Il faut aussi relativiser la soit-disante "pauvreté" des militaires de l'Antiquité Tardive. Ammien Marcellin, nostalgique, nous parle à l'occasion des guerres Persiques, de ces soldats qui vivaient à la dure, dormaient à même le sol, et auraient jetés les pierres précieuses d'une bourse pour en garder le contenant, plus utile. Qui étaient pour Ammien Marcellin ces soldats si rudes? Ceux de Jules César? Non, ces antiques soldats qu'il décrit avec beaucoup d'exagération sont ceux, pas si éloignés, du Tétrarque Galère vainqueur des Perses! Mais déjà Ammien Marcellin, lui-même Protectores Domesticus choyé, le souvenir embrumé dans la fierté des ancêtres, voit dans les militaires de Dioclétien les spartiates qu'ils n'ont jamais été. Preuve à l'appui. Un discours pas si éloigné que celui, plus tard, de Synesius de Cyrène.
En réalité, les conitions de vie du militaires n'ont jamais céssé d'augmenté depuis Dioclétien et surtout à partir de Constantin Ier, surtout si nous distinguons bien les armées proches de l'Empereur de celles qui en sont plus éloignées...
Ammien Marcellin note encore un pallier supplémentaire sous le règne de Valentinien Ier (364-375):
"Mais le temps de la vérité est venu: disons nettement toute notre pensée. Un des torts de Valentinien est d'avoir, au grand préjudice de l'État, donné le premier l'essor à l'arrogance de l'armée. Il prodigua trop de ce côté les richesses et les honneurs, et, ce qui n'est pas moins blâmable en morale qu'en politique, impitoyable à l'égard des simples soldats, il fermait les yeux sur les vices des chefs, qui dépassèrent bientôt toute mesure: aussi en sont-ils venus à se regarder comme disposant de toutes les fortunes" RG, Livre XXVII, 9, 4.
Nous connaissons tous les réproches que Zosime fait à Constantin Ier (306-337) occultant sciamment les considérations stratégiques de ses décisions:
"(...) Au lieu qu'en toutes les provinces de l'empire les gens de guerre étaient commandés par des centeniers, par des tribuns, et par des capitaines qui tenaient la place des préteurs, ce prince établit des maîtres de la milice, dont l'un avait sous lui l'infanterie et l'autre la cavalerie, avec pouvoir de réprimer les désordres et de chatier les coupables (...) Dioclétien ayant par une sage prévoyance, mit des garnisons dans toutes les places frontières, comme je l'ai dit, les barbares ne pouvant faire irruption d'aucun coté, sans trouver des troupes qui les arrêtaient. Constantin au contraire, retira les garnisons des frontières, et les mit en des villes qui n'en n'avaient aucun besoin. Ainsi il exposa les unes à la violence des étrangers, et désola les autres en leur donnant des gens de guerre qui ne servaient qu'à les piller, et amollit le courage des gens de guerre en leur donnant sujet de s'abandonner à la débauche (...).Histoire Nouvelle, LIVRE II.
Son opinion n'est pas meilleur envers Théodose Ier (379-395) qu'il accuse aussi de pervertir les militaires:
"(...) dès le commencement de son règne il renversa l'ordre qui avait été établi parmi les officiers, et multiplia leurs charges. Au lieu qu'il y avait auparavant qu'un général de la cavalerie et un de l'infanterie, il en fit cinq, surchargea le public des fonds de leur paie, et exposa le soldat en proie à l'avarice et à la violence d leurs commandants (...) L'empereur Théodose ne multiplia pas seulement les grandes charges,mais il multiplia aussi au moins de la moitié les charges inférieurs, comme celles des tribuns, tellement que les soldats ne touchaient plus rien de ce qui lur appartenait des deniers publics (...) Cette administration réduisit en peu de temps les bonnes troupes en un petit nombre (...)" Histoire Nouvelle, LIVRE IV.
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