Salut Justin, et content que tu trouves ton bonheur ici (pour les autres, c'est moi qui ai conseillé à Justin de venir se documenter ici)
Pour répondre à tes questions et puisqu'une fois de plus on tape dans la thématique principale de Letavia...
Pour ce qui est des garnisons du mur d'Hadrien, on ne sait pas dans quelle mesure on est face à une occupation continue ou face à une réoccupation isolée de certains forts comme Birdoswald. Ken Dark penche par exemple plutôt pour la première solution mais les derniers articles que j'ai pu lire vont plutôt dans l'autre sens.
Le cas de l'ouest armoricain est finalement différent. Dans un cas au moins (le Yaudet) on a un fort occupé de manière continue à partir de la fin du IVe siècle et ce pendant tout le Haut Moyen Age. Pour l'une des forteresses mentionnées dans la Notitia, Alet, l'importance demeure même si la vocation militaire passe, la cité devenant le siège d'un évêché au VIe siècle.
On a en fait pas d'informations plus fiables que la Notitia Dignitatum qui mentionne pour les alentours de l'an 400 ces différentes unités dans ce qui deviendra la Bretagne :
- Mauri Osismiaci : sur le territoire des Osismes, avec comme forteresses Brest, le Yaudet/Vetus Civitas et surement d'autres, leur préfet étant établi à Osismis/Carhaix
- Mauri Veneti : chez les Vénètes, en garnison à Vannes/Venetis
- Martenses : à Alet chez les Curiosolites
- Superventores : à Namnetis/Nantes.
Ce à quoi il faut très certainement rajouter un réseau d'établissements lètes et
gentiles, aussi bien Bretons que Germains d'ailleurs. Ces colonies servent de viviers de recrutement aux forces régulières. On a un préfet de lètes francs à Rennes, on a pas mal de preuves de présences de Germains (Saxons ou Francs) dans le Morbihan et potentiellement dans l'est de la cité curiosolite. Les Bretons se cantonnant à l'ouest de la péninsule.
De l'état des lieux vers 500 on n'en sait finalement pas grand chose. Ces différentes unités ont pu être déplacées en partie ou en totalité, et le fait qu'elles soient mentionnés déjà vers 400 comme
Pseudocomitatenses montrent qu'elles avaient été appelés à servir dans l'armée de campagne à l'époque de Stilicho et d'Honorius.
On peut supposer via le témoignage de Procope que les soldats qu'ils mentionnent étaient issus de ces unités.
Reste à savoir dans quelle mesure ils étaient romanisés. Je les envisage de plus en plus comme des troupes de guerriers formés à la romaine, avec à leur tête un chef (breton ou germain) portant titre romain. Je pense que ce que nous décrit Procope, ce sont des restes romains en train de se fondre dans les armées privées des chefs germains ou bretons, eux même engagés dans un concours de celui qui s'affichera le mieux en héritier de l'empire pour assoir sa légitimité.