Inscrit le: 14 Fév 2013, 15:32 Messages: 529 Localisation: Argentorate, en Germanie Première
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Je mets sur le forum l'article du pdf dont j'ai mis le lien supra. LA FORTIFICATION D’ALTKIRCH
Situation, orientation
La fortification d’Altkirch s’étend du sud au nord entre le rebord oriental de la butte d’où le terrain s’abaisse vers un bras du Rhin (Riedgraben) et la rocade sud-nord, à l’ouest, où elle perce sans doute intentionnellement le bord est de la chaussée (fig. 5 et 27). Nous pensons, bien que le plan de la porte sud n’ait pas encore été identifié définitivement, que l’édifice était orienté vers le sud. L’emplacement de la porte sud, d’où on peut voir la fortification contemporaine située sur le Münsterberg à Breisach, occupe l’endroit le plus élevé du site (191,76 m NGF). L’espace fortifié s’incline d’ici vers l’ouest (angle sud-ouest à 191,55 m NGF), vers le nord (angle nord-ouest à 190,49 m) et vers le nord-est jusqu’à l’altitude 189,17 m NGF (angle nord-est), où se situe le point le plus bas.
Dimensions
Il existe encore un certain degré d’incertitude en ce qui concerne les dimensions générales de l’édifice (fig. 31). Sauf exception, les mesures n’ont pu être prises qu’au niveau des tranchées de fondation des murs spoliés. Lorsqu’il est question d’épaisseur de murs, il s’agit donc de celles des fondations, car seules celles-ci sont en partie conservées. Trois modules ont été déterminés : • 3 m pour le mur extérieur de la fortification ; • 1,20 m pour les murs de refend des casernements ; • 1,50 m pour le mur intérieur du casernement et les murs de refend à l’intérieur des bastions.
Grâce à la découverte d’un morceau de mur maçonné entuiles (2002 ; US 955), nous savons que ce n’est pas le pied romain de 0,295 m qui a été utilisé lors de la construction de la fortification, mais le pied germanique de Drusus (0,332 m). La plus grande largeur de la fortification – mesurée entre les parois extérieures des tranchées de fondation pillées des bastions est et ouest, situés le plus au nord – atteint 92,95 m. La plus grande longueur – mesurée entre les parois extérieures des tranchées de fondation pillées des bastions sud et nord, situés le plus à l’ouest –atteint 125,77 m. La longueur extérieure des bastions varie entre 13,44 m et 13,96 m, et leur largeur extérieure mesure 4,90 m ; sur le front ouest, la longueur extérieure des bastions diminue du nord au sud de 13,89 m à 13,44 m. Les casernements mesurent en moyenne 7,50 m de long et 4,30 m à 5,45 m de large (dimensions internes). Les dimensions de la cour intérieure sont de 58 m x 89,6 m. La surface de l’ensemble est de 1,06 ha.
Structure du plan et technique de construction
Indépendamment de la question relative à la présence d’une construction intérieure centrale, question qui n’est pas encore définitivement réglée, la fortification se distingue par son concept architectural qui repose sur un plan clairement structuré (fig. 31). Sans prendre en compte les côtés est et ouest, où la question reste encore ouverte, nous avons pu mettre en évidence, au sud et au nord, des fossés à fond plat de 2 à 3 m de profondeur et de 6 à 8 m de largeur. Le fossé septentrional est interrompu devant la porte nord par un terre-plein. L’épaisseur d’environ 3 m du mur d’enceinte (mur extérieur) est caractéristique de l’époque (Anthes, 1918). Du côté intérieur s’adossaient, le long des quatres côtés, des casernements ressemblant à des casemates, comme on en connaît à Alzey, phase I (Oldenstein, 1994) ou à Altrip (Schnurbein, Köhler, 1989). Nous avons cherché vainement à l’ouest, au nord et à l’est un portique comme celui qui existe à Altrip. L’aménagement ressemble visiblement davantage à celui d’Alzey, où les traces d’un portique font également défaut.
C’est seulement en 2003 que nous avons pu mettre au jour des traces qui indiquent, au moins à la porte sud, l’existence d’un mur de fondation d’un portique. Malgré d’importantes perturbations, la porte nord a pu être identifiée, grâce à l’interruption du fossé et à la présence d’une voie d’accès, en raison aussi de l’interruption du mur intérieur. Les casernements de l’aile nord forment deux séries de quatre pièces, de part et d’autre de l’espace plus grand qui correspond au bastion de la porte nord. Sur les ailes occidentale et orientale, nous retrouvons la même organisation, avec trois séries de quatre casemates, séparées par des pièces plus grandes au niveau des bastions. Or, dans la mesure où le mur intérieur de l’aile ouest n’y est pas interrompu, nous ne savons pas encore l’existence et le nombre des portes éventuelles vers l’ouest, c’est-à-dire vers la via publica. Le troisième bastion de l’aile occidentale a pu avoir une porte, car la grande route venant de Horbourg arrive à cet endroit-là (fig. 27). Les données de la porte sud et la situation du côté oriental restent encore à vérifier.
Les bastions d’angle (fig. 31), où se croisent deux galeries de casernement, constituent une caractéristique architecturale originale. Le seul élément de comparaison est livré par le Palatiolum de Trier-Pfalzel (fig. 32) (Cüppers, 1965), dont un tronçon de mur de 12 m de hauteur, encore conservé dans l’église collégiale, a permis la restitution des structures d’Oedenburg. Les dimensions intérieures des bastions d’angle, dont chacun est composé de la pièce centrale (7,60 m) et des deux pièces saillantes (4 m) sont absolument identiques dans les deux fortifications. On retrouve dans les techniques de construction de la fortification d’Oedenburg certaines caractéristiques typiques des constructions de l’époque valentinienne dans les régions du Rhin supérieur : pour accroître la stabilité du terrain, une série de piquets est enfoncée au fond des tranchées de fondation à parois verticales, au fond desquelles sont posés un ou plusieurs radiers superposés de poutres entrecroisées (fig. 33). Les caissons formés par les poutres du radier sont remplis de mortier de chaux coulé en alternance avec des lits de pierres. Cette technique a été utilisée à Altkirch. On la retrouve sous le mur intérieur et les murs de refend des casernements ; en revanche, au fond des tranchées de fondation presque entièrement spoliées du mur extérieur, seule la présence des piquets a pu être mise en évidence à ce jour. Il n’a pas été possible de déterminer la hauteur exacte des fondations ; en ce qui concerne l’élévation des murs, il faut se contenter des exemples connus ailleurs.
Datation, fonction
La technique de construction caractéristique, mais surtout les nombreuses monnaies, dont le pic date incontestablement de l’époque de Valentinien et de Valens (Biellmann, 1997, p. 18) – comme d’ailleurs les monnaies trouvées sur le fond du fossé – attestent une construction de la fortification sous Valentinien I dans les années 369-374 apr. J.-C. Deux monnaies en argent de Constantin III (407-411) peuvent être considérées comme la preuve d’une présence romaine après les années catastrophiques de 406-407. Chronologiquement, ces deux pièces sont suivies par une autre monnaie d’argent de Théodoric (418-451) (Biellmann, 1997). La porte sud est reliée à la rocade sud-nord par une route qui se raccorde à celle-ci à une centaine de mètres vers le sud (fig. 5 et 27). Une autre route raccorde la porte nord à la rocade à une distance de 250 m. La garnison de la fortification pouvait ainsi surveiller la voie principale sud-nord qui passait directement à côté de la fortification, ainsi que celle venant de l’est qui traversait le Rhin et se dirigeait à l’ouest vers Horbourg. Mis à part la forme particulière de la fortification (fig. 32 et 34), pour laquelle il n’existe jusqu’à présent aucun autre exemple, excepté à Trier-Pfalzel, les structures archéologiques, en raison de leur mauvais état de conservation, ne nous livrent pas d’indices sur sa fonction précise. Il n’existe aucun niveau de circulation conservé qui puisse nous renseigner au moins sur l’aménagement et la fonction des pièces situées au niveau du sol. Il en va autrement de Trier-Pfalzel, où non seulement le nom mais également la présence de mosaïques témoignent d’un riche environnement. Cependant, la forme de la fortification d’Oedenburg montre une influence impériale qui pourrait résulter du fait qu’un architecte de la cour a été chargé de sa planification et de sa réalisation. Les armes sont plutôt rares, à l’exception de deux hastae plumbatae (fig. 35, no 6) ; le nombre des éléments vestimentaires militaires n’est guère plus élevé : boucles de ceinture, fibules (fig. 36). Soulignons la découverte d’un lingot d’argent du Bas-Empire (Maurer, 1993), d’une bague en or (Biellmann, 2000, p. 21) et d’au moins neuf fibules cruciformes dorées (fig. 36, B 84.99) de type Keller VI(Zagermann, 2003).
_________________ HERCULIANI IUNIORES
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