L'Arc de Galère de Thessalonique (actuelle Salone) construit entre 299 et 305 célébre la campagne victorieuse du Tétrarque Galère en Perse en 298 et son Triomphe. L'aventure avait pourtant très mal démarrée. Galère, tout à fait compétent lança sur la demande de l'Empereur Dioclétien une campagne contre la Perse du Roi des Rois Narsès. On ne connait pas le détail de la campagne, mais le résultat fut désastreux. Mal préparé, Galère encore César, connu la défaite. Revenu de Mésoptamie, Dioclétien furieux, refusa de le faire monter sur son char. Il le fit donc courir à coté de lui humiliant volontairement son collègue. La seul façon de se faire pardonner était de revenir en Vainqueur.
Cette fois Galère monta sa seconde campagne avec soin, en choisissant un nouvel itinéraire pour envahir la Mésopotamie. La campagne fut une victoire sans commune mesure. Non seulement l'armée du Roi Perse fut détruite mais il y eu de nombreux prisonniers dont la courre royale et la famille princière de Narsès. Le Roi, lui, put s'enfuir mais la défaite était consommée. Le premier traité de Nisibe conclut les opérations militaires avec l'Octoi à l'Empire Romain de cinq provinces en Mésopotamie et en Oshroene appelées Transtigritaine. Ces provinces seront la pomme de discorde avec le royaume Perse et la raison majeure de la reprise de la guerre, plus de cinquante ans après, sous Constance II.
Ce qui nous reste de l'arc de Galère est en fait une des arches d'un arc tétrapyle sous lesquels devaient passer plusieurs voies. Les bas-reliefs qui recouvrent les piles de l'arc ne cessent de s'éroder d'années en années. Ils sont aujourd'hui très éffacés mais ne cachent pas pour autant le mélanges de styles empruntant autant à l'esthétique Républicaine, ou Impériale dans ses aspects les plus conservateurs, que purement tardifs dans un genre qui fera école. Il est aussi un des rares témoignage figuratif de la transformation des équipements militaires romains vers d'autres sources d'infuences (Oriental, Alano-Sarmate...) C'est pourquoi ce monument est célébre et souvent exploité dans les ouvrages sur l'armée romaine d'époque tardive.
Les reliefs les plus connus sont bien sûr ceux figurant l'empereur Galère sur une tribune entouré d'une troupe tantôt considérée comme des cavaliers cataphractaires tantôt considérés comme une troupe d'élite ou une garde impériale. Tous les soldats étant démontés, même en présence de chevaux, ne permet pas d'assurer qu'il s'agit uniquement de cavaliers. Leurs équipements sont, chose rare, en compléte adéquation avec le matériel du temps sans aucune convention artistique. Ainsi, il nous est même possible de reconnaitre les casques à nasal qui figureront un standard de l'Empire romain tardif.
Voici une séléction de plusieurs images qui retracent l'originalité et l'apport de ces reliefs à notre connaissance de l'armée romaine.
-Cavaliers et fantassins: Malgré l'éffacement du relief, nous distinguons des soldats portant des cottes d'écailles courtes avec une seule série de ptèruges. Un des cavaliers (à gauche) porte un casque à grands rebord, inidentifiable. Au sommets, est visible le tracé de flammes flottant au vent et des Draco montés sur des hampes.
-Un officier ou un empereur en Thorax emporte un trophé. Des prisonniers lui sont amenés. La question de la cuirasse musclée sera débattue prochainement mais celle-ci possède des épaulières et des ptèruges aux épaules et aux bas de la cuirasse. Un plastron décoré mais dont le détail n'apparait pas. Un ceinturon large est porté à la taille; Un baudrier en sautoir (le pommeau de l'épée dépasse). Le personnage porte encore un casque Pseudo-attique mais avec une queue de cheval plutôt qu'un panache en cimier. Nous voyons encore un manteau militaire posé sur l'épaule du personnage assimilable à l'Empereur lui-même ou à un haut-officier. Vous noterez à ses cotés un second personnage portant sur le corps un harnais avec des phalères à la manière des centurions du Haut-Empire. Celui-ci tient son épée à l'envers par le pommeau.
-Soldats romains forçant des prisonniers Perses à avancer. Les soldats romains sont reconnaissables à leurs cottes d'écailles courtes et à leurs ptèruges. Le casque du premier soldat se distingue par une forme ogivale avec le dessin d'une bande axiale à rapprocher des petites crêtes métalliques de certains casques tardifs. Dans le fond, des Hasta (des lances...)