Revenons en aux soldats armurés avec ce groupe de personnages tirés de la mosaique des "Douze travaux d'Hercule" de la Piazza Amérina. Ces soldats, les seul armati de tous les ensembles décoratifs de la Villa sont eux aussi représentatifs de leur époque. Ils s'insèrent dans une scène complexe montrant toutes les épreuves et ennemis vaincus par Hercule. Parmi eux ces trois soldats. On peut émettre des hypothèses sur leur identité mais seul le descriptif attire ici mon attention.
Les trois soldats portent une tunique rouge bordée de blanc, les jambes nues, des chaussettes hautes et des espèces de Caligae. Leur armement défensif se compose d'un bouclier lenticulaire rouge sans épisème et d'une cotte d'écaille en fer, coupe longue (Lorica Squamata) s'arrêtant mi-cuisse ou un peu plus bas et des manches mi-longues.
Il faut bien savoir et retenir que la très grande majorité des cuirasses représentées à notre époque, IVe-Ve siècle, ne sont pas les cottes de maille (lorica hamata) comme il peut être parfois dit à tort, ou comme on voit trop reconstitué sans doute par facilité. Les cuirasses les plus représentées, si on met de coté le cas particulier du Thorax, c'est la cotte d'écaille. Quelle que soit sa coupe comme nous le verrons ou la matière apparente. Cette fréquence est le signe de deux constats possibles. D'abord et sans doute une facilité d'exécution pour les artisans travaillant sur les mosaiques et les reliefs à contrario de la cotte de maille. Un facteur à ne pas négliger, mais aussi un indicateur de popularité de cette cuirasse pour l'armée tardive!
Un ceinturon rouge accessoirise l'équipement, porté qu'il est par dessus la cuirasse. De même le ceinturon par dessus la cuirasse n'est pas non plus systématique pour le IVe et Ve siècle.
Les casques sont aussi intéressants dans les informations complémentaires quils nous donnent à voir. Ils sont, en faisant abstraction du renfort frontal à la pseudo-attique, des modèles à rapprocher des casques à grandes crêtes métallique. Les paragnathides ne sont pas attachées et les jugulaires pendent. Nous voyons que les liens sont de couleur rouge. Les casques sont en fer pour le soldat du milieu, doré pour le soldat de droite et... en fer et "doré" pour le personnage de gauche.
En effet, les paragnathides et le renfort attique apparaissent en fer tandis que la bombe et la crête sont dorées. Nous savons par d'autres représentations comme l'armée en marche des fresques de la synagogue de Doura- Europos, que les soldats peuvent porter casques en fer ou "dorés" indistinctement sans que nous repérions pourautant les soldats des officiers. Les casques dorés sont même très fréquents. Des plaquages en matériaux précieux, des dorures ou le bronze peut faire office de revêtement. Ici, nous avons les deux.
Il n'est pas impossible comme pour les siècles passés, que les romains jouent sur le contraste des matières ou des couleurs avec leurs équipments. Dans le cas présent, un casque en bronze pourrait être étammé, ou argenté, ou décoré par d'autres techniques, dans le but d'enrichir un casque de confection somme toute assez simple. C'est une hypothèse.
En tout cas cette réprésentation de la Piazza Armérina est très belle:
-Les trois soldats de la mosaique de sol resitués dans leur contexte auprès de l'Hydre de Lerne, des chevaux des écuries d'Augias, du Lion de Némée (en Bas...)
-Gros plan sur les trois soldats en cotte d'écailles.