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 Sujet du message: Les références militaires dans l'oeuvre de Claudien.
Nouveau messagePublié: 05 Sep 2008, 19:58 
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Synthèse sur les références militaires dans l'oeuvre complètes de Claudien.
(370-408 Ap.- J.C.)

Traduction de Héguin de Guerle, Alphonse Trognon et Yves Germain. Sources de l'Histoire Antique, Editions Paléo 2003.

Par Damianus.

Introduction: Claudien est considéré comme le dernier grand poète latin de la Rome païenne (il est remarquable de signaler dans ses écrits une véritable négation du christianisme…) Inséré dans les milieux autorisés de la cour de Ravenne sous le règne d'Honorius (395-423) Claudien est le protégé du Magister Militum Flavius Stilicho; L'homme fort de l'époque et plus grand général de son temps. Il écrira de nombreux panégyriques, genre particulièrement à la mode; encensa les vieilles vertus romaines, les élites de la ville éternelle et assassina de sa plume acérée tout opposant au parti en faveur à la cour (principalement celui de Stilicho) et tout illustre personnage hostile à ses vers. En cela Claudien reste un personnage éminemment politique, l'auteur étant le premier propagandiste de la cour impériale. Au devant de cette scène; le généralissime Stilicho, véritable héros antique…

Dans les œuvres complètes de Claudien, il y a peu de références militaires. Malgré tout le peu qui puisse ressortir de ces écrits (quasiment aucun matériel exploitable dans des textes aussi dédiés tels que "Sur la guerre contre Gildo" ou "Guerre contre les Gètes"…) possède un caractère presque documentaire une fois l'information dépouillée de la stylistique propre au poète. Ici aussi il est certain que Claudien fut témoin direct ou indirecte des éléments et événements qu'il décrit ou relate. Plusieurs passages sont à ce titre saisissants ou riches d'enseignements. Je vous les livre en partage…


· PANEGYRIQUE SUR LE TROISIEME CONSULAT D'HONORIUS:
(…)

1) Alors, sûr de te plaire, il t'élevait (l'empereur Théodose…) en souriant sur ton bouclier étincelant, il te pressait sur son sien agité; et, loin que la vue du fer et des éclairs de son casque t'intimidât, tes petits bras cherchaient à saisir son panache altier.
Page 56, lignes 6 à 9.

Contexte et remarque: Claudien dans son panégyrique à Honorius revient sur l'enfance de l'empereur et sur les hauts-faits militaires de son père Théodose Ier, figure écrasante s'il en est. Constamment, c'est à travers l'image du père qu'on loue les vertus du fils. Preuve manifeste du manque de charisme d'Honorius. Lorsque le souvenir du père n'est pas rappelé; c'est la gloire de son ancien bras droit, le général Stilicho qui est évoquée. Honorius fils des camps, est chérie par son père lors de la guerre civile de 394 l'opposant à l'usurpateur occidental Eugène et son général Arbogast. Celui-ci porte un casque "brillant". Au delà de la formule poétique il est important de mentionner l'importance que porte les romains d'alors à des armes brillantes et bien entretenues. Ammien l'évoque à plusieurs reprises; Végèce de même. La majorité des trouvailles archéologiques montrent les traces d'une fine couche de bronze sur les calottes des casque. Des revêtement et plaquage d'or ont aussi été retrouvé dans leur plénitude. Les casque tardifs étaient donc des casque "étincelants". De même, la mention du cimier. Si l'on suit Ammien comme Claudien, les romains tardifs portaient des cimiers avec panache ou aigrettes en grand nombre. Des unités entières, en temps de paix comme en temps de guerre!

(…) 2) Sans être arrêté par ton âge, il exerça (l'empereur Théodose…) tes forces naissantes, t'accoutuma à supporter le froid des hivers, à braver la tempête, à endurer les ardeurs de l'été, à passer à la , nage les eaux retentissantes des torrents, à gravir les montagnes, à courir à travers les plaines, à franchir d'un saut léger les vallons et les fossés, à passer les nuits sous les armes, à boire la neige dans un casque; tantôt il t'enseignait à manier l'arc et la flèche, tantôt à lancer la pierre avec la fronde; et, pour allumer plus puissamment en toi l'amour des combats, il te racontait les exploits de ton aïeul, terreur de la brûlante Libye et de la lointaine Thulé, inaccessible aux vaisseaux.
Page 56, lignes 20 à 31.

Contexte et remarque: L'auteur nous fait part de l'enseignement du jeune Honorius aux arts de la guerre. Le règne du futur Empereur ne nous laisse rien entrevoir de ses capacités militaires réelles. Bien au contraire! Que cet entraînement ne soit que littérature propagandiste ou non, il reste malgré tout le décalque parfait de l'entraînement militaire que reçoit le légionnaire de l'époque. Ammien en parle à l'occasion dans ses Res Gestae, mais c'est surtout Végèce qui le décrit en détail. L'exposé de Végèce et cet extrait ont d'ailleurs de très fortes similitude. L'aïeul en question n'est autre que le général Théodose l'ancien, le grand-père d'Honorius vainqueur de la révolte de Firmus sous le règne de l'Empereur Valens. Celui-ci le fera d'ailleurs exécuté après un obscure complot orchestré contre ce général…

(…) 3) De toute part, des panaches ondoyants s'élèvent sur le front des guerriers qui, chacun dans son langage, chantent tes louanges; les lueurs de l'airain éblouissent les yeux, et une forêt de glaives nus augmentent, par leur splendeur, les lumières du jour. Quelques-uns se font remarquer par leurs arc, d'autres par des javelots qui se lancent au loin, d'autres par leurs piquent avec lesquelles ils ne combattent que de près; ceux-ci promènent des aigles aux ailes déployées, ceux-là brandissent des bannières menaçantes, image du serpent, qui, cédant avec courroux au souffle de Notus, se dressent et se gonfle à travers les airs, semblent recevoir la vie des assauts des vents, et par leur froissement redoublé, imitent jusqu'aux sifflements du monstre qu'elles représentent.
Page 60, lignes 1 à 13.

Contexte et remarque: Voilà un des plus intéressant. Il s'agit de l'entrée triomphale de Théodose et Honorius suite à leur victoire en Italie. Beaucoup de détails à relever. Bien sûr, une entrée triomphale nécessite le plus bel apparat. Malgré tout, dans sa splendeur l'armée romaine nous révèle le porte d'éléments d'armure ou de casque en bronze (l'airain…) comme celui de cimiers et de panaches. Détail particulièrement emblématique de l'époque; la multiplicité des langage dans l'armée romaine! On ne parle pas que le latin dans cette armée de la fin du IVe-Ve siècle. Nous connaissons Théodose pour sa politique d'incorporation en masse de Barbare dans son armée (conséquence à long terme du désastre d'Andrinople…). Les épées dégainée lors du défilé? Voilà un élément qui pourrait être reprit en reconstitution. Des javelots qui se lancent au loin, et des piques pour combattre de près. Ici, un sujet de réflexion embarrassant pour les Herculiani… Pour finir, tout le monde aura reconnu outre les aigles de légions, les fameux draco! Véritable poncif du IVe siècle. Soulignons qu'à l'orée du Ve siècle, pas loin du premier sac de Rome en 410… Les armées romaines ne paraissent pas franchement sur le point de faire la manche… Pour faire de la reconstitution romaine tardive; il ne faut pas hésiter à faire dans le luxe à tout va. Faire dans le miséreux sous prétexte de faire plus "réaliste" serait une lourde erreur à une époque où une des première préoccupation de l'empire est l'entretien de son armée. Une armée dévoreuse de budget…

(…) 4) Déjà pour vous (à l'empereur Honorius…) Vulcain forge des armes, et l'enclume gémit sous les coups du Cyclope; sous la main de Brontès le bouclier se hérisse d'innombrables figurent; Stérope, empressé, prépare le casque étincelant à recevoir le panache altier; Pyracmon réunit les anneaux de la cuirasse; et la fameuse Lipari retentit des mugissements qui s'échappent de ses cavernes enflammées.
Page 62. Lignes 8 à 14.

Contexte et remarque: D'abord, comme beaucoup de l'élite culturelle de son temps, les références païennes sont prégnantes même chez les chrétiens qui bien que de religion différente ont la même éducation. Plus stupéfiant est la justesse de cet extrait. Remplacez les noms des dieux par ceux des fabriques impériales (Fabricae…) et vous obtenez les boucliers tels que ceux représentés sur la Notitia Dignitatum "aux nombreuses figures", les casques étincelants munis de cimiers (encore et toujours) et les fabriques de cuirasses; ici, une cotte de maille suggérée de manière manifeste.

· PANEGYRIQUE SUR LE QUATRIEME CONSULAT D'HONORIUS:

(…)

5) Si la guerre éclate, occupe-toi d'endurcir tes guerriers à la fatigue, et prépare les aux jeux sanglants de Mars. Qu'ils ne s'arrêtent pas devant les frimas; que le repos de l'hiver n'énerve pas leurs membres engourdis; aie soin d'asseoir ton camp dans un endroit salubre, de placer des sentinelles vigilantes sur les remparts. Apprends en quel lieu les bataillons peuvent se former en colonnes serrées, en quel lieu les ailes s'étendent avec avantage ou se replient sur elles-mêmes; qu'elles vallées sont propres aux embuscades, quels passages sont difficiles. L'ennemi a t'il mis son espoir dans ses murailles fais jouer la baliste contre les remparts; que le bélier fasse rouler les pierres, et que la tortue, mille fois lancée, ébranle les portes; que tes jeunes soldats, sortant tout à coup du sein d'une mine envahissent la place. Si le siège éprouve des retards, garde toi de te laisser aller à une folle sécurité, ou de croire que tout est fini (…) Que jamais ta tente ne soit ouverte aux délices voluptueux des cours, que l'amour du luxe ne te fasse pas traîner à ta suite une foule de bras inutiles; ne recule ni devant le souffle des autans ni devant les pluies, et qu'un parasol doré ne dérobe point ta tête au soleil d'été. Contente toi d'une nourriture sans apprêt , soutient le courage de tes soldats en partageant leurs travaux; une colline est-elle escarpée, gravis là le premier; si les circonstances commandent de couper en forêt, ne rougis pas de prendre la cognée et d'abattre un arbre; s'il s'agit de fouler un marais, que ton coursier s'avance le premier pour le sonder; traverse en courant la surface glacée des fleuves, fends à la nage leurs ondes liquides. Aujourd'hui, à cheval, enfonce toi dans les rangs des cavaliers; demain à pied, marche au milieu des fantassins; ta présence; leur donnera du cœur; les fatigues qu'ils endureront sous tes yeux deviendront pour eux un honneur, deviendront un plaisir.
Pages 74-75. Lignes 26 à 32 et 1 à 29.

Contexte et remarque: Théodose parle par la bouche de Claudien et Stilicho. Les recommandations faites à son fils pour être un bon général, un bon empereur. Certaines allusions sont pittoresques (Le parasol notamment…) Quand au reste, il est le fruit d'une tradition militaire qui remonte à Xénophon et ses recommandations au général d'armée. De Frontin à Végèce et jusqu'à l'Empereur Maurice ce type d'enseignement se retrouve presque mot à mot. Claudien a certainement eut accès à ces traités, ou la fréquentation du milieu militaire de son époque l'a t'il inspiré dans son poème? Pour ma part, l'évocation de l'armée en colonne serrée (profondeur des lignes…) et le repli des ailes me parlent profondément sur ma propre conception de la tactique romaine. Quoiqu'il n'y a ici rien que de très classique à mon sens.

(…) 6) Quelle noblesse quand tu t'avances (Honorius…), armé du bouclier, couvert des lames d'or de ta cuirasse, tout brillant des feux de ton panache, et grandi par ton superbe casque! (…) Quelle force tu communiques aux javelots! Ou bien lorsque tu lances la flèche qu'inventa le Crétois, combien ton arc est heureux! Comme il blesse à coup sûr, et, sans jamais te trahir atteint le but que tu lui imposes!
Page 82. Lignes 6 à 8 et 10 à 14.

Contexte et remarque: Je ne reviens pas sur le port du casque à cimier. Notez l'évocation certaine d'une cotte d'écaille ou d'une cuirasse lamellaire dorée! Au Ve siècle bon nombre d'empereur sur leur monnaie officielle sont représentés en cuirasse d'écaille. Je passe sur les capacités personnelles à l'emploi de l'arc…

(…) 7) A peine ton escorte elle-même, à peine tes escadrons, dans leur vol rapide, peuvent-ils te suivre ; derrière toi (Honorius…) s'enflent leurs drapeaux couleurs de pourpre. (…) Phébus de ses rayons, caresse la pourpre de tes vêtements, et leurs plis ondoyants sont gonflés par l'haleine des vents. (…) Et quelle pompe de vêtements, quel magnifique appareil se déploya à nos yeux lorsque, revêtu de la robe des consuls, tu parcourais plus brillant que jamais les villes de la Ligurie, et que, portée triomphalement au milieu des guerriers revêtus de la toge, ton auguste personne était confiée aux bras de l'élite de la jeunesse.
Page 83-84. Lignes 4 à 7, 13 à 15 et 27 à 3 (page 84…)

Contexte et remarque: L'empereur est toujours traditionnellement vêtus de pourpre. Outre cela, sa garde personnelle (à cheval?) porte de même des étendards et des enseignes de couleur pourpre. Plus étrange est le port de la toge romaine pour les soldats. Non pas que la toge ne soit plus portée au Ve siècle, au contraire même, mais il est rare dans les textes que des soldats la porte. La toge restant l'apanage même du citoyen, donc du civil.

(…) 8) Le passé nous est garant de l'avenir.
Page 85. Lignes 26 à 27.

Contexte et remarque: J'aime bien cette maxime…


· SUR LA GUERRE CONTRE GILDO.

(…) 9) A peine Honorius a-t' il donné son assentiment, que soudain Stilicho assemble les troupes les plus connues du dieu des batailles, l'élite de l'armée et de la jeunesse, et fait, dans le port de Pise, armer de nombreux vaisseaux. Alcide et le roi des dieux guident au combat les cohortes qui portent leur noms; les drapeaux sont un jouet pour la main de l'enseigne, tant ils sont impatients d'être mis en mouvement. A leur suite, marche Nervius; Felix, qui mérite si bien de s'appeler ainsi; la légion qu'Auguste honora de son nom; les invincibles, qui ne démentirent jamais leur titre, et les lions, dont les boucliers proclament la vaillance.
Page 120. Lignes 9 à 19.

Contexte et remarque: Il s'agit des préparatifs guerriers contre l'aventure personnelle du Comte Gildo, maître de l'Espagne et d'une partie des Afriques. Attention, lisez bien avec moi car ici, il y a du lourd en terme de révélations. Sous ces dehors poétiques et alambiqués, ils s'agit ici de la liste des troupes envoyées en campagne contre Gildo. Si, avec Claudien, nous reprenons la Notitia Dignitatum qui est la liste administrative des armées romaines tardive et qui est à peu près contemporaine des écrits du poète; qu'avons nous? "Alcide" ne signifie rien d'autre que "fils d'Alcmène" qui est un des nombreux épithète d'Hercule lui-même. Quand au roi des Dieux il est facile de comprendre qu'il s'agit ici de Jupiter. Deux légions portent leurs noms! Les légions Herculiennes et jupitériennes. Hors sous le commandement du maître d'infanterie (Magister Peditum) à la préfecture d'Italie (Per Italiam…) nous retrouvons les légions Ioviani Seniores et Herculiani Seniores. Légions palatines qui manifestement, à en croire Claudien sont toujours des légions d'élite, voir les premières légions de la partie Occidentale de l'Empire. Felix? Qui se cache derrière ce nom? De même à la préfecture d'Italie nous retrouvons la légion des Felices Iuniores, une unité d'auxiliaires palatins: les auxiliaires heureux! Les lions sont aussi identifiables, et plutôt deux fois qu'une! Leurs boucliers proclament leur vaillances… Hors, que voyons nous sur le boucliers des auxiliaires palatins Leones Iuniores? Une tête de barbare empalée sur une pique! Puis un joli fond bleu mais les goûts et les couleurs… Il est plus difficile d'identifier la légion qu'Auguste honora de son nom. Contrairement à ce que l'on pourrait penser en premier lieu, il ne s'agit sans doute pas d'une légion type Augusta qui se trouve déclassée depuis belle lurette au titre de limitanei. Il faut plutôt y voir un jeu d'esprit, nombreux chez Claudien où Auguste en tant que titre est le qualificatif impérial et officiel d'Honorius. Quant à la légion "honorée" de son nom, il faut justement y voir une des nombreuses legions Honoriani, Comitatenses ou Auxilia qu'on retrouve sous le commandement général du premier des Magister Peditum d'Occident ou du maître de cavalerie de la préfecture des Gaules. Enfin, les invincibles sont sans doute les auxiliaires palatins des Invicti iuniores Britanniciani. Vous remarquerez qu'il manque le "légion de Nervius", j'avoue ne pas avoir réussi à l'identifier…malgré tout cet extrait de Claudien est absolument énorme, et tend à démontrer que l'auteur à obtenu de sources sûre rapports militaires ou témoignages directs.

(…) 10) Apprenez à l'Orient, apprenez à l'univers entier que nulle valeur ne peut triompher des Gaulois quand ils soutiennent une bonne cause.
Page 120. Lignes 28 à 30.

Contexte et remarque: Stilicho harangue ses troupes par la plume de Claudien. Les troupes gauloises (mais pas seulement…) sont évoquées à plusieurs reprises dans les différentes guerres de cette époque. Un indice signifiant que les Gaulois, par leurs qualités guerrières et donc les recrues provinciales, garnissent toujours les armées du Ve siècle malgré la barbarisation massive en marche…


· ELOGE DE STILICHO.

LIVRE I.

(…) 11) Pas un soldat de nos deux armées ne songea à se prévaloir de ce moment de liberté pour se mutiner; et cependant quels drapeaux réunirent jamais tant de nations différentes de langage, et aussi diversement armées!
Page 194. Lignes 23 à 26.

Contexte et remarque: Claudien revient sur le charisme du général Stilicho à qui il cède la gloire d'une passation de pouvoir sans heurts suite à la mort de Théodose. Ainsi, lorsque Claudien parle des deux armées, il parle des armées d'Orient et d'Occident. Preuve que le clivage entre les "deux Empires" est devenu une réalité géopolitique. Encore une évocation du cosmopolitisme des troupes du Ve siècle. Diversité de langage mais aussi diversité des armes!

(…) 12) D'où viennent tant de moissons? Quelle forêt a fourni tant de vaisseaux? D'où est sortie toute cette jeunesse, nouvelle au métier des armes, et comment, dans sa vieillesse rajeunie, la Gaule a-t-elle retrouvé ses forces, deux fois épuisées par le sang qu'elle perdit aux pieds des Alpes?
Page 200. Lignes 25 à 29.

Contexte et remarque: C'est a Stilicho toujours encensé, que l'on doit les nouvelles levées de troupes garante de la sécurité d'Italie dans un temps où les Goths d'Alaric menacent sérieusement. Les Gaulois sont encore mis à contribution et le sang versé deux fois au pied des Alpes est celui des escarmouches (plus que de réelles batailles) entre les troupes romaines de Stilicho et les Goths d'Alaric.

(…) 13) L'insensé! Qui mesurant la puissance des Romains sur leur nombre et non sur leur force, s'imaginait qu'en un instant il les foulerait sous les pieds de ses rapides coursiers. L'insensé! Qui se vantait chaque jour d'ensevelir, sous des tourbillons de poussières, les Gaulois épuisés par la chaleur.
Page 202. Lignes 4 à 8.

Contexte et remarque: Claudien relate la révolte d'Afrique et reprend un topique classique de l'Antiquité tardive: la manière récurrente dont les barbares sous estiment les Romains avant de se prendre inéluctablement une tôlée. En effet, les Barbares s'étonnent toujours de la faiblesse des effectifs romains. C'est aussi ce type de remarque que fera cinquante ans plus tard Attila avant d'accuser sa défaite face aux troupes romano-fédérés d'Aetius. A leur tour les Romains opposent constamment à la force brute du barbare, la discipline et la science des romains. Plus pour très longtemps il est vrai. Si Stilicho ne peut vraiment en finir avec le très opportuniste Alaric, ce n'est pas par manque de volonté (ce que reprochera la coterie orientale à son encontre, jusqu'à l'accusation de trahison…) mais par manque réel d'effectif. Le panégyrique détourne ce fait pour le mettre sur le compte de la valeur et de l'intelligente prudence du général. Cela dit, de son coté Alaric n'osa pas non plus la confrontation ouverte et les combats prirent de la Thrace jusqu'en Italie l'aspect d'une longue poursuite, d'une stratégie de barrage et de multiples escarmouches. Claudien compare alors Stilicho à Fabius le temporisateur… C'est uniquement à la mort de Stilicho et à l'absence d'aide de l'Empire d'Orient qu'Alaric put faire (plusieurs fois…) le siège de Rome. Que fit Honorius? Rien comme d'habitude. Les Gaulois dans cet extrait deviennent quasiment synonymes de l'armée romaine.

· PANEGYRIQUE SUR LE SIXIEME CONSULAT D'HONORIUS.

(…) 14) Le champ de Mars réunit dans son enceinte la toge du citoyen et la chlamyde du guerrier, et renouvelle l'antique solennité des élections populaires.
Page 266. Lignes 17 à 19.

Contexte et remarque: Claudien nous parle ici des mesures prises par Honorius à Rome. Très actif au nouveau de l'édictions des lois, très traditionaliste, il remit au goût beaucoup d'ancienne traditions. La chlamyde serait plutôt le Sagum son parent latin. Vêtement très populaire dans les armées…

(…) 15) tandis que la vierge novice, le front couvert d'une modeste rougeur, interroge sa vieille nourrice sur les objets de son étonnement (il s'agit de spectateurs de la sixième entrée triomphale d'Honorius à Rome…) "Pourquoi ces dragons à la gueule béante flottent-ils au gré des vents, ou par des sifflements réels, menacent-ils de dévorer la proie qu'ils ont fascinée?" Puis, à la vue des cavaliers couverts d'une armure d'acier, et de chevaux emprisonnés dans un harnois d'airain: "De quelle contrée sont venus ces hommes de fer? Quelle terre a donné naissance à ces chevaux de Bronze? Le dieu de Lemnos s'est-il plu à douer du hennissement un métal insensible, ou à forger pour la guerre ces statues animées?" Elle éprouve en les voyant un plaisir mêlé de crainte, et montre du doigt le cimier des casques, orné des plumes de l'oiseau de Junon, ou ses écharpes de soie écarlate qui flottent sur l'épaule des guerriers et descendent à plis nombreux sur leurs cuirasses dorées.
Page 289. Lignes 10 à 25.

Contexte et remarque: Encore des éléments intéressants mais maintenant parfaitement connus. Les cuirasses dorée, les cimiers et la description des Draco et du corps des cataphractaires. Plus insolite et plus intéressant encore: Des plumes de paon pour les cimiers et des écharpes de soie rouge pour les soldats. L'armée s'est mise sur son 31. Voilà des éléments de reconstitution forts esthétiques.

(…) 16) Le cirque n'est plus uniquement consacré aux exercices équestres: ce sol, si souvent sillonné par les chars, est tout à coup changé en une arène où les monstres de la Libye s'étonnent de rougir de leur sang une terre étrangère. Ces lieux offrent aussi à nos yeux le spectacle de jeux guerriers: on y voit des troupes armées se livrer à diverses évolutions. Tantôt elles semblent fuir; mais leur déroute est calculée avec art, et bientôt elles se réunissent sans désordre; tantôt elles imitent la confusion de la mêlée, et nous offre l'agréable image des travaux de Mars. Dès que le fouet retentissant du maître a donné le signal, les soldats exécutent aussitôt avec précision tous les mouvements qu'il leur indique: ils serrent leurs boucliers contre leurs flancs, ou les agitent sur leur tête; ensuite ils se frappent mutuellement et en cadence de leurs épées, et le son grave de l'airain répond au cliquetis aigu de l'acier. Tout à coup la phalange, se prosternant tout entière, incline devant César ses casques respectueux. Puis les bataillons se séparent, et, dans leur course savante, décrivent des détours sinueux, dont l'art ne saurait être surpassé, ni par l'inextricable séjour du Minotaure, ni par les replis innombrables où s'égarent les flots du Méandre enfin, déroulant les fils de ce labyrinthe, ils forment des cercles réguliers.
Page 291. Lignes 11 à 32.

Contexte et remarque: Voilà un extrait fort sympathique!! Honorius donne des jeux et des chasses dans le cirque Maxime. Nous avons ici une description précise de la parade et des exercices de l'armée. Déploiement tactique, simulacre de combat, parade complexe. Comme dans Végèce les ordres sont donnés ici par le son du fouet qui claque. Nous ferions bien de nous inspirer de cet extrait pour nos démonstrations… Surtout les simulations de combats dont cet extrait nous donne la pleine justification.


FIN DE LA SYNTHESE.

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