Bon parlons un peu du haut... sur le net personne n'est d'accord et on retrouve plein de noms pour différents type de soutiens.
Mais j'ai trouvé un "livre" qui me semble bien plus complet, sourcé et qui me semble une meilleure base pour chercher.
LES corsets proprement dits étaient complètement inconnus des anciens.
Les Grecs et les Romains, ces amateurs du beau par excellence, étaient de grands admirateurs de la perfection corporelle ;
aussi les femmes grecques et romaines reconnaissaient-elles la nécessité d'employer des bandelettes
et des ceintures pour soutenir la poitrine et maintenir la taille ; les écrits qui sont parvenus
jusqu'à nous ne laissent aucun doute sur ce sujet.
Ces bandelettes ou ceintures étaient a l'origine des siècles, d'une simplicité extreme; le poète latin Ovide,
dans l'Art d'aimer (livre III), nous en donne la raison : « Si les femmes de l'antiquité, dit-il, prenaient
« peu de soin de leur parure, c'est que leurs maris « étaient aussi négligés qu'elles. » A l'époque ou .
vivait Ovide, les femmes commençaient a devenir coquettes; dans les Cosmétiques, dont nous ne possédons
qu'un fragment, il leur enseigne la manière de se parer, leur indique le moyen de se farder et leur
recommande « ces enveloppes ingénieuses qui arrondissent la poitrine et lui prêtent ce qui lui manque. »
Mais déjà au IXe siècle avant notre ere, Homère mentionne ces ceintures présentant un multiple enroulement
autour du corps ; voici comment il décrit, dans l'Iliade (chant XIV), la toilette de Junon au
moment ou elle va charmer les dieux.
Junon revêtit une robe divine que Minerve lui avait tissée avec art et ou elle avait brodé toutes sortes de belles
figures. Elle l'attacha autour de son sein avec des agrafes d'or ; puis elle se ceignit d'une ceinture garnie de cent
franges...
Junon emprunte ensuite a Venus son ceste ou sa fameuse ceinture :« Donne-moi ce charme amoureux, cet attrait qui te
soumet tous les immortels et les hommes mortels... »
Venus, au gracieux sourire, lui répondit Il West ni possible ni convenable que je rejette ta demande; car tu
dors dans les bras du tout-puissant Jupiter. » A ces mots, elle détacha de son sein sa ceinture brodée, d'un merveil-
leux travail ; toutes les seductions s'y trouvaient réunies, et l'amour, et le désir, et le doux entretien qui charme et
dérobe le cæur même des plus sages. Venus la lui remit donc entre les mains, prit la parole et dit : « Prends et
cache dans ton sein cette ceinture d'un merveilleux travail, qui renferme tous les attraits ; et je ne pense pas que
tu reviennes sans résultat, quoique tu médises dans ta pensée. » Elle dit et l'auguste Junon, la déesse aux grands yeux, sourit; et, quand elle eut souri, elle cacha la ceinture dans son sein...
Un passage du poke latin Térence nous indique l'usage que l'on faisait des bandelettes au IIe siècle
avant Jésus-Christ. Chéréa, dans la comédie Eunuchus (acte II, scene iv), s'adressant a l'esclave Par-
ménon, son confident, et parlant d'une beauté dont il était épris, s'écrie :
Ce n'est pas une jeune fille comme les nôtres, que leurs mères obligent a se rabattre les épaules, a se sangler la
poitrine, pour avoir une taille mince. Si quelqu'une est un peu plus solidement taillée, on dit qu'elle tourne a
l'athlète, on lui rogne les vivres, et elles ont beau être nées avec une bonne constitution, on ne fait pas moinsd'elles, grace a ce regime, de véritables roseaux. Aussi comme on les aime !
Mais puisque l'époque romaine peut être reconstituée grâce a sa magnifique littérature, on me permettra
d'y rechercher les origines du corset.
On trouve dans les auteurs latins, de même que dans les auteurs grecs, la designation d'un certain
nombre de bandes ou ceintures qui avaient un emploi analogue a celui du corset moderne; on en distingue
plusieurs sortes suivant qu'ils se plaçaient autour de la poitrine ou des hanches, sur le corps ou sur les vêtements.
Ces ceintures s'appelaient :
Cestus, Capitium, Fascia, Tænia, Mamillare, etc., chez les Latins; Strophium, Zona, Apodesme, etc..., chez les Grecs.
Je vais essayer de décrire ces divers "objets qui avaient tous un but commun et ne différaient les uns des autres que par de petits details.
CESTUS NODUS
Le mot cestus est un adjectif grec qui signifie brodé;
par extension, ce mot était employé par les Grecs
et les Romains pour designer une ceinture formée d'une bande de peau brodée, placée soit sur les han-
ches pour relever la tunique, soit au-dessous des
seins pour les maintenir.
Le cestus se portait plus bas que le cingulum et plus haut que la zona.
La plupart des auteurs se servent de ce mot pour
désigner la ceinture de Venus que 1'imagination pré-
tendait ornee des joies et des peines de l'amour,
Homère en a fait une si brillante description que
Boileau a dit de ce poète :
On dirait que pour plaire, instruit par la nature,
Homère ait a Venus dérobe sa ceinture.
(Art poétique, Chant III.)
L'écrivain latin Martial mentionne le cestus dans
les épigrammes suivantes :
Sur la Statue de Julie (Ep. XIII, liv. VI).
... Ta main douce et polie joue avec le ceste (nodus) de
la déesse acidalienne ; tu en as dépouillé le cou de l'enfant
Cupidon. Pour ranimer la flamme amoureuse de Mars et
du maitre tout-puissant du tonnerre, que Junon, que
Vénus elle-même t'emprunte ce ceste (cestus) magique.
La Ceinture (Ep. CCVI, liv. XIV).
Esclave noue a ton cou ce ceste encore tout chaud des
feux de Venus. Reçois ce ceste tout imprégné du nectar de Cythère ;
par lui les feux de l'amour, ont passé jusque dans le sein
de Jupiter.
Dans l'épigramme « Sur la statue de Julie », le mot
nodus est employé au lieu et place de cestus; mais,
c'est l'exception, nodus servait plus ordinairement a
designer le næud qui attachait le cingulum sous la poitrine.
CAPITIUM
Le capitium était un vêtement porté sur la partie
supérieure du corps qu'il recouvrait ; ce
mot ne désigne pas une sorte de capu-
chon comme quelques auteurs Font pré
-tendu ; Varron est très explicite a ce
sujet quand il dit : « ainsi nommé
parce qu'il enveloppe la poitrine. »
C'était donc une partie de l'habil-
lement destinée a garantir le sein.
Aulu-Gelle, critique latin
(IIe siècle avant notre ere),
mentionne ce mot comme
employé seulement par les
gens du peuple. Dans ses
Nuits attiques (liv. XVI), il cite un extrait de la
comédie Natal, de Labérius, ou ce vêtement est
decrit comme étant de couleur voyante et porté
par dessus la chemise.
La figure I montre le capitium, d'après le marbre
d'un tombeau antique représentant probablement une
femme du peuple, a en juger par la pierre grossière-
ment taillée sur laquelle elle est assise.
FASCIA
Le mot latin fascia désigne une bande d'étoffe lon-
gue et étroite qui enveloppe certains organes et les
maintient dans leurs positions respectives. C'était chez
les Romains, une ceinture attachée autour de la poi-
trine des jeunes filles pour arrêter par la pression le
développement de la gorge (Martial).
Ovide, dans l'Art d'aimer, donnant aux femmes
des conseils pour remédier autant que possible aux
imperfections de la nature, dit : « De minces analec-
« tides corrigent heureusernent l'inégalité des épau-
« les ; entourez d'une écharpe (fascia) une poitrine
« qui a trop d'ampleur. » Ces analectides étaient de
petits coussinets dont les dames se servaient pour
cacher la difformité de leurs épaules ; ils ont été cites
aussi par le poke comique grec Alexis.
Martial explique l'usage de la fascia dans une épi-
gramme intitulée Fascia pectoralis (Épig. CXXXIV
liv. XIV) :
Bandeau qui de ma belle assujettis le sein.
Cette fascia s'enroulait autour du corps et avait
par consequent une certaine longueur. Nous en trouvons la preuve dans un passage de l'historien latin
Tacite, racontant dans ses Annales (liv. XV), un des
épisodes de la conspiration, en l'an 65, de Pison contre
l'empereur Néron. Une courtisane romaine, Epicha-
ris, se trouva melee a cette affaire. On la mit a la plus
cruelle question, afin de lui arracher des aveux; mais
elle supporta les souffrances avec un courage admi-
rable. « Le lendemain, dit un traducteur, comme on
« la ramenait aux mêmes tortures portée sur une
« chaise (car ses membres disloqués ne lui permet-
« taient pas de se soutenir), elle détacha la fascia
« qui lui soutenait la poitrine, .la noua au haut de la
« chaise ; puis, passant son cou dans le næud et s'ap-
« pesantissant de tout le poids de son corps, elle
« s'arracha les faibles restes de la vie... »
Mais la fascia ne fut pas d'un usage general en
Grèce et en Italie; elle n'était employee, d'après Té-
rence, que par les personnes fortes ou imposée par
des mères soucieuses de la beauté de leurs filles.
La fascia venait aussi quelquefois s'appuyer sur les
épaules Nous retrouvons un souvenir de cet appa-
reil, peut-être l'appareil lui-même, dans la manière
dont les Arlésiennes soutiennent encore leur poitrine.
Chez ces femmes, le corset est remplacé par un
système de mouchoirs — système bien peu pratique
d'ailleurs — qui, s'appuyant sur les épaules passent
ensuite sous la poitrine en la soutenant et s'attachent
derriere le dos. On peut d'autant mieux conjecturer
que ce système est une modification de la fascia que
le mot fazzoletto (mouchoir), paraît tirer son origine
de l'expression latine en question.
On trouve dans quelques auteurs le mot fasciola
employé au lieu de fascia. Apulée, dans ses Meta-
morphoses de l'Anrae d'or (liv. II), décrivant la toilette
d'une jeune servante nommée Fotis, dit : « Elle était
« élégamment vêtue d'une robe de lin fort propre,
« attachée au-dessous du sein avec une ceinture (fas-
« ciola) d'un rouge éclatant. »
APODESME, STHÊTHODESME
L'apodesme (lien du sein) était sous Aristote, une
bandelette destinée a recevoir la poitrine; appelé plus
tard sthêthodesme, il paraît être l'expression grecque
correspondante a la fascia et au mamillare des Latins.
Il avait le même emploi que ces deux appareils.Antiphane, dans ses Thoriciennes, nous raconte qu'après la toilette du corps et l'édification de lachevelure, la premiere piece du
vêtement que mettait une dame
grecque, soucieuse de sa
beauté, était une ceinture
(apodesme) placée sous la
poitrine; selon Nomachius,
outre le blanc et le rouge
pour le visage, le noir pour
les yeux, la poudre pour les
cheveux, on se servait du
pinceau pour donner du
lustre au sein, en nuançant
la blancheur avec le pourpre
de l'hyacinthe, avec le beau vert ou jaspe de l'Inde
(RACINET).
La planche I représente une femme revêtant la fascia
ou apodesme, d'après une terre cuite antique (Musée
du Louvre).
La figure 2 montre la manière de soutenir la poitrine
avec le sthêthodesme.
MAMILLARE
Le mamillare, mentionné par Martial dans ses
Épigrammes (Épig. LXVI, liv. XIV), était une ceinture
en cuir mou, servant à entourer la poitrine et à la
contenir quand elle prenait trop de développement;
il ne comprimait pas la taille et n'était porté que par
les femmes ayant un grand embonpoint.
Le mamillare est très apparent sur la figure 3, qui
représente Sophonisbe d'après une peinture trouvée
à Pompéi ; il est aisé de voir qu'on le portait sous la
tunique, contre la peau (Dictionnaire des antiquités
romaines et grecques, RICH).
ANAMASKHALISTER
Une autre ceinture, l'anamaskhalister, signalée par
Pollux, dans l'Onomasticon, que les dames grecques se mettaient sous les aisselles et passaient ensuite
par dessus les épaules, semble
aussi avoir quelque analogie
avec la fascia.
La figure 4 représente
une Vénus aphrodite orien-
tale (Musée du Louvre)
trouvée, près de Smyrne,
dans la nécropole de My-
rina; elle donne une idée
assez exacte de ce qu'était
l'anamaskhalister qui a
ainsi l'aspect d'une bras-
sière d'enfant.
TÆNIA.
Le mot tænia signifie
ruban; c'était une modifi-
cation de la fascia; plus
étroite, elle s'enroulait autour de la taille et des
hanches.
Cette ceinture, d'après Anacréon, était principale-
ment destinée aux jeunes filles et se portait sur la
peau.
Apulée, dans ses Métamorphoses de l'Ane (liv. x),
en parle dans le passage, suivant : « Elle se désha-
« bille alors entièrement, même elle enlève les bandes
« (tœniœ) qui emprisonnaient une gorge charmante. »
Ce qui paraît commun à toutes ces bandelettes,
c'est la couleur; plusieurs
auteurs nous apprennent
qu'elles étaient rouges,
et le mot tœniensis qui
désignait un des tons du
rouge, semble indiquer
que cette couleur ser-
vait à teindre les tœniæ
(RACINET).
CINGULUM.
On trouve quelque-
fois les mots cingulum
et cingillum employés
pour désigner une
ceinture placée au-
dessous de la poitrine
pour que le vêtement ne fût pas lâche et eût bonne
tournure. Ce mot est mentionné par I sidor (Origi-
nes), par Virgile (Énéide) et par Pétrone (Satyricon).
D'après ce dernier témoignage, le cingillum servait
à relever la robe : « Sa robe, retroussée par une cein-
« ture (cingillum) vert pâle, laissait apercevoir sa tu-
« nique couleur cerise, ses jarretières en torsade d'or
« et ses mules ornées de broderies du même métal. »
Le cingulum est très visible sur la figure 5, d'après
une statue de marbre.
Festus et Valérius Flaccus désignaient aussi sous
le nom de cingulum une ceinture portée par les
femmes et surtout par les jeunes filles; pour ces der-
nières, elle était placée plus bas que pour les femmes
mariées, sur les reins, juste au-dessus des hanches.
Cette ceinture, qui différait de la précédente par la
manière de la porter, paraît être assez semblable à la
zona.
ZONA
La zona était un bandeau ou une ceinture large et
plate employée principalement par les jeunes filles ;
elle se plaçait le plus souvent autour des hanches.
Le mot zona a été pris par Martial comme titre
d'une de ses épigrammes (Épigr. CLI, liv. XIV). Ovide
mentionne ce mot dans ses Fastes, où il dit : « Elle
« lui donne la ceinture (zona) qui pressait tout à l'heure
« son sein délicat; mais la ceinture est trop étroite pour
« le corps d'Hercule. »
Homère dans l'Odyssée (chant V), et Catulle dans ses
Poésies (II et LXVII) emploient le mot zona pour dési-
gner la ceinture virginale. Une coutume existait chez
les Romains d'après laquelle l'époux détachait la zona
de sa jeune femme, d'où vient
que l'expression zonam solvere,
signifie se marier.
Dans l'Épithalame de Julie
et de Manlius, Catulle emploie
le diminutif zonula pour dési-
gner la ceinture virginale.
La figure 6, d'après un mar-
bre trouvé à Herculanum, in-
dique la place occupée par la
zona.
(zona)
STROPHIUM
Le strophium est d'origine
grecque, néanmoins on trouve
ce mot employé assez fréquem-
ment par les auteurs latins.
Les racines de cette expression servent à désigner un
corps arrondi ou cylindrique. C'était une sorte de
fichu que l'on enroulait et que l'on attachait autour
du corps pour soutenir la poitrine. Il n'exerçait pas,comme le mamillare, une pression contre nature, se
portait par-dessus la chemise et n'était employé que
par les femmes assujetties à de durs travaux.
Cette ceinture servait de poche où l'on serrait tes
choses intimes, missives, souvenirs, etc., comme il
est évident d'après un passage de Turpilius où une
jeune fille, déplorant la perte d'une lettre, s'écrie :
« Qu'ai-je fait, malheureuse! j'ai perdu en chemin ces
« tablettes que j'avais mises dans mon corset (intet-
« tuniculam et strophium). »
Catulle, dans son admirable description du déses-
poir d'Ariane abandonnée par
Thésée dans l'île de Naxos
(Poésies, LXIV), peignant le
désordre de ses vêtements
qu'elle laisse tomber à ses
pieds, dit :
Plus de réseau qui captive les
tresses de ses blonds cheveux;
plus de voile qui couvre son
sein; plus d'écharpe (strophium)
qui retienne sa gorge haletante.
Elle s'est dépouillée de tous les
ornements, ils sont tombés à ses
pieds, et les flots de la mer se
jouent de ces vaines parures.
Les deux vers suivants in-
diquent d'ailleurs très bien
le but de ces bandes :
Sa poitrine est sans voile et son sein rebondi
Repousse le secours d'un support arrondi.
Le strophium n'était pas seulement un vêtement
simple, il était aussi un objet de luxe. Isidor le décritomme étant parfois orné de broderies d'or, garni de
pierreries et de perles.
La figure 7 représente une servante donnant un
strophium à sa maîtresse; cette figure est dessinée
d'après la peinture d'un vase grec.
La figure 8 montre un strophium d'après une statue
que l'on croit représenter une jeune Dorienne prête
pour la course à pied.
CINCTUS
Le cinctus, que je crois devoir mentionner dans cette
étude, était une ceinture portée sur la tunique; ce
mot a à peu près le même sens que cingulum. L'his-
torien romain Suétone l'emploie pour désigner la
ceinture d'un vêtement. Horace et Ovide, lui donnant
un sens un peu différent, le décrivent comme servant
à retenir la robe au-dessous de la poitrine et même
quelquefois comme utilisé pour relever, la tunique.
MASTODETON
Enfin, je terminerai ces citations par le mastodeton,
sorte de bandeau mamillaire employé par les femmes
grecques pour soutenir des seins proéminents; ce mot,
que l'on rencontre rarement dans les auteurs anciens,est mentionné par Racinet dans son remarquable
ouvrage Le Costume historique, c'est pour cela que
j'ai cru ne pas pouvoir le passer sous silence.
De la nomenclature que nous venons de parcourir,
il résulte évidemment que si les anciens ne connais-
saient pas les corsets proprement dits, ils y suppléaient
par l'emploi d'écharpes et de ceintures qui remplis-
saient le même but. Le corset moderne est donc, en
quelque sorte, une combinaison pratique et raisonnée
des deux types principaux des bandelettes grecques
et romaines : la zona qui était la ceinture du ventre,
et la fascia qui maintenait la poitrine.