CUISSON DU 20 OCTOBRE 2008Voilà, c'était donc lundi dernier, jour de cuisson. Un gros paquet de pièces, le four plein presque à ras-bord.
Dès 13 heures, chargement. C'est une opération délicate, les pièces sont crues, et donc très fragiles. A revêtement argileux, elles sont très sensibles aux rayures et aux chocs.
Pour se faire une idée de l'échelle, les plats du centre font environ 28 cm. de diamètre.
Ensuite, on pose la collerette et on allume le feu. le chargement se fait toujours à froid. Déjà que l'opération est assez pénible, si en plus la chaleur fait transpirer, on risque de petits accidents dûs au gouttes de sueur tombant sur les pièces, ce qui provoque de grosses taches après cuisson à cause du sel...
19 heures, la cuisson suit son cours, la pénombre annonce la longue nuit...
Nuit noire. On bombe un max. Dès 300oC, on charge le combustible au maximum de la capacité du four. pas une minute à perdre, tout relâchement se paie cher en heures de cuisson...
Vers minuit, la couleur d'incandescence vire lentement à l'orange. Comme je suis un intégriste-fondamentaliste, je n'utilise aucun moyen de mesure autre que la vision des couleurs d'incandescence et de la flamme d'échappement. C'est très précis comme moyen d'évaluation, et pas de risque de panne d'instrument de mesure...
Vue par le cheminée du four. Deux grosses briques plus ou moins écartées permettent de faire les réglages du tirage.
Rappelons-nous que, avant Lavoisier au XVIIIème siècle, la notion de quantification des températures était absente de la pensée humaine.
On qualifiait les températures.
A chacun ses critères, et personnellement, je cuirai de la terra nigra au "rouge cerise sombre", des revêtements argileux au "orange pâle à jaune". Chez les Gaulois d'Esse, qu'on a évoqué lors des palabres concernant les greniers à poteaux, on cuit "gorge de pigeon". Cela peut paraître surprenant et déroutant, mais ce sont des méthodes qui ont fait leurs preuves. Demandez à l'Alaman, il pourra certainement en raconter long sur cette question des températures à vue, très importante en forge et en trempe des aciers...
Mais, revenons à nos moutons. Vers 2 heures du matin la température est atteinte, le tirage est fermé à 95% pour éviter un refroidissement trop rapide qui risquerait de faire écalter les plats par chocs thermiques. 12 heures de cuisson au total. ce qui représente, en fait, une cuisson plutôt courte. Dans mon four "No 1", je compte en général environ 18 heures.
Et commence la longue attente...
48 heures, c'est long. Après 200 cuissons, je ne m'y ferai jamais. Deux jours à me bouffer les ongles et à me demander si la température était suffisante, ou au contraire trop élevée. C'est bien joli, de travailler à la couleur du feu, mais on n'agit que par mémoire. Qui n'est pas infaillible...
Mais le résultat à été bon. Parfait même.
94 pièces, une seule cassée, quelques surcuites.
Vue de détail sur une série de plats et assiettes de la vallée de l'Argonne. Ce sont les équivalents des deux premières positions du corpus des productions de l'atelier de Meaux.
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Et ci-dessous, autre vue de détail sur des cruches, de la sigillée claire B, et tout à gauche des gobelets à écailles en luisante tardive
Voilà. D'autres images arriveront bientôt sur cette fournée, et je présenterai à l'occasion quelques pièces particulières dans la section "fabricae".
Valete!
Ilanua