Qu'est-ce que l'Antiquité Tardive?
Il me semble important de tenter de définir cette époque peu connue, ce qui permettra aux forumistes d'éviter le Hors-sujet ou de mieux cibler le thème général de notre forum.
Pour toute impartialité, je reprendrai ici la définition d'Alain Chauvot, Historien et spécialiste de la période:
"La notion d'Antiquité Tardive tend à se substituer dans l'historiographie contemporaine d'expression française à celle de Bas-Empire, jugée à tort ou à raison péjorative; c'est adopter un usage depuis longtemps en vigueur à l'étranger. Traditionnellement, cette période est inscrite entre les dates de 284 Ap.-J.C. (avènement de Dioclétien) et 476 Ap.-J.C. (déposition de Romulus Augustule, dernier "empereur" d'Occident). Mais la significations d'autres dates terminales possibles a été soulignée: Par exemple, pour un Bas-Empire au sens étroit, 395 Ap.-J.C., séparation de l'Empire en deux "partes" ou 408 Ap.-J.C., liquidation de Stilicho voire 378 Ap.-J.C., défaite d'Andrinople devant les Goths. Pour une Antiquité Tardive au sens plus large, 565 Ap.-J.C., mort de Justinien considéré comme le dernier "empereur romain" voire 493 Ap.-J.C., installation des Ostrogoths en Italie, ou 641 Ap.-J.C., mort d'Heraclius. Si la date de départ a suscité moins de controverses, il ne faut voir en elle aucune rupture fondamentale, mais la reconnaissance du rôle historique de Dioclétien. (...) Nous ne proposons aucune date terminale précise, nous bornant à suggérer deux remarques: d'abord, si il ne faut pas en surestimer la portée, la date de 476 Ap.-J.C. n'est pas autant dénuée de significations qu'on a parfois tendance à le dire; ensuite pour différents qu'ils soient, Clovis en gaule (481-511), Théodoric en Italie (493-526) et Justinien à Constantinople (527-565) s'inscrivent dans une certaine mesure et chacun à sa manière dans un héritage romain, voire plus généralement, antique."
Alain Chauvot. Professeur d'Histoire Romaine à l'Université Marc Bloch de Strasbourg, membre de l'unité mixte de recherche associée au CNRS "Etude des civilisations de l'antiquité". Spécialiste de l'Antiquité tardive, il est entre autre, l'auteur de travaux sur l'Empire romain d'Orient et d'une thèse de Doctorat: "Opinions romaines face aux Barbares au IVe siècle Ap.-J.C." Diffusion De Boccard. 1998.
Dans:
"Histoire Romaine; Antiquité Tardive", Col. U. Histoire. Armand Colin. 2006.
La fin de l'Antiquité selon André Larané (Hérodote.net)
"L'avènement d'Héraclius (610) et l'Hégire (622) marquent la fin véritable de l'empire romain et de l'Antiquité.
C'est l'époque où l'empire romain d'Orient se transforme en empire grec ou byzantin. Renonçant à une illusoire reconquête de l'Occident, les successeurs d'Héraclius concentreront désormais tous leurs efforts dans la lutte contre les envahisseurs venus d'Orient : Arabes, Turcs,... C'est aussi l'époque où l'Europe occidentale, dominée par les rois barbares, entre dans la période la plus noire de son histoire.
En Gaule et sur le Rhin, les rois mérovingiens qui succèdent à Clovis et Dagobert s'avèrent si insignifiants que la postérité les qualifiera de rois fainéants. Mais le pape Grégoire 1er le Grand, par ses réformes et son audace, préfigure déjà le renouveau de l'Europe.
La péninsule arabe et l'Orient romain et persan sont bouleversés par l'expansion militaire de l'islam. En quelques décennies, la religion de Mahomet, contemporain d'Héraclius, se répand des Pyrénées aux portes de la Chine. Cet événement majeur coupe en deux moitiés rivales le monde méditerranéen qu'avaient unifié les Romains. La ruine du commerce méditerranéen accélère la décadence du réseau urbain hérité de Rome.
En Occident, les centres de pouvoir se transfèrent du Midi vers le bassin rhénan, berceau de Charles Martel, Pépin le Bref et Charlemagne. Il faudra attendre les Croisades, un demi-millénaire plus tard, pour que l'Occident rétablisse des liens réguliers avec l'Orient.
A l'autre extrémité de l'Eurasie, la Chine se relève d'une longue décadence grâce à un nouvel empereur, Li Che-min, qui fonde la dynastie des T'ang et rompt avec le passé.
NB : la tradition qui désigne l'année 476 comme marquant la fin de l'Antiquité n'a aucune signification historique en-dehors de l'Europe occidentale (cette année-là se signale simplement par la déposition à Ravenne, en Italie, d'un enfant-empereur sans pouvoir). Cette tradition trouve son origine dans la volonté des historiens français du XIXe siècle de faire remonter les origines de leur pays à Clovis, un chef franc qui vécut à cette époque (vers 465-511)." André Larané.
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