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Je me permets d'intervenir....
Je crains qu'il ne soit difficile de trouver des correspondances strictes entre la société de petite Bretagne et celle de la Grande... Surtout au fil du temps...
Outre les problèmes de sources qui entravent les recherches, il y a le phénomène de l'acculturation qui joue son rôle et qu'il faut prendre en compte...
je rencontre cela dans mes modestes recherches sur les Saxons: les Saxons continentaux (y compris ceux implantés sur les rives sud d ela Manche) ne sont pas les anglo-saxons.... et même si des contacts sont maintenus et qui peuvent aboutir à une "anglo-saxonisation" de la culture matérielle des saxons des rives sud du Channel, au VII° les influences de la société englobante finissent par avoir le dessus....
Oui et non. Je serai tout à fait d'accord pour les VIIIe (le siècle le plus mal connu pour la Bretagne armoricaine), IXe et Xe siècles, éventuellement aussi le VIIe siècle. Ceci dit les correspondances restent inévitables entre sociétés insulaire et continentale, même si non "strictes" comme tu le dis. Déjà parce que les sources insulaires qui nous sont parvenues comme le
Canu Aneirin font surtout référence au
Gwyr y Gogledd, aux hommes du nord, et furent élaborées davantage dans le Gwynedd que dans le sud du Pays de Galles. On retrouve cependant un certain nombre de traits communs.
Après, que l'on accepte ou non la notion de "royaumes doubles" de part et d'autre de la Manche, cette mer se traversait d'après ce qu'on nous raconte Procope en 24h à la rame sous conditions favorables. C'est dérisoire pour l'époque. La mer rapproche les peuples plus qu'elle ne les éloignent, pour preuve les nombreux territoires gaéliques en Grande-Bretagne, Dal Riada, Dyfed ou Lleyn, ou encore l'influence franque chez les Jutes du Kent, ou (et c'est la continuité naturelle du processus qui nous intéresse ici) les rapports privilégiés entre Bretons et Cornouaillais, permettant la persistance de la langue cornique jusqu'au XVIIIe siècle malgré 1000 ans de domination anglaise.
En comparant les informations, même très fragmentaires, des victoires et défaites des Bretons insulaires et continentaux aux Ve, VIe et VIIe siècles, il semble que l'on s'assistait bien de part et d'autre. C'est peut-être ce qui a permit aux Bretons de résister au rouleau compresseur des Francs de Clovis, culbutant l'un après l'autre tous les autres peuples installés en Gaule. Il y aurait fort à dire sur les jeux d'alliance entre
civitates armoricaines (donc gallo-romaines) et les Bretons, même si les sources historiques restent assez maigres.
Quant à la société "englobante", les élites bretonnes ne deviendront de culture franque réellement qu'après le XIe siècle, en dehors de celles des comtés de Rennes et de Nantes, franques d'origine bien qu'ayant parfois adopté des noms bretons, même si bien sur les influences mérovingiennes puis carolingiennes sont palpables très tôt dans l'histoire bretonne.