de groupes de reconnaissance. Prend soin de rassembler des provisions soit avec ce que tu trouves dans les villages à proximité ou alors en envoyant des garçon ramasser du fourrage en veillant à ce qu’ils soient accompagnés de troupes armées à la légère qui les suivent en formation pour les protéger de toute attaque surprise de l’ennemi.
Si l’armée passe quelques temps au même endroit et qu’à proximité se trouvent des espaces pour faire paître les chevaux, étant entendu que les forces ennemies sont loin de nous, alors tu peux autoriser les hommes à aller faire brouter les chevaux. Mais des patrouilles doublées voir triplées doivent systématiquement être envoyées dans toutes les directions sur une longue distance et être relevées à intervalles réguliers. Tout soldat qui de son propre chef décide de se joindre aux groupes dûment et officiellement assignés au pillage doit être mis en détention et livré à ses commandants pour être sanctionné. Si chacun prend congé pour aller piller, le général se retrouvera sans aucune troupe et toute l’armée sera mise en danger.

Tout vin ou grain trouvé dans la région ne doit être ni bu ni mangé avant de l’avoir vérifié en le faisant goutter aux prisonniers. L’eau des puits ne doit pas être bue car souvent elle aura été empoisonnée. Rappelons nous que pendant les guerres persiques, même l’orge était devenu avarié à cause du poison et un certain nombre de chevaux périrent. [Note : Chronique de Jean évêque de Nikiou, ed. et traduction H Zotenberg (paris 1983), c.96, p.408.]
Puisqu’il n’y avait plus de fourrage, les soldats furent forcés de donner l’orge locale à leurs chevaux.

Les instructions suivantes doivent être données aux hommes, même en cas de troubles inattendus pendant la marche, ils ne doivent pas courir à toute vitesse et prendre chacun un chemin différent. Au contraire, chacun doit se précipiter vers la section où le trouble se produit. En suivant cette procédure ils seront prêt à recevoir l’ennemi, ils seront plus à même de concentrer leurs forces et d’éviter la confusions. En cas d’attaque, on ne doit pas se contenter de maintenir en permanence une forte patrouille à l’avant ; une force aux effectifs nombreux, bien armée mais sans trop d’équipement nommée arrière garde doit être positionnée à l’arrière à 15 ou 20 miles sous le commandement d’un officier compétent. Il faut mettre en place de bonnes patrouilles au cas où des traînards dans l’armée se laisseraient distancer en raison de maladie ou autre, ou en cas d’attaque surprise de l’ennemi. Le moment le plus propice à de telles attaques est celui où les troupes marchent sans faire attention et où ceux qui marchent à l’avant ne peuvent pas facilement revenir soutenir les troupes derrière eux. Ce n’est pas une mauvaise idée de faire ça sur notre territoire même pour punir les soldats qui vagabondent sans autorisation de leur commandant et qui agissent en désordre et afin d’identifier les hommes qui négligent leurs engagements militaire.


IV) Le passage de défilés et de régions difficiles.

En territoire hostile, hormis les cas d’urgence, nous ne conseillons pas de faire marcher la cavalerie sur de longues distances lorsque le terrain est dense et accidenté, c’est un exploit très difficile à accomplir pour de l’infanterie. Ce serait particulièrement imprudent de le faire en été. Bien que de tels défilés soient difficiles à franchir pour les soldats à pied, les cavaliers, eux, peuvent toujours sur des distances d’un mile ou deux démonter et marcher à pied sans risques. Nous estimons que les défilés difficiles sont ceux qui n’ont qu’une route praticable. Quand d’autres routes existent ou peuvent être improvisées, le défilé peut être traversé sans entrave.

A présent, si notre armée doit passer d’étroits défilés, boisés mais pas trop long, et que nous souhaitons revenir par la même route, alors, lors du premier passage les arbres devront être abattus puis le terrain nivelé et dégagé de façon régulière. Si le chemin est étroit et escarpé et qu’il ne peut pas être nivelé et dégagé, un détachement aux effectifs suffisants, monté ou à pied, doit alors être envoyé à l’avant pour s’en rendre maître et prendre position sur les points dominants jusqu’à notre retour. Pour les endroits les plus critiques, il peut s‘avérer nécessaire de faire les deux : abattre les arbres ou dégager le terrain et d’y laisser une garde appropriée. En traversant le défilé, les troupes qui escortent le train de ravitaillement ou le butin, doivent se répartir en deux groupes ou formations et marcher à pied en colonne sur le flanc surtout lorsqu’il y a du butin. Il faut le faire même quand l’armée ne se compose que d’infanterie qui habituellement peut passer les zones étroites, denses ou accidentées avec aisance. Si l’armée ne se compose que de cavalerie, les troupes doivent démonter et placer les bagages et l’équipement au centre. En pareils lieux et situations, aux deux colonnes assignées à la garde des bagages et du butin on pourrait y adjoindre, quand le terrain le permet, une puissante force de bonnes troupes armées à la légère choisie parmi le corps d’armée principal que l’on poste sur les quatre côtés des deux colonnes. Leur mission consiste à marcher sur le côté et écarter tout groupe hostile qui essaierait d’harceler la colonne. Ceci doit permettre au corps principal de protéger l’équipement et le butin sans être dispersé ou désordonné, ou que ses hommes quittent la formation pour combattre l’agresseur. Mais alors, comment les troupes des deux colonnes peuvent-elles tout faire : protéger correctement le butin et s’occuper des raids ennemis ? C’est pour répondre à cette question que les troupes disponibles doivent se voir confier la mission de marcher à l’extérieur de la double colonne sur les quatre côtés et spécialement à l’arrière. En procédant ainsi, il devient relativement facile de franchir les terrains les plus difficiles en toutes circonstances. S’il n’y a pas d’infanterie dans l’armée et que par conséquent les cavaliers chargés de la garde des bagages démontent et continuent à pied, les chevaux de ces derniers ne doivent pas rester près d’eux mais être amenés au centre. Autrement, s’il arrive que pendant la marche les hommes soient alertés ou dérangés même sans raison valable, ils seront enclins à monter leurs chevaux restés près d’eux, à briser les rangs et causer un trouble sérieux. Si la colonne comprend des prisonniers ou du butin, et que l’ennemi apparaît d’un seul ou des deux côtés de la colonne, les prisonniers toujours attachés doivent être alignés à l’extérieur de la colonne et servir de bouclier. Alors, soit l’ennemi retiendra des coups par égard pour eux, ou, s’il devait tirer, il tuerait les prisonniers à la place de nos soldats. Si pendant la marche l’armée se retrouve dans une situation critique et inattendue, qu’elle s’enlise dans des passes étroites et qu’elle ne peut se désengager sans courir un grand danger, alors il vaut mieux parvenir à un accord avec l’ennemi en se dessaisissant de tout ou partie du butin. Ainsi, l’armée se désengage en sécurité plutôt que de courir des risques inutiles. Mais si l’ennemi ne veut pas passer d’accord, dans ce cas, les prisonniers doivent être mis à mort devant ses yeux. L’armée peut alors soit rester dans la zone et la ravager sans merci, soit maintenir la formation de mieux qu’elle peut et se concentrer sur l’échappatoire. Le souci majeur du général pris dans un tel défilé, spécialement lorsque ce dernier est long, ne doit pas être d’essayer de forcer un passage, surtout en été lorsque la densité du feuillage permet à l’ennemi d’infliger plus de dégâts, avant que toutes les forces ennemies aient été chassées ou avant que ses propres troupes aient pris possession des positions dominantes du passage.


V) Espionnage au profit de l’ennemi. La capture des éclaireurs ou espions qui essayent de se dissimuler dans notre armée.

La disposition des formations d’infanterie et de cavalerie et celle des autres unités modifie beaucoup l’apparence de leur force. En les regardant simplement, une personne inexpérimentée peut faire des estimations très éloignées de la réalité. Si l’on prend une formation de cavalerie de 600 hommes de front et d’une profondeur de 500 hommes, ce qui fait 300 000 soldats. Chaque cheval dans la formation occupe un espace de 3 pieds large, la ligne entière occupe alors 1800 pieds, et chaque espace mesure 8 pieds de long de quoi il résulte que la ligne entière fait 4000 pieds de profondeur. Le rectangle ainsi formé par les deux côté de la largeur, de chacun 1800 pieds, et par les deux côté de la profondeur, de 4000 pieds chacun, comprend un périmètre de 11600 pieds en additionnant toutes ces longueurs soit deux miles et quart et contient 300000 soldats. Mais si nous les alignons à présent sur une seule longue ligne, en comptant 3 pieds de large pas cheval on arrive à 900000 pieds ce qui est égal à 180 miles. S’ils marchent en groupes éparpillés nous devons admettre qu’ils occuperons un plus grand espace encore et qu’ils apparaîtront plus nombreux aux yeux des observateurs que s’ils étaient en formation régulière. Ceci est d’autant plus vrai s’ils marchent sur un terrain en pente ou vallonné.

Donc, si un commandant désire faire paraître plus terrible son armée, il doit la former sur une très fine ligne, étendue sur une longue distance ou laisser des ouvertures dans la ligne. Un observateur ne serait alors pas capable d’évaluer sa force de combat ou quoi que se soit d’autre. A ce propos, il y a d’autres points à prendre en considération. Si l’armée est bien équipée et que les hommes et les chevaux présentent bien, plutôt que de les laisser serrés, forme des lignes de profondeur fine et irrégulières et pas très éloignées les unes des autres. Si elle parait simplement grande, déploie les troupes sur la zone et fait les camper à endroits différents. Puisque par conséquent il y a de si grandes différences dans les formations et l’organisation, la reconnaissance ne doit pas être confiée à des hommes inexpérimentés ou une totale confiance être accordée à leur rapports. La plupart des gens sont incapables de faire une bonne estimation si une armée compte plus de 20000 ou 30000 hommes, spécialement s’il s’agit de Scythes qui sont principalement des cavaliers. De même, quelqu’un ne doit pas être facilement troublé et s’imaginer une énorme armée lorsqu’il observe une longue et fine ligne de bataille. A moins que la profondeur de ses rangs soit proportionnelle à la longueur de la ligne, sa force réelle ne sera pas immense. La profondeur doit être examinée. Le train de bagage est-il aligné derrière la force principale ou bien ne s’agit-il que de combattants ? On peut obtenir des informations plus précises sur la force numérique d’une armée grâce aux déserteurs, aux prisonniers, aux défilés étroits, au camp lorsque les forces ennemies le montent toutes ensembles.

Quand un camp n’est pas fortifié, des avants postes doivent être installés suivant la nature du terrain. Si les voies d’accès sont étroites, quelques uns seront suffisants. Dans une région dégagée et ouverte, il en faut davantage, à différents endroits en contact les uns avec les autres loin à l’extérieur. La vigilance est particulièrement nécessaire la nuit lorsque l’ennemi peut librement et facilement s’approcher pour observer les avants postes, et si ces derniers sont faibles, se glisser furtivement et les surprendre. C’est pour cette raison que les avants postes doivent être à distance les uns des autres et changer souvent d’emplacement.

C’est le devoir des éclaireurs, hommes intelligents et vifs, que d’observer de près les positions et les mouvements de l’ennemi. Les hommes choisis pour ça doivent être armés à la légère et montés sur des chevaux rapides. Les espions doivent avoir beaucoup d’assurance et marcher droit parmi l’ennemi, afin qu’il puissent être considérés comme appartenant à la même race. Les hommes qui participent aux patrouilles doivent être dignes de confiance, ils doivent avoir l’air très viril et être au dessus des autres soldats dans leur apparence physique, leur moral, et leur équipement afin qu’ils puissent donner une image majestueuse lors de leur confrontation avec l’ennemi et s’ils devaient être capturés, qu’ils fassent bonne impression. L’officier responsable de la patrouille doit être bien au dessus de la moyenne, choisi pour sa vivacité, son intelligence et son expérience. Car ce genre de mission requière intelligence et vivacité plus que courage. Pendant que les rapports indiquent encore que l’ennemi est loin, seuls les éclaireurs doivent être envoyés lorsque le général veut obtenir des informations sur les mouvements de l’ennemi, la nature des routes ou des places fortifiées. Lorsqu’un raid est mis au point dans le but de faire des prisonniers, les éclaireurs doivent se joindre aux patrouilles en allant au devant d’elles pour observer depuis des positions dissimulées et leur indiquer quelle route suivre.

Dans des circonstances hasardeuses, plus d’une patrouille doivent être envoyées et dans plus d’une direction. Elles doivent varier et être constamment changées selon la nature du terrain. Elles doivent être suffisamment éloignées les unes des autres de sorte que si l’ennemi reste à bonne distance de nos hommes et parvient à esquiver une des patrouilles, il en rencontrera une autre et sera découvert. La patrouille la plus avancée n’a pas besoin de compter beaucoup d’hommes. La suivante doit en compter plus et la troisième encore plus. Les patrouilles doivent être inspectées pour voir comment elles agissent. Des officiers très fiables doivent être envoyés pour faire des passages en revue inopinés afin d’observer comment les choses se déroulent. Quiconque trouvé négligent doit être puni pour avoir gravement mis en danger toute l’armée. Un éclaireur expérimenté, avant même que l’ennemi soit en vu, doit être capable d’évaluer la force de son armée d’après certains signes tels que l’étendue du terrain piétiné par les chevaux et la taille de son camp. Il doit être capable d’évaluer depuis combien de temps ils ont traversé la zone grâce aux excréments des hommes et des chevaux et grâce aux empreintes qu’ils auront laissés.

Si le camp est fortifié par un fossé ou par un mur régulier en pierre et que les troupes montées ont été autorisées à rentrer à l’intérieur des fortifications, alors les patrouilles ne doivent pas être envoyées trop loin pour éviter d’épuiser inutilement les chevaux. Mais si la cavalerie bivouaque à l’extérieur, les patrouilles doivent être soigneusement organisées.

On doit apprendre aux soldats envoyés en mission de patrouille à faire des prisonniers. Ils doivent y être entraînés, comme pour la chasse, en prenant l’ennemi en filature tout en restant invisibles et sans être détectés. Quelque uns doivent se monter puis se retirer tandis que les autres tournent autour aussi invisibles et dissimulés que le terrain le permet. Des individus doivent se montrer à plusieurs endroits pendants que le corps principal se dirige vers un autre lieu où les hommes pourront se cacher la nuit. Le meilleur moment pour ça c’est lorsque l’on nous rapporte que l’ennemi est loin et ne se douterait pas de telles activités. La mission de la patrouille doit rester secrète non seulement pour l’ennemi mais aussi pour les rangs et les files de notre armée. Si ceci est observé, les soldats qui voudront déserter tomberont directement et sans s’y attendre entre les mains de la patrouille.
Les commandants des tagmas doivent se voir confier la responsabilité de la capture des espions ou des éclaireurs. Chaque officier doit annoncer à ces hommes que le lendemain, à la seconde ou troisième heure, une trompette va sonner. Tout le monde, soldat ou serviteur, doit immédiatement aller dans sa tente. Quiconque serait trouvé en dehors des tentes sera puni. Après que tous soient rentrés, les officiers restés dehors observent et arrêtent quiconque se tenant en dehors des tentes. Les membres de l’équipe doivent saisir tout étranger qui serait rentré dans leur tente et le remettre à leur commandant. Le premier résultat sera l’arrestation d’un étranger resté dehors parce qu’il ne savait pas où aller, ou s’il avait suffisamment de culot pour entrer dans la tente d’une des équipes, il serait reconnu tout de suite et remis au commandant. Tous ceux qui sont capturés de cette façon doivent être arrêtés, qu’ils soit Romains ou étrangers, et interrogés pour découvrir leur vrai statut. Ceci peut être facilement réalisé dans un camp régulier dans lequel l’armée, cavalerie ou infanterie, est regroupée ; ou séparément dans des camps d’une seule meros ou tagma. Les espions peuvent aussi être détectés par d’autres moyens ou par une variété de signaux ; différents ordres ou signaux requerrant une action définie peuvent être donnés. Ces procédures ne font pas que révéler les espions ennemis, elles habituent aussi nos soldats à obéir à leurs officiers et à suivre soigneusement les ordres, particulièrement lorsqu’une juste punition est donnée à ceux qui sont négligents dans cette matière. Ce n’est pas une mauvaise chose que de créer d’autres ordres de cette nature spécialement quand les troupes sont oisives afin de les tester et de les habituer à suivre les ordres.

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Image Goths mit Huns


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