Un marle de perdu, 410 de retrouvé !
Dans la mesure où ce n'est pas Alain Nice qui nous avait spontanément contacté pour participer, il y avait peu de chance. On le savait mais nous avons convenu d'envoyer tout de même des devis pour "occuper le terrain" les défections de dernière minute ça existe toujours et aussi par soutien pour lui permettre de dire à ses partenaires, "voyez comme l'archéosite attire de loin, tout le monde veut y venir." et en toute honnêteté, y'aurait pas Marle, j'aurai jamais foutu les pieds dans l'Aisne.
Donc c'était prévisible et tant pis, mais au moins ça va nous permettre de penser à Old Sarum, site non moins exceptionnel et à seulement 3h de route de chez nous si on omet la mini croisiére en ferry.
Globalement, mon ressenti sur notre période est qu'elle intéresse, je suis partial certes, mais sur les 10 000 reconstituteurs estimés en France, 8000 sont là pour un fantasme de cuir et d'acier (ou de laine et de soie), 1500 par intérêt historique et tu rajoutes à la louche 500 commerçants à des degrés divers. Fatalement, notre vivier actuel c'est plutôt (en tendance) les 1500. C'est peut-être aussi pour ça qu'on arrive à exiger une certaine qualité mais qu'on peine à créer les vocations par cohortes entiéres.
Donc effectivement, le recrutement et le maillage territorial c'est le (premier) nerf de la guerre. Le recrutement chez Letavia j'y suis pour rien et on a même décidé de lever le pied cette année pour mieux nous occuper des nouveaux. Je dirai simplement que la Bretagne a une identité culturelle forte et que la période voit la fondation de la Bretagne. On bénéficie donc d'une forte image positive comme le milieu du premier siécle romain attire parce que c'est l'époque où Rome étend son empire et que rien ne lui résiste, encore une forte image attractive. Après nous on apprend aux recrues à nuancer et à oublier le fantasme ou à l'assagir avec la doc. Le succés (relatif) du recrutement de Letavia tient aussi à l'amalgame de gens qui n'ont pas de passif d'antipathie entre eux. Je l'ai déjà dit mais, bien nourri à la bonne documentation historique, un GNiste fait un reconstituteur hors pair et bien loin des clichés cheap du GN boutonneux. A tel point qu'on envisage la création d'un GN histo se déroulant sur la période. Il suffit donc de leur apprendre à dissocier Rohan et Rohan ou Theoden et Theodoric... On n'est pas sur de l'inné, c'est de l'acquis donc il faut être ferme et patient. Nul n'est sorti armaturé de la cuisse de Jupiter... En public, ce n'est pas vraiment nous, reconstituteurs, qui manquont de visibilité, c'est plutôt la période qui manque d'ambassadeurs clairement ancrés dans l'esprit des masses populaires. Quelqu'un genre Arthur... ah non flûte ! mauvais exemple ! Enfin, vous voyez quoi... (Clovis est un bon exemple sous-exploité, Beowulf trop exploité par le milieu viking, Julien injustement trop confidentiel)
Pour la visibilité, nous on a fait des plaquettes en couleur qu'on glisse un peu partout et on a un très bon retour dessus, les gens savent qui on est petit à petit. Le site internet, oui à condition de tenir le graphiste en laisse, un site simple, sobre, avec les bons renseignements qui tombent spontanément sous la main c'est tout ce qu'on demande. Malgré tout le mal que je puisse continuer à penser des journalistes de PQR, on a quand même eu droit à deux articles avec de grosses photos à Vannes et en créant l'attroupement sur un camps assez apathique dans l'ensemble où les "chevaliers" c'étaient des pros inaccessibles au public en dehors de la représentation vespérale. Nous on a joué à fond l'animation des deux côtés des cordes et on a eu notre "plan média" le plus flatteur jusqu'à présent sur le seul event militaire sans bataille de Letavia. Ca fait réfléchir. Et ce qui m'a également plu, c'est que les visiteurs ressentent la différence entre des reconstituteurs sérieux et les figurants en costumes rideaux de la ville. Donc, c'est très encourageant et la période n'est pas celle qui a fait venir le public mais c'est indubitablement celle qui l'a le plus retenu à Vannes cet été.
Pour le développement de nos activités, je ne parlerai pas de la castagne et de ses évolutions avec intégration de la cavalerie, on en reparlera automatiquement et largement. Plutôt, je pense qu'il nous manque un gros projet, un symbole qui nous asseye, un projet qui soit notre carte de visite. Si vous considérez Elliott, le draco des foederati, tout le monde hors de notre période le connait, l'admire, c'est déjà une carte de visite, un morceau de rêve. Vous connaissez le Lusoria ? Ca aussi c'est une carte de visite. Quand Fabricius aura caparaçonné son cheval, ce sera aussi une carte de visite inoubliable. Si on fabrique une ballista, un curragh, un chariot hun, etc. c'est encore une carte de visite, etc. Je suis donc parfaitement conscient des surcoûts que ça peut entraîner d'autant que nos assos géographiquement éclatées ne peuvent compter sur l'appui d'une commune ou d'un conseil général le plus souvent.
Enfin, l'exemple de Saint-Romain doit nous inspirer. Faire des batailles en champs clos sur fond de mauvaise sono qui oblitére les efforts des commentateurs, n'attire que peu de monde au final même si sur le campement derrière, on noue contact avec les visiteurs. A Saint-Romain en revanche, la participation massive des mômes via des ateliers pédagogiques a eu des retombées inattendues. Mes petites cousines qui sont venues nous voir viennent de commander au père Noël (c'est moi le sous-traitant) deux panoplies de "Gallo-romaines tardives" et en précisant bien au téléphone "Tunica en lin écru, peplos en laine à carreau mais pas écossaise et ceinture en laine tissée aux cartons avec deux fibules de filles comme l'institutrice (Sandrine sur l'atelier "école") !" Mon petit cousin veut un vrai scutum et une lance et ils ont 5, 7 et 9 ans et n'ont visité que Saint-Romain. Dans le genre, "on ne laisse pas un souvenir impérissable", ça devrait nous mettre du baume au coeur non ?!
Non, je comprend votre déception de ne pas être retenu à Marle mais Marle répond à des exigences événementielles et donc à la nécessité de faire "tourner les attractions" - il faut le comprendre comme ça au sens premier - sur chaque fête. Sans trahir un secret associatif, Nous misons beaucoup sur la double compétence militaire/artisanale pour l'avenir. Je défend l'idée qu'il n'y a rien de plus décevant pour un organisateur que de nous voir glander sur le camps, d'y voir traîner les bouteilles de biére et de laisser les Quechuas en vue. Je ne vise personne, sinon nous-mêmes, Letavi, qui aurions facilement tendance à être négligents si on n'avait ce fort consensus entre nous. Donc, nous nous astreignons au mieux à cacher tout anachronisme et à présenter diverses activités, couture, cordonnerie, Entraînements, Ecriture, tissage, garum, dorure, fileyeur, jeux, etc. Le public ne pige pas tout c'est vrai mais l'expérience montre qu'il "ressent" la qualité et le foutisme même s'il ne peut l'expliciter.
Dans cet ordre d'idée, un campement, ça doit vivre. Avez-vous noté le nombre de petites filles qui passent sur les camps ? Audrey, à Vannes, a été sollicitée non stop sur la broderie, les bijpoux, etc. On ne peut pas tout axer sur le militaire si on veut de la foule et de la visibilité sachant que 50% des enfants sont des filles et idem chez les adultes. Je le dis parce que je le pense pour l'avoir expérimenté avec Letavia. Pour augmenter notre capital renommée et faire exister notre période, on doit faire participer le public DANS SON ENSEMBLE et on ne peut pas le faire sur le champs de bataille uniquement.
J'ajouterai qu'aller à Sully s/Loire ou Amboise qui regroupent de multiples périodes est plus de nature à nous permettrre de nous faire remarquer que 3 tentes perdues hors du camps retranché de 100 légionnaires haut-empire sur un rasso Romain.
Ce n'est que mon avis ni objectif ni exempt d'émotionnel.
A+
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Brito-Romain an 500, ... A Brest, y'a deux Saisons, l'hiver et le 15 août ! Sauf que cet année le 15 août fut pire que l'hiver ...
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