Trois pistes à suivre pour le blanchiment.
1: L'urine vieillie, Lorsqu'elle commence à sentir l'ammoniac, elle devient bonne à toutes sortes de choses, notamment le dessuintage de la laine, le blanchiment des tissus et de divers matériaux. Elle agit comme l'eau de javel, qui en fut d'ailleurs longtemps tirée. On trouve de nombreuses mentions dans Pline, notamment. L'urine était précieusement conservée à Rome, et de urinoirs sous forme de grosse jarres en terre ou en pierre (les dolia curta) placés dans les coins de rue. Il était strictement défendu d'uriner ailleurs que dans ces dolia.
2: Les vapeurs de soufre. Pline en parle aussi pour le blanchiment des laines.
3: La cendre de bois. Très précieuse aussi, on en tire la potasse, sous forme de carbonate. Mélangée à un corps gras, on peut en faire du savon. Mais pure, c'est la "lessive", premier sens étymologique du mot, isu de l'action de "lessivage" des cendres. Pour la récolter, on prend le cendre blanche du foyer, que l'on mélange à de l'eau. Bien brassée, cette cendre libère la potasse qui est soluble. On peut ensuite par évaporation récolter cette potasse sous forme de sel, le "sel lixiviel" ou "sel de lessive" , puisqu'il a été obtenu par lessivage des cendres... On peut aussi en faire un "sirop" concentré à plus de 100 grammes au litre, c'est plus facile à diluer ensuite. Cette potasse à de nombreux usages, notamment le lavage des tissus de lin et de laine. Pour les toges et les tuniques blanches, on alterne bains de lessive et d'urine, ce qui accentue le blanchiment. Très important pour la vie de camp. La cendre blanche peut, et devrait toujours être utilisée pour le dégraissage et le lavage des récipients en terre cuite. Non seulement c'est un dégraissant très puissant, mais un bactéricide très efficace, ferments, levures et moisissures de toutes sortes détestant et ne survivant pas longtemps aux milieux alcalins, et donc la potasse. On devrait soigneusement récolter les cendres blanches de nos feux de camp ( pour autant qu'on n'y ait pas brûlé toutes sortes de saloperies...) pour faire notre vaisselle. Pour cause de porosité de la terre, les produits de lavage modernes sont rigoureusement prohibés sous peine d'arômatiser la vaisselle aux produits modernes, voire de nous intoxiquer légèrement. Et en plus de très bien dégraisser, la cendre limite ainsi énormément les risques de moisissures ou de mauvaises odeurs si on oublie nos gobelets, assiettes et pots à cuire quelques jours dans un sac. la potasse de cendre de bois est aussi un excellent défloculant pour les suspensions d'argile, mais faut le dire à personne, c'est un secret!
En ce qui concerne l'os, pour un bon blanchiment, je conseillerais de tester d'abord un bain dans l'eau de lavage de cendres, ce qui le dégraisserait et l'"assécherait" en surface. Puis l'urine pour le blanchir. et éventuellement à nouveau la potasse pour neutraliser les odeurs et éventuellement les bactéries. Je ne retiendrais pas le soufre, qui devait être rare et très coûteux en contrées germaniques, et réservé à d'autres usages comme la stérilisation des tonneaux ou jarres à fermenter des aliments tels que choucroute et bière, par exemple.
_________________ Illanua, potier-archéocéramiste
http://arscretariae-archeoceramique.blogspot.com/
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