Les Officiers généraux. (Liste par ordre hiérarchique croissant)
1) Praepositus/Praepositi (Chef ou simple commandant.): Il s'agit d'un commandant par commission aussi dit "per curam" ce "grade" recouvre de nombreux emplois. En réalité un Praepositus peut aussi bien être un tribun, un centurion, qu'un autre gradé. Ils sont tout simplement les commandants du moment désignés à défaut d'un officier adéquat ou affecté à une mission spécifique. C'est un grade à la limite de la simple appellation. Une fonction donc. On retrouve des Praepositi commandants de cavalerie, de camp et de casernes, de milices, de numeri (unités) divers et variées. Un Praepositus de rang perfectissime (le perfectissimat est un échelon social de l'élite romaine du IVe siècle dont les plus élevés sont sénateurs.) possédait la direction générale de la Fabrica impériale de Ravenne.
2) Tribunus/Tribuni (Tribun): Les tribuns commandent habituellement la cohorte. A l'époque tardive ils sont très nombreux et leurs compétences ne se restreignent pas au commandement de la cohorte seule. Ils peuvent être amenés à diriger des troupes plus larges, des détachements de cavalerie, des auxiliaires. Comme les Comtes et certains autres grades d'importance ils peuvent être dits "Vacants" c'est à dire sans commandement effectif, ce qui ne les empêchent pas d'obtenir leur traitement. Ce sont les officiers les plus représentés. Nous les retrouvons encore à la direction des Fabricae. Le Tribun est aussi un grade de la bureaucratie civile de l'appareil d'Etat mais dont la structure est organisée en Militia (milice) à l'image de l'armée. Un exemple célèbre, le Tribun des Notaires Paul. Ils touchent l'équivalent de 10 Annones, peut-être plus, il suffit de lire "l'Histoire Auguste" ou de relever le traitement perçu en salaire et en nature du tribun semestre Solemnis sur la base de sa statue à Vieux la Romaine pour avoir une idée des largesses dont peuvent bénéficier les Tribuns dès le IIIe siècle. Il faut au moins être premier centurion pour espérer passer tribun. C'est une position avantageuse et très recherchée. On distingue le Tribun "maior" promu par brevet sacré de l'empereur "Per epistulam sacram imperatoris". Il existe une brigue importante de ce grade qui s'obtient par voie de clientélisme, par suffrage et recommandation "vel suffragio vel potentium gratia".[C. Theod. VI, 24, 2 et 3] Bien que plusieurs lois tentent de freiner ce phénomène, le Droit finit par l'institutionnaliser. Les postulants doivent encore payer une patente dix fois supérieures à la normale. De ce fait, très proche dans sa forme du clientélisme républicain, il se développe un véritable marché des postes à responsabilité ou des commandements les plus avantageux. L'Empereur Julien tentera de mettre fin à cette pratique pour revenir plus strictement à un avancement au mérite… En vain. Le second tribun est dit "minor", il s'agit du tribun ayant obtenu son grade sans recommandation de l'empereur ou de ses services. Il est encore tribun "Per labore" qu'on pourrait traduire "par le mérite/travail" et ils sont ceux "qui nullius rei cupidiores fuere quam gloriae".[C. Theod. VI, 24, 2 et 3]. Le tribun distribue les récompenses et les salaires aux troupes, veillent à la discipline, à l'entraînement, applique le droit et la justice. De nombreux tribuns meurent au combat.
3) Praefectus/Praefecti (Préfet): A l'origine les préfets sont les commandants généraux des Légions. Avec les différentes évolutions de l'armée entamée depuis le début du IVe siècle, les préfets se trouvent commander les Légions sous leur régime ancien, les anciens contingents portants les titulatures héritées du Haut-Empire telle que nous le donne à voir la Notitia Dignitatum. Mais ce grade n'est plus exclusif aux Légions et les Légions ne sont plus systématiquement commandées par des Préfets. Nous retrouvons les préfets commandants d'ailes de cavalerie, commandants des Classis, la marine militaires… Le préfet possède les même prérogatives que les Tribuns mais à l'échelle de la légion entière. Nombre d'Annone inconnue mais sans doute assez important.
4) Dux/Duces [limitis] (Duc): Un Duc "Dux" ou des Ducs prennent la tête comme autant de généraux de "second ordre" la catégorie des troupes attachées à la garde des frontières qualifiées ou non de "Limitanei" ou de "Ripenses", telles que nous les présente la Notitia Dignitatum, document administratif du Ve siècle. Les Ducs sont des généraux au sens littéral du terme ainsi que des administrateurs militaires. Ces "grands" généraux, les plus modestes dans la complexe hiérarchie du Bas-Empire, sont donc les premiers officiers ayant autorité sur toutes les garnisons militaires, à l'échelle d'une ou plusieurs Provinces. Cette autorité ne se limite donc pas aux seuls limitanei. La province étant la première, et plus petite des circonscriptions territoriales de l'Empire. Un Dux reçoit 50 annones.
5) Comes/Comites rei militaris (Comte): Le Comte est un grade créé par Constantin à l'image des "Compagnons" d'Alexandre le Grand dont la traduction latine est similaire. A l'origine il s'agissait d'officiers fidèles et dignes de confiance de l'entourage de l'Empereur; des amis dirons nous. Cette dignité et ce grade s'institutionnalisent petit à petit et son autorité se formalise. Lorsqu'il est question "de ramener sous le joug quelques nations révoltées et très braves", le commandement général passe à l'ordre supérieur du Comte "comes maior". Le comte militaire commande au minimum deux légions Végèce nous confirme la répartition des commandements aux Comtes lors des grandes expéditions militaires ou lors de fortes campagnes de représailles. Ainsi, Castricius, Comte d'Isaurie avait à sa disposition trois légions pour lutter contre la piraterie endémique des provinces d'Isaurie et de Cilicies. [Ammien Marcellin. Res Gestae. LIVRE XIV, chapitre 2, paragraphe 14] Dans la Notitia Dignitatum, le Comte d'Isaurie en possède encore deux. Le Comte d'Illyrie est un des généraux les plus important. Lorsqu'il obtient un grand commandement régional, le Comte possède bien souvent l'autorité martiale sur un ou plusieurs Diocèses entiers, circonscription supérieur regroupant un ensemble de plusieurs provinces. Ce sont encore les Comtes Charietto et Dagalaïfus qui tentèrent de bouter l'Alaman hors des Gaules avec des forces non négligeable entre 365 et 366. Finalement, Les Empereurs Valentinien (364-375) et Valens (364-378) se partagèrent les Comtes et les troupes lorsqu'ils prirent pour chacun la partie Occidentale et la partie Orientale de L'Empire [Ammien Marcellin. Res Gestae. LIVRE XXVI, chapitre 4, paragraphe 1] Parmi eux, les Comtes les plus élevés en dignités: Les Magistri… Nombre D'Annone inconnue mais qu'on peut imaginer sans mal très important.
6) Magister/Magistri: Le nombre de Magistri augmente ou diminue au fil des décennies et du bon vouloir des Empereurs. On considère la création du Magister militum contemporain de la réorganisation de l'appareil d'Etat consécutive à la victoire de Constantin sur Licinius. Mais ce sont surtout sous les règnes de ses fils que cette "magistrature" militaire se développe pour atteindre son apogée sous Théodose Ier. Les Magistri sont les généralissimes de l'Empire. Ils commandent à l'ensemble des corps militaires. L'Empereur d'Orient tout comme l'Empereur d'Occident en possèdent plusieurs. On les appelle Magister Peditum (maître de l'infanterie) Magister Equitum (maître de cavalerie) Magister Armorum (maître des d'armées) Magister Praesentalis (Maître présent [à la cours]) ou de manière générique Magister Militum (maître des milices) Théoriquement égaux, tous n'ont pas le même rang les uns par rapport aux autres. Contrairement à ce que pourraient laisser penser certaines de ces titulatures, ils commandent aux troupes sans distinction d'armes. L'autorité des Magistri est répartie sur de très larges zones géographiques et ils ont l'ascendant sur tous les autres officiers supérieurs. Ils partagent souvent le Consulat avec l'Empereur, ont rang d'illustrissime, l'échelon le plus haut des dignités sénatoriales, reçoivent au Ve siècle la dignité de Patricius (patrice ou patricien…) et leur fortune est incommensurable. Au Ve siècle, certains Magistri ont la tutelle des Empereurs les plus jeunes ou se substituent carrément aux empereurs les plus faibles. Le Magister Militum Stilicho qui possédait de Théodose Ier la tutelle de son fils le jeune empereur d'Occident Honorius ainsi que celle toute théorique d'Arcadius empereur d'Orient. Il tiendra véritablement les rênes de l'Empire jusqu'à son assassinat. Aetius agira avec la même autonomie "irritante" en Occident jusqu'à sa propre mort.
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